Utopie

« Maître ?Vous  plaisantez?Vous pouvez me cogner comme l'ont fait tous les autres, mais je ne vous appellerai pas maître »
- tu es bien audacieuse pour une petite négrière de ton genre !Tu sais que je n'ai qu'un mot à dire pour te faire ravaler tes paroles .
-que votre couleur de peau , ne vous trompe nullement! Vous n'êtes pas Dieu alors je ne me prosternerai jamais devant vous ! Vous auriez beau me charcuter , je camperai sur ma décision !
«Qu'est-ce qui te donne autant de courage ma  foi !» rétorqua-t-il en me tournant tout autour.N'as-tu donc pas encore compris que les gens de ta race nous sont complètement inférieurs?
-Je ne me laisserai par influencer par votre manière de penser car quoi qu'en puisse dire , le sang qui coule dans vos veines est aussi rouge que celui qui coule dans les miennes alors il ne devrait pas avoir de notion de «Supériorité ou d'infériorité » vis-à-vis de nous ,tout simplement parce que tout comme nous , vous naissez d'une femme et vous mourrez !
-Épargnes -moi tes balivernes tu veux !
-tranchez-moi les veines tant que vous y êtes mais je ne me tairai pas! Je n'accepterai jamais au grand jamais de satisfaire vos fantasmes répugnants.Vous n'avez qu'acheter un chien si l'envie d'être maître vous prend tant .
-tu me dois obéissance car je t'ai acheté de la même manière qu'on achète une simple marchandise . Vous les africains ,vous êtes tellement pathétiques ,c'est vous qui luttez contre toutes sortes d'oppression mais c'est encore vous ,qui vous enchaînez avec votre mentalité. Ta mère t'a vendu comme du bétail c'est la preuve que tu ne vaux pas plus qu'un objet.
-certes elle m'a vendu mais elle ne l'aurait jamais fait si vous ne lui aviez pas fait une proposition aussi indécente. Vous êtes une ordure , un homme sans vergogne, et je vous assure que peut importe la pression que vous exercerai sur moi , je ne céderai pas !
-nous le verrons bien mais pour l'instant je vais te laisser réfléchir aux conséquences que ton refus pourraient engendrer .
-détachez-moi ! Et vous verrez que je m'échapperai d'ici comme je l'ai toujours fait .
-taches de bien te comporter et je serai gentil .
Que devrai-je dire de plus ? A sa place , n'aurai-je pas fait la même chose après une proposition aussi alléchante ? Devrai-je tout de même la détester car elle n'a pas su jouer son rôle de mère ?Parfois j'ai l'impression que je suis venue au monde pour souffrir. Depuis toutes petite, je fais face à des situations rocambolesques. Déjà à mes dix ans , je perdis mon père ! Maman n'étant que simple femme au foyer dût se séparer de moi car ayant un trop peu de revenu pour toutes ces bouches  à nourrir ! C'est comme cela qu'après les obsèques de mon père , je fis mon petit sac pour chez mon oncle . Quelques mois plus tard, je revins.Ma surprise fût de taille en voyant un homme blanc assis à notre terrasse. Je m'approchai à pas craintif du monsieur devant moi en lui demandant si ma mère était là. Après m'avoir regardé du haut en bas , il appela ma mère . Maman débarqua en trombe ! Elle ne me laissa même pas le temps de la saluer qu'elle me bombarda de questions.
- que fais-tu là ? Ton oncle t'a chassé ? T'es-tu mal comportée?
- je suis rentrée maman ! Non il ne m'a pas chassé mais je me suis enfuie, tonton n'est pas bien !
- qu'est-ce que tu racontes ? Revenir où ? Ici ? C'est impossible !
- mais comment ça maman ? Ton frère est très méchant snif snif , il m'a violé à plusieurs reprises !
- abomination ! Tais-toi ! Veux-tu jeter le déshonneur sur ma famille ?
- c'est vrai maman , je ne mens pas !
- suis- moi !
- où va-t'elle ? Demanda le monsieur.
-c'est ma fille , je t'expliquerai plus tard .
-hum ok! Répondit-il pas très content.
Je suivis maman dans sa chambre où elle vérifia mes dires , après de minutes de lamentation, elle me fit promettre de ne jamais rien dire à personne , que cette histoire devrait rester secrète car selon elle , toutes les familles possèdent son cimetière des morts . Je m'installai à nouveau dans mon ancienne chambre aux côtés de mes frères et sœurs qui m'avaient vraiment manqué. Un jour à mon retour des cours , je surpris une conversation entre ma mère et son mari qui ne se doutaient pas de ma présence :
- Non François , je ne suis pas d'accord!
- Réfléchis bien Marthe ! C'est une opportunité qui ne se présentera certainement plus , nous devons la saisir .
- je le sais bien mais ce n'est qu'une enfant ! Je ne veux pas de ce genre de vie pour elle.
- et toi tu aimes le genre de vie que tu mènes ? ? Te faire coucher comme une vulgaire chienne te plaît ?
- non mais...
- il n'y a pas de mais qui tienne ! Avec cet argent , on pourra tout arrêter . Ouvrir le petit commerce que tu voulais tant et pourquoi pas chercher à réaliser une autre activité rentable avec le reste d'argent ?
- c'est tentant mais je ne sais pas , elle est si jeune !
- elle n'est plus vierge bon sang! Marthe si tu me fais passer à côté de cette occasion, je ne te pardonnerai pas!
- on parle tout de même de ma fille , mon aînée . Comment pourrai-je la vendre sans avoir des remords?
- mon amour, tu sais combien de fois les conditions deviennent difficiles pour nous et tu n'es plus toute jeune . On nous donne la possibilité d'arrêter cette porcherie et d'ainsi assurer la survie de tes autres enfants .
- on parle de combien ?
- 50 millions
- autant ?
- oui !
- promets moi qu'il ne lui fera rien de mal !
- ne t'inquiètes pas , alors tu acceptes ?
- oui à condition qu'il traite bien ma fille .
Je tremblais tellement d'effroi que je fis tomber le vase qui se trouvait prêt de moi ce qui alerta aussitôt l'attention de mes parents . La force même de fuir me quitta . Pourquoi ?Était-ce là question que je n'avais de cesse de me poser ! Les larmes ruisselantes sur mon visage transcrivaient mon désarroi . Je comprenais désormais tout ! Le puzzle s'assemblaient enfin , tout s'expliquait maintenant, la musique trop forte pendant le week-end, les parties de pocket interminables, les godes et tout le reste . Maman avait transformé notre maison en maison close dont elle était la pièce maîtresse, François , un vulgaire proxénète ! Tout ça se passait sous mes yeux mais je n'ai pas été assez attentive pour réunir le puzzle à temps!

-non non non ! Me réveillai-je toute essoufflée !
Antoine se précipitant à mon chevet ,un verre d'eau .
- tu as encore fait ce rêve ?
Après avoir vidé d'un trait mon verre je lui répondis.
- oui , j'en peux plus !
- demain matin je te prendrai rendez-vous chez le psychologue, cette situation ne peut plus durer !
- non je ne suis pas folle , ce n'est pas nécessaire !
- bien sûr que tu n'es pas folle mais tu es traumatisée depuis cette sombre histoire.
- snif snif snif mon bébé me manque, je n'aurai jamais dû la laisser avec mon enfant .
- ce n'est pas ta faute chérie , tu ne pouvais pas prédire  qu'elle agirait de la sorte.
- si je le pouvais ! J'aurai dû me méfier d'elle depuis le jour qu'elle m'avait fait part de son infertilité, j'aurai dû prendre mes précautions lorsque je la voyais regarder mes filles avec convoitise .
- tu dois te reprendre en mains , tu ne t'en rends même pas compte mais depuis que Léna est partie, tu crées de la distance avec Luna . Elle ne le dit sans doute jamais mais tu lui fais du mal ! Tu lui donnes l'impression d'aimer plus sa jumelle volée qu'elle !
- Tu sais pertinemment que ce n'est en aucun cas mon intention ! Je les aime toutes les deux .
- alors acceptes de faire cette thérapie.
- d'accord !
Le lendemain je me présentais au cabinet du docteur Étienne .
- bonjour madame ! Prenez place et détendez-vous !
-bonjour monsieur Étienne !
- présentez-vous s'il vous plaît !
- je me nomme Diane OKILI  et je suis malade !
-c'est très bien , reconnaître qu'on est malade est le premier pas vers la guérison. Poursuivez!
- je souffre d'un traumatisme depuis le jour où mon amie m'a volé ma deuxième jumelle.
-très bien! Expliquez-moi tout!Ne stressez surtout pas.
- d'accord , je suis Diane Okili et voici l'histoire de ma vie....