Solitude

Toute histoire commence un jour, quelque part à moins qu'elle n’en soit pas une.
Perdue dans mes pensées, je me rappelle de ce beau visage, ce visage qui m'a fait rire et pleurer. Une face ornée d'un beau sourire et d'éclat. Je me rappelle de ce jour où elle m'a donné une photo en disant
-Gardes la précieusement...
Pourquoi n'avais-je pas deviné qu'elle me passait un message.
Un Mardi de janvier, comme d'habitude, la routine se revivait. Finissant les cours un peu plus tôt, j'attendais Aline. Une amie parmi les meilleurs. On s'appelait tendrement jumi.
- Que fait-elle ?
J'attendais impatiemment Aline. J'avais une faim de loup. On a l'habitude de me traiter de gourmande. Mais si on se réfère à ma taille, croyez moi j'en ai pas l'air.
- hey jumi, ne dis pas que tu vas pleurer à cause de mon retard de cinq minutes ?
- tu n’es pas sérieuse Aline. Que faisais tu d'intéressant ? Je parie que tu ne faisais rien de spécial. T'es trop bavarde. Chip.
- tu es trop grincheuse. Excuses ah
Sans répondre j'empruntais le chemin du retour. Aline était ce genre de fille décompressée, elle me suivait en chantant. Dans ma colère, je restais neutre à cette voix chatoyante. Une voix qui pouvait endormir une bête mécontente. Elle chantait et dans ses mélodies, je m’y voyais. Elle prononçait fraîchement mon nom en chantant sa noblesse.
-Aline, depuis quand es tu devenue une griotte ?
- Sais tu que ta colère m'est parfois source d'inspiration jumi.
De ces mots elle me lança son sourire angélique, fit un clin d'œil et me dit
- wow iow Hawa (eh toi Hawa), tu sais bien me mener en bateau. Suis devenue une adorable petite fille non ?
- tu l'as toujours été...
Cliclic.
Réveillée par la sonnerie de mon téléphone, je me rends compte que mes pensées m'ont encore une fois eu. Quel vide !
- Allô Cheikh (...)
Après une minute passée au téléphone, je décida de sortir du noir. Je me levai et ouvris les fenêtres.
- « lahila » (Allah)
Ce mot attira mon attention, je me retournai et vis une jeune fille de mon âge qui riait aux éclats en s'adressant à un jeune voisin Ahmed. Observant ce beau monde actif et passionné, Je revoyais les beaux temps. Ensemble, on parvenait à chaque fois à attirer l'attention et parfois Aline donnait un spectacle de danse et je me faisais plaisir en la filmant.
-Oui, les photos !
Je me dirigeai vers mon placard et l'ouvris.
- me cherches-tu ?
Ai-je entendu sa voix ou suis en train d’halluciner ?
- me cherches-tu Hawa ? Retentit la voix.
Je sentis mes larmes sur mes joues. Est-ce un rêve ? Aline était là sur mon lit.
- jumi ! Je n’arrive pas à y croire.
- es-tu perdue ? Tu me cherches maintenant dans les placards.
- Que faire ? Tu me manques gravement. Sais-tu ? Je me rends compte maintenant combien tu comptes pour moi.
- observes tes larmes, elles te guideront. Elles te montreront ma demeure.
Une larme quitta son lit et entreprit son voyage avant de se poser sur ma poitrine.
Je levai la tête et m’aperçus qu’elle n’était plus à mes côtés.
- Alineeeeeeeeeeeeeeee ! Fus je
Je pleurais de toutes mes forces. Où était-elle ? Pourquoi m'abandonner si tôt ? J'étais hors de moi.
- Hawa, que se passe-t-il ma fille ?
- ma, A-A-li Aline maman
Elle me serra fort contre elle et dit
- Du courage chérie, sois forte ma fille.
L'émotion régnait dans ma chambre, on pouvait y ressentir un vide. C'était notre lieu de délire. Tout se faisait dans cette chambre.
- tu m'accompagnes demain à Petersen.
Ce fut sa dernière demande avant ce terrible accident.
- À vos ordres, ma reine. C'était ma réponse afin de fuir une dispute tout en sachant que cette promesse ne sera pas tenue.
Ce jour là, j'étais chez elle. On rigolait comme des folles. L'ambiance était favorable. C'est ce jour qu'elle m'a fait ses à Dieu. Aline, vêtue d'une robe rose qui m'était en valeur sa belle forme, m'a tendu un album photo. Ce qui n'était pas de ses habitudes et m’avait même fait la remarque. Je consultais l'album et quelque fois je me moquais de ses photos d'enfance.
- Hawaaaaa ! Ma chérie puis je entrer ?
Papa était là.
- oui
- bonsoir princesse, Comment te sens tu ?
Papa est cet ami, ce père protecteur qui ne rate aucune occasion pour m'apporter son soutien.
- ça va pas, elle me manque terriblement papa. Je la vois et la sens partout Papa !
-Ne pleurs pas mon enfant. Elle est en toi, elle est Hawa.
-Papa je suis incapable de vivre sans elle.
-Nous sommes là pour toi et nous te soutenons. Il faut prier pour le repos de son âme.
Je me sentais étouffer par mes pleurs. Papa prit son mouchoir et essuya mes larmes.
-Ecoutes, descendons pour le dîner. Tu ne te nourris plus et c'est mauvais pour ta santé.
-j'ai pas faim. Vas-y, je vais me reposer.
-Non, viens avec moi. S'il te plaît ne rejettes pas cette demande.
Sans mot, je me levai du lit et ensemble descendîmes pour le dîner.
-Voilà la princesse à son papa ! lança maman.
Ils affichaient de faux sourires. Ils étaient trahis par l'éclat de leurs yeux qui avait cédé sa place à la tristesse. Aline était une fille pour mes parents. Ils ne faisaient aucune différence entre nous. Je me rappelle que papa achetait deux articles identiques pour ma jumi et moi.
Autour du plat, l'atmosphère était pesante et le silence régnait. Étranger chez Nous !
-oh Dieu ! Quelle gourmande !
-Est-ce que ça va ? Tu es irrespectueuse Aline chip.
-as-tu vu la quantité sur ta cuillère ?
- Arrêtes s'il te plaît.
-Pardon jumi. Juste je me soucis de ta santé. Si tu continues, tu pourras être une lutteuse.
Je sentis une main sur ma tête, je levai les yeux et m'aperçus que Sali, ma sœur aînée, s'était jointe à nous. L es souvenirs ! Toutes mes pensées convergent vers ma jumi. Mes larmes, je ne pus les retenir. Sans remercier maman, je pris congé.
La nature pleurait Aline. La nuit était glaciale. J'observais le ciel qui semble vouloir accoucher.
Pourquoi cette séparation précoce ? j’étais morte de solitude .
-Hawa !
-Oui ! Aline ! Oui jumi, suis là !
La voix d’Aline ! Elle était là. Un sentiment étrange m'envahit.
-waaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa !!!
Un cri strident sortit en moi. Je m'affalai par terre et sanglotai. Je revoyais son visage, j'entendais ses rires et je sentais son parfum. Oh la perte ! (...) Le vent, par son sifflement, consolait mes pleurs. Je fouillais mes souvenirs qui me faisaient des hâbleries avant de me plonger dans le royaume de Morphée.
Un nouveau jour, le soleil avait étalé sa brillance sur cette terre sénégalaise. Trois jours de solitude, Troisième jour après notre séparation, je souffrais au plus fond de moi. La nuit a été longue et douloureuse. Je m'étais réveillée plus tôt. Après ma prière, assise sur la natte de prière, J'implore terre et ciel.
- sheuUt tu es super gourmande pour une fille.
- t'ai je forcé à m'offrir une tasse ?
- OK, prends-la.
- merci.
Je me rappelle de cette dernière discussion. C'est au moment où je prenais congé qu'elle me tendit une photo.
-Gardes la précieusement on sait jamais à quand le départ. M’avait elle dit.
Je me rappelle que j'ai pris la photo en lançant un "lahila". Le lendemain, le Vingt huit février, jour fatal, Aline avait appelé pour me dire qu'elle m'attendait pour faire les courses. Ce jour là, je devais me rendre à une réunion entre clapiens (membres du club d'art et de philosophie). Pour ne pas me faire gronder, j’ai présenté comme excuse des douleurs ventrales. Elle répondit qu'il n'y avait aucun problème et qu'elle passerait me voir. Ce jour là je me rappelle que je ne fus même pas présente à la réunion mais clouée au lit jusqu'à ce que la nouvelle me parvienne. Vers treize heures, je me souviens. Je me souviens que ma sœur aînée est rentrée dans la maison d'une manière brusque. Elle semblait affolée.
- hey sali, qui te poursuit ? demanda maman
Elle lui prit sa main et se dirigèrent vers la cuisine. Quelque chose clochait. Je tendis l'oreille pour trouver des réponses à mes questions.
- Maman, Aline a fait un accident et elle y est passée
Je me souviens que j'avais accouché un éclat de rire, un rire de fou et après j'ai tout oublié.
Depuis ce jour, je fus plongée dans un cauchemar sans fin. Ma solitude me noie et si seulement je savais... Aujourd'hui j'écris ton nom, aujourd'hui je chante ton nom, ta beauté et ta bonté. J’ai su me consoler avec mes souvenirs et mon amour. Difficiles sont ces situations, seuls foi et amour peuvent être source de réconfort. Sur ta tombe, je dépose mes prières .Tu t'en es allée mais tu demeures en moi. Je sens ta présence protectrice, aujourd’hui je demeure plus forte afin de réaliser nos rêves d’enfance. Repos Éternel à toi chère jumi !