Mon séjour, mon histoire, ma fin

Toute histoire commence un jour, quelque part. La mienne n’a en fait jamais réellement commencée. J’ai toujours ce vide, cette impression qu’il y a un milieu, une fin, mais pas de début. Je vois défiler sous mes yeux cette vie qui m’appartient, mais à laquelle je ne me considère pas moi-même.

La fin, commençons par la fin. Cette pierre grise, cette fameuse pierre grise qui est synonyme de fin. Peu importe la religion, le pays ou les coutumes, tous connaissent cette fin. Cette triste pierre grise qui n’apporte que rarement le sourire aux lèvres. Cette triste pierre grise qui entre dans nos cœurs et bouleverse nos vies à jamais. Cette triste pierre grise qu’on aimerait ramener à la vie. Cette triste pierre grise... Rare sont ceux qui n’ont pas encore connus cette triste pierre grise. J’ai eu la malchance d’en connaître tous ces défauts en 2010. Mes parents, mes meilleurs amis, mes confidents, mon papa et ma maman se sont transformés en pierre. J’aurais tout donné, tout fait pour que cette fin ne soit jamais fin. J’aurais tout fait pour que cette fin, ne soit en fait qu’un début.

Le milieu, depuis toute jeune, on m’a toujours dit que l’au-delà est meilleur, qu’il est significatif de joie et de paix. Que l’on est ici, sur terre, qu’en passage pour l’au-delà. Que c’est en fait un milieu, qu’une simple vie en parallèle. Je n’ai jamais réussi à comprendre comment on peut vivre autant d’émotions, d’amour, de haine, de joie, de vie et qu’en fait ce n’est qu’un passage. Mais qui suis-je pour poser des questions ? J’ai grandit dans une culture où l’ignorance est souvent synonyme de facilité, j’irais même jusqu'à dire de plaisir. Si tu ne sais pas, ce n’est pas pêché. Si tu ne sais pas, ça ne peut se retourner contre toi. Alors, ne sait pas. C’est ce que je me suis toujours dit. J’ai toujours écouté mes aînés et fait ce qu’ils m’ont dit sans poser de questions ou argumenté. Ne mange pas ça, ne boit pas ça, ne dit pas ça. Pourquoi-pas ?

Ma fin, j’ai perdu tout sens à la vie en 2010, cette année de fin. Mes parents, ces personnes qui étaient ma raison d’être, mon avenir, ceux qui m’avaient tout apprit. Ils m’avaient éduqué à être une femme exemplaire. Une femme avec des manières que les autres envieraient. Cette femme qui sort du lot et celle dont tous, s’arrachent la compagnie. Ils m’ont montré le droit chemin vers la réussite. La courtoisie me disaient-il, la courtoisie est toujours de mise, que ce soit à la maison ou en public. Sourit tous les jours, même dans les jours sombres, un sourire attire la joie et la paix d’esprit. Soit aimable et n’offre jamais en espérant quelque chose en retour. Ces paroles sont restées encrées dans mon cœur et mon âme à jamais. Pas un jour ne passe sans que je ne me les répète.

Le début, mais où est mon début ? J’aimerais pouvoir dire que mon début était le jour de mon mariage, mais ce serait faux. J’aimerais pouvoir dire que mon début était à ma graduation, mais ce serait faux. Le jour de ma promotion, le jour de mon augmentation, le jour de l’achat de ma maison, le jour de mon voyage, tout ça serait faux. Pour moi, le début a disparu à tout jamais. Il est maintenant trop tard pour avoir un début. Lorsque la fin est omniprésente, on se contraint à ne vivre que parallèlement, qu’en passage.

Toute histoire commence un jour quelque part, la mienne termina en 2010 en direction de l’au-delà.