L'erreur de ma vie

— Toute histoire commence un jour, quelque part, et... avais-je commencé.
Tétanisé par la peur qui m'envahit avec l'histoire que je m'en vais lui raconter, je ne pouvais dire mot de plus. Sachant pas d'où me venaient les larmes, avec la paume de mes mains je me prenais mon visage. J'espérais de tout cœur que tout soit un mauvais cauchemar dont je me réveillerai. Malheureusement elle me ramena vite à la réalité en me prenant par ses petites mains en me disant avec douceur
_ Calme toi mon chéri, reprend toi et raconte moi ce qui s'est passé.
Armé de courage, en la regardant droit dans les yeux je reprenais calmement : «...et la mienne n'en fait aucune exception. C'était les vacances, je venais de réussir brillamment la deuxième année. Afin de décompresser et surtout quitter cette ville de Calavi qui respirait que la dépravation et le papier, j'ai décidé de rentrer chez mes parents à Porto-Novo. Loin des cahiers et de toute cette pression, j'avais que la distraction pour mon quotidien. À cette période certes on se connaissait déjà mais on n'était pas ensemble. Tu refusais toujours d'accepter mes avances et je ne savais d'ailleurs pas pourquoi. Pour moi c'était le coup de foudre entre nous. Bien que j'ai été sincère en te racontant ma précédente aventure avec Lisa cet amour collégial. À notre rupture je n'avais que mes études pour me consoler, la meilleure façon pour moi de me venger était de réussir jusqu'à ce que je te rencontre à ces travaux dirigés. Et tu peux me croire te rencontrer est la meilleure des choses qui me soit arrivée Tracy jusqu'à ce jour après mes diplômes bien sûr ».
Je remarquais qu'elle souriait du coin des lèvres. Je l'avais sûrement touché d'une certaine manière. Eh oui, elle s'appelle Tracy ! Une superbe fille, de taille svelte, assez mince, d'un teint café naturel qui reflétait sa beauté. Elle possédait des yeux fins comparable à une asiatique. D'ailleurs on l'a surnommée chinoise à l'université. Je suis fol amoureux d'elle et je ferai tout en mon pouvoir pour ne pas la perdre, quitte à tout lui raconter. Car aussi amère que soit la vérité, elle est de loin préférable à la lâcheté et au mensonge. D'autre part j'étais plutôt rassuré de l'expression de son visage, comme quoi mon histoire au lieu de la mettre en colère, l'a faisait marrer. Et d'ailleurs je lui ai presque rien dit encore pour me réjouir. Alors en lui rendant son petit sourire, je continuais...
« Comme je te l'avais dit, c'était l'insouciance totale, je voulais m'amuser à fond lors de ces vacances afin d'attaquer la troisième année sans regret. Alors il fût un soir, un samedi si ma mémoire me joue pas de tour d'août 2017, mon ami m'avait invité à prendre un café avec sa nouvelle conquête. J'avais qu'un rôle à jouer ce soir là, celui du copilote, défendre mon pote auprès de la fille, faire des blagues débiles et autres pour qu'il puisse faire bonne impression auprès d'elle comme Barney dans " How I met your mother " qui arrangeait des coups à son ami dans ce bar bizarre où s'est déroulé la série. Bref l'heure de la rencontre arrivée, je m'habillais en bleu jean. Je mis un Lacoste blanc dessus avec mes baskets, après tout nous avions une nana à impressionner. Et je me rendis sur les lieux. Déjà en avance sur moi, Francis était aussi bien habillé, il était bien le Prince de cette soirée et moi son valet. On est resté là à bavarder à se répéter les approches qu'on ferait si elle se présentait.
Une demi-heure plus tard elle venait accompagner d'une copine. Aussitôt les présentations furent faites, et nous nous assignâmes autour d'une table. Sa nouvelle conquête, Ingrid, était une fille assez élancée et mince, belle à mon avis et cela m'étonnait en rien connaissant le genre de mon pote pour les filles. Quant à sa copine Nadia, elle était plutôt un peu plus courte mais semblait plus âgée que Ingrid, elle était de teint clair, je ne puis m'empêcher de remarquer qu'elle était habillée de collant noir moulant qui dessinait bien ses contours avec un haut fleuri. Nous commandons à manger. La discussion suivait son cours. Mon pote faisant toujours son numéro du mec timide et moi à la rescousse. D'ailleurs ça lui marchait une fois sur deux. Et Dieu sait qu'il était doué dans la mesure où il était un expert en matière de sexe et moi qu'un simple débutant puceau. Mince ! À cette époque je détestais que ça se sache mais aujourd'hui je donnerai tout pour être ce mec innocent d'autrefois. Contrairement à vous les femmes où vous clamez haut et fort avec fierté votre virginité, nous autres nous cachons avec honte notre pucelage. C'était pénible, les amis s'en moquaient au point de soupçonner qu'on avait des problèmes au niveau de notre verge. Alors toute tentative était bonne d'essayer avec une fille et Nadia en était une. Elle était jolie et semblait un peu plus mature que moi. Qui ne risque rien n'a rien dit-on, toute la soirée me faisant passer pour le larbin de Francis, j'ai décidé de tenter ma chance. Ainsi en raccompagnant les filles Francis devant avec sa conquête, il restait que Nadia et moi derrière. Depuis la soirée c'était la première fois qu'on était ensemble et seul. On cheminait et je ne savais même pas quoi dire. Il faut juste dire que l'enfoiré n'était pas là, car ensemble on ne manquait jamais d'inspiration. Aussi froid que cela puisse paraître je lançais enfin :
_ Dit s'il te plaît je peux te poser une question un peu déplacée. Lui ai-je demandé.
_ Vas y, répondit-elle.
Tout en souriant j'ai demandé son âge en espérant qu'elle prenne pas mal ma question. Mais calmement et avec assez d'indifférence comme si elle s'en foutait de son âge, elle me dit 24 ans. Dans le temps, j'avais que 21ans bientôt les 22. Elle était donc ma grande sœur de deux années, d'ailleurs elle l'était dans la mesure où ma propre sœur avait aussi ces 24 ans.
Néanmoins, cela ne freina en aucun cas mon ardeur, nous avions échangé nos contacts et je promis de la rappeler ou de l'écrire. Francis nous appela puis nous leur avions cherchés de zems pour rentrer. Une fois seul, il ne cessa de me taquiner, que j'avais un béguin pour Nadia en me remerciant d'avoir assuré encore une fois ce soir. Alors nous nous sommes séparés bon enfant, en se promettant un lendemain chaud à la PlayStation.
Le lendemain s'était passé comme mes journées ordinaires en ces vacances, des duels à la PlayStation à ne point finir ou des sorties en balade. Mais surtout une nouvelle amie avec qui je pouvais écrire. Pour rappel, elle m'avait écrit pour me faire savoir qu'elle était bien rentrée. Durant une semaine on avait beaucoup échangé par texto. Bien que plus âgée que moi, elle était ouverte d'esprit et causait super bien ».
_ À cette époque d'août 2017, on nétait pas encore ensemble et je tiens à insister là dessus, tu vivais avec tes parents à Cotonou, on s'écrivait à peine si ce n'était pas pour se saluer et d'avoir de nos nouvelles. Et de part le déroulé de notre histoire à cette époque j'avais en quelque sorte perdu espoir et une aventure par ici ou par là n'était pas exclue.
« Cependant, après de nombreuses heures à échanger avec elle et quelques rencontres car on s'est bien revu quelque fois, m'avaient permis de la connaître et du peu que je retienne c'était une fille qui a connu assez de déceptions, côté cœur la courbe était plutôt en chute libre. Elle avait déjà eu deux précédentes relations avant de me connaître. Pour ce qui est des études, elle avait passée deux fois le baccalauréat sans réussir, fatiguée, elle abandonna et commença une école d'hôtellerie où le diplôme du bac n'était pas une exigence.
Aussitôt, on devenait assez proche de bon amis et je lui ai fais des avances. Contrairement à toi elle accepta sans trop me faire tourner en rond. Là c'était dans la poche, je sortais avec une superbe fille mature et canon. Je ne pouvais que m'en vanter. Mais le plus important à cette époque était de me faire dépuceler. Tant bien que mal, et à mainte reprise j'ai essayé avec elle mais en vain. À chaque fois, elle me ressortait ce refrain de ne pas vouloir revivre les expériences passées. Compréhensible je n'insistais point même si j'étais parfois en colère contre elle. J'étais juste obsédé par son sexe, des fantasmes lugubres me traversaient l'esprit quand je la voyais et mon excitation était à son comble.
Nous étions en mi septembre, mon anniversaire approchait. La rentrée universitaire était aussi au rendez-vous, j'avais donc décidé de rentrer sur Calavi afin de reprendre mes études et obtenir ma licence. Séparé de Nadia, nous n'avions pas cessé de nous écrire. Le jour de mon anniversaire elle me rendit une visite à Calavi. Ce jour là, ma surprise fût-elle après avoir longuement parlé on s'est mit à s'embrasser et dans la seconde d'après on était nu et me voilà pour la première fois entrain de faire l'amour...»
M'arrêtant, je l'observais un moment, Tracy ne cessait pas de me regarder dans les yeux avec une expression de visage que je ne pouvais déchiffrer, elle me pria de continuer.
« Je n'avais pas été à la hauteur, quoique ce fût le plus beau cadeau qu'elle m'ait faite. Ce jour passé, nous étions plongés dans une armada de succession de sexe, du sexe et rien que du sexe. À chaque fois qu'on se voyait on le faisait, j'avais plus de contrôle, c'était plus fort que moi. Dans le même temps, les cours avaient repris, on se voyait un peu plus souvent, toi et moi. Cela m'avait fait prendre conscience et j'ai voulu tout arrêter. Elle est venue me voir encore à Calavi, la raccompagnant le soir pour prendre le bus je prie mon courage à deux mains en la faisant comprendre que je voulais tout arrêter, que j'en pouvais plus de continuer sur cette lancée, qu'il avait que du sexe entre nous et cela me détournait de mon but principal : mes études. Je l'ai imploré de ne plus m'écrire, également de prendre ses distances afin qu'on soit plus tenter de recommencer. Comme prévu, elle n'avait pas pris ça comme j'espérais. Mais elle s'était conformée à ce que je lui avais dit, plus de messages plus d'appels, rien durant un bon moment. Elle m'écrit quelque semaine plus tard pour m'annoncer que je devrais rentrer rapidement qu'elle a une nouvelle à m'annoncer. Je me rendis alors chez elle un week-end où elle m'annonça attendre un bébé. Surpris ! La peur au ventre, je ne savais pas quoi faire, ni quoi dire. Je me suis mis dans une colère folle lui demandant si c'était le mien cet enfant, aussi stupide quelle soit ma question. Elle ne répondit pas.
Une fois rentré à la maison, je ne savais pas où mettre la tête, la première personne que j'avais informé fut Francis. Sa réaction fut aussi déconcertante que la mienne, il me conseilla d'avorter. Pour lui c'était la meilleure chose à faire. Sur le coup sa solution semblait tellement facile. Et je jure que je n'y avais pas pensé, même pas une seconde. Je cogitais comme un fou à cette période, je ne savais pas quoi faire. Ma sœur informée ne voulait pas que j'avorte, elle me conseilla de le dire aux parents, je n'avais pas le courage non plus. Quant à Nadia, elle ne voulait pas le garder, s'il ne faut pas qu'on soit ensemble. Mon Dieu ! Je ne l'aimais point, comment être avec elle. Après mille cogitations c'était décidé, en commun accord on avait décidé d'avorter.
Un ami expert de la chose pour l'avoir fait à plusieurs reprises m'a mis en contact avec un monsieur qui le faisait. J'avais quitté Calavi et elle m'attendait déjà chez le monsieur. Une fois arrivé, sur place, le monsieur qui devrait...»
À ces mots, je me mis à trembler, Tracy toujours là me serra les mains avec les siennes, et je repris.
« Il était ce qu'il avait de plus flippant, un visage impassible. Il invita Nadia à le suivre à l'intérieur. Ce faisant pas priée, elle suivie le monsieur à l'intérieur. Dans ce temps, moi je ne pouvais pas tenir debout. D'abord le lieu n'avait rien d'ordinaire, j'avais qu'une envie, fuir de là. Je faisais des cents pas histoire de faire passé le stress. Une fois qu'ils étaient sortis de la chambre après l'opération de curetage comme il le disait, j'étais au seuil de l'entrée quand nos regards furent croisés je la regardais et c'était là, à ce moment précis que j'avais compris que je venais de commettre L'erreur de ma vie. J'avais trop peur. Elle paraissait tellement faible. Et quand je l'ai demandé ce qui s'était passé à l'intérieur, en pleure ne pouvant parler, je l'a serrais fort contre ma poitrine. Après ça on prit nos médicaments et paya le monsieur puis s'en alla » .
Je ne savais pas d'où me venait encore les larmes mais pour la seconde fois je pleurais devant Tracy, voulant vite mettre un terme à ce moment embarrassant et savoir ce qu'elle décidera, je continuais en larmes...
« La suite fut aussi pénible que cet avortement. Les jours qui ont suivis j'ai eu ma propre définition du mot remord. Il avait des voix intérieures qui me traitaient " de lâche, d'incapable et d'assassin. Comment pouvais-tu te permettre de supprimer un être innocent de tout ". J'étais rongé par ces voix, je ne pouvais supporter et j'étais à la limite fou. Je devrais garder la tête haute pour soutenir Nadia aussi, car ce nétait pas de bon repos chez elle aussi, les médicaments atténuaient ses douleurs. Plus le temps passait, elle retrouva ses menstrues. On avait cessé de nous voir mais restait en contact. Moi je n'arrivais pas à me pardonner, de confession en confession, je n'arrivais toujours pas à oublier. Et le plus dur était de ne rien te dire, quand par la suite tu as acceptée qu'on sorte ensemble et cela bien après tout ça. Te voir, échangé avec toi était pour moi, comme un remède contre cette torture psychologique ».
_ Je t'aime, et si je ne t'avais pas raconté tout ça plus tôt c'est parce-que j'avais honte. J'ai décidé de lutter contre ce mal, zéro avortement, faut que nous autres hommes nous contribuons à cette lutte en prenant nos responsabilités. Car toute vie est à préserver et ce n'est pas à nous d'en décider, nous ne sommes pas des dieux.
Sur ces mots un silence de quelques minutes régna, en larmes aussi Tracy commençait enfin :
_ Comment as-tu pu faire une chose pareille disait-elle tout bas.
À ces paroles, c'était comme l'univers qui s'écroulait à mes pieds.
Elle continua...
_ Pourquoi me l'avoir pas dit plus tôt, je comprends ce que t'as vécu, pas parce-que j'ai connue une chose pareille mais à t'observer je peux imaginer comment cela a été dure pour toi et encore plus pour elle. Ce serait te mentir si je disais cautionner ton acte, mais il faut commettre une erreur, prendre conscience de son erreur et surtout tiré des conclusions, ce que tu as fait.
Soudain. BAFF ! Elle me gifla sans que je ne comprenne pourquoi, d'ailleurs je l'ai bien mérité. Puis nous deux en larmes elle me prenait par la tête, me serrant contre elle, ce que je fis également et m'embrassait en chuchotant « la gifle était pour ne m'avoir pas fait confiance et me le raconter plus tôt, j'aime l'homme que t'es devenu, et c'est tout ce qui compte...»