L'éclipse d'un espoir

Toute histoire commence un jour, quelque part. Et voilà ce jour là comme à son habitude, monsieur Boukimi le jeune leader redouté de toute l'opposition Gomorienne tenait encore meeting dans son fief sis au quartier Assafa dans l'agglomération des beaux arts de la capitale.
Les heures passent et les militants se massifient davantage. Dans toutes les artères du quartier, c'est l'effervescence. Pêle mêle des femmes ,des vieux ,des enfants prennent d'assaut les ruelles du célèbre siège du PLG (Parti pour l'union et la liberté Gomorienne ) de l'opposant Boukimi.
Il est à peine 18 heures lorsque les différents intervenants se relaient au micro central du meeting pour crier leur désarroi face à la situation bouillonnante du pays gouverné d'une main de fer depuis plus de quatre décennies sans partage par un gouvernement autocratique.
Après des tours de speech de part et d'autre des sympathisants et militants venus de toutes les contrés du Gomor acclamant et réitérant leur engagement aupres du chef charismatique de l'opposition, l'événement peut alors prendre fin avec le discours de clôture du très adulé opposant Boukimi sur qui toute la nation Gomorienne comptait pour évincer le pouvoir du tout puissant président Kassongo à la tête de l'état du Gomor depuis plus de 43 ans .
-Mesdames et messieurs les sympathisants, chers militants, nous voilà depuis plusieurs décennies dans les grilles de la servitude sans issues, avec à la manœuvre des hommes corrompus et un président sanguinaire dont les pratiques de la torture ne connaissent aucune limite.
-Alors il est temps de libérer ce peuple, mon peuple qui accroupi depuis 43 longues années sous les geôles de la stupeur et de l'angoisse.
-Mon peuple n'en peut plus ,et il est temps de tirer à l'artillerie lourde sur ce pouvoir incapable aux pratiques d'une autre époque.
-Prenons fermement notre destiné en main et unissons-nous comme un seul homme, car un peuple qui n'assume pas sa révolte ne mérite pas que l'on s'apitoie sur son sort .Conclut Boukimi avant de descendre du strate sous les applaudissements électriques et les chants galvanisants des militants.
En ce jour d'été, je me rappelle que jusque tard dans la soirée sous les delestages habituels de la cité Gomorienne, l'opposant enchainait encore les audiences avec des autorités venues lui faire des suggestions et d'autres lui apportant leurs appuis .
Et comme à chaque sortie ,ce jour là ,le discours du jeune leader faisait encore rage dans les rangs du pouvoir .
Le lendemain, la presse Gomorienne entière relaye dans toute sa ligne éditoriale le succès du meeting .Dans les rues comme dans les palaces ,le discours de Boukimi ne pouvait pas passer sans faire objet de débat malgré la crainte des milices d'auto-défense et de renseignement pro-gouvernementale appelées les "Kayas" qui répriment les détracteurs de la règne du président Kassongo.
Et comme toujours dans leurs stratégies de snober le peuple, le gouvernement organise un point de presse dans le but de créer un show à fin de faire oublier le succès mirobolant du dernier meeting du chef de l'opposition qui ne cesse de faire parler de lui .
C'est peine perdue ; car la nation toute entière était déjà familière et bien abreuvée à ces strategies loufoques d'un autre âge.
Pendant des jours durant ,le code de popularité de Boukimi echellonnent en allure de rafale au point d'intriguer l'entourage présidentiel qui se nourissent d'ores et déjà d'incertitudes quant à leur avenir politique prochain.
Dans la tourmente grandissante face à l'élan du jeune leader ,le gouvernement tente alors de l'eclipser.
Dans un premier temps ,le président procède à une campagne sordide de censure de limogeage de journalistes ainsi que de fermeture de chaînes de télévisions et de radios dont la radio de la jeunesse du 21 siècle ( RJ 21) la station la plus célèbre de toute la presse populaire Gomorienne.
Ce fut alors la grogne et la sidération. De vives voix s'élèvent pour décrier l'autoritarisme et les restrictions abusives dont le pouvoir fait usage.Le surlendemain par décret présidentiel on apprend une décision qui plonge totalement la Gomor dans le coma.En effet le president vient d'ordonner la coupure de l'internet et tout ce qui est presse privée sur l'etendu du territoire ,et ce dans un délai de 5 mois :le temps du déroulement de la campagne et des élections.
Mais au sein du gouvernement, certains responsables ayant des échos sur les coups de sanctions qui guettent le clan Kassongo au plan international décident de faire profil bas.Plus surprenant encore, à quelques mois du début du démarrage de la campagne présidentielle, le président Kassongo se voit plaquer au sol avec la démission fracassante de deux de ses bras droit:en l'occurrence monsieur Fifou ministre des affaires étrangères, et de la diaspora ainsi que l'indomptable ministre de l'intérieur et de la sécurité publique monsieur Bolingo tous deux partis renchérir les rangs de l'opposition.
C'est le comble au sommet de l'état ,surtout qu'a ce moment précis où le président dictateur ne comptait qu'à ces hommes de grosses pointures pour faire bonne figure à la face de la communauté internationale, mais aussi d'autre part pour jouir d'une main mise sur le fichier électoral vecteur de toutes les fraudes qui ont conduits le parti présidentiel depuis toujours à la tête de la magistrature suprême.
Mais malgré tout ,le président signe et persiste droit dans ses bottes ;car au fin fond de sa conscience, il semblait tenir les bonnes cartes en main avec son jeux de dupe et sa pratique de la ruse.
Alors pour redorer son blason; son excellence entame une tourné sur tous les axes du pays marquée par une série d'inauguration d'infrastructures à fin de jouer dans l'esprit des citoyens meurtrient par les affres de longues années de peines ,de souffrances et d'injustices .
Dans le même sillage ,son ministre de la jeunesse et de l'emploi entame un périple dans la Gomor toute entière avec des promesses enfantines dans le but d'appâter la jeunesse révoltée.
On aurait croire un roi aux commandes d'une république .En effet ,en plus de tous ces efforts consentis ,le président Kassongo deploit la RTG (Radio Télévision Gomorienne ) à son usage exclusif pour tenter d'inhiber l'ascension de l'opposition qui ne cesse de gagner en image et en estime.
Sans relâche et avec une abnégation jamais égalée, Boukimi et ses équipes continuent d'étendre leurs ails auprès de toutes les populations oubliées et défavorisées dans les campagnes.
Très embrassé par cet élan fulgurant du chef de l'opposition, le pouvoir décide alors de passer à la vitesse supérieure pour lui couper les ponts.
Dans les secrets du bureau présidentiel et avec ses hommes du mal ,Kassongo tente de monter un dossier à l'encontre de Boukimi .Après moult réflexions sur la voie à suivre pour le desarçonner de la course, les bourreaux avancent un dossier d'escroquerie ,de mal versassion aggravé sur la personne de Boukimi et de quelques uns de ses proches collaborateurs alors qu'ils dirigeaient le projet de nettoiement de la capitale .
C'est la panique ! Le peuple Gomorien dans son ensemble commence à sentir l'éclipse d'un espoir .
Heureusement ! Après les enquêtes et les tractations ,le juge en charge de l'affaire monte au créneau et décharge complètement les visés par un non lieu ; faute de preuves.
Encore une fois Boukimi échappe à la maille des filets de Kassongo.
Mais qu'importe, tôt ou tard le coq va regagner sa case ;martele un des proches du président interviewé sur la RTG (Radio Télévision Gomorienne ).
Dans la nuit du 23 au 24 février 2004 alors qu'il quittait son domicile provincial du Sagara avec son chauffeur, le leader de l'opposition est suivi d'une bande armée qui ont tiré à balle loude sur son véhicule et l'atteignent par la tête.
C'est la désolation totale !
Le lendemain matin à l'entame de la nouvelle la Gomor toute entière s'engouffre dans la panique totale.Les témoignages des premières heures font état d'un complot concocté par le pouvoir dictatorial du président Kassongo.
C'est le comble !
Dans la capitale comme en province, les manifestations fugent de touts bords dans un méli-mélo indescriptible demandant la démission sans conditions du président ainsi que de sa traduction en justice.Mais comme toujours à sa manière d'appréhender les situations délicats du pays , le chef de l'état ordonne à l'armée et à toutes les forces des casernes à faire face à la grogne.
Déjà, en quelques mois d'embuscade l'intervention vire au drame. On enregistre près d'un millier de morts , des familles déplacées, des blessés drastiques, mais aussi plus surprenant; des fosses communes à perte de vue. Des enquêtes menées sur le terrain concluent des rapports accablants .La communauté internationale toute entière s'élève à vive voix contre les exactions du président et plaide pour l'arrêt immédiat des échauffourées .
A ce propos ,le secrétaire général des nations unies envoie un groupe d'enquêteurs pour déterminer l'implication du président Kassongo et les commanditaires de l'assassinat de l'opposant .Mais malgré les clivages, le gouvernement maintient les élections dans un climat électrique qui ont reconduits Kassongo à son siège sous de vives heurts .
Après deux ans d'investigation et de collecte d'informations ,le président et ses lieutenants sont écroués par la cours pénale internationale d'un mandat d'arrêt pour crime contre l'humanité, de génocide, d'extorsion et d'abus de pouvoir.
Dans les sillons du pouvoir, ils évoquent un cabale et crient à l'injustice internationale face au gouvernement Gomorien. De l'autre côté, les populations convoités saluent l'initiative d'une justice internationale impartiale et mature qui vienne de s'interposer au chemin d'un dirigeant criminel.
Les jours passent et le pouvoir par presse interposée tente d'apporter des démentis sur les charges de la CPI (cours pénale internationale) à l'encontre de Kassongo en essayant de minimiser l'implication du président dans les échauffourées qui ont suivis la mort de Boukimi .
Mais pour le moment rien ne semble pouvoir stopper la ferveur des combats de contestation du pouvoir malgré l'appelle au dialogue des médiateurs pro-gouvernementales en vue d'apaiser les tensions et d'initier des pourparlers de sortie de crises.
A l'autre bout des frontières au pays de Galaba voisin limitrophe du Gomor ,le souverain son altesse royal Alfikir Ben Mazoute tend la main à son homologue Gomorien à fin de lui épargner toutes poursuites judiciaires .Mais, comme tous les fous dictateurs chevronnés de pouvoir, il décline sans attente l'offre de garantie d'Alfikir et continue d'acclamer son innocence et de valoir de son immunité présidentielle.
En marge de la session extraordinaire du regroupement des pays d'Afrique de la vallée du rift pour l'émergence où il tenait à se rendre ,le président Kassongo est t' arrêté par un commando d'élite sous les ordres de la CPI (cours pénale internationale ).A l'entame des premiers échos de son arrestation, la Gomor en toute effervescence se déluge dans les rues pour manifester leur contentement. ça et là des musiques afros ,des danses endiablées, des cries de joie en signe de liberté.