Le rossignol des ponts

J'écris.... des fois.

Toute l’histoire commence un jour, quelque part ou nulle part où l’on a commencé à céder aux jeux de l’amour. Où l’on a poussé les portes rouillées du cœur pour laisser entrer l'inconnu et céder au « vivre dangereusement ». Depuis, j’ai observé mon cœur se briser à chaque fois comme un éclat de rire. Ce dont il s’agit est une histoire d’un cœur vainement passionné, m'apprenant désormais que toutes les bonnes choses ont une fin et que l'amour n'est qu'une simulacre tant qu’on ignore comment aimer...
Dans la nuit épaisse, seul, dans la rue je traversais le pont La Torensluis d’Amsterdam, désert à cette heure, les pas étouffés et vagabonds. Cela faisait des mois que j’errais sans destination, sans but.... Chaque pierre de ce pont connait mon histoire, les ruelles de cette ville m’ont vu aimer, rire, pleurer, crier,... J’ignore combien de fois faut-il que je me perde pour que j’arrive à l’oublier...
Je demeurai longtemps immobile près de ce pont sans vie qui a connu la fausseté de mon amour... Irrésolu, dépité et funèbre...
Je me rappelle de ses derniers mots qui ont démoli mon être comme un poison.... Elle disait : « Notre amour ne peut pas perdurer! Je ne te mérite pas». Elle versait un torrent de larmes chaudes, elle me quitta, et je perçus sa silhouette s’évanouir dans la brume. Ce fut mon dernier souvenir avec celle que je croyais l’élue de mon cœur... Elle croyait, qu’en prononçant ces mots, elle pourrait ranimer mon âme et l’amour qui a toujours eu en moi beaucoup d’empire, sauf qu’elle ne faisait qu’éteindre les derniers cendres de mon être...
Je l’ai connu belle, brune, élancée, les yeux grands pouvant contenir le monde entier. Elle me regardait de l’autre coin du café, me souriait et puis une ombre effleurait mon livre que j’avais sous les yeux et un parfum de jasmin remplit mes poumons... J’ai levé ma tête et je fus ébloui par la plus radieuse des créatures. J’ai retiré mes lunettes ne sachant s’il s’agit d’un rêve ou d’une réalité qui fait irruption dans ma vie. De son sourire au coin, elle m’a demandé si j’avais du feu, que je n’avais pas. Je me rappelle avoir maudit mes obsessions de bonne santé et souhaiter avoir souillé mes poumons de tous les poisons du monde pourvu que je lui donne ce qu’elle voulait.
Et depuis, j’ai pris l’habitude de retourner à ce café tous les jours en essayant de balayer du regard toutes les tables, tous les coins humant encore ce parfum de jasmin qui embaume les lieux, ne connaissant ni son nom, ne sachant comment la revoir. Je vivais avec l’espoir et la supplice d’une éventuelle rencontre.
Et je l’ai revue...
Je me rappelle de nos longues balades nocturnes sur les ponts... Je sentais pour la première fois mon cœur palpiter. J’ai subis son charme. Oui, peut-être je suis amoureux. J’y songe trop. Je pense à elle en m’endormant et aussi en me réveillant... Son image, me suit, me poursuit, m’accompagne sans cesse. Elle paraît m’aimer ! Oui, elle m’aimait !
Mon amour, joueuse, allume ma flamme, éveille mon désir aurait certainement d’autres amants dans sa vie, mais je me forçai à chaque fois de dissimuler cette pensée.
Je l’ai vu un jour au bras d’un autre homme, qui lui semblait proche, très proche,...
Elle parlait de notre amour comme si c’était une plaisanterie, l’amour qui était pour moi une raison d’être.
Depuis, tout est noir, tout est sombre... Oh les simples belles choses où êtes-vous passées? Comment pourrai-je surnager mes jours, mes nuits... son absence... défaire l'expiration fermement ancré de notre histoire... purger la peine.... rebrousser chemin à l'amère réalité.... là où son soleil ignorera ma terre et le peuple de mes sentiments se trouvera orphelin de sa terre tant promise.....
Aujourd'hui tout me parait comme un rêve flou, mouvementé, rapide, nauséabond,... et qui hélas ne me procure aucune joie, aucun plaisir.... Je me rappelle de nos rencontres dans les jardins de ma mémoire, dans ma tête, j’ai su la garder vivante, elle me rendait plus vivant à son tour. Elle est partie, tout s’est fané. Elle, collée à mon âme comme un pêché... m’a privé de ma jeunesse, m’a vidé de mes mots. Elle, mon dernier souvenir du bonheur. Malheur!! Éternité illusoire.... Désir éperdu de prolonger le passé, mu par l'amour, refugié dans de pathétiques tentatives de maintenir l'illusion par l'artifice le plus trivial... ce ne sont réellement qu'une considération de simples simulacres qui font obstacle à ma juste appréhension du monde, en me substituant un autre monde, d'autant plus mensonger et pernicieux qu'il se présente comme le monde réel... et je suis pris au piège de la confusion... Ce sentiment schizophrène à son arrivée. Et revoilà, ma personne est encore une fois sortie de son contexte, tout comme un vieillard vantant sa vie et qui, infortuné qu'il est, vient de se rendre compte de son aspect futile.... Pénible planète !! abominable vie, là où les choses se compliquent avec l'âge, là où les rêves durent pendant une instantanéité chimérique, là où on passe toutes les nuits à prendre de grandes résolutions puis finir par les oublier au lever du jour et se charger du poids d'un nouveau deuil... Les jours se résumaient en ces pleurs déversés en ces heures mourantes ; Tuant des heures en ancrant des idées d'un lendemain solitaire qui parfois s'emprisonnent et paralysent les doigts, les pensées, et le cœur.... Je trouvais du réconfort en pensant à elle. Me renvoyant à ce déchirement de la condition humaine, torturant mon cœur avec ces images qui ne font que brouiller la pensée et m'évacuant vers un néant anéantissant mes capacités de l'analyse et du droit raisonnement... Mais raisonner l’amour avec la mauvaise foi n'est que du temps perdu...Et autant que cela me perçait le cœur je rêvais d'une liberté angoissante mais, finissant par choisir existentiellement la chosification réconfortante et mystificatrice ; car quelque part, tout au long de cette histoire j'ai perdu celle à laquelle mon âme s'est nouée.... Je refuserais de laisser tomber toutes ces pulsions imbriquées qui échappent à ma compréhension...
Ma seule souffrance est de ruer en vain de tout mon esprit pour le déchirer, ruer vers cet amour pour le reconquérir.
Et dire que des fois j'ai failli pointer du doigt et crier amour, je me rends compte que mes heureux instants se divaguent à la seconde où ce mot frôle mes lèvres... car, celle qui n’a tenu dans ses bras que mon corps, et non mon être tout entier ne sera pour moi qu’un objet de tentation primaire.... Et c'est toujours l'enfer d'être mal aimé.
Misère, dépit, chagrin ! Moi, adepte d’un « faux amour », traître à l’amour vrai... un amour qui s’est suicidé; et qui se suicide est damné. Et je sais que je pleurerai plus que tous les enfants du monde, que je pleurerai tout Amsterdam, que je pleurerai tout ma vie... Vivre dans le désir que la raison ne m’atteigne guère... car, cela est inhérent à mon éternelle âme enfantine! Ne vouloir que l'amour! N'avoir besoin que d'amour.
Finalement, c'est peut-être cela la vie, Me suis-je creusé la tête pendant tant d'années pour comprendre enfin cette signification?
Hélas!! Enfin, ma personne ressemble surtout un tel suicidaire se croyant maître de sa destinée, se voulant propre responsable de sa mort et maitre de sa fin. Au bout d'une falaise, au bout d'accomplir son serrement au point de jeter sa masse. Son souhait est exhaussé... il meurt en ignorant que c'est le vent qui le purge, il meurt en ignorant que le destin est plus fort que lui....
Moi ce soir, je ne me sens plus vivant. J’ai même du mal à trouver mes phrases. Je parle moins bien, il me semble, et mon discours est moins crédible. Je respire mal, l’air est si lourd qu’il pèse sur ma poitrine. Je ne peux plus pleurer...
Qu’importe après tout ? Les trahisons ne mettent-elles pas finalement sur la voie de la vérité ? Et mes histoires, vraies ou fausses, ne convergent-elles pas toutes vers la même fin. Les fins ne sont-elles pas toutes les mêmes ? n’ont elles pas le même sens ? Alors, qu’importe si mon amour est vrai ou faux si, dans les deux cas, elles reflèteront ce que j’ai été et ce que je suis. J’ai vu plus clair dans celle qui ment que dans celle qui dit vrai. Le mensonge, est une belle pénombre, qui met chaque objet en valeur. Enfin, prenez-le comme vous voudrez, mais j’ai été nommé le rossignol des ponts....