Le roi cupide

Mahuton G. DJESSOU Conteur et auteur littéraire béninois.

Toute histoire commence un jour, quelque part; et c'est ainsi que tout commença un soir dans un royaume situé entre des collines où régnait le roi Wiwan ( cupidité ) . Wiwan avait une fille qui s’appelait Sèlomè (entre les mains de Dieu). Elle était très belle et les prétendants arrivaient de toutes les contrées, pour essayer d’obtenir ma main. Mais comme l’objectif de Wiwan était de trouver à sa fille Sèlomè un homme immensément riche dont la beauté est sans pareil, il l’enferma dans une cage sans porte. Ainsi il était sûr qu’elle ne tomberait pas amoureuse de qui que ce soit. Les servantes lui donnaient ses repas par une minuscule ouverture par laquelle ne pouvait passer que des assiettes.
Les princes des royaumes voisins passèrent mais le roi Wiwan n’en trouvait aucun à son goût. Bien qu’ils étaient des rois en devenir, Wiwan n’arrêtait pas de leur dire à tout de rôle: «Va-t-en pantalon troué! L’autre trop vilain et laid, on dirait tubercule d’igname, le suivant trop rustre regarde-moi ce mortier, oui toi tes dents sont trop noires et plus tu es trop court ». Il tenait ce langage jusqu’à ce qu’une année passa et il n’avait toujours pas trouvé son gendre. Un matin les servantes qui apportaient à manger à la princesse entendirent des pleurs d’un nouveau-né venant de la case. Affolées, elles accoururent vers Wiwan pour lui annoncer la mauvaise nouvelle. Il les menaça de leur couper la tête pour avoir osé porter atteinte à la dignité de la famille royale mais il se rendit compte que des cris d’un nouveau-né traversèrent tout le palais et. Il envoya donc les gardes casser le mur de la case et lui ramener sa fille pour lui faire avouer le nom l’infâme séducteur qui l’a enceintée. La fille lui répondit qu’elle ne connaît ni son nom ni son visage, car elle le recevait dans l’obscurité de sa case sans porte ni fenêtre. Le roi décida de convoquer une grande assemblée dans le but de confondre l’auteur de cet acte et de le tuer. Le jour où l’enfant de Sèlomè eut ses neuf, le roi fit venir tous les hommes viriles et capables de mettre enceinte une femme puis ils passèrent tour à tour chanter devant lui pour qu’il désigne son père en marchant vers lui. Tous les hommes du royaume passèrent sans que l’enfant ne fit un mouvement.
Le roi se décida de soumettre les animaux de la forêt à l’épreuve. Mais dans son orgueil, il fit passer en premier les animaux les plus forts; pourtant, le chant du lion, de l’éléphant, du léopard ne firent qu'effrayer l’enfant. A l’arrivée de l’écureuil, l’assemblée rigola parce qu’il n’avait pas l’air d’être capable de séduire et d’enceinter la belle princesse Sèlomè. Malgré quolibets de la foule, l’écureuil entonna la chanson et aussitôt l’enfant qui écoutait avec attention se leva et se dirigea vers lui. Un long silence se fit dans la foule stupéfaite. Avant que les cadres du roi n’aient réalisé ce qui se passait, l’écureuil prit son fils et disparaît dans les arbres. En fuyant, le bracelet de l’enfant tomba dans un champ d’arachide.