Du crime à l'amour

Toute histoire commence un jour, quelque part... Ce jour-là, comme toute les fois d’ailleurs, il entra dans notre maison avec ses sacs de cadeaux pour la famille qu’il gardait avec aisance et arrogance. C’est un ami à mon papa. D’environ la soixante-dizaine, soit quatre fois mon âge, très riche, élégant, robuste et bien portant pour un homme de son âge, El Hadj Samba, est marié à six femmes et père de 19 enfants. Je n’ai jamais su ce que contenaient réellement ces sacs. Ce soir-là, à son arrivée, mon père me demanda d’apporter à boire, à notre étranger. J’étais étonnée qu’il dise cela parce que cet homme n’était plus étranger mais un membre de notre famille. Je lui apportai une calebasse d’eau que je lui servi avec toutes les exigences de notre tradition.
- Quelle éducation ! Quelle beauté !
- Certainement ! nous lui avons inculqué toutes les valeurs, répondit mon père
- Approche ma fille, viens. Tu as bien grandi ! de jolis seins, belles fesses...
J’essayais de me défendre. Il insistait. Mon père souriait sans rien dire. Je ne comprenais plus rien. Il me caressait maintenant tout le corps, me relâcha. J’interpellai ma mère. Elle me répondit par un simple silence. Je couru vers elle.
- Sois gentille avec lui et surtout, tu obéiras ton père m’a-t-elle dit
Je lisais bien la tristesse dans ses yeux. Je ne pouvais rien. Je savais que cela arriverait un jour, mes sœurs ont subi les mêmes sorts. Elles ont toutes été mariées avant quatorze ans et moi Mariam, j’en avais déjà seize.
Le lendemain, dans la soirée, je vis Alhaji amené cinq grosses valises à mes parents et une sacoche d’argent. Je n’aimais pas le regard de Samba sur moi. Plus tard dans la soirée, j’entendis mes parents se disputer. Mon père sortit de la chambre, me croisa et me fixa longuement puis s’en alla. Je me précipitai dans ma chambre, pris quelques habits et parti. Il faisait nuit, j’avais peur. Je ne savais où aller, je me refugiai dans une maison inachevée. Mon père et El-Hadj mobilisèrent tous les jeunes du quartier qui me repérèrent aussitôt. J’ai été ramenée de force à la maison puis enfermée dans un grenier. Je n’eus droit à aucune visite, aucune nourriture et même pas à l’eau. Un jour, parce que j’avais perdu la notion du temps, j’entendis la porte s’ouvrir. Je percevais des bruits dehors. La lumière du jour m’aveuglait, j’étais affaiblie. Des femmes vinrent me chercher et m’amenèrent avec elles. Mon père s’approcha de moi, me souffla à l’oreille « j’espère que cela te servira de leçon ainsi qu’aux autres filles désobéissantes comme toi»
On m’amena dans une chambre. Quelle splendeur ! Autant de richesses, je n’en avais jamais vu de ma vie. On m’apporta à manger ; je dégustai avec appétit. Les femmes vinrent me faire ma toilette et m’habillèrent. J’étais telle une reine avec ces habits de marque, ces bijoux extrêmement chers. Une des vieilles me rappela la chance que j’avais d’épouser un homme aussi puissant.
Je revoyais enfin mon prétendu mari pour la première fois depuis la nuit de la dot. Il souriait. Plus il souriait, plus je le détestais. L’Iman démarra la cérémonie mais je n’écoutais pas. Je regardais l’assemblée, toutes ces personnes venues assister à mon malheur. Toutes ces personnes qui ne faisaient rien pour m’aider, je ne comprenais pas comment elles pouvaient être heureuses à ma place. De l’autre côté, il y avait mes futures coépouses et leurs enfants. Des enfants, tous plus âgés que moi. Je regardai autour de moi et vis mon père tout excité d’être le beau-père d’El-Hadj Samba. Je ne vois pas ma mère. Je refis le tour d’un regard, aucune trace d’elle. Elle n’a pas voulu assister à mon malheur. La voix de mon mari me sortit de mes rêveries « Maintenant, tu es ma femme »
Je suis sa femme, sa femme ! L’horreur ! Jamais je ne permettrai que cet homme me touche.
La cérémonie terminée, nous fîmes le tour de l’assemblé saluant tous les invités. J’ai été présentée en tant que septième épouse d’Alhaji.
Il faisait tard lorsque les derniers invités partirent. Le moment tant redouté fut arrivé. J’ai été conduite par sa première femme, dans la chambre nuptiale. Je devais m’apprêter pour mon mari. J’avais tellement peur, je tremblais. J’étais assise au bord du lit lorsque la chambre s’ouvrit sur mon mari qui me faisait un large sourire. Je me levai aussitôt du lit et alla me réfugier dans un coin de la chambre. Il s’approcha de moi, j’essayai de le repousser. Il me jeta sur le lit, je réussi à me lever. Je courais vers la porte lorsqu’il m’attrapa par les cheveux, me donna deux paires de gifle et me jeta sur le lit. J’ai essayé tant bien que mal de me protéger de lui. Il m’attrapa encore et me battit jusqu’à ce que j’en perde souffle. Je criais, personne ne vint à mon secours. Il déchira mes habits, tint mes mains fermes, écarta mes jambes à l’aide de ses genoux. Malgré ma faiblesse, j’essayais toujours de me défendre et là j’ai senti une douleur. J’ai crié tellement fort qu’il me porta une autre gifle. Je l’ai senti en moi, il bougeait en moi. Il gémi et plus rien. Il me demanda d’aller prendre un bain et de m’habiller.
- A partir d’aujourd’hui, tu resteras enfermée dans cette chambre jusqu’à ce que tu sois obéissante, m’a-t-il dit
J’ai passé deux semaines dans la chambre qui était la nôtre. Mes repas y étaient apportés quotidiennement. Et chaque soir, je subissais les coups et viols de cet homme qui était mon mari. J’en avais marre, un jour j’ai caché un couteau qui était posé sur le plateau. Puis un soir, il vint encore pour son forfait. Je lui laissai croire que j’étais consentante. Je le laissai alors s’approcher plus près de moi. Il avait commencé à me toucher avec ses sales mains quand je lui plantai le couteau dans la gorge. Il tomba à terre. Je crachai sur lui et m’enfuis....
J’ai marché pendant des heures, voire des jours peut-être ; je ne sais plus. J’ai faim et soif mais il ne fallait pas que je m’arrête sinon je risquais d’être rattraper par la famille de mon ex-mari. Je suis épuisée, je ne sens plus mes jambes, j’ai comme l’impression de voir le monde autrement. J’aperçu une lueur...
Je me réveillai dans une chambre au style très ancien comme la nôtre. Mon cœur battait, « me suis-je fait prendre? » J’entendis des pas se diriger vers moi. Je me recouchai et fit semblant de dormir. J’entendis une femme chuchoter
« Pauvre petite, que lui est-il arrivé pour qu’elle soit dans cet état ? » Je sentais le regard de cette femme sur moi alors je fis semblant de me lever
Elle se précipita vers moi et m’aida à me relever. Je me sentais très faible, j’avais du mal à m’assoir. La vielle dame me donna de l’eau à boire, je toussotai un long moment. Je refis le tour de la chambre avec mes yeux et fut soulagé de me trouver ailleurs que chez moi. Chez moi ! Aurais-je un jour encore le courage d’y retourner ? Pourrais-je un jour revoir mes parents ? Mes pauvres parents que j’ai déçu. Je me rallongeai sur ce qui me servait de lit. Des pailles tressées délicatement, sur lesquelles on étala un pagne en guise de drap, puis un autre pagne plus grand plié en quatre qui me servait d’oreiller. Il y avait deux troncs d’arbre posé dans un coin et qui servait de tabouret. Des bols en argiles étaient éparpillés un peu partout, un long fil reliant deux extrémités de la chambre servait de garde-robe. Des pagnes et habits y étaient posés en désordre. Je sens de plus en plus la fatigue m’envahir, mes yeux devinrent soudainement lourds. J’aperçus la dame qui venait vers moi, tenant dans une main un petit bol en argile. Elle entra dans la chambre, s’assit au bord du lit puis m’aida à me relever. Je ne savais pas ce qui m’arrivait, je transpirais tellement et mes dents n’arrêtaient pas de claquer. Oh Allah ! Le miséricordieux ! Je vais mourir, c’est ma punition. Je vais rejoindre ce monstre en enfer. J’espère vraiment qu’il soit mort. Elle me donna quelques cuillérées d’un liquide visqueux et malodorant. Je tournai ma tête de côté en guise de refus mais elle m’obligea à prendre trois cuillérées du liquide. A la quatrième, je la repoussai d’une main. Elle m’aida à me rallonger, je transpirais de plus en plus. Elle prit un récipient rempli d’eau, dans lequel elle plongea un tissu qui fut posé sur mon front. Elle nettoya ainsi tout mon corps. Mes yeux se fermèrent, je sentis une main me masser le corps et plus rien.
Lorsque je m’éveillai, je me sentais bien dans ma peau. C’était comme si toutes ces douleurs dans ma vie avaient toutes été arrachées. Je me levai du lit, m’étira un long moment. Je regardai tout autour de moi, la chambre était restée intacte. On aurait dit que personne n’y a mis pieds pendant des jours. J’aperçus des brindilles de palme enroulés qui servaient de balai. Je commençai à nettoyer la chambre en chantonnant. J’allai dehors respirer l’air frais et pur de ce village inconnu et tout à coup, je le vis. Cet être extraordinaire comme on le voyait dans les mythes. Il était extrêmement beau, un corps bien taillé, une taille que ne pouvait avoir qu’un dieu. Il sortait de la rivière, l’eau qui dégoulinait sur tout son corps me fit avoir des frissons. Serait-ce un ange ?un génie de la forêt ? Il s’approcha de moi.
- Tu es l’inconnue que Mama a recueillie ?
Il était donc le fils de cette femme, intéressant !
- Oui, monsieur
Il éclata de rire. Son rire résonnait comme une mélodie, mon cœur se mit à battre de plus belle. Mais qu’est-ce qui m’arrivait donc ?
- Tu t’incline toujours en t’adressant à quelqu’un ?
J’étais troublée par cet homme. Il s’approcha plus près de moi, je sentais tout mon corps trembler. Il était juste à un centimètre près de mon corps. Lorsque nos corps se touchèrent, je sentis mes seins se durcir. J’avais envie de m’enfuir mais je ne pouvais pas. Il posa ses lèvres sur les miennes, se détacha et s’enfuit. Je ne comprenais pas ce qu’il se passait. J’hésitai un moment et finit par le suivre. Je le trouvai assis sur un arbre au bord de la rivière. Je m’approchai instinctivement de lui. Dès qu’il entendit mes pas, il se retourna. J’appris par lui qu’il avait aimé une fille il y a quelques années. Elle était la plus belle du village, il eut la chance de l’épouser. Mais après le mariage, elle avait totalement changé. Elle couchait avec qui elle voulait et finit par s’enfuir avec un autre
Comme moi, il avait souffert. Je m’approchai instinctivement de lui, je le pris dans mes bras. Nous sommes restés ainsi quelques minutes qui paraissaient toute une éternité. Il s’éloigna de moi, je pris un souffle.
- Je m’appelle Ousmane. Que t’est-il arrivé pour que tu sois dans un tel état ?
Je lui racontai mon histoire. Il s’approcha de moi, me pris les mains et dit
« Marions nous. Je sais qu’on se connait à peine mais je suis certain que nous sommes faits l’un pour l’autre. Je t’aime »
Je fis mes gros yeux de surprise ! Il continua tout en me tournant dos
- Tu es restée inconsciente durant trois mois et tout ce temps je me suis occupé de toi. Je sais que j’ai fait semblant de ne pas te connaitre tout à l’heure. Tout ce temps passé à tes côtés m’a persuadé que tu ferais une bonne femme. Il me fit face : Ton passé ne m’intéresse pas, dis-moi juste oui et je te rendrai heureuse
Je ne savais pas quoi répondre, je lui tournai dos à mon tour et là j’aperçus Mama qui nous observait de loin. Elle me fit signe d’un oui de la tête. Je baissai mon regard et parti en courant.
Un mois plus tard encore, je n’avais toujours pas donné mon accord mais tout avait changé. J’étais devenue la protégée de Mama. Ce soir n’était pas un soir comme les autres, j’étais avec Ousmane mon inconnu. Nous étions au bord de la rivière, assis côte à côte, nos corps se touchaient et je ressentis encore cette sensation. Il y avait comme des papillons en moi, je voulais qu’il me prenne dans ses bras. Il tourna son visage vers moi et mon cœur s’arrêta de battre. Il posa ses lèvres sur les miennes, m’embrassa fougueusement. Un baiser auquel je répondis et ne voulait plus m’arrêter. Il me caressait tout le corps avec douceur, mon corps tremblait. Je ressentais des choses inconnues à moi. Tout ce que je voulais c’est qu’il n’arrête jamais...
- Je t’aime Ousmane, dis-je dans un souffle
Il eut un sourire rayonnant, me fixa quelques instants puis m’embrassa encore plus langoureusement.
Je voulais qu’il continue mais hélas, il s’écarta de moi. Je sentis son sexe durcit me toucher les cuisses et tout à coup, des images défilèrent. Je revis ce moment où Samba me touchait. Instinctivement, je commençai à crier et à me débattre avec un Samba imaginaire. Ousmane me prit dans ces bras, j’étais en sanglots. Il m’apaisa
- Tout va bien, c’est fini. Je ne laisserai plus personne te faire du mal.
Trois jours plus tard...
Aujourd’hui, je me remarie. Mais cette fois avec un homme que je voulais, que j’aime de tout mon cœur. Je suis très heureuse. Tout se passa très vite. Vint enfin le moment que je redoutais. J’ai été amenée dans la chambre nuptiale. Je portais une belle et courte robe de nuit. J’étais assise au bord du lit, tête baissée et toute tremblante. La porte s’ouvrit, c’était Ousmane. Il s’approcha de moi et posa un baiser sur mon front. Il commença à se déshabiller jusqu’à ce que je découvre sa nudité. Il se coucha dans le lit et m’invita à ses côtés. J’obéis timidement, il me prit dans ses bras. Contre toute entente, il ne fit rien, absolument rien. Je l’aimais encore plus car il ne voulait pas me faire du mal. Il pensait à mon bonheur...
Je me redressai afin de le regarder, il s’était endormi. Mais moi je voulais qu’il m’embrasse, qu’il me refasse tout ce qu’il m’avait fait au bord de la rivière. Je commençai à lui caresser le corps maladroitement, je suivais mon instinct. J’ai senti son corps réagir, Je lui donnai un baiser sur les lèvres, baisers auxquels il répondit. Il me roula sur le lit, me caressa à son tour. Je n’en pouvais plus, j’en voulais encore plus, mon corps avait besoin de quelque chose mais j’ignorais quoi. Je sentis son sexe s’endurcir entre mes jambes, je les écartai systématiquement. Je le voulais, j’aimais cet homme. Il me fit oublier mes malheurs. Lorsqu’il entra en moi, je vis le monde autrement. Jamais je ne pensais qu’il existe une merveille pareille. Il me fit l’amour, avec douceur. Il murmurait des mots incohérents à mon oreille
- Je t’aime Ousmane
- Je t’aime Mariam
Je pensai à mon village, mes parents.
Mes parents, je sais qu’un jour je les reverrai, mais pour l’instant je vis pleinement mon bonheur...