Douce Mediterranée

Je suis Samuel Orphée, passionné de literature.

Toute histoire commence un jour, quelque part, provoque des changements, des sourires, des douleurs et des pertes. Cette nuit, des murs tombent encore comme c’est le cas depuis plus de quatre ans. En plein cœur du quartier, à quelques mètres de ma fenêtre, deux étages s’effondrent emportant cette fois des femmes ouvrières si paisibles. L’usine de textile où travaillait la mère de Zalia n’est plus, devenant une énorme caverne a ciel ouvert, d’interminables buées de poussières, de fumées sortent du toit endommagé, on voit des machines mutilées perdant le sens des pédales dans la poussière qui ronge leur frein. Des éclats de verres, d’ampoules rejoignent le sol, les bruits s’effondrent entre la voix cassées des murs qui tombent dans le grondement de la flamme et le cri des rideaux de fer qui se détachent des murs de force par la bombe que l’on a lancé sur Hama, le quartier industriel de Homs dans la nuit du 9 mars 2015.

Dans le tiers silence de la matinée, le lever du soleil est à moitié sur le mur de l’usine perdant une bonne partie, le vent soulève avec frénésie les cendres, l’ombre à cesser d’exister, le jour se lève pour le trie des corps à récupérer. Pas même une seule survivante de toutes ses femmes qui ont avec moi commémoré la fête de la révolution Syrienne dans la nuit du 8 mars 2015. Parmi eux, la mère de Zalia, avec qui j’avais eu de bonne relation depuis mon retour au pays après deux ans passée à l’étranger. Quand j’étais revenue, elle a été la première à venir me voir chez moi dans la maison familiale que mon père m’avait légué. C’est un mardi, au début du printemps qu’elle m’avait présenté sa fille qui était âgée de 14 ans. Elle a été très impressionnante à son âge, m’a posé pleine de question sur ma personne, sur ma vie professionnelle et mon mari. Ensuite, elle était allée jouer au jardin et sa mère et moi continuons à parler de la vie en Syrie, de tous ce qui ont changé pendant mon absence et de l’usine fermée depuis le début de la guerre.
Grâce a nos efforts au près des autorités locale quelques semaines après mon retour, l’usine a été rouvertes, après que l’armée pro-gouvernementale ait repris le contrôle de la ville. Après cette nuit de fête dans la nuit du huit mars, je n’attendais pas à ce que l’on frappe aussi fort le quartier. Dans la nuit, tout était si calme, le ciel sans voile de fumée de bombe ni de mitraillettes. Les étoiles et la lune brillaient sans la moindre hésitation et cette nuit on a ressenti l’odeur de la douce méditerranée qui nous venait de loin. Les lumières étaient réapparus des fenêtres, des voisins se réunissent en famille pour fêter. Nous avions entendu des cris de joies semblables aux nôtres et des enfants chantaient avec énergie l’hymne de la révolution Syrienne alors que les parents applaudissaient.
Les femmes et moi avions fêtées toute la nuit dans le salon de ma maison situé à l’est de la ville, certaines d’entre eux ont bu du vin pour la première fois et grimaçait a chaque gorgé. Nous avions ensuite parlé de droit humain, de la grande lutte qu’il nous faudra mener pour les droits des femmes et avions senti que nous aussi avaient des choses à dire sur la situation du pays. Avant qu’elles quittent ma maison, nous nous sommes rassurées l’une à l’autre avec des câlins et ensuite elles rejoignent leurs familles respectives.
Des femmes qui parlent politique en Syrie sont mal vues aux yeux des hommes politiciens, l’interdisant au respect de l’Islam. Ce soir, on a parlé du régime, de ses dérives, pointé du droit le président, la communauté internationale toujours impuissante à pouvoir trouver un terme à ce conflit plongeant le pays dans ce cahot. En trois ans, Oms a perdu toute sa verdure, les immeubles ne sont que tiers, perdant leurs flans et leurs toits, la ville est en ruine, les explosions ne s’arrêtent pas, les murs sont anéantis. On ne peut plus se fier à la carte touristique de Oms, rien de ce qui y était existe encore, les routes sont coupées, les réverbères sont a genoux, l’ombre est immense et les quartiers limités par la peur et le viol. Des milliers de famille ont abandonné le pays et vivent maintenant dans des camps de refugiés ou chez des pays voisins comme la Jordanie, le Liban, la Turquie et au reste de l’Europe.
Les femmes et moi avions eu de longues disputes sur la situation du pays et avions trinquées nos verres a notre soif de paix, de liberté et d’équité du genre. Après qu’elles soient totalement disparues, j’avais fermé la porte avec le sourire, tellement heureux de pouvoir renouer lien et amour avec eux et fêter ensemble cette date mémorable que je n’ai pas fêté depuis mon départ de Syrie.
J’ai quitté mon poste de directrice de l’usine deux ans plus tôt pour un travail à l’étranger au programme alimentaire mondiale de l’ONU, au Gabon où j’ai eu le privilège de côtoyer des femmes extraordinaires. J’ai été surpris de découvrir l’esprit communautaire des ces femmes et d’eux j’ai appris à connaitre les contrastes de l’Afrique, la danse, leur mode de vie et leur gastronomie que j’ai trouvé extraordinaire. Elles m’ont aussi avoué des choses sur leur vie personnelle, la sexualité, l’excision et l’éducation. Elles m’ont aussi parlé de leur croyance animiste et leur point de vue de l’Islam. Vivre parmi eux a été pour moi une vraie découverte sur moi-même et sur l’humanité.
Lorsque j’étais arrivée au Gabon il y a un an et demi, j’ai été bien accueillie par un groupe de femmes d’un petit village proche de la ville de Moanda. Mais avant d’y arriver, j’ai atterri à l’aéroport de Franceville avant qu’un petit avion me dépose sur une petite piste d’atterrissage de la province de Haut-Ogooué. La première chose qui m’a frappée en arrivant, était la couleur de la piste, un rouge de brique qui m’a paru être que de la latérite. Donc, je me suis dis que j’atterrissais soit sur une mine ou que j’en n’étais pas loin d’une.
Il fait une chaleur immense, on était au début de l’été, la verdure est si clame, le soleil est dans toute sa splendeur et c’est l’après midi le plus chaud que j’ai connu de toute ma vie. Les feuillages sont pourtant denses avec des arbres à hauteur du ciel.
Elles m’avaient si bien accueilli, c’était la première fois que je me suis senti aussi spéciale aux yeux de l’humanité, les petites filles sont venues m’admirer, ont voulu toucher mes cheveux, mes habits et mes chaussures. Je leur regarde aussi avec passion, leurs habits m’impressionne, certaines d’entres-elles s’habillaient avec des peaux de bêtes et d’autre avec des tissus confectionnés de leurs propres main. Elles portent des colliers, des rubans et des pamphlets partout où ça pouvaient tenir.
Je me suis présentée à eux, après une scène d’insolence entre danse, sourire, chanson autour de moi. Je suis Suzan, venue de la Syrie, envoyée spéciale du programme alimentaire mondiale (PAM), experte en développement communautaire. Je n’ai remarqué aucun signe s’indifférence chez eux en parlant de la Syrie, j’ai me suis dis qu’elles ne savaient rien de ce qui se passe chez moi et me suis sentie libre de m’étendre parmi eux. Elles n’ont peut être pas accès a l’information extérieure et cela m’a beaucoup aidé à cacher le chronique de la guerre qui ravage mon pays. Elles ne savent pas lires, les plus jeunes apprennent juste à tisser et c’est tout, elles ont des prénoms légendaires et je les voyais si heureuse comme si elles ne manquent de rien.
La vie de ces femmes se passe à l’intérieur du village et sont privées de tout contact avec le monde extérieur. Elles n’ont que le ciel à partager avec les étoiles qui miment leurs regards la nuit et le périple de la lune qui marchent souvent sous leur pas.

Je n’ai pas mis longtemps à découvrir les contrastes de l’Afrique, les insectes ont tellement crié la première nuit où j’ai dormi au village. L’horizon est si proche du village et les nuages a portées de main. Il est des fois où je pense que c’est la forêt qui prend feu, les nuages gardent toujours un dernier souvenir du soleil. Et les soirs, les femmes se réchauffent sur des tissons ardents. Lorsqu’il pleut, c’est la fête, elles chantent et dansent sous la pluie et témoignent du respect pour tout, l’eau, la terre et les arbres. Leur mode de vie me reste insaisissable jusqu'à ce qu’un jeune étudiant Français qui faisait une étude ethnographique dans la région me vienne en aide.
Je suis au village depuis trois mois et je m’adapte petit-a-petit. Le début a été difficile, puisque c’est moi qui aie appris des choses de ses femmes que j’étais venu apprendre les bonnes manières, elles m’ont plutôt appris les manières d’être. J’ai appris à allumer un foyer pour me réchauffer à l’âge de quarante neuf ans, le jeune étudiant Français et moi avions passé toute une nuit à essayer sans parvenir à le faire lors d’un soir de camping sous le pied de la montagne pas trop loin du village. On a passé la nuit dans la peur, le froid et l’incertitude de revoir le jour. Le cri des insectes nous a tellement effrayées au point qu’on a passé la nuit à nous surveiller plutôt que de faire l’amour. Cette la nuit, l’ombre de Moanda a défait tous ce qu’on avait prévus.
Je crois que les femmes ont ri de nous, puisqu’elles nous observaient. Au village, une fillette de moins de dix ans peut allumer un foyer en moins d’une minute, alors que nous avions passés toute une nuit sans pouvoir arriver. Du haut de notre connaissance, nous sommes les imbéciles parmi eux, mais elles nous ont soutenu, nous ont appris à vivre la vrai vie. Pour moi, c’est la vrai vie parce que tout ce qu’ont veut nécessite un effort. J’ai appris à cultiver moi-même mes légumes alors qu’en Syrie ou n’importe quel pays d’Europe, il n’aurait suffi d’aller au super marché. Dans le village, personne n’en vend leur récolte, elles ont tous cultivé les mêmes choses, c’est au marché du port qu’elles aillent vendre leurs produits. J’ai été la seule femme de ce village qui vivait de leur denrée, elles n’ont surement pas compris pourquoi j’achète leur produit alors que je suis là tous les jours et présente parmi eux à regarder le temps passé. J’ai été perdue dans la notion du temps et tout les jours, ma vie ne dépendait que de la force de travaille de ses femmes. J’ai beaucoup appris d’eux et après la fin de mon contrat un an plus tard, je suis rentrée en Syrie.

Cela fait un mois depuis que je suis revenue, c’est la folie du monde qui bouge qui ramené à Hama, la ville où j’ai grandi. Je pouvais rester au Gabon, y vivre le reste de ma vie. Mais je suis heureuse d’êtres à nouveau chez moi malgré la situation du pays, je retrouve mon ancienne vie paresseuse comme celle de mon adolescence. Je passais mon temps faire la fête, a recevoir des gens et mes anciennes amies. Après avoir commémoré avec eux la révolution Syrienne dans la nuit du huit mars, j’ai connu une peur immense le soir suivant, au moment où la bombe à exploser. Sa flamme s’étendait comme des lauriers devant ma fenêtre. L’usine s’est écroulée sous mes yeux après que la bombe ait perforé le toit, le feu est immense, s’évapore et j’ai su momentanément que j’ai perdu mes amies dans cette attaque pareille à nulle autre.

Après plusieurs jours de pleurs, j’ai décidé de revendiquer l’attaque. Ces femmes ont été mes seules soutiens après la mort de mon mari victime d’un coup monté du régime de Bashar Al-Assad. Je connais ces femmes depuis des années, elles ont été tous sous ma responsabilité lorsque j’étais directrice de l’usine. J’ai commencé avec des tweets sur le net, témoignant ma colère face à la tragédie, multiplié ensuite mes interviews dans les chaines de télé du pays et à l’étranger pour parler de la tragédie en mettant accent sur les droits des femmes en Syrie. Le régime a tenté de me taire, mais n’y arrive pas, je m’en fou de leurs pressions d’assassinats et d’intimidations. J’ai même eu le soutien des ambassadeurs de plusieurs pays étrangers qui ont félicités mes revendications et m’ont promis leur soutien.
Des gens sont plusieurs fois venus me poser des questions sur moi-même, mes proches et mes visites régulières à l’ambassade des Etats-Unis où suivais une formation adaptée en droit des femmes et de l’enfance. Ils sont sceptiques de mes allers retour à Damas, m’ont parlé de Zalia et menace de la violer si je ne me tais pas. Mais ils ne pouvaient plus arrêter la machine et moi ne pouvais plus faire marche arrière. D’autres regroupements de femmes, de jeunes étudiantes ont revendiqué eux aussi l’attaque et on a marché ensemble sur les ruines de l’usine un mois plus tard.

Il y a des faits qui s’arrangent à être fait, c’est ce qu’on a tous pensé, l’attaque a été préméditée, ils ont fait exprès, mais on ne sait pas qui l’a fait. A présent, l’idée d’émancipation des femmes qu’ont a pensé toute la nuit est mort née, disparait dans l’incandescence de la flamme, ces cris scandant le rêve de voir des femmes Syriennes gagnées leurs droits ne sont que cendres des corps qui ont fêté avec moi la nuit d’avant, le vent est loufoque de rappeler leurs gémissements en un périple poussiéreux des débits d’os, de muscles, de sangs, de sables, d’argiles et de ciments. Tout le monde revendique l’attaque et la peur s’abattre sur le quartier, ci-gisant toutes rêves de voire s’établir la paix dans le pays. Clairement, Syrie est devenue invivable. Des voix sont arrêtées, des maisons vidées, de nouvelles familles quittent Hama pour rejoindre les camps de refugiées ou d’autres pays avec la chance de traverser leurs frontières. Parmi eux, une orpheline, Zalia que j’ai moi-même conseillé de fuir les menaces de viol parce que je ne voulais pas qu’elle vive cela après la mort de sa mère qui l’a déjà tellement choqué. J’ai eu de la peine de la voir versée autant de larmes au moment de nous séparer, je craignais pour sa vie et pour celle des autres qui l’ont accompagné. Ils sont allées grossir le rang des familles qui habitant le camp de refugiés. Ils sont plus d’une centaine, des enfants, des jeunes filles et des femmes qui se sont refugiés au camp de Rukban situé à la frontière entre la Jordanie et la Syrie où plus de 70 000 personnes partagent la vie dur de cette zone désertique coupée du monde.

À seulement 16 ans, elle était seule au monde, devienne proie des blessures faites de tous les arrachements. Dans le camp, sa vie dépendait d’eux ; un groupe de bourreau qui a pris le contrôle des aides humanitaires. Elle revendique la situation, sa rébellion est telle que l’on la prive à manger et à boire. Ils l’on côtoyé en vain, elle résiste, mais n’a malheureusement pas échappé à leur virilité et s’est suicidée un mois après son arrivée au camp. Elle a été violée par des gardes Jordaniens qui ont usé d’elle chaque nuit, sous le regard sensibles des étoiles qui assistent au fait. Elle les supporte l’un après l’autre jusqu'à ce qu’elle n’arrive plus à résister. Et à l’aube d’une triste matinée, on l’a retrouvé morte, une corde autour du cou après une nuit à assouvir les gardes qui n’ont pas cessé de la violer.