Dernier voyage

"Maître" ? Vous plaisantez ? Vous pouvez me cogner comme l'ont fait les autres mais je ne vous appellerais pas maitre. Je me battrais bec et oncles pour les valeurs juste", dit Kongo.
Kongo est un conducteur de voiture. Alors qu'il est dans la quarantaine, il a passé vingt-cinq ans dans ce métier faisant de la route Goma- Beni une trajectoire où il peut conduire les yeux fermés. Il connait ces 300 km jusqu'aux moindres détails ; maîtrisant parfaitement les grandes courbures du Parc national de Virunga, et connaissant de nom et de spécialité alimentaire chacun des villages situer à mi-chemin.
Il est père de six enfants. Sa femme Dina et lui, prennent soins de combler les besoins de leur famille en gérant sagement les revenus du travail de Kongo et du petit commerce de Dina qui, elle, est vendeuse d'habits usés au marcher Birere à Goma.
Son expérience a fait de lui un chauffeur hors concurrence et lui a valu une clientèle fidèle. Sa réputation et sa clientèle sont loin d'être le mérite de sa rapidité ni de son expérience uniquement, mais sont aussi fonctions de sa ponctualité, d'une bonne collaboration avec ses clients et de la faible fréquences d'incidence et d'accidents dans les vingt-cinq ans de sa carrière jusque-là.
Dans les routes de la République Démocratique du Congo, la vie de chauffeur est loin d'être couverte du miel. Mauvaise état de la route, accident et attaques rebelles sont les dangers à leur apanage. A ceux-ci s'ajoutent les tracasseries de la police routière qui sont monnaie courante.
Etant donné que beaucoup de chauffeurs ne se contentent que d'acheter les papiers de voyage concernant lesquels ils n'ont pas beaucoup de connaissance, Ils cèdent très souvent aux intimidation de ces gilets jaunes et perdent d'énorme somme d'argent.
Kongo, lui, est loin d'être naïf comme beaucoup de ces collègues. Des années plus tôt, alors qu'il ne voulait plus continuer de subir des tracasseries de ces gilets jaunes, il a pris initiative de s'informer parfaitement sur les documents qu'il doit posséder pendant son voyage, sur leurs validités et a pris soin de savoir quand et où les présenter. Usant de prudence, il s'est aussi informer sur la façon de réagir face aux menaces et tracasseries de ces contrôleurs.
Avec toutes cette connaissance acquise et avec tous les documents nécessaires à main, il a été un dur à cuire pour ce gilet jaune. Les premières semaines étaient trop difficiles pour lui, mais il n'était que question de temps pour que cela lui vaille une certaine réputation. De très loin, sa voiture était reconnue et très souvent passait sans contrôle ou sinon subissait juste un petit contrôle sans payer quoi que ce soit.
A plus d'être un bon parleur, Kongo, est aussi un bon animateur. Il couvre le stress et la fatigue de ses passagers par des belles histoires très drôles qui les occupent tout le voyage. Il en a tellement que la fréquence de l'entendre répéter une est vraiment faible, et seul Dieu sait si celle-ci sont vraie. Il est le Héros dans beaucoup d'entre elles et ne cesse de chanter tout haut son esprit Révolutionnaire.
Il parle de tout ; la politique, l'éducation, la religion, le mariage mais aussi de tout actualité locale comme mondiale et conclue toujours son speech par une leçon morale, un conseil ou une opinion personnelle qu'il surestimé comme salvatrice et idéale.
Kongo est loin d'avoir des histoires amusantes uniquement. Elles sont des fois émotives ou sinon effrayantes surtout quand il parle de différentes attaques des groupes armées dans cette route, des assassinats et des kidnappings des personnes qui dans la majeure partie des cas ne sont jamais retrouvés ou sont retrouvés mort.
Telle est la routine d'un voyage avec Kongo jusqu'à ce qu'un jour une situation imprévisible change l'histoire de toute une vie.
"C'était pendant un voyage, tout marchait comme sur des roulettes et on se voyait à Beni déjà autour de 17 heure, car avec Kongo de coutume il n'y a pas d'arrêt qui prenne plus de cinq minutes, mise à part des arrêts d'achat des denrées alimentaires.
Alors que nous roulâmes à grande vitesse, Kongo aperçut une nouvelle barrière à une centaine des mètres et deux hommes en gilet jaune au beau milieux de la route.
Etonné, il s'exclama : "Mais il n'y a jamais eu de barrière de contrôle à cette endroit ! Je connais parfaitement cette route ! Ceci n'est rien d'autre qu'une nouvelle manuvre de tracasserie de cette police routière. Accrochez-vous bien à vos sièges et accorder moi juste deux minutes car vous allez voir le légendaire Kongo en uvre".
Alors que les deux hommes en gilet jaune soufflèrent dans leur sifflet pour arrêter le véhicule, chacun de nous passagers s'impatienta et se réserva l'honneur de voir Kongo terrasser ces deux policiers par son discours convainquant.
Mais pile au moment où nous nous arrêtâmes, nous nous rendîmes comptes que la situation était beaucoup plus grave que nous ne l'imaginions. Dix hommes armées sortirent des deux côtés dans la brousse, cinq à gauche et cinq à droite et posèrent leurs armes bien chargées juste à côté de nos têtes. Mort de peur, personne n'eut le courage de prononcer un mot jusqu'au moment où Kongo demanda en voix d'homme : " Que ce que vous voulez ?"
Souriant, l'un d'eux répondit :"ce n'est alors pas faux tout ce qu'on apprit sur toi, tu es bien plus courager que ce que l'on imaginait, Kongo", prononçant correctement son nom.
Comme s'il ne craignait rien et très rouge de colère, Kongo leurs demanda :
- "D'où me connaissez-vous ?"
Avant même que cette discussion ne finisse, deux des hommes armés qui n'arrêtaient pas de se chuchoter des choses à l'oreille, demandèrent aux deux femmes qui étaient dans notre voiture de descendre.
- "Qu'allez-vous leurs faire ?", demanda Kongo. "Je ne vous laisserais jamais faire ça", poursuit-il en voulant ouvrir sa portière.
-"Tait toi et ne bouge pas", répond le chef du groupe. "ça ne nous fera rien de tuer qui que ce soit parmi vous et si quelqu'un s'en doute, qu'il essaye de s'opposer n'est serait-ce qu'un tout petit peu à nous une fois de plus, s'il ne se verra exploser la tête avant même qu'il n'ouvre sa bouche". "Faites ce que bon vous semblent", poursuit-il en s'adressa à ses coéquipiers.
Impuissant, personne n'eut à faire en voyant ces deux femmes totalement effrayer, tremblotant et entrain de pleurer être retirer brutalement de la voiture et conduit dans la brousse accompagner de quatre de ces hommes. Il n'a pris que quelques minutes avant dentendre des cris de ces innocentes femmes demanda secours pendant qu'elles étaient en train d'être violées.
Pendant ce temps, les huit hommes avec qui nous sommes restés à la voiture demandèrent à tout le monde de descendre à l'exception du chauffeur. Ils nous ligotèrent, prirent tout ce que nous avions de valeur et pendant qu'ils nous tabassèrent sauvagement, nous entendîmes deux coups de balles dans la brousse où les quatre hommes avaient amené les deux femmes.
Tous tabasser à mort, nous n'entendîmes leur conversation avec Kongo que comme des échos lointains.
Tout ce dont je me souviens de la conversation entre ces hommes et le chauffeur, dit Manu, un des passagers de Kongo pendant ce voyage qui son anecdote au policier en charge de l'enquête qui l'interrogeait au lit de lhôpital ; est sa réponse à ces hommes qui l'ont dit pendant quils le tabassaient et voulaient l'amener avec eux dans la brousse :
-"Tu travailleras maintenant avec nous Kongo, que tu le veule ou pas, nous sommes dorénavant tes maitres et toi notre travailleur"
Cest alors qu'il répondit :
"Maître ? vous plaisantez ? vous pouvez me cogner comme l'on faits les autres, mais je ne vous appellerais pas Maître. Je me battrais bec et oncle pour des valeurs justes".