Ce jour-là il faisait beau

Bonjour à tous ! Je m'appelle Lola, je suis une jeune fille de 15 ans. Je suis née le 14 février 1998 dans le Sud. Je suis une fille qui a plusieurs passions, ( ou plusieurs cordes à mon arc si ... [+]

Toute histoire commence un jour, quelque part. Pour ma part, j'ai cru naïvement, comme la plupart des gens, savoir à quel moment cette histoire, mon histoire, commençait. Ce jour-là, il faisait beau. En même temps, qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige, pour moi ça aurait été une très, très belle journée. Tous les éléments étaient réunis pour que je me sente bien. Enfin, c'est ce que je croyais.
J'étais assise sur le canapé, les jambes repliées sous moi, et à côté se tenait un beau, un très beau pervers narcissique. Ça, je ne suis capable de le dire qu'avec du recul. Avec pas mal de recul. Ce jour-là, quand mon histoire a commencée, je ne voyais que cet homme splendide qui voulait bien de moi. Et au fond, n'était-ce pas tout ce que je voulais ? Quelqu'un qui veuille bien de moi ? Quelqu'un pour effacer les sentiments que j'avais précédemment éprouvés à sens unique. Le point de départ de cette histoire, ça a été quand il m'a embrassé. Pourtant une minute plus tard, j'étais enfermée dans la salle de bain, le souffle court et les larmes aux yeux. J'aurai dû y voir là un signe du destin. Un avertissement écrit en caractère gras clignotant tout autour de moi. Mais c'est bien connu, je suis du genre à ignorer les avertissements quand les sentiments s'en mêlent, aussi clignotant soient-ils. J'étais étreinte par la culpabilité. Je volais l'homme qu'aimait ma sœur. Je le faisais impunément, sciemment mais pourtant, je me sentais coupable. Terriblement. C'était plus fort que moi : il était parfait et moi irrévocablement amoureuse. C'est exactement pour cette raison que j'ai décidé de continuer, de foncer. Donc mon histoire a commencée – enfin c'est ce que je pensais – ce jour-là, dans ce petit appartement de la rue. C'était en mai. Il faisait doux et je me sentais aimée.
Mais bien vite, plusieurs autres avertissements se sont dressés sur ma route. Il y a eu des insultes, des cris, des objets brisés. Il y a des fois où je me suis retrouvée mise à la porte, seule et tremblotante, enserrée par la nuit froide. Mais comme toute fonceuse obstinée, ça ne m'a pas arrêté. Je pensais que c'était la passion, qui le rendait comme ça, nous nous aimions trop, trop fort, trop mal. Tout était décuplé. Puis il y a eu des mensonges et des paroles de plus en plus blessantes. De plus en plus monstrueuses. Il y a eu des gestes qui ont fait de moi une fille peureuse et des retournements de situation qui m'ont amenées à me sentir coupable. Au bout de trois longues années, je me suis rendue compte que ce n'était pas de la passion. Ce n'était pas de l'amour. C'était de la destruction. Et au bout du compte, la personne qui se retrouvait détruite, c'était moi. C'était encore et toujours moi. Je souffrais quotidiennement. Je souffrais même lorsqu'il m'aimait, puisque j'aurais voulu que ça dure toujours. Enfermée dans cette routine, je n'étais même pas étonnée par ses paroles. J'ai finis par y être indifférente. Habituée. J'ai finis par me rebelle et les disputes étaient de plus en plus vives. Moi-même qui avait toujours été d'une patience exemplaire, je ne pouvais plus retenir les mots qui me glaçaient la gorge. Je l'ai détesté, mais j'étais incapable de le quitter.
Je suis courageuse et séparée depuis bientôt cinq semaines. Et l'autre jour, après ma toute première sortie en boîte, un garçon m'a tenu la main. Il a réveillé en moi des émotions adolescentes que j'avais perdu. Il m'a fait comprendre que j'étais prête à tourner la page. Que je pouvais le faire. Il m'a juste tenu la main, puis il est rentré chez lui, en emportant avec lui la première émotion qui me traversait depuis toutes ces années et qui n'était ni rancœur, ni hostilité, ni désespoir. J'étais bien. J'aurai voulu que ça dure.
Et c'est ce jour là que ma nouvelle histoire, ma vraie histoire, a commencée. Il faisait nuit, il était quatre heure du matin et nous étions en voiture, entre amis, comme tous les jeunes de notre âge. La musique emplissait doucement l'habitacle et tous les mots que je ne disais pas se perdaient entre nous. Je me sentais comprise et soutenue. Connectée avec le monde qui m'entoure. A ma place.