« Maître? Vous plaisantez? Vous pouvez me cogner, comme l'ont fait tous les autres, mais je ne vous appellerai pas maître. »
- Alors, chers étudiants, cet extrait serait notre sujet d'analyse pour ce cours. Il est à noter que notre cours d'aujourd'hui est le dernier de ce semestre. Et comme tout dernier cours, avant les examens finaux, je donne la parole aux étudiants comme s'il s'agissait d'une application pratique. Vous serez surtout évalués sur votre degré d'imagination dans m'analyse. Je vais tout de suite vous passer des photocopies sur lesquelles vous allez trouver l'extrait en question suivi du blanc. J'espère bien que cet espace vide suscitera vos verves créatives. Vous aurez, chéries, d'ici un quart d'heure pour faire un brainstorming sur ce brouillon que vous avez sous les yeux. Prenons cette pause-café!(Après la pause-café)
Rebonjour. Donc, revenons à nos moutons! Je vous rappelle qu'il est mieux de donner vos propres justifications, des justifications personnelles. En d'autres mots, quels sont les mots ou les expressions qui ont engendré une image quelconque à votre esprit? Et si on entrait au vif du sujet. Qui aimerait bien commencer ?... Oui, Emilie, on vous écoute...
-E: Le substantif « maître » et le verbe « cogner » m'ont immédiatement fait penser au théâtre français du XVIIème siècle. Un siècle marqué par la dominance des classes sociales; à savoir l'aristocratie, la bourgeoisie, la classe des ouvriers ou, à vrai dire, les esclaves. Grosso modo, on peut remarquer ce type de relation maître-valet dans la comédie, de même que dans la tragédie... voilà!
(Elle termine ses mots avec un sourire discret)
-Très bien Emilie. Vous venez de nous emmener dans une machine à remonter le temps avec ce siècle littéraire de Corneille, Racine et Molière. Merci. Passons à Sophie... Qu'est-ce que vous en dites à propos de l'extrait cité ?
-S: En fait, je n'ai pas d'idée spécifique, mais ce discours présenterait un stéréotype bien mis en scène sur la libération... toute sorte de libération: quelle soit physique ou bien psychologique.
-Bon. C'est intéressant ce que vous étiez en train de nous montrer: il se peut qu'il y ait une prison morale à laquelle on doit confronter et contre laquelle on est censé se défendre. Pierre, vous pouvez prendre la parole
-P: Pour moi, j'adopte une vision plus actuelle vis-à-vis de cet extrait. Supposons qu'il s'agisse d'un monologue métaphorique dans la tête d'un concitoyen moderne. Un individu qui se plaint du système social impérativement imposé sur les hommes en ce temps. Certes, le système se considère comme développé, pourtant on est toujours au rendez-vous de paperasse.
-Une vision inédite Pierre puisque vous analysez sur un ton stylistique comme allusif. Otman, bon rétablissement, j'ai entendu dire que vous n'étiez pas en forme la semaine dernière. C'est à vous de participer si vous êtes capable de le faire.
-O: Merci, je vais mieux. Cela me fait plaisir de participer. Il est possible que l'extrait soit la voix d'une femme qui s'élève. A force d'avoir trop réprimé ses sentiments, elle décide enfin de révolter contre un mari autoritaire. Il ne s'avère pas son maître ; elle est libre, voire complète toute seule.
-La condition des femmes est tellement prise en considération dans le monde entier, mais à des degrés différents selon les pays et les régions. Inas, C'est votre tour...
-I: Si jamais on imagine cette petite réplique comme déclaration de révolution, ces mots seront écrits en majuscule sur des slogans au cour d'une démarche vers la libération.
- C'est énigmatique, mais aussi allusif. Il y a de l'allusion sur une grève, une manifestation, une certaine colère collective. Bon, alors... on termine avec Rémi. Rémi, qu'est-ce que vous avez à dire là-dessus ?
- R:Le concept du maître pourrait probablement personnifier les réseaux sociaux et le média en général. Celui-ci forme une sorte de pouvoir que l'on suit aveuglement sans investigation réelle.
- D'accord. Bravo à toutes et à tous. C'est ça la beauté de la différence et de la variété des idées et des perspectives d'imagination. Préparez-vous à un tel type d'expression écrite. Lâchez la bride à vos idées, donnez libre cours à vos stylos, et surtout n'oubliez pas de me remettre le devoir conformément à la date butoir.