Il était dix heures du matin, le soleil brillait de son plus radieux sourire, les colibris s’affairaient autour des papayers gorgés de fruits, les hibiscus avaient revêtu leur plus belle tenue, et les papillons volaient, sarabande formant comme une auréole autour de la tête de Ferdinand.
En ce samedi radieux, Ferdinand surnommé «Doucinè», parce qu’il adorait prendre le temps de savourer les plaisirs de la vie, avait décidé d’aller à la manifestation des gilets jaunes à Fort-de-France.
D’habitude, le samedi, Ferdinand donnait un coup de main à ses amis pêcheurs, pour tirer leurs filets sur la plage de Sainte-Luce, et après avoir reçu quelques poissons volants et congres et dorades en récompense, s’adonnait à des parties de dominos animées et arrosées d’amples gorgées de rhum.
Inutile de préciser que Ferdinand ne rentrait chez lui qu’au crépuscule, après une bonne sieste et un bon trempage, repas fait d’un mélange de pain humecté de sauce accompagné de viande, que l’on dresse à même une feuille de banane et qui se mange directement avec les mains en guise de fourchette.
Il avait fallu une forte motivation à Ferdinand pour abandonner son rituel du samedi et aller crapahuter à Fort-de-France.
Il s’était dit que pour conserver un niveau de vie minimum, continuer à profiter de son île chérie, la Martinique, éviter l’exode économique en métropole ou ailleurs, il fallait mener le combat. Si c’était au prix d’une rupture de ses habitudes, il le ferait quand même.
Il était quasi amoureux des mornes verdoyants, de la mer dont la vue l’accompagnait très souvent, des plages de sable blanc du sud de la Martinique et aussi des plages de sable noir du littoral nord.
Il était voué corps et âme à cette île et il était prêt à tout pour en préserver la beauté et la douceur de vivre.
Il n’était pas question de renoncer aux combats de coqs, ni aux courses de yoles sponsorisées par les entreprises locales, sans compter le carnaval, occasion de se gausser de « Vaval » personnage imaginaire et central de la fête du carnaval.
C’est pour tout cela que Ferdinand, désireux de jouir de son île dans des conditions décentes, descendait à Fort-de-France.
« Sé bwa pou nou alé ! » En avant toute ! Nous allons leur mettre la pression.
Il avait participé à la conception des banderoles, aidé à la programmation du parcours dans les rues de Fort-de-France, s’était renseigné sur les lieux fermés aux manifestants.
C’était bien la première fois que Ferdinand se livrait à des actes militants, lui l’hédoniste résolu.
Il retrouva près de la station de bus, du côté de La Croix-Mission, les autres manifestants
Le flot de gilets jaunes commença à s’animer le long de la rue François Arago, scandant des slogans « Macron nou pa capon !» (Macron, nous n’avons pas peur) « Alé a sé taw’ viré a sé ta nou ! » (À nous la revanche).
Ferdinand se sentait solidaire et inspiré, même s’il envisageait la débandade sous les gaz lacrymogènes, il affronterait cela pour « Madinina », son île.
Soudain une plaque de bois s’effondra sous ses pieds, il passa à travers le bois pourri et se retrouva trois mètres plus bas. Il entendit le piétinement de la foule décroître.
C’était une épreuve inattendue, mais il était prêt à tout, il se battrait corps et âme pour son île.
Dans la poche de son pantalon, il disposait de son téléphone portable resté intact lors de la chute.
En ce samedi radieux, Ferdinand surnommé «Doucinè», parce qu’il adorait prendre le temps de savourer les plaisirs de la vie, avait décidé d’aller à la manifestation des gilets jaunes à Fort-de-France.
D’habitude, le samedi, Ferdinand donnait un coup de main à ses amis pêcheurs, pour tirer leurs filets sur la plage de Sainte-Luce, et après avoir reçu quelques poissons volants et congres et dorades en récompense, s’adonnait à des parties de dominos animées et arrosées d’amples gorgées de rhum.
Inutile de préciser que Ferdinand ne rentrait chez lui qu’au crépuscule, après une bonne sieste et un bon trempage, repas fait d’un mélange de pain humecté de sauce accompagné de viande, que l’on dresse à même une feuille de banane et qui se mange directement avec les mains en guise de fourchette.
Il avait fallu une forte motivation à Ferdinand pour abandonner son rituel du samedi et aller crapahuter à Fort-de-France.
Il s’était dit que pour conserver un niveau de vie minimum, continuer à profiter de son île chérie, la Martinique, éviter l’exode économique en métropole ou ailleurs, il fallait mener le combat. Si c’était au prix d’une rupture de ses habitudes, il le ferait quand même.
Il était quasi amoureux des mornes verdoyants, de la mer dont la vue l’accompagnait très souvent, des plages de sable blanc du sud de la Martinique et aussi des plages de sable noir du littoral nord.
Il était voué corps et âme à cette île et il était prêt à tout pour en préserver la beauté et la douceur de vivre.
Il n’était pas question de renoncer aux combats de coqs, ni aux courses de yoles sponsorisées par les entreprises locales, sans compter le carnaval, occasion de se gausser de « Vaval » personnage imaginaire et central de la fête du carnaval.
C’est pour tout cela que Ferdinand, désireux de jouir de son île dans des conditions décentes, descendait à Fort-de-France.
« Sé bwa pou nou alé ! » En avant toute ! Nous allons leur mettre la pression.
Il avait participé à la conception des banderoles, aidé à la programmation du parcours dans les rues de Fort-de-France, s’était renseigné sur les lieux fermés aux manifestants.
C’était bien la première fois que Ferdinand se livrait à des actes militants, lui l’hédoniste résolu.
Il retrouva près de la station de bus, du côté de La Croix-Mission, les autres manifestants
Le flot de gilets jaunes commença à s’animer le long de la rue François Arago, scandant des slogans « Macron nou pa capon !» (Macron, nous n’avons pas peur) « Alé a sé taw’ viré a sé ta nou ! » (À nous la revanche).
Ferdinand se sentait solidaire et inspiré, même s’il envisageait la débandade sous les gaz lacrymogènes, il affronterait cela pour « Madinina », son île.
Soudain une plaque de bois s’effondra sous ses pieds, il passa à travers le bois pourri et se retrouva trois mètres plus bas. Il entendit le piétinement de la foule décroître.
C’était une épreuve inattendue, mais il était prêt à tout, il se battrait corps et âme pour son île.
Dans la poche de son pantalon, il disposait de son téléphone portable resté intact lors de la chute.