Léo, super héros

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Histoires Jeunesse - 8-11 Ans (Cycle 3) Collections thématiques
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— Léo, il est déjà dix heures ! Viens prendre ton petit-déjeuner. Ensuite, tu nettoieras ta chambre, dit sa mère en posant l'aspirateur sur le sol.
Mais Léo est bien sous la couette. Encore cinq minutes avant de se lever, pense-t-il en fermant les yeux. Quelques secondes plus tard, il se rendort...
 
* * *
 
Le bouton de l'aspirateur clignote.
— Coucou Léo ! Viens près de moi et colle le tuyau contre ton oreille, dit une petite voix.
Léo obéit, et soudain l'aspirateur se met en marche. Le corps de Léo devient tout mou et avec un bruit de succion le tuyau l'aspire tout entier et le fait disparaître.
Au même moment, dans le village des Zébarcenciels, quelque chose s'écrase sur le sol. La forme remue, s'étire dans tous les sens, grossit, et Léo apparaît. Il pousse un cri. Autour de lui, des garçons et des filles à la peau zébrée le dévisagent. Il n'a pas le temps de réagir, des bras l'agrippent, le soulèvent et le voici transporté au centre du village.
— Il est arrivé Chef, comme l'a prédit le livre sacré ! crient-ils tous en chœur en déposant Léo devant un jeune garçon, coiffé d'un drôle de chapeau à plumes.
— Bonjour Léo, je m'appelle Zorcan. Nous t'attendions avec impatience !
— Vous m'attendiez ?
— Oui, tu as été désigné pour être notre sauveur. Celui qui va libérer les couleurs volées par le sorcier Toutendark. Depuis un mois, le monde est devenu noir. Les arbres, les fleurs, les maisons, mêmes nos zébrures ont perdu leurs teintes arc-en-ciel. Toi seul as le pouvoir d'arrêter le sortilège et de récupérer la boule magique qui contient toutes les couleurs.
 
Au cours de la matinée, les Zebarcenciels expliquent à Léo sa mission. Sur une grande carte dessinée, ils lui montrent le parcours qu'il va devoir faire et lui indiquent tous les pièges à déjouer : ses vêtements, beaucoup trop voyants, ont été recouverts d'encre de Chine. Ainsi vêtu, il passera plus inaperçu.
Léo est fin prêt à partir. Chaque Zebarcenciel, à tour de rôle, lui offre quelque chose pour lui porter chance : plume, caillou, lacet, barrette... Il les met dans le sac que lui a donné Zorcan et qui contient déjà une cape d'invisibilité, les potions et les autres objets aux super-pouvoirs qui l'aideront à lutter contre les sortilèges de Toutendark.
— C'est Zeldevent qui va t'emmener jusqu'à la rivière aux mille secrets, dit Zorcan en désignant un oiseau haut sur pattes avec un long cou. Ensuite, tu devras te débrouiller seul.
Un garçon lui fait la courte échelle pour l'aider à grimper sur le dos de l'animal.
— Bonne chance Léo ! crient les Zebarcenciels.
En quelques battements d'ailes, Zeldevent survole le village puis vire à droite. Durant le voyage, assis à califourchon, ses mains agrippées au long cou de l'oiseau, Léo découvre peu à peu le triste paysage. Comme un appel au secours, les arbres dressent vers lui leurs branches noircies.
 
— C'est ici que nous nous séparons, dit Zeldevent en atterrissant au bord de la rivière.
Léo saute à terre, remercie l'oiseau et traverse le petit pont qui mène à l'autre rive. Il sort de son sac en bandoulière la carte que lui a donnée Zorcan et suit du doigt le parcours.
Première étape : accéder au souterrain protégé par Nakunœil, l'ours cyclope. Il emprunte le sentier qui traverse la forêt. Au fur et à mesure qu'il avance, la végétation devient touffue, les branches griffent ses bras et ses joues. Enfin, il aperçoit le rocher à tête de chien mentionné sur la carte. Il lit les indications données : « Bifurquer à gauche après le rocher et faire une centaine de pas pour atteindre le repère de Nakunoeil ».
Une sorte de grognement sourd suivi d'un long sifflement se fait soudain entendre. Léo se cache derrière un buisson. C'est le moment d'utiliser la cape d'invisibilité. Enveloppé dans le tissu magique, Léo disparaît. Il s'approche de l'endroit d'où viennent les bruits. Il découvre l'ours cyclope endormi qui émet d'énormes ronflements ! Léo fouille à nouveau dans son sac, hésite. Est-ce ce flacon, ou bien celui-ci ? Il choisit le premier, retire le bouchon et respire. L'odeur qui s'en échappe lui pique le nez et le fait éternuer. Pas de doute, c'est le bon flacon. Mais en éternuant, Léo a réveillé le monstre ! Celui-ci ouvre son grand œil, fronce le sourcil, tourne la tête à droite, à gauche, en reniflant l'air. Le cœur battant, Léo reste immobile jusqu'à ce que l'ours baille à s'en décrocher la mâchoire et referme son œil. Léo l'a échappé belle ! Le flacon dans la main, il s'approche doucement et répand sur les poils de l'animal la poudre à gratter. Nakunoeil grogne, se gratte l'oreille, le cou, puis soudain, comme piqué par un essaim d'abeilles, il gesticule et se contorsionne tel un ver de terre avant de se lever. Il libère ainsi l'accès du souterrain. Ni une, ni deux, Léo se précipite et, sans réfléchir, saute dans le tunnel. Son corps glisse sur plusieurs mètres puis heurte une surface dure et rocailleuse. Il fait noir, il panique, il a l'impression d'étouffer. Et s'il prenait la luciole-boussole dans le sac pour s'éclairer ? Non, il doit la garder pour plus tard, se raisonne-t-il. Zorcan l'a mis en garde : « Tu ne pourras utiliser qu'une fois chaque objet magique ». Allez, courage ! se répète-Léo. À quatre pattes, il avance à tâtons, s'écorche les genoux sur les pierres jusqu'à ce qu'enfin une lueur apparaisse.
La fin du tunnel. Aveuglé par la lumière, il cligne des yeux et respire l'air à pleins poumons. Après quelques minutes de repos, il reprend sa marche et se dirige vers sa deuxième étape : le labyrinthe géant. Cette fois-ci, c'est le bon moment : il sort du sac la luciole. « À toi de jouer, petite luciole ! Guide-moi ! » La luciole bat des ailes puis s'envole. À peine l'entrée du labyrinthe franchie, Léo entend des murmures. Des voix douces et mélodieuses d'enfants qui l'appellent et tentent de le déconcentrer dans sa mission : « Léo vient jouer avec nous ! Léo tu t'es trompé de chemin. Coucou Léo, on est ici ! ». Léo se bouche les oreilles pour ne plus les entendre, mais les murmures s'amplifient. Il fuit, court aussi vite qu'il le peut derrière l'insecte lumineux. Prendre à droite, puis à gauche, et encore à droite, ça lui donne le tournis. « Ne vole pas si vite, attends-moi », crie-t-il essoufflé. Heureusement, ils arrivent enfin à sortir du labyrinthe et le silence revient.
 
Dernière étape : la montagne aux pics tranchants. C'est là que se trouve la boule magique qui renferme toutes les couleurs. Léo prend dans son sac une paire de gants, les enfile et commence à grimper. Ses pieds glissent et dérapent sur la roche recouverte d'une fine couche gluante. Il s'agrippe de toutes ses forces à la pierre acérée. Grâce aux gants magiques, ses mains sont protégées. Au bout de quelques mètres, un vent violent se lève. Il est déstabilisé et se rattrape de justesse. Léo tremble sous l'effet de la peur. « Surtout ne pas regarder en bas ! Je dois y arriver », se répète-t-il alors qu'il doit lutter contre les tourbillons d'air qui tournent autour de lui. Se coller contre la paroi, rentrer la tête dans les épaules, placer ses pieds aux bons endroits, agripper la roche, se hisser et recommencer encore et encore. Léo atteint enfin le sommet. La boule magique est devant lui. Elle scintille de mille feux. Il tend la main et l'attrape. Au moment où ses mains se posent sur la boule, des nuages s'en échappent, glissent contre les parois de la montagne jusqu'au sol et libèrent toutes les couleurs.
Soudain, une pression sur son épaule. On le secoue. Il panique. Est-ce Toutendark qui veut se venger ?
— Non ! non ! Laissez-moi, crie-t-il.
* * *
 
— Léo, Léo ! Réveille-toi ! Tu t'es rendormi. Il faut te lever maintenant !
 

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Image de Léo, super héros
Illustration : Mathilde Ernst