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Histoires Jeunesse - 6-8 Ans (Cycle 2)
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- A L'école - Jeunesse
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S'il y a bien une chose que Paul Choupette déteste par-dessus tout, c'est l'école !
Pourquoi ?
Parce que tout le monde se moque de son nom de famille.
Parce que les autres disent qu'il a des jambes maigrelettes, qu'il est trop petit pour son âge, et que ses cheveux bouclés ressemblent à une perruque de clown.
Et parce qu'il est nul en classe.
Mais il y a aussi une autre raison... La pire de toutes.
C'est parce qu'on le surnomme : « Choupette la crevette ». Et ça, c'est vraiment trop la honte !
Aujourd'hui, c'est son anniversaire. Et voilà le gâteau, avec huit belles bougies colorées. Paul va enfin pouvoir faire son vœu ! Il sourit, ferme les yeux, puis murmure : « Je fais le vœu de ne plus jamais aller à l'école ! » Il inspire une grande bouffée d'air, souffle aussi fort que possible et croise les doigts sous la table. Pourvu que son vœu se réalise !
— Paul, debout ! C'est l'heure d'aller à l'école !
Flûte, son vœu n'a pas fonctionné ! Ça veut dire qu'il va devoir encore subir les moqueries de ses camarades et supporter de longues journées abominables !
Mais il n'a pas le choix, il faut qu'il se lève et s'habille, sans quoi sa mère va se fâcher.
Il met son pantalon gris, enfile son pull rouge, attrape ses chaussettes vertes puis sort de sa chambre en soupirant, résigné.
— Vivement que je sois grand...
Quand il arrive à l'école, il se précipite dans la salle de classe pour que les autres le laissent tranquille, puis il s'installe à sa place, au fond, près du radiateur. Assis là, la maîtresse ne le voit pas très bien, du coup, elle oublie souvent de l'interroger.
Au fait, en parlant de maîtresse... Il est huit heures trente et elle n'est toujours pas là ! Elle est pourtant à l'heure, d'habitude. Peut-être qu'elle ne va pas venir ? Oh, ce serait chouette, parce que ça voudrait dire qu'il n'y a pas d'école aujourd'hui ! Paul commence à ranger ses affaires, tout content, mais une remplaçante fait son apparition.
Flûte ! Paul soupire, très déçu, puis ressort toutes ses affaires de son cartable.
La remplaçante s'appelle Mme Lilarose. « C'est un joli nom », songe Paul en l'observant avec une attention soudaine. Il vient en effet de remarquer à quel point elle semble... bizarre. Ou plutôt différente d'une maîtresse ordinaire. Mme Lilarose porte une longue robe violette brodée de formes d'animaux mystérieux et des chaussures bleues, pointues, décorées de petites fleurs multicolores. « C'est rare, une maîtresse qui s'habille de cette façon », réalise Paul, étonné. Tout à coup, une chose encore plus curieuse attire son attention : les cheveux roux de Mme Lilarose se mettent à voltiger dans son dos alors qu'il n'y a pas un poil de vent dans la classe ! Comme si elle avait senti que Paul la fixait avec une intensité inhabituelle, Mme Lilarose se retourne brusquement et pointe un doigt autoritaire dans sa direction. Pétrifié, Paul se redresse d'un bond ; son cœur bat comme un tambour de guerre dans sa poitrine.
— Paul, viens donc au tableau résoudre ces calculs, dit-elle alors, un sourire énigmatique sur les lèvres et des scintillements lumineux dans ses grands yeux verts.
Paul rougit. Tous les regards sont braqués sur lui et il entend déjà des chuchotements.
« Choupette la crevette a les chocottes ! »
« Choupette la crevette est nul en maths ! »
Le pire, c'est que c'est vrai ! Il a peur, et quand il a peur, il perd tous ses moyens et devient nul en maths ! Mais il n'a pas le choix, la maîtresse l'attend, les bras croisés. Il se lève. Ses jambes tremblent tellement qu'il a peur de tomber. Il avance très lentement parce qu'il a la tête qui tourne et un peu de mal à respirer. Il est presque arrivé au tableau quand soudain, il se prend les pieds dans un cartable qui n'était pas sur son chemin juste avant. « Oh non, si je tombe, ce sera encore plus la honte ! » s'affole Paul en battant l'air avec ses bras.
Des ricanements étouffés se font entendre. Paul est terrifié, il va tomber et... Oh, coup de chance, il n'est pas tombé ! Comment est-ce possible ? Il a l'impression étrange que quelqu'un l'a rattrapé juste à temps... quelqu'un d'invisible ! En tout cas, c'est bien la première fois qu'il s'en sort dignement.
Mais il reste quand même une dernière épreuve à relever : celle des calculs. Paul prend la craie que lui tend la maîtresse puis se tourne vers le tableau. Il fronce les sourcils et réfléchit. Et voilà, ça recommence, tout s'embrouille dans sa tête ! Il a oublié comment faire une multiplication !
Derrière lui, les rires se font plus forts.
Paul jette un coup d'œil désespéré vers la maîtresse pour obtenir un peu d'aide. Mais elle ne dit rien. Elle attend, confiante, un sourire aux lèvres.
Oh, mais... Que lui arrive-t-il ? Il a des fourmillements dans les doigts, comme si la craie était électrique ! Ou pire ! Comme si elle avait des pouvoirs magiques ! Sa main bouge toute seule ! Son bras se lève vers le tableau ! Au secours, il ne contrôle plus son corps ! Stupéfait, Paul voit alors la craie écrire les réponses au tableau. Incroyable ! Il pivote discrètement la tête vers Mme Lilarose et constate qu'elle sourit toujours. Puis soudain, elle lui fait un clin d'œil si abracadabrant que Paul croit rêver. Mais non, c'est bien réel, le clin d'œil de Mme Lilarose vient d'émettre une lumière dorée !
Quelle drôle de journée !
— C'est très bien Paul, lui dit Mme Lilarose.
Paul n'en revient pas, c'est la première fois qu'il réussit un exercice au tableau ! Il n'y comprend rien, mais il est tellement fier d'avoir réussi qu'il se sent soudain rassuré. Finalement, il sait faire les multiplications !
Les jours suivants sont encore plus bizarres.
En sport, il parvient à grimper tout en haut de la corde, chose qui ne lui est jamais arrivée. Après, il gagne à la course à pied, puis il fait preuve d'un équilibre parfait sur la poutre !
Ensuite, il réussit à réciter sa poésie sans bafouiller ni oublier des mots.
Du coup, tous ses camarades ont arrêté de se moquer de lui et ça, c'est tellement incroyable que Paul a retrouvé confiance en lui. La preuve, maintenant, il ose lever la main pour répondre aux questions d'histoire que pose Mme Lilarose et il se porte même volontaire pour distribuer les copies de la dictée corrigée !
C'est difficile à croire, mais on dirait bien qu'il commence à aimer l'école...
Quand la semaine se termine, Paul se sent tellement bien qu'il a hâte d'être au lundi suivant pour retourner à l'école. Jamais il n'a été aussi fier de ses résultats scolaires, jamais il n'a autant participé, et jamais il n'a eu autant confiance en lui ! Il ignore ce qu'il s'est passé, mais une chose est sûre, désormais : il est habile, fort et intelligent comme les autres, il en a eu la preuve toute la semaine. Désormais, plus personne ne se moque de lui et ses camarades acceptent même de jouer avec lui, à la récréation. Lorsqu'il quitte la classe, il adresse un petit signe de la main à Mme Lilarose en lui disant « à lundi, madame ! » avec un grand sourire sur le visage. Mme Lilarose sourit à son tour. Puis, lorsque Paul disparaît de son champ de vision, elle se saisit de la petite baguette rose qu'elle a emportée partout avec elle cette semaine.
— Je crois bien que ma mission est accomplie, Paul a enfin retrouvé confiance en lui. Je vais donc pouvoir faire revenir l'ancienne maîtresse et m'occuper d'un autre enfant, dit-elle en rangeant sa baguette magique dans son gros sac violet de fée des vœux.
Pourquoi ?
Parce que tout le monde se moque de son nom de famille.
Parce que les autres disent qu'il a des jambes maigrelettes, qu'il est trop petit pour son âge, et que ses cheveux bouclés ressemblent à une perruque de clown.
Et parce qu'il est nul en classe.
Mais il y a aussi une autre raison... La pire de toutes.
C'est parce qu'on le surnomme : « Choupette la crevette ». Et ça, c'est vraiment trop la honte !
Aujourd'hui, c'est son anniversaire. Et voilà le gâteau, avec huit belles bougies colorées. Paul va enfin pouvoir faire son vœu ! Il sourit, ferme les yeux, puis murmure : « Je fais le vœu de ne plus jamais aller à l'école ! » Il inspire une grande bouffée d'air, souffle aussi fort que possible et croise les doigts sous la table. Pourvu que son vœu se réalise !
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— Paul, debout ! C'est l'heure d'aller à l'école !
Flûte, son vœu n'a pas fonctionné ! Ça veut dire qu'il va devoir encore subir les moqueries de ses camarades et supporter de longues journées abominables !
Mais il n'a pas le choix, il faut qu'il se lève et s'habille, sans quoi sa mère va se fâcher.
Il met son pantalon gris, enfile son pull rouge, attrape ses chaussettes vertes puis sort de sa chambre en soupirant, résigné.
— Vivement que je sois grand...
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Quand il arrive à l'école, il se précipite dans la salle de classe pour que les autres le laissent tranquille, puis il s'installe à sa place, au fond, près du radiateur. Assis là, la maîtresse ne le voit pas très bien, du coup, elle oublie souvent de l'interroger.
Au fait, en parlant de maîtresse... Il est huit heures trente et elle n'est toujours pas là ! Elle est pourtant à l'heure, d'habitude. Peut-être qu'elle ne va pas venir ? Oh, ce serait chouette, parce que ça voudrait dire qu'il n'y a pas d'école aujourd'hui ! Paul commence à ranger ses affaires, tout content, mais une remplaçante fait son apparition.
Flûte ! Paul soupire, très déçu, puis ressort toutes ses affaires de son cartable.
La remplaçante s'appelle Mme Lilarose. « C'est un joli nom », songe Paul en l'observant avec une attention soudaine. Il vient en effet de remarquer à quel point elle semble... bizarre. Ou plutôt différente d'une maîtresse ordinaire. Mme Lilarose porte une longue robe violette brodée de formes d'animaux mystérieux et des chaussures bleues, pointues, décorées de petites fleurs multicolores. « C'est rare, une maîtresse qui s'habille de cette façon », réalise Paul, étonné. Tout à coup, une chose encore plus curieuse attire son attention : les cheveux roux de Mme Lilarose se mettent à voltiger dans son dos alors qu'il n'y a pas un poil de vent dans la classe ! Comme si elle avait senti que Paul la fixait avec une intensité inhabituelle, Mme Lilarose se retourne brusquement et pointe un doigt autoritaire dans sa direction. Pétrifié, Paul se redresse d'un bond ; son cœur bat comme un tambour de guerre dans sa poitrine.
— Paul, viens donc au tableau résoudre ces calculs, dit-elle alors, un sourire énigmatique sur les lèvres et des scintillements lumineux dans ses grands yeux verts.
Paul rougit. Tous les regards sont braqués sur lui et il entend déjà des chuchotements.
« Choupette la crevette a les chocottes ! »
« Choupette la crevette est nul en maths ! »
Le pire, c'est que c'est vrai ! Il a peur, et quand il a peur, il perd tous ses moyens et devient nul en maths ! Mais il n'a pas le choix, la maîtresse l'attend, les bras croisés. Il se lève. Ses jambes tremblent tellement qu'il a peur de tomber. Il avance très lentement parce qu'il a la tête qui tourne et un peu de mal à respirer. Il est presque arrivé au tableau quand soudain, il se prend les pieds dans un cartable qui n'était pas sur son chemin juste avant. « Oh non, si je tombe, ce sera encore plus la honte ! » s'affole Paul en battant l'air avec ses bras.
Des ricanements étouffés se font entendre. Paul est terrifié, il va tomber et... Oh, coup de chance, il n'est pas tombé ! Comment est-ce possible ? Il a l'impression étrange que quelqu'un l'a rattrapé juste à temps... quelqu'un d'invisible ! En tout cas, c'est bien la première fois qu'il s'en sort dignement.
Mais il reste quand même une dernière épreuve à relever : celle des calculs. Paul prend la craie que lui tend la maîtresse puis se tourne vers le tableau. Il fronce les sourcils et réfléchit. Et voilà, ça recommence, tout s'embrouille dans sa tête ! Il a oublié comment faire une multiplication !
Derrière lui, les rires se font plus forts.
Paul jette un coup d'œil désespéré vers la maîtresse pour obtenir un peu d'aide. Mais elle ne dit rien. Elle attend, confiante, un sourire aux lèvres.
Oh, mais... Que lui arrive-t-il ? Il a des fourmillements dans les doigts, comme si la craie était électrique ! Ou pire ! Comme si elle avait des pouvoirs magiques ! Sa main bouge toute seule ! Son bras se lève vers le tableau ! Au secours, il ne contrôle plus son corps ! Stupéfait, Paul voit alors la craie écrire les réponses au tableau. Incroyable ! Il pivote discrètement la tête vers Mme Lilarose et constate qu'elle sourit toujours. Puis soudain, elle lui fait un clin d'œil si abracadabrant que Paul croit rêver. Mais non, c'est bien réel, le clin d'œil de Mme Lilarose vient d'émettre une lumière dorée !
Quelle drôle de journée !
— C'est très bien Paul, lui dit Mme Lilarose.
Paul n'en revient pas, c'est la première fois qu'il réussit un exercice au tableau ! Il n'y comprend rien, mais il est tellement fier d'avoir réussi qu'il se sent soudain rassuré. Finalement, il sait faire les multiplications !
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Les jours suivants sont encore plus bizarres.
En sport, il parvient à grimper tout en haut de la corde, chose qui ne lui est jamais arrivée. Après, il gagne à la course à pied, puis il fait preuve d'un équilibre parfait sur la poutre !
Ensuite, il réussit à réciter sa poésie sans bafouiller ni oublier des mots.
Du coup, tous ses camarades ont arrêté de se moquer de lui et ça, c'est tellement incroyable que Paul a retrouvé confiance en lui. La preuve, maintenant, il ose lever la main pour répondre aux questions d'histoire que pose Mme Lilarose et il se porte même volontaire pour distribuer les copies de la dictée corrigée !
C'est difficile à croire, mais on dirait bien qu'il commence à aimer l'école...
* * *
Quand la semaine se termine, Paul se sent tellement bien qu'il a hâte d'être au lundi suivant pour retourner à l'école. Jamais il n'a été aussi fier de ses résultats scolaires, jamais il n'a autant participé, et jamais il n'a eu autant confiance en lui ! Il ignore ce qu'il s'est passé, mais une chose est sûre, désormais : il est habile, fort et intelligent comme les autres, il en a eu la preuve toute la semaine. Désormais, plus personne ne se moque de lui et ses camarades acceptent même de jouer avec lui, à la récréation. Lorsqu'il quitte la classe, il adresse un petit signe de la main à Mme Lilarose en lui disant « à lundi, madame ! » avec un grand sourire sur le visage. Mme Lilarose sourit à son tour. Puis, lorsque Paul disparaît de son champ de vision, elle se saisit de la petite baguette rose qu'elle a emportée partout avec elle cette semaine.
— Je crois bien que ma mission est accomplie, Paul a enfin retrouvé confiance en lui. Je vais donc pouvoir faire revenir l'ancienne maîtresse et m'occuper d'un autre enfant, dit-elle en rangeant sa baguette magique dans son gros sac violet de fée des vœux.
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Illustration : Pablo Vasquez