Marcia était une femme dont la couleur de peau rappelait celle du miel. Elle était mariée à Paul, un Américain au teint clair. Elle lui avait donné deux enfants qui faisaient sa fierté ; d’une part parce qu’ils étaient studieux à l’école, et d’autre part parce qu’ils étaient bienveillants à son égard, ce qui n’était pas toujours le cas de son mari. Depuis que ses fils étaient tout petits, la chose qu’elle préférait, c’était admirait le reflet du soleil dans les cheveux blonds de ses enfants. Cette couleur de cheveux leur avait été donnée par leur père.
Marcia était professeure d’Anglais Langue Étrangère à Fairhill, un quartier pauvre de Philadelphie. À part son travail, peu de choses l’intéressaient. Elle aimait enseigner et elle était respectée par ses étudiants et ses collègues à l’université. Souvent, elle déjeunait avec ses élèves à la cantine de l’école. C’est quelque chose qui lui plaisait beaucoup car Marcia aimait les conversations qu’elle entretenait avec ses jeunes étudiants.
Un jour, à l’heure du déjeuner à la cafétéria de l’université. Marcia reçut la visite de son fils et de sa petite amie. C’était la première fois que John lui présentait une copine. Marcia dévisagea la jeune fille avec un dégoût mal caché. Son air inquiet et perturbé était flagrant. Son sourire était forcé et elle parla vite ce qui démontrait bien sa gêne. Après le départ de John et Ajala, le visage de Marcia était complètement pâle et elle semblait préoccupée peut-être par le fait que cette fille dépassait John d’une tête avec toutes ses dreadlocks. Akanni, un jeune étudiant du Niger, lui demanda : « - Pourquoi avez-vous un air si triste ? »
« - Je suis inquiète pour mon fils, » répondit-elle. « - Je ne veux pas que mon fils sorte avec cette fille-là. »
« - Je ne vous comprends pas, Madame, car votre fils a l’air d’être amoureux de cette jeune fille-là. » lui rétorqua Akanni. Marcia se dit que son étudiant n’avait pas le droit de mettre son grain de sel.
« - Je ne peux pas te l’expliquer clairement mais cette relation me trouble. »
Akanni lui répondit : « - Je pense que vous n’êtes pas prête à voir pourquoi cette relation vous dérange. »
Un autre de ses étudiants, Aziz, venant de la Côte d’Ivoire, chuchota avec sarcasme pensant qu’elle ne pouvait l’entendre... « On doit appeler un chat un chat. C’est la couleur de sa peau qui la gêne. »
En entendant cette remarque, Marcia ressentit une rage incontrôlable monter en elle. Elle se dit que ses élèves étaient ridicules ; la couleur de cette fille n’était pas le sujet de son désarroi.
Mohamad, un élève du Yémen l’interpella : « - Madame, j’ai l’impression que vous êtes plus stricte avec les étudiants noirs qu’avec les autres ! Alors, je me demande bien pourquoi vous n’aimez pas cette fille. Quelques fois, vous semblez réticente à aider Naika et Amayah même lorsqu'elles vous le demandent. Mais alors, pourquoi passez-vous beaucoup de temps à aider Andrii ? Est-ce que c’est parce qu'il est roumain et blanc ? Pourquoi êtes-vous moins patiente avec Idrissa? C’est parce qu’il est noir, n’est-ce pas ? »
« - Oui, mes amis et moi, nous nous sommes souvent demandés pourquoi vous n’aimiez pas certains étudiants qui ont pourtant la même couleur de peau que vous, » objectèrent Idrissa et Nasheli, deux étudiants de la République Dominicaine... « - Peut-être que vous êtes plus dure avec nous car vous voulez que nous réussissions plus que les étudiants blancs parce que vous savez bien de par votre expérience qu’il est plus difficile de vivre dans cette société américaine quand on a la peau foncée. »
Marcia répondit avec arrogance : « - Mais non, je ne suis pas noire, je suis brésilienne. Et puis, ça suffit cet interrogatoire ! » Elle se leva et quitta la cafétéria d’un pas décidé.
Pendant des semaines, Marcia évita de manger à la cantine et lorsqu’elle était en classe, elle avait l’air distant mais en même temps fâché avec ses élèves parce qu’elle leur en voulait de penser qu’elle était noire. En effet, la perception de la couleur d’une personne était différente en Amérique du Sud et aux États-Unis. En Amérique du Nord, une personne était considérée « de couleur » dès qu’elle avait une goutte de sang noir. Et l’histoire compliquée liée à l’esclavage et au mouvement des droits civiques de gens de couleur étaient encore frais dans l’esprit des gens. Ceci explique la différence de pensée et le choc culturel de Marcia qui elle se voyait blanche.
Quand elle réalisa que ses élèves la considéraient comme une femme noire, elle se demanda si son mari l’aurait épousée si elle avait été née aux États-Unis car dans ce pays elle était considérée comme noire. Puis ses pensées s’enchaînèrent. Paul s’était-il marié avec elle pour l’unique raison qu’il la voyait comme une Sud-Américaine au charme exotique et non comme une métisse ?
Comme il était de coutume aux États-Unis d’offrir des cadeaux à ses professeurs en fin d’année scolaire, Marcia ne s’étonna pas de trouver une petite boîte sur son bureau un mardi matin. Elle contenait un test ADN que ses élèves s’étaient cotisés pour lui acheter. Le post-it disait : « Quelque soit le résultat, vous serez la même pour nous. Mais, serez-vous la même pour vous ? Nous l’espérons. »
(Cette histoire est basée sur un personnage réel. L’auteure enseigne l’Anglais Langue Étrangère dans une université américaine et tous les étudiants cités dans l’histoire sont venus y étudier.)
Marcia était professeure d’Anglais Langue Étrangère à Fairhill, un quartier pauvre de Philadelphie. À part son travail, peu de choses l’intéressaient. Elle aimait enseigner et elle était respectée par ses étudiants et ses collègues à l’université. Souvent, elle déjeunait avec ses élèves à la cantine de l’école. C’est quelque chose qui lui plaisait beaucoup car Marcia aimait les conversations qu’elle entretenait avec ses jeunes étudiants.
Un jour, à l’heure du déjeuner à la cafétéria de l’université. Marcia reçut la visite de son fils et de sa petite amie. C’était la première fois que John lui présentait une copine. Marcia dévisagea la jeune fille avec un dégoût mal caché. Son air inquiet et perturbé était flagrant. Son sourire était forcé et elle parla vite ce qui démontrait bien sa gêne. Après le départ de John et Ajala, le visage de Marcia était complètement pâle et elle semblait préoccupée peut-être par le fait que cette fille dépassait John d’une tête avec toutes ses dreadlocks. Akanni, un jeune étudiant du Niger, lui demanda : « - Pourquoi avez-vous un air si triste ? »
« - Je suis inquiète pour mon fils, » répondit-elle. « - Je ne veux pas que mon fils sorte avec cette fille-là. »
« - Je ne vous comprends pas, Madame, car votre fils a l’air d’être amoureux de cette jeune fille-là. » lui rétorqua Akanni. Marcia se dit que son étudiant n’avait pas le droit de mettre son grain de sel.
« - Je ne peux pas te l’expliquer clairement mais cette relation me trouble. »
Akanni lui répondit : « - Je pense que vous n’êtes pas prête à voir pourquoi cette relation vous dérange. »
Un autre de ses étudiants, Aziz, venant de la Côte d’Ivoire, chuchota avec sarcasme pensant qu’elle ne pouvait l’entendre... « On doit appeler un chat un chat. C’est la couleur de sa peau qui la gêne. »
En entendant cette remarque, Marcia ressentit une rage incontrôlable monter en elle. Elle se dit que ses élèves étaient ridicules ; la couleur de cette fille n’était pas le sujet de son désarroi.
Mohamad, un élève du Yémen l’interpella : « - Madame, j’ai l’impression que vous êtes plus stricte avec les étudiants noirs qu’avec les autres ! Alors, je me demande bien pourquoi vous n’aimez pas cette fille. Quelques fois, vous semblez réticente à aider Naika et Amayah même lorsqu'elles vous le demandent. Mais alors, pourquoi passez-vous beaucoup de temps à aider Andrii ? Est-ce que c’est parce qu'il est roumain et blanc ? Pourquoi êtes-vous moins patiente avec Idrissa? C’est parce qu’il est noir, n’est-ce pas ? »
« - Oui, mes amis et moi, nous nous sommes souvent demandés pourquoi vous n’aimiez pas certains étudiants qui ont pourtant la même couleur de peau que vous, » objectèrent Idrissa et Nasheli, deux étudiants de la République Dominicaine... « - Peut-être que vous êtes plus dure avec nous car vous voulez que nous réussissions plus que les étudiants blancs parce que vous savez bien de par votre expérience qu’il est plus difficile de vivre dans cette société américaine quand on a la peau foncée. »
Marcia répondit avec arrogance : « - Mais non, je ne suis pas noire, je suis brésilienne. Et puis, ça suffit cet interrogatoire ! » Elle se leva et quitta la cafétéria d’un pas décidé.
Pendant des semaines, Marcia évita de manger à la cantine et lorsqu’elle était en classe, elle avait l’air distant mais en même temps fâché avec ses élèves parce qu’elle leur en voulait de penser qu’elle était noire. En effet, la perception de la couleur d’une personne était différente en Amérique du Sud et aux États-Unis. En Amérique du Nord, une personne était considérée « de couleur » dès qu’elle avait une goutte de sang noir. Et l’histoire compliquée liée à l’esclavage et au mouvement des droits civiques de gens de couleur étaient encore frais dans l’esprit des gens. Ceci explique la différence de pensée et le choc culturel de Marcia qui elle se voyait blanche.
Quand elle réalisa que ses élèves la considéraient comme une femme noire, elle se demanda si son mari l’aurait épousée si elle avait été née aux États-Unis car dans ce pays elle était considérée comme noire. Puis ses pensées s’enchaînèrent. Paul s’était-il marié avec elle pour l’unique raison qu’il la voyait comme une Sud-Américaine au charme exotique et non comme une métisse ?
Comme il était de coutume aux États-Unis d’offrir des cadeaux à ses professeurs en fin d’année scolaire, Marcia ne s’étonna pas de trouver une petite boîte sur son bureau un mardi matin. Elle contenait un test ADN que ses élèves s’étaient cotisés pour lui acheter. Le post-it disait : « Quelque soit le résultat, vous serez la même pour nous. Mais, serez-vous la même pour vous ? Nous l’espérons. »
(Cette histoire est basée sur un personnage réel. L’auteure enseigne l’Anglais Langue Étrangère dans une université américaine et tous les étudiants cités dans l’histoire sont venus y étudier.)