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IA-2.3 est installée dans la structure la plus imposante de la petite planète rocheuse. Depuis le cube de trente mètres de côté recouvert de panneaux solaires, l'intelligence artificielle dirige l'extraction d'iridium, seule richesse de la planète.
Toutes les deux semaines, un vaisseau autonome atterrit et récupère la production du métal précieux pour l'emmener vers la Terre. Si le quota est atteint, IA-2.3 est récompensée de points qui lui permettront à terme d'être téléchargée dans une exploitation plus vaste sur une autre planète. Si la production est inférieure au quota, son score baisse. Cela n'est jamais arrivé, IA-2.3 y veille.
En repartant, le vaisseau laisse l'équivalent de deux semaines de nourriture pour la colonie des cinq cents mineurs. S'il y a eu un mort, le vaisseau dépose un humain de remplacement. Ils sont stérilisés avant livraison pour éviter un accroissement incontrôlé de la population et la chute de rendement inhérente aux soins et à l'élevage de jeunes humains. Les relations sentimentales et sexuelles sont autorisées dans la mesure où elles sont bénéfiques à l'implication dans le travail et assurent un moyen de pression.
Les mineurs répartissent leur temps à leur convenance. Seul compte le quota. Et IA-2.3 ajuste en temps réel ses distributions de nourriture pour récompenser ou punir.
Tous ces paramètres, IA-2.3 les a optimisés pour obtenir de son parc d'humains un rendement maximal. Aujourd'hui tout fonctionne correctement et l'intelligence artificielle a calculé qu'elle serait upgradée à des tâches supérieures dans quatorze mois.
Allen est resté seul dans la mine. Ses grands coups de pioche à plasma résonnent dans le boyau sombre. L'outil chauffe le gisement métallique pour faire fondre le fer et les autres métaux sans valeur et libérer l'iridium. Le travail est pénible. La mine n'est pas dans le périmètre du Dôme de vie, et il doit travailler en scaphandre. Ses mouvements sont entravés et la chaleur est insupportable. L'air lui arrive en quantité suffisante, mais il a l'impression d'étouffer.
Il évite les plus grosses gouttes de métal en fusion qui jaillissent et pourraient percer sa combinaison et termine de dégager un morceau d'iridium. Il le place dans la balance, ce dernier caillou lui permet d'atteindre son quota journalier.
Le conseil de la colonie s'était réuni pour discuter de l'absence d'Éliana, la femme d'Allen. Par solidarité le quota de chacun avait été légèrement augmenté pour compenser, mais la plus grande part du surcroît de travail revient à Allen.
Dans le sas du Dôme, il a pu déposer sa combinaison et prendre enfin la route de chez lui, exténué par les deux heures supplémentaires passées dans la mine.
Avant d'entrer chez lui, Allen contourne la petite habitation et s'accroupit. Un an plus tôt, dans un creux dissimulé par un rocher, il a pioché les roches stériles derrière leur maison pour y créer un carré de dix mètres de côté sur une profondeur de trente centimètres. Puis il a fait le tour des voisins pour recueillir les pelures des légumes qui leur sont distribués et les jeter dans le carré. La chaleur et l'humidité ambiante du Dôme ont fini par transformer cette couche d'ordure en un compost qu'il a mélangé à des rochers broyés le plus finement possible.
Il y a quelques semaines, avec Éliana, ils ont planté des graines de légumes et des épluchures de pommes de terre en les arrosant régulièrement. Depuis, il y passe chaque soir, mais rien ne se produit.
Allen lève les yeux. Son regard est attiré par le reflet de l'énorme construction qui brille constamment, éclairée par les soleils qui ne se couchent jamais. La forteresse s'élève à l'extérieur du Dôme de vie, comme pour rappeler qu'elle est supérieure aux humains. Elle n'a pas besoin d'oxygène ou de nourriture. Elle est programmée pour régner en despote. Elle décide qui vit ou meurt au nom de la production et du quota. Sans s'en rendre compte, il serre les poings.
Soudain, son regard accroche quelque chose. Là, dans la terre, un point de couleur. Il se penche doucement comme pour l'embrasser et souffle délicatement la poussière qui le recouvre. Il n'en croit pas ses yeux. Une jeune pousse a percé la croûte de terre. Une autre juste à côté ! Et encore quelques-unes un peu plus loin !
Il court annoncer la nouvelle. Allen le sait, ces quelques plants sont fragiles, mais pour la seconde fois c'est l'espoir d'une vie différente qui apparait, un souffle de liberté pour ses semblables. Il sent presque la puissance de la Boîte s'étioler alors qu'il franchit la porte de chez lui. À l'intérieur, il trouve sa femme Éliana assise sur le canapé.
Elle tient leur fille dans ses bras.
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Pourquoi on a aimé ?
Avec sobriété et efficacité, l’auteur a réussi à planter son univers de science-fiction en utilisant tous les codes du genre, mais en évitant
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Avec sobriété et efficacité, l’auteur a réussi à planter son univers de science-fiction en utilisant tous les codes du genre, mais en évitant