Cette œuvre est
à retrouver dans nos collections
Histoires Jeunesse :
- 6-8 Ans (Cycle 2)
- 8-11 Ans (Cycle 3)
- Contes & Fables - Jeunesse
- Contes & Fables - Cycle 2
- Contes & Fables - Cycle 3
- Nature & Écologie - Cycle 3
― Eh toi, là-haut, Soleil ! J'en ai assez que tu brûles mes cultures. J'en ai assez que tu assèches mon puits. Va-t'en, tu me fais mal aux yeux.
― Mais, c'est mon travail de briller ! C'est mon travail de réchauffer ceux qui ont froid et d'apporter la lumière.
― Eh bien, va faire ton travail ailleurs !
Aujourd'hui, Kiliko est décidé à chasser ce satané soleil. Il n'en peut plus.
Il a bien entendu parler des nuages qui apportent l'ombre et l'eau mais où les trouver ? Il se met à leur recherche, mais partout le soleil le poursuit, lui grille le visage et la terre sur laquelle il marche.
À l'heure où son ombre est rentrée sous la terre, Kiliko est de retour, bredouille. Le vieux sage lui conseille :
― Les nuages vivent loin d'ici, dans le Haut-Nord. Quand tu auras atteint la ligne de l'horizon, il faudra marcher jusqu'à la nouvelle ligne au bout de tes yeux. Là-bas, tu trouveras peut-être quelques nuages. Sois humble, tenace et rusé et tu trouveras ce que tu cherches. Sois vaniteux et fier et tu rentreras les mains vides. J'ai parlé, qu'il en soit ainsi.
Le lendemain, Kiliko se met en route. Le soleil le rattrape.
― Où vas-tu comme ça ? Tu espères échapper à mes rayons ?
― Laisse-moi tranquille, j'ai un long voyage à faire. Va brûler le crâne de quelqu'un d'autre.
Plus tard, Kiliko rencontre un éléphant qui patauge dans une mare. Il prend tellement de place qu'il ne peut même pas y remplir sa gourde. Tant pis, il boira au prochain point d'eau. Il atteint la première ligne dont lui a parlé le sage et trouve enfin un puits. Un énorme serpent y a élu domicile.
― Qu'est-cccccce que tu veux ? siffle le serpent.
Se souvenant de la leçon du sage, Kiliko répond :
― S'il te plaît, laisse-moi prendre un peu d'eau. J'ai marché très longtemps et je suis assoiffé.
― Essaie de lancer ta gourde dans le puits sans que je l'attrape et tu pourras prendre de l'eau.
Kiliko n'a pas envie de jouer, mais il a trop soif pour renoncer. Il saisit un bâton et le lance de toutes ses forces sur la tête du serpent en même temps que sa gourde. Le serpent, à moitié assommé, ne réagit pas assez vite et Kiliko arrive à prendre de l'eau. Ouf ! Après quelques rasades bien fraîches, il est ragaillardi et repart.
Quand il arrive à la deuxième ligne au bout de ses yeux, ses semelles ont fondu d'épuisement. Toute une famille de nuages ventrus, dodus et rebondis se prélasse un peu plus loin dans le ciel.
― Hourra, j'ai réussi ! s'écrie-t-il.
Il rassemble ses dernières forces et se dirige vers eux. Enfin, il savoure la fraîcheur bienfaisante de l'ombre et l'odeur de la terre humide !
Les nuages, amusés par l'apparition de ce petit bonhomme, lui versent quelques gouttes sur le visage et Kiliko sourit de toutes ses dents blanches.
Selon les conseils du sage, il les salue et leur dit :
― Bonjour Grands Nuages, je m'appelle Kiliko, je viens du Bas-Sud et j'ai voyagé longtemps pour vous trouver. J'ai besoin de votre aide pour chasser le soleil de notre village. Il grille tout sur son passage et nos animaux n'ont plus que les cailloux à brouter, nous n'avons plus une goutte d'eau.
Le père Nuage, étonné par cette requête, interroge la mère Nuage :
― Nous n'avons pas quelques cousins là-bas ?
― Oh, non ! répond-elle, ils sont partis ailleurs depuis longtemps.
Père Nuage s'adresse alors à Kiliko :
― Hélas, tu devras te débrouiller sans nous. Tous les nuages qui sont allés dans le Bas-Sud ont perdu leur eau. Il nous arrivera la même chose si nous venons chez toi.
Les enfants nuages ne sont pas de cet avis et insistent.
― Mais Papa, on ne peut pas laisser le soleil brûler ce village. Nous devons l'aider, c'est notre travail, tu as oublié ?
Mère Nuage, fière de ses enfants, ajoute :
― Mon époux n'est-il pas le plus téméraire et serviable des nuages de ce coin de ciel ? Si ce n'est pas le cas, il aurait bien changé !
Père Nuage semble sensible à cet argument.
― Nous n'arriverons pas seuls à éloigner le soleil du Bas-Sud. Nous devons appeler la Horde à l'aide.
Quelques coups de tonnerre plus tard, la Horde des Nuages est rassemblée.
― Moi, j'irais bien voir ailleurs s'il n'y a pas des champs à arroser, dit le plus vieux des nuages.
― Et moi, je remplirais bien un nouveau puits, le mien est plein et je n'ai plus rien à faire, renchérit le nuage gris-bleu.
Après une longue discussion, tous finissent par tomber d'accord : c'est le moment de partir abreuver d'autres paysages. Kiliko, tout heureux, danse de joie sous les gouttes.
Ils se mettent en route, Kiliko caracolant sur le chemin et les nuages batifolant dans le ciel, lâchant ici ou là une averse pour arroser les plantes rabougries et étancher la soif des animaux déshydratés. Arrivé près du village, le soleil cherche à barrer le chemin à la Horde, dardant ses terribles rayons.
― Laisse-nous passer ! Mes amis nuages vont donner à boire aux habitants du village que tu assoiffes délibérément.
Le vieux sage s'avance et gronde de sa voix d'orage :
― Depuis que la vie se nourrit de cette terre, les astres et les éléments cohabitent pour le bien de tous. Personne ne peut changer cela. Tu n'es pas le roi du ciel, Soleil, tu dois céder ta place. Va réchauffer d'autres contrées et les cycles que tu as bouleversés reprendront leur cours normal. J'ai parlé, qu'il en soit ainsi.
Impressionné par cette colère, le soleil range ses rayons et part se réfugier derrière l'horizon, emportant avec lui sa chaleur et sa poussière. Les nuages arrosent le village d'une pluie fine et continue, nettoyant les toits et les ruelles desséchées.
Les villageois s'empressent de faire la vaisselle et la lessive sous la pluie et remplissent cruches et bidons. Les fleurs se redressent, les vaches et les chèvres tirent leur langue rose pour recevoir les gouttes. Les enfants sautent dans les flaques.
Jusqu'à la nuit, tous chantent et dansent sous la pluie, certains que le soleil reviendra bien sécher leur linge et réchauffer leur cœur.
Depuis ce jour, Kiliko se réveille chaque matin de bonne humeur et ses chaussures ne fondent plus sur les chemins calcinés.
― Mais, c'est mon travail de briller ! C'est mon travail de réchauffer ceux qui ont froid et d'apporter la lumière.
― Eh bien, va faire ton travail ailleurs !
Aujourd'hui, Kiliko est décidé à chasser ce satané soleil. Il n'en peut plus.
Il a bien entendu parler des nuages qui apportent l'ombre et l'eau mais où les trouver ? Il se met à leur recherche, mais partout le soleil le poursuit, lui grille le visage et la terre sur laquelle il marche.
À l'heure où son ombre est rentrée sous la terre, Kiliko est de retour, bredouille. Le vieux sage lui conseille :
― Les nuages vivent loin d'ici, dans le Haut-Nord. Quand tu auras atteint la ligne de l'horizon, il faudra marcher jusqu'à la nouvelle ligne au bout de tes yeux. Là-bas, tu trouveras peut-être quelques nuages. Sois humble, tenace et rusé et tu trouveras ce que tu cherches. Sois vaniteux et fier et tu rentreras les mains vides. J'ai parlé, qu'il en soit ainsi.
Le lendemain, Kiliko se met en route. Le soleil le rattrape.
― Où vas-tu comme ça ? Tu espères échapper à mes rayons ?
― Laisse-moi tranquille, j'ai un long voyage à faire. Va brûler le crâne de quelqu'un d'autre.
Plus tard, Kiliko rencontre un éléphant qui patauge dans une mare. Il prend tellement de place qu'il ne peut même pas y remplir sa gourde. Tant pis, il boira au prochain point d'eau. Il atteint la première ligne dont lui a parlé le sage et trouve enfin un puits. Un énorme serpent y a élu domicile.
― Qu'est-cccccce que tu veux ? siffle le serpent.
Se souvenant de la leçon du sage, Kiliko répond :
― S'il te plaît, laisse-moi prendre un peu d'eau. J'ai marché très longtemps et je suis assoiffé.
― Essaie de lancer ta gourde dans le puits sans que je l'attrape et tu pourras prendre de l'eau.
Kiliko n'a pas envie de jouer, mais il a trop soif pour renoncer. Il saisit un bâton et le lance de toutes ses forces sur la tête du serpent en même temps que sa gourde. Le serpent, à moitié assommé, ne réagit pas assez vite et Kiliko arrive à prendre de l'eau. Ouf ! Après quelques rasades bien fraîches, il est ragaillardi et repart.
Quand il arrive à la deuxième ligne au bout de ses yeux, ses semelles ont fondu d'épuisement. Toute une famille de nuages ventrus, dodus et rebondis se prélasse un peu plus loin dans le ciel.
― Hourra, j'ai réussi ! s'écrie-t-il.
Il rassemble ses dernières forces et se dirige vers eux. Enfin, il savoure la fraîcheur bienfaisante de l'ombre et l'odeur de la terre humide !
Les nuages, amusés par l'apparition de ce petit bonhomme, lui versent quelques gouttes sur le visage et Kiliko sourit de toutes ses dents blanches.
Selon les conseils du sage, il les salue et leur dit :
― Bonjour Grands Nuages, je m'appelle Kiliko, je viens du Bas-Sud et j'ai voyagé longtemps pour vous trouver. J'ai besoin de votre aide pour chasser le soleil de notre village. Il grille tout sur son passage et nos animaux n'ont plus que les cailloux à brouter, nous n'avons plus une goutte d'eau.
Le père Nuage, étonné par cette requête, interroge la mère Nuage :
― Nous n'avons pas quelques cousins là-bas ?
― Oh, non ! répond-elle, ils sont partis ailleurs depuis longtemps.
Père Nuage s'adresse alors à Kiliko :
― Hélas, tu devras te débrouiller sans nous. Tous les nuages qui sont allés dans le Bas-Sud ont perdu leur eau. Il nous arrivera la même chose si nous venons chez toi.
Les enfants nuages ne sont pas de cet avis et insistent.
― Mais Papa, on ne peut pas laisser le soleil brûler ce village. Nous devons l'aider, c'est notre travail, tu as oublié ?
Mère Nuage, fière de ses enfants, ajoute :
― Mon époux n'est-il pas le plus téméraire et serviable des nuages de ce coin de ciel ? Si ce n'est pas le cas, il aurait bien changé !
Père Nuage semble sensible à cet argument.
― Nous n'arriverons pas seuls à éloigner le soleil du Bas-Sud. Nous devons appeler la Horde à l'aide.
Quelques coups de tonnerre plus tard, la Horde des Nuages est rassemblée.
― Moi, j'irais bien voir ailleurs s'il n'y a pas des champs à arroser, dit le plus vieux des nuages.
― Et moi, je remplirais bien un nouveau puits, le mien est plein et je n'ai plus rien à faire, renchérit le nuage gris-bleu.
Après une longue discussion, tous finissent par tomber d'accord : c'est le moment de partir abreuver d'autres paysages. Kiliko, tout heureux, danse de joie sous les gouttes.
Ils se mettent en route, Kiliko caracolant sur le chemin et les nuages batifolant dans le ciel, lâchant ici ou là une averse pour arroser les plantes rabougries et étancher la soif des animaux déshydratés. Arrivé près du village, le soleil cherche à barrer le chemin à la Horde, dardant ses terribles rayons.
― Laisse-nous passer ! Mes amis nuages vont donner à boire aux habitants du village que tu assoiffes délibérément.
Le vieux sage s'avance et gronde de sa voix d'orage :
― Depuis que la vie se nourrit de cette terre, les astres et les éléments cohabitent pour le bien de tous. Personne ne peut changer cela. Tu n'es pas le roi du ciel, Soleil, tu dois céder ta place. Va réchauffer d'autres contrées et les cycles que tu as bouleversés reprendront leur cours normal. J'ai parlé, qu'il en soit ainsi.
Impressionné par cette colère, le soleil range ses rayons et part se réfugier derrière l'horizon, emportant avec lui sa chaleur et sa poussière. Les nuages arrosent le village d'une pluie fine et continue, nettoyant les toits et les ruelles desséchées.
Les villageois s'empressent de faire la vaisselle et la lessive sous la pluie et remplissent cruches et bidons. Les fleurs se redressent, les vaches et les chèvres tirent leur langue rose pour recevoir les gouttes. Les enfants sautent dans les flaques.
Jusqu'à la nuit, tous chantent et dansent sous la pluie, certains que le soleil reviendra bien sécher leur linge et réchauffer leur cœur.
Depuis ce jour, Kiliko se réveille chaque matin de bonne humeur et ses chaussures ne fondent plus sur les chemins calcinés.
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Illustration : Gabrielle Sibieude
Pourquoi on a aimé ?
On a beau ne pas toujours les apprécier, la pluie et les nuages sont essentiels ! Si vous n’êtes pas convaincus, vous leur trouverez forcément un
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Pourquoi on a aimé ?
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