J'ai deux amours, la littérature et les arts : je raconte dans mes livres les femmes, la Camargue, les correspondances de la grande guerre... et la Drôme que j'aime qualifier de «Lombardie de la France». J'œuvre pour la sauvegarde des arts et des objets précieux de ma région.
On me dit jolie, drôle, charmante, au cou délicat... et cultivée de surcroît. Vous allez me croire prétentieuse et suffisante. Pas du tout ! Je suis lucide et... ne fais que reprendre les propos de mon entourage.
Très jeune, j'épouse un aristocrate écossais francophone qui meurt dans un accident de chasse.
Journaliste, puis poète, puis traductrice, puis critique au Figaro, je fréquente les milieux littéraires de Paris et de ma Provence natale. Je noue une solide amitié avec un célèbre poète. Mais la rencontre qui va bouleverser ma vie est celle d'un beau marquis, issu d'une famille d'aristocrates florentins, poète lui aussi et... manadier dont je deviens la muse inspirante. Poète, oui, mais qui gère si mal son patrimoine qu'il va devoir vendre sa magnifique demeure, que dis-je son Palais, sis à Avignon. Je vais le lui racheter et faire de ce lieu un Centre actif de la vie intellectuelle avignonnaise. Durant une trentaine d'années, je crée une prodigieuse collection de près de deux cents cloches (des cloches, étonnant, non ?). J'acquiers des peintures, des meubles, des objets insolites, des manuscrits rares, des magazines, des photographies et divers documents de la Drôme provençale et du Pays d'Oc. Je fais avec une opiniâtreté sans faille de ma nouvelle maison embellie et aménagée une sorte de Villa Médicis qui sera baptisée Palais du Roure.
Et quand, à l'âge de 70 ans, je pense être arrivée au bout de ma mission, alors je lègue ce Palais et toutes mes collections et chefs-d'œuvre à la ville d'Avignon. L'ensemble constituera l'Institut Méditerranéen du Palais du Roure.
Mon dernier époux, grand érudit et éminent archéologue, conservateur des musées de Nîmes et des monuments romains du Gard fera don de sa bibliothèque au Roure. Puis nous créerons une fondation à nos deux noms associés.
Enfin, je reçois la légion d'honneur, en reconnaissance bien méritée, dit-on, de mon engagement indéfectible pour la mise en valeur des sites de ma contrée, de la culture méridionale... et pour l'amour des arts et des lettres, auxquels j'ai consacré ma vie et ma fortune personnelle.
Ah, mais je ne me suis pas présentée à vous, sans doute avez-vous compris combien je suis déterminée et enthousiaste ! Je suis Jeanne de Flandreysy, résolument indépendante, passionnée et protectrice des artistes de toutes origines.
Le fabuleux poète dont je vous ai parlé, c'est Frédéric Mistral. Mon premier époux, aristocrate écossais dont j'ai conservé le nom, est Aymar de Flandreysy, et mon beau marquis est Folco di Baroncelli. Mon second mari est le commandant Émile Espérandieu.
Vous pourrez me rencontrer, maintenant que je suis devenue bien silencieuse, à Valence, dans le caveau familial où je repose depuis le 15 mai 1959.
On me dit jolie, drôle, charmante, au cou délicat... et cultivée de surcroît. Vous allez me croire prétentieuse et suffisante. Pas du tout ! Je suis lucide et... ne fais que reprendre les propos de mon entourage.
Très jeune, j'épouse un aristocrate écossais francophone qui meurt dans un accident de chasse.
Journaliste, puis poète, puis traductrice, puis critique au Figaro, je fréquente les milieux littéraires de Paris et de ma Provence natale. Je noue une solide amitié avec un célèbre poète. Mais la rencontre qui va bouleverser ma vie est celle d'un beau marquis, issu d'une famille d'aristocrates florentins, poète lui aussi et... manadier dont je deviens la muse inspirante. Poète, oui, mais qui gère si mal son patrimoine qu'il va devoir vendre sa magnifique demeure, que dis-je son Palais, sis à Avignon. Je vais le lui racheter et faire de ce lieu un Centre actif de la vie intellectuelle avignonnaise. Durant une trentaine d'années, je crée une prodigieuse collection de près de deux cents cloches (des cloches, étonnant, non ?). J'acquiers des peintures, des meubles, des objets insolites, des manuscrits rares, des magazines, des photographies et divers documents de la Drôme provençale et du Pays d'Oc. Je fais avec une opiniâtreté sans faille de ma nouvelle maison embellie et aménagée une sorte de Villa Médicis qui sera baptisée Palais du Roure.
Et quand, à l'âge de 70 ans, je pense être arrivée au bout de ma mission, alors je lègue ce Palais et toutes mes collections et chefs-d'œuvre à la ville d'Avignon. L'ensemble constituera l'Institut Méditerranéen du Palais du Roure.
Mon dernier époux, grand érudit et éminent archéologue, conservateur des musées de Nîmes et des monuments romains du Gard fera don de sa bibliothèque au Roure. Puis nous créerons une fondation à nos deux noms associés.
Enfin, je reçois la légion d'honneur, en reconnaissance bien méritée, dit-on, de mon engagement indéfectible pour la mise en valeur des sites de ma contrée, de la culture méridionale... et pour l'amour des arts et des lettres, auxquels j'ai consacré ma vie et ma fortune personnelle.
Ah, mais je ne me suis pas présentée à vous, sans doute avez-vous compris combien je suis déterminée et enthousiaste ! Je suis Jeanne de Flandreysy, résolument indépendante, passionnée et protectrice des artistes de toutes origines.
Le fabuleux poète dont je vous ai parlé, c'est Frédéric Mistral. Mon premier époux, aristocrate écossais dont j'ai conservé le nom, est Aymar de Flandreysy, et mon beau marquis est Folco di Baroncelli. Mon second mari est le commandant Émile Espérandieu.
Vous pourrez me rencontrer, maintenant que je suis devenue bien silencieuse, à Valence, dans le caveau familial où je repose depuis le 15 mai 1959.