Gaspard et le bâton scintillant

Après avoir écrit un stock entier de premiers chapitres de "grands romans", j'ai décidé de tester le format de la nouvelle ! Sans surprise au vu de mes textes, mon univers de prédilection est ... [+]

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Histoires Jeunesse :
  • 6-8 ans (cycle 2)
  • 8-11 ans (cycle 3)
Collections thématiques :
  • A l'école - Jeunesse
Ce matin, sur le chemin de l'école, le regard de Gaspard est attiré par un reflet sur le trottoir. Il s'arrête net, intrigué.
Juste à côté de sa chaussure, un bâton scintille de mille feux, éclairé par un rayon de soleil. Il a failli marcher dessus. Il le ramasse pour mieux le regarder, mais entend son papa l'appeler.
— Gaspard, dépêche-toi ! Qu'est-ce que tu fais ?
Gaspard glisse le bâton dans sa poche et se précipite vers le portail de l'école.
En arrivant dans la cour, il s'empresse de rejoindre ses amis, Édouard et Julie, pour leur montrer sa trouvaille.
Julie pousse un cri d'admiration :
— Regardez, c'est rempli de petites étoiles ! On dirait une baguette magique !
— Tu as vraiment trop d'imagination, se moque gentiment Édouard.
La cloche sonne, et Gaspard cache le bâton dans sa trousse avant de monter en classe.
La maîtresse n'a pas l'air de très bonne humeur. Malgré les protestations, elle annonce que la journée va commencer par... une dictée !
Quand Gaspard ouvre sa trousse, une surprise l'attend. À la place du bâton scintillant, il découvre un très beau stylo. Il est tout aussi brillant et on reconnait les petites étoiles à l'intérieur, mais une pointe bleue est apparue au bout !
Curieux, Gaspard décide de l'utiliser. Au début, tout est normal : le stylo écrit très bien.
Mais voilà le premier piège de la dictée. Il faut écrire « accueillir » et Gaspard ne sait jamais dans quel ordre mettre les lettres. Est-ce que c'est E, U, I ou U, E, I ? Gaspard est sûr de se tromper... À cet instant, il sent sa main bouger, comme guidée par le stylo. Et voilà que sans même le vouloir, il se met à écrire la suite de la dictée. Incroyable !
— Regarde ! Mon stylo écrit tout seul, chuchote Gaspard à Édouard qui est assis à côté de lui.
— Je peux essayer ? demande Édouard, curieux.
Gaspard accepte et lui prête le stylo. Au bout de quelques lignes, Édouard est impressionné.
— C'est génial ! s'exclame-t-il.
Malheureusement, il a parlé un peu trop fort et la maîtresse s'interrompt en fronçant les sourcils.
— Édouard et Gaspard, je vais vous enlever des points ! se fâche-t-elle.
Penauds, les garçons baissent la tête, et échangent à nouveau discrètement leur stylo.
La matinée se poursuit et à chaque exercice, plus besoin de réfléchir : le stylo guide la main de Gaspard. Orthographe, grammaire, additions et même multiplications : le stylo sait tout faire !
Quand sonne la cloche du déjeuner, les garçons, vraiment très excités, se dépêchent de rejoindre Julie à la cantine. Ils ont tellement hâte de lui raconter ce qu'il s'est passé, qu'ils ne pensent même pas à protester quand le cuisinier leur sert à chacun une énorme assiette d'épinards.
À peine installé à table, Édouard presse Gaspard :
— Montre-lui vite le stylo magique !
Gaspard met la main dans sa poche pour récupérer le stylo qu'il y a glissé. Il en ressort... une fourchette !
On reconnait bien le manche étoilé, mais cette fois, à la place de la pointe du stylo sont apparues quatre dents.
Avant même que Gaspard ne puisse réagir, la fourchette entraine sa main, et la dirige fermement vers les épinards.
— Oh non ! s'exclame Gaspard, qui a horreur de ça.
Et sans qu'il puisse l'en empêcher, la fourchette commence à lui faire avaler de force d'énormes bouchées. Il se tortille dans tous les sens, mais impossible d'échapper à cette fourchette magique.
Édouard et Julie, d'abord stupéfaits, éclatent de rire. Quand Julie essaie d'attraper la fourchette pour aider Gaspard, c'est elle qui est forcée d'avaler des épinards. Elle la lâche donc précipitamment tandis qu'Édouard est pris d'un fou rire incontrôlable.
La fourchette ne s'arrête qu'une fois toute l'assiette engloutie. Gaspard est furieux : ce bâton magique ne lui parait plus aussi merveilleux.
L'après-midi, la maîtresse propose de sortir pour observer et dessiner la nature. Ravis, tous les élèves prennent leur matériel de dessin et se dispersent dans la cour.
Gaspard choisit un coin isolé pour retrouver Édouard et Julie. Il a bien sûr emporté la fourchette dans son sac de dessin, mais il est inquiet : que va-t-il en sortir ?
Il plonge sa main dans son sac et ses doigts se referment sur un tube assez large, qui ressemble à un pot de crème Chantilly.
— C'est une bombe de peinture ! s'exclame Julie.
Gaspard examine le tube. On reconnait toujours les étoiles du bâton, mais celui-ci s'est élargi, et il a maintenant un vaporisateur au bout.
— Je me demande de quelle couleur elle est, déclare Édouard.
— Je n'ai aucune envie d'essayer, réplique Gaspard en rangeant le tube dans son sac.
— Allez, insiste Édouard, juste un petit pschitt sur ma feuille. On ne risque rien.
Julie aussi voudrait essayer. À contrecœur, Gaspard ressort la bombe de peinture, la pointe vers la feuille que lui tend Édouard et appuie sur l'embout.
Un jet de peinture multicolore sort de la bombe et en un instant, une magnifique image apparait. Les trois amis sont ébahis !
Mais la bombe ne s'arrête malheureusement pas là, elle entraine Gaspard vers le mur le plus proche et commence à le peindre.
— Arrête Gaspard, s'écrit Julie, horrifiée.
Mais Gaspard ne peut rien faire, la bombe de peinture ne veut plus s'arrêter.
Édouard essaie de l'aider en tirant sur le tube pour l'éloigner du mur. Mais dans un pschitt inattendu, la bombe de peinture se retourne vers lui et lui teint les cheveux en bleu.
— Stop !
La maîtresse s'est précipitée vers eux et a parlé d'une voix autoritaire. La bombe de peinture s'arrête instantanément. La maîtresse tend la main, et Gaspard, tout tremblant, la lui donne.
À peine l'a-t-elle prise dans ses mains, que la bombe de peinture se met à rétrécir, et se change à nouveau en bâton !
— C'est vraiment dangereux d'utiliser des objets quand on ne sait pas ce que c'est, s'exclame-t-elle, vous auriez pu avoir de gros ennuis.
Voyant leur air désolé, elle leur fait un grand sourire et ajoute :
 — Merci en tout cas de l'avoir retrouvée, j'étais si inquiète !
D'un geste de la main, elle agite le bâton et les cheveux d'Édouard retrouvent leur couleur normale. En regardant le mur peint, elle hésite :
— C'est vraiment joli, mais jamais je ne pourrai expliquer ça à la directrice, soupire-t-elle.
Et d'un autre mouvement du bâton, elle fait disparaitre toute la peinture. Puis elle leur demande avec un clin d'œil :
— Je peux compter sur vous pour garder mon secret ?
Les amis acquiescent, incapables de parler tant ils sont surpris. La maîtresse sourit encore et retourne vers le reste de la classe, qui n'a visiblement rien remarqué de tout ce qui vient de se passer.
— Ça alors, finit par dire Édouard, notre maîtresse est une fée.
— C'était bien une baguette magique, ajoute Julie, rêveuse.
Gaspard reste silencieux. Il n'est pas encore remis de toutes ses émotions.
À ses pieds se trouve la peinture réalisée par la baguette magique sur la feuille d'Édouard. Gaspard la regarde de plus près. C'est un portrait de la maîtresse. Elle est peinte avec une robe scintillante et de grandes ailes de fée. Et il a l'impression qu'elle lui sourit mystérieusement...

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Image de Gaspard et le bâton scintillant
Illustration : Mathilde Ernst