Vendée Globe édition 2020 : six femmes engagées pour l’aventure sur les trente - trois marins en compétition...
« Un record, un bon en avant » dit-on ! Merci Alexia, Clarisse, Isabelle, Miranda, Pep et Samantha pour votre ténacité, votre force et votre courage...
Mais aussi... Merci à toi Fanche, petite pionnière qui, en secret, il y a bien longtemps a mené un combat pour traverser les océans.
Brest, décembre 1872
Fanche a réussi... Vaillante, elle est sur le pont. Parée pour l’épopée qui doit la mener vers « El fin del mundo » comme le disait son père. La phrase si souvent répétée tourne en boucle dans sa tête.
« Fanche lorsque je ne serai plus là, à ton tour, regarde vers la mer. » C’est à lui qu’elle pense sur ce trois mâts Cap Hornier prêt à larguer les amarres. Cap sur les mers australes de l’hémisphère sud dont il lui a tant parlé et qui la fascinent ! Son père, embarqué sur un navire marchand ne reviendra pas. Bâtiment perdu, corps et biens, englouti au large des côtes chiliennes. De dures campagnes permettant aux marins d’assurer une vie décente aux familles restées sur les terres bretonnes. Elle fait partie des «garçons », ces mousses dont c’est le premier embarquement. En guise d’équipage, une vingtaine d’hommes qu’elle va côtoyer pendant ces longs mois de mer et dont elle devra supporter sans broncher la rudesse et surtout, lors des différentes tâches, veiller à ne susciter chez aucun d’entre eux, la moindre suspicion... Accepter les règles, les corvées, les railleries, les probables insultes et... les rasades de rhum ! Aussi dès à présent, avec un sentiment d’injustice enfoui au plus profond d’elle-même, elle s’efforce d’accompagner les marins qui s’affairent sur le pont pour s’imprégner de cette virilité qu’elle doit, malgré elle, afficher et s’approprier. Fanche se souvient : son père qui la choyait même si, par nécessité et raison, il eût tellement préféré que son aîné fût un garçon. Mais Fanche est une fille. Comme tous ici en Bretagne, elle connaît la loi Colbert et la superstition des marins qui toutes deux interdisent les femmes à bord. Elles portent malheur et mènent le navire au naufrage. Aussi , c’est le jeune Fanch, sexe masculin, âgé de quinze ans, né en 1863 qui, sous la responsabilité de sa mère, veuve de marin, a été inscrit sur le rôle d’équipage du navire. Fanche passe sa main dans ses cheveux. Ses épaisses tresses qu’elle choyait ne sont plus là. A la place, une courte masse informe et mal taillée. Sous sa vareuse des bandes de coton emprisonnent et contiennent sa jeune poitrine.
Elle porte la tenue de mousse à laquelle elle va devoir s’habituer : une lourde culotte qu’elle ceinture sur ses hanches trop fines. Un détail l’interpelle. Une large braguette lui signifie qu’elle n’aura pas le choix : il lui faudra pisser debout. Contrainte par la loi des hommes et contre nature elle abandonne sur les quais de Brest sa féminité naissante.
La téméraire et audacieuse fillette n’a pas droit aux océans...
« Un record, un bon en avant » dit-on ! Merci Alexia, Clarisse, Isabelle, Miranda, Pep et Samantha pour votre ténacité, votre force et votre courage...
Mais aussi... Merci à toi Fanche, petite pionnière qui, en secret, il y a bien longtemps a mené un combat pour traverser les océans.
Brest, décembre 1872
Fanche a réussi... Vaillante, elle est sur le pont. Parée pour l’épopée qui doit la mener vers « El fin del mundo » comme le disait son père. La phrase si souvent répétée tourne en boucle dans sa tête.
« Fanche lorsque je ne serai plus là, à ton tour, regarde vers la mer. » C’est à lui qu’elle pense sur ce trois mâts Cap Hornier prêt à larguer les amarres. Cap sur les mers australes de l’hémisphère sud dont il lui a tant parlé et qui la fascinent ! Son père, embarqué sur un navire marchand ne reviendra pas. Bâtiment perdu, corps et biens, englouti au large des côtes chiliennes. De dures campagnes permettant aux marins d’assurer une vie décente aux familles restées sur les terres bretonnes. Elle fait partie des «garçons », ces mousses dont c’est le premier embarquement. En guise d’équipage, une vingtaine d’hommes qu’elle va côtoyer pendant ces longs mois de mer et dont elle devra supporter sans broncher la rudesse et surtout, lors des différentes tâches, veiller à ne susciter chez aucun d’entre eux, la moindre suspicion... Accepter les règles, les corvées, les railleries, les probables insultes et... les rasades de rhum ! Aussi dès à présent, avec un sentiment d’injustice enfoui au plus profond d’elle-même, elle s’efforce d’accompagner les marins qui s’affairent sur le pont pour s’imprégner de cette virilité qu’elle doit, malgré elle, afficher et s’approprier. Fanche se souvient : son père qui la choyait même si, par nécessité et raison, il eût tellement préféré que son aîné fût un garçon. Mais Fanche est une fille. Comme tous ici en Bretagne, elle connaît la loi Colbert et la superstition des marins qui toutes deux interdisent les femmes à bord. Elles portent malheur et mènent le navire au naufrage. Aussi , c’est le jeune Fanch, sexe masculin, âgé de quinze ans, né en 1863 qui, sous la responsabilité de sa mère, veuve de marin, a été inscrit sur le rôle d’équipage du navire. Fanche passe sa main dans ses cheveux. Ses épaisses tresses qu’elle choyait ne sont plus là. A la place, une courte masse informe et mal taillée. Sous sa vareuse des bandes de coton emprisonnent et contiennent sa jeune poitrine.
Elle porte la tenue de mousse à laquelle elle va devoir s’habituer : une lourde culotte qu’elle ceinture sur ses hanches trop fines. Un détail l’interpelle. Une large braguette lui signifie qu’elle n’aura pas le choix : il lui faudra pisser debout. Contrainte par la loi des hommes et contre nature elle abandonne sur les quais de Brest sa féminité naissante.
La téméraire et audacieuse fillette n’a pas droit aux océans...