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Histoires Jeunesse - 6-8 Ans (Cycle 2)
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Il est deux heures de l'après-midi. Comme tous les jours des vacances, Océane et son frère Lucas sont poussés par leur mamie à sortir jouer dans le quartier. Pendant qu'ils sont dehors, Papi peut faire la sieste et Mamie peut profiter du silence.
Océane s'en passerait bien. Son frère est bruyant, mais pas elle. Elle sait très bien être silencieuse : elle adore dessiner et colorier. Mais Mamie insiste pour qu'elle prenne l'air, qu'elle se défoule un peu et fasse de nouvelles découvertes. Bon... pour les découvertes, Mamie n'a peut-être pas tort. Après tout, Océane en a fait une belle.
— N'attrape pas encore froid, ma puce, dit Mamie à Océane avant de refermer la porte.
La maison de leurs grands-parents est dans un quartier calme entre village et campagne. Avec une forêt à côté, il n'y a pas beaucoup de voisins. Lucas, lui, a pourtant réussi à se faire des amis : une fille et un autre garçon, d'environ dix ans, comme lui. Ils l'attendent au portail, sur leurs vélos.
Avant de partir, Lucas se tourne vers sa sœur, pointe un doigt dans sa direction et ordonne :
— Ne nous suis pas !
Océane serre son sac à dos contre elle et le regarde s'en aller. Lorsqu'il lui tourne le dos, elle lui tire la langue.
Au début des vacances, elle voulait jouer avec eux. Mamie avait dit qu'ils devaient rester ensemble et Océane avait peur de rester seule.
Plus maintenant.
Parce que maintenant, Océane a un secret.
Elle a une amie, elle aussi.
C'est calme. Les oiseaux chantent et les cigales aussi. Le seul problème, ce sont les moustiques. Heureusement, il n'y en a pas beaucoup aujourd'hui. Il y a trop de vent.
Océane suit le chemin entre les arbres. Elle le connaît bien. Elle accompagne souvent ses grands-parents qui se promènent par ici le matin.
Lorsqu'elle arrive à la rivière, Océane quitte le sentier et s'enfonce entre les buissons. Il y a juste assez de place pour qu'une biche (ou une petite fille de huit ans comme elle) puisse passer.
Il faut marcher encore un peu. La première fois, elle s'était perdue. Maintenant, elle connaît le chemin par cœur.
Elle passe par-dessus un petit ruisseau. Il est presque sec en ce moment, à part un filet d'eau, mais il y a encore de la boue. Elle doit marcher sur les rochers pour ne pas abîmer ses baskets. Au début, Océane tombait et se faisait mal à la cheville. Aujourd'hui, elle sautille pour passer. Elle est heureuse, car elle a pris avec elle de quoi aider son amie. Elle tient son sac à dos fermement.
Elle arrive enfin à son endroit secret.
C'est le bout du lac, là d'où part la rivière. À cet endroit, le lac est aussi large qu'un étang, mais il est encore profond. Il est entouré de grosses pierres couvertes de mousse. Avec les grands arbres, il y a beaucoup d'ombre.
Mii l'attend déjà. Océane peut la voir nager juste sous la surface de l'eau.
Ses longs cheveux sombres glissent à la surface comme des algues.
Océane doit finir le chemin à quatre pattes sur les rochers pour ne pas glisser. Elle s'assoit près du bord et enlève ses chaussures. Elle trempe ses orteils dans l'eau fraîche et tape du pied pour faire des vagues.
Mii sort la tête de l'eau. Elle la salue avec un grand sourire joyeux et un faible cri.
Océane prend son sac sur ses genoux et dit :
— Coucou, Mii ! J'ai apporté de quoi te soigner !
Elle sort une bouteille thermos et un gobelet. En faisant attention à ne rien renverser, elle remplit le verre de lait chaud au miel qu'elle a demandé à sa grand-mère. Puis elle le tend à Mii qui accepte l'objet avec curiosité.
Ces derniers jours, Océane avait prétendu être malade et fait un peu la comédie, mais c'était pour une bonne cause.
Ensuite, elle sort la boîte de bonbons au miel. Elle en prend un pour montrer à son amie qu'il faut bien le sucer au lieu de l'avaler.
Mii pousse un petit bruit aigu, mais elle a très mal à la gorge. Elle n'arrive plus à chanter ! Le lait chaud lui plait, ça se voit. Elle se redresse dans l'eau pour se hisser sur le rocher à côté d'Océane. Elle prend un petit bonbon, le renifle, puis le suce. Elle fait une tête amusante.
Océane tend la main pour toucher les cheveux de son amie. Ils la fascinent. Ils sont épais et brillants, mais aussi lisses et humides, vraiment comme des algues. Cela doit être utile pour se cacher dans l'eau.
Mii se retourne et s'allonge. Elle profite du vent sur ses écailles turquoise. D'un mouvement de sa queue, elle se débarrasse des insectes. Pendant qu'Océane démêle ses cheveux, elle boit du lait chaud. Entre deux bonbons au miel, elle pousse des petits cris. C'est grâce à eux qu'Océane l'a trouvé il y a quelques jours. Ces cris ressemblent à des « Miiiiii », c'est de là que vient son nom.
Lorsqu'elle se sent bien, Mii fait quelque chose d'incroyable. Quelque chose qu'Océane attend avec impatience.
Ça commence par quelques bulles à la surface de l'eau. Puis, il y en a de plus en plus, grosses comme des billes. Et finalement, les bulles s'envolent ! On dirait des bulles de savon. Elles commencent à former une longue figure.
Océane plisse les yeux et tourne la tête avant de s'écrier joyeusement :
— Oh, oh ! Je sais ! Une anguille !
C'est leur petit jeu à elles. Elles ne parlent pas la même langue, mais Mii apprend. Pour l'aider à réviser, Océane nomme les animaux qu'elles ont vus les jours d'avant. Les bulles prennent les bonnes formes sans jamais faire d'erreur. Mii apprend vite. Peut-être qu'un jour, elles pourront se parler.
Une heure plus tard, lorsqu'Océane part, Mii a retrouvé sa voix. Elle offre à Océane un joli chant d'au revoir. La prochaine fois, ce sera au tour d'Océane d'apprendre sa langue.
Au portail, Lucas lui demande si elle ne s'est pas ennuyée. Il se moque d'elle. Elle l'ignore.
Après tout, elle est amie avec une sirène. Elle s'en fiche de son frère !
Océane s'en passerait bien. Son frère est bruyant, mais pas elle. Elle sait très bien être silencieuse : elle adore dessiner et colorier. Mais Mamie insiste pour qu'elle prenne l'air, qu'elle se défoule un peu et fasse de nouvelles découvertes. Bon... pour les découvertes, Mamie n'a peut-être pas tort. Après tout, Océane en a fait une belle.
— N'attrape pas encore froid, ma puce, dit Mamie à Océane avant de refermer la porte.
La maison de leurs grands-parents est dans un quartier calme entre village et campagne. Avec une forêt à côté, il n'y a pas beaucoup de voisins. Lucas, lui, a pourtant réussi à se faire des amis : une fille et un autre garçon, d'environ dix ans, comme lui. Ils l'attendent au portail, sur leurs vélos.
Avant de partir, Lucas se tourne vers sa sœur, pointe un doigt dans sa direction et ordonne :
— Ne nous suis pas !
Océane serre son sac à dos contre elle et le regarde s'en aller. Lorsqu'il lui tourne le dos, elle lui tire la langue.
Au début des vacances, elle voulait jouer avec eux. Mamie avait dit qu'ils devaient rester ensemble et Océane avait peur de rester seule.
Plus maintenant.
Parce que maintenant, Océane a un secret.
Elle a une amie, elle aussi.
* * *
Océane prend le chemin opposé à celui de son frère et elle rentre dans la forêt.C'est calme. Les oiseaux chantent et les cigales aussi. Le seul problème, ce sont les moustiques. Heureusement, il n'y en a pas beaucoup aujourd'hui. Il y a trop de vent.
Océane suit le chemin entre les arbres. Elle le connaît bien. Elle accompagne souvent ses grands-parents qui se promènent par ici le matin.
Lorsqu'elle arrive à la rivière, Océane quitte le sentier et s'enfonce entre les buissons. Il y a juste assez de place pour qu'une biche (ou une petite fille de huit ans comme elle) puisse passer.
Il faut marcher encore un peu. La première fois, elle s'était perdue. Maintenant, elle connaît le chemin par cœur.
Elle passe par-dessus un petit ruisseau. Il est presque sec en ce moment, à part un filet d'eau, mais il y a encore de la boue. Elle doit marcher sur les rochers pour ne pas abîmer ses baskets. Au début, Océane tombait et se faisait mal à la cheville. Aujourd'hui, elle sautille pour passer. Elle est heureuse, car elle a pris avec elle de quoi aider son amie. Elle tient son sac à dos fermement.
Elle arrive enfin à son endroit secret.
C'est le bout du lac, là d'où part la rivière. À cet endroit, le lac est aussi large qu'un étang, mais il est encore profond. Il est entouré de grosses pierres couvertes de mousse. Avec les grands arbres, il y a beaucoup d'ombre.
Mii l'attend déjà. Océane peut la voir nager juste sous la surface de l'eau.
Ses longs cheveux sombres glissent à la surface comme des algues.
Océane doit finir le chemin à quatre pattes sur les rochers pour ne pas glisser. Elle s'assoit près du bord et enlève ses chaussures. Elle trempe ses orteils dans l'eau fraîche et tape du pied pour faire des vagues.
Mii sort la tête de l'eau. Elle la salue avec un grand sourire joyeux et un faible cri.
Océane prend son sac sur ses genoux et dit :
— Coucou, Mii ! J'ai apporté de quoi te soigner !
Elle sort une bouteille thermos et un gobelet. En faisant attention à ne rien renverser, elle remplit le verre de lait chaud au miel qu'elle a demandé à sa grand-mère. Puis elle le tend à Mii qui accepte l'objet avec curiosité.
Ces derniers jours, Océane avait prétendu être malade et fait un peu la comédie, mais c'était pour une bonne cause.
Ensuite, elle sort la boîte de bonbons au miel. Elle en prend un pour montrer à son amie qu'il faut bien le sucer au lieu de l'avaler.
Mii pousse un petit bruit aigu, mais elle a très mal à la gorge. Elle n'arrive plus à chanter ! Le lait chaud lui plait, ça se voit. Elle se redresse dans l'eau pour se hisser sur le rocher à côté d'Océane. Elle prend un petit bonbon, le renifle, puis le suce. Elle fait une tête amusante.
Océane tend la main pour toucher les cheveux de son amie. Ils la fascinent. Ils sont épais et brillants, mais aussi lisses et humides, vraiment comme des algues. Cela doit être utile pour se cacher dans l'eau.
Mii se retourne et s'allonge. Elle profite du vent sur ses écailles turquoise. D'un mouvement de sa queue, elle se débarrasse des insectes. Pendant qu'Océane démêle ses cheveux, elle boit du lait chaud. Entre deux bonbons au miel, elle pousse des petits cris. C'est grâce à eux qu'Océane l'a trouvé il y a quelques jours. Ces cris ressemblent à des « Miiiiii », c'est de là que vient son nom.
Lorsqu'elle se sent bien, Mii fait quelque chose d'incroyable. Quelque chose qu'Océane attend avec impatience.
Ça commence par quelques bulles à la surface de l'eau. Puis, il y en a de plus en plus, grosses comme des billes. Et finalement, les bulles s'envolent ! On dirait des bulles de savon. Elles commencent à former une longue figure.
Océane plisse les yeux et tourne la tête avant de s'écrier joyeusement :
— Oh, oh ! Je sais ! Une anguille !
C'est leur petit jeu à elles. Elles ne parlent pas la même langue, mais Mii apprend. Pour l'aider à réviser, Océane nomme les animaux qu'elles ont vus les jours d'avant. Les bulles prennent les bonnes formes sans jamais faire d'erreur. Mii apprend vite. Peut-être qu'un jour, elles pourront se parler.
Une heure plus tard, lorsqu'Océane part, Mii a retrouvé sa voix. Elle offre à Océane un joli chant d'au revoir. La prochaine fois, ce sera au tour d'Océane d'apprendre sa langue.
Au portail, Lucas lui demande si elle ne s'est pas ennuyée. Il se moque d'elle. Elle l'ignore.
Après tout, elle est amie avec une sirène. Elle s'en fiche de son frère !
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Illustration : Mathilde Ernst