Le jardin de Grand-Mère

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  • Contemplations poétiques - Poésie Jeunesse
  • Le temps

Ce matin-là d'été, la route m'avait prise
Dans la fraîcheur salée, direction la méprise
De cette maison d'antan qui glaçait les ardeurs
De l'enfant que je fus, timorée par l'horreur
L'asphalte déroulait sa langue de vipère
Chaque virage chaque pierre chevillait à mon corps
Des relents des regrets couturés épinglés
Aux mailles des barbelés que vous aviez tissés

Au fond de mon désarroi, j'entends encore la voix
Menue et fissurée de ma tendre mémé

J'aurai beaucoup moins chaud peut-être
Sous la tonnelle près des fraisiers
J'aurai beaucoup moins chaud peut-être
Moins chaud peut-être près des fraisiers

Je me surprenais là, moi qui fis cette promesse
Croix de bois croix de fer d'effacer ma détresse
D'arborer un sourire comme un parfait onguent
Sur une mer en furie qui renie ses enfants
Fragile fétu de paille qui ploie dans la tourmente
Je pris le gouvernail de mes mains qui cimentent
Je n'avais plus le choix, il fallait que j'y aille
Que je retrouve enfin le berceau de mes failles

Au fond de mon cœur blessé, je l'entends murmurer
Ma grand-mère indolente qui savait me bercer

J'aurai beaucoup moins chaud peut-être
Sous la tonnelle près des fraisiers
J'aurai beaucoup moins chaud peut-être
Moins chaud peut-être près des fraisiers

Quand je suis arrivée à la tombée du jour
La grille était rouillée, elle battait ses atours
Le vent échevelait la puissante glycine
Les érables violets et les roses british
J'ai senti mes genoux qui s'écorchaient aux pierres
J'ai senti la morsure d'une gifle à l'ancienne
J'ai entendu claquer la porte de la cave
Et le verre a laissé sur ma peau des entailles

Au plus profond de moi, grand-mère est toujours là
Elle chante sans s'arrêter et je peux avancer

J'aurai beaucoup moins chaud peut-être
Sous la tonnelle près des fraisiers
J'aurai beaucoup moins chaud peut-être
Moins chaud peut-être près des fraisiers

Au moment où mes pieds crochaient un demi-tour
Une rose m'a frôlée, elle m'a percée à jour
Son parfum envoûtant m'a fait tourner la tête
Au-dessus du jardin sifflait une alouette
J'ai cueilli un bouquet de ces œillets poètes
Et j'ai glissé leurs tiges dans une vasque de terre
Tout près de la fontaine où se baignent les oiseaux
Un battement de leurs ailes a chassé mes corbeaux

Et je suis restée là, en paix dans ce jardin
Je chantais à deux voix libre de mon destin

Si tu es partie ô grand-mère
Ma musaraigne aux doigts de fée
Je ferme la porte du domaine
Mais je te garde à mes côtés

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