La ville tue

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L'écriture est un leurre, un regard discordant sur le monde et ses multiples possibles.

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  • La ville - cycle 4

Je sais
À travers les façades ternes
Aux volets mi-clos
Entre les briques rouges se fissure
Le ciment des âmes
Qu'au loin baignent les rues
De lacets distordus
Vers les segments osseux
Et les tours ancrées défiant l'horizontal
Aux jambes lisses s'élèvent
Pleines de promesses
Vers un ciel désaxé
Et les globes occultés se reflètent en miroir
Sur les vitres bleuies
De cités démentielles
Dans l'effervescence des jours glauques
Où s'étalent les écueils
Le long d'artères à l'agonie
Sales
Et les étals démesurés
Au rythme de la fourmilière
Immuable

Je sais
Les scories
Le long des rues tentaculaires
Et les murs blêmes
Frappés d'ombres creuses
Qui s'étirent
Aveuglées de soleil
Le bruit des pas qui heurtent les trottoirs
Comme autant de silence
Versé au rang d'écume
Dans l'étouffement des sens
Et les yeux inaudibles
Le spectre du bitume sur les lèvres nouées
Les visages défaits au contour d'incertain
Pressés de va-et-vient
L'épanchement du vide
Dans l'arène éphémère
Et les gares atrophiées
Dans la noirceur de longs tunnels
Pétris de bouches asphyxiées
Vomissant la marée
M'effraie

Je sais
L'ogre
La pieuvre sourde qui palpite
La solitude des murailles
Au fond d'usines disgracieuses
La plaie qui sourd des entrailles
Et l'eau qui berce les néons
D'enseignes à tout jamais noyées
Le vent diurne au fond des caniveaux
Balayant les feuillages échus
Le temps d'une bourrasque
Et les pas qui s'enfuient
Au détour d'un immeuble
La pensée qui s'efface
Au gré du macadam
Le souffle qui s'éteint
Aux dernières lueurs
Les blessures de l'absence
Au milieu de nulle part
Chaque jour
La ville tue

© Short Édition - Toute reproduction interdite sans autorisation

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