Moi je suis différent. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais un extra-terrestre.
J'ai une sensibilité différente de celles des enfants de l'école et j'aime écouter les autres. Je semble remarquer des choses qu'ils ne remarquent pas. Une bénédiction et une malédiction, direz-vous. Personnellement, je pense que c'est une bénédiction et je n'ai pas l'intention de changer moi-même.
C'est bizarre mais j'y suis habituée : je suis probablement un extra terrestre.
J'ai une couleur de peu différente et ma grand-mere fait des remarques à ce propos à chaque fois que je lui rends visite. Nous mangeons habituellement une sorte de gâteau ensuite.
Dans mon milieu, les autres enfants semblent tous être habitants de la même planète, c'est-à-dire la Terre. Ma planète n'a pas encore de nom, mais on y joue du jazz.
Mais un jour je rencontrai Tavares, qui me ressemblait de quelque sort. Ses cheveux longs et épais encadraient son visage et il n'essayait meme pas de les dompter. Il travaillait dans un magasin d'épices en bas de la rue a cote de l'école. Il me dit secrètement qu'il aimerait retourner à l'école mais qu'il devrait soutenir cette entreprise familiale.
C'était le début de l'automne, mais les rues étaient déjà couvertes de feuilles rougeâtres. La lumière entrait dans le magasin avec une lueur particulière.
On parlait à chaque fois que je terminais le cours, cela devint notre habitude. Tavares allait parfois chez ses grands-parents au Mexique où l'herbe était soi-disant jaune, ce qui me surprenait à chaque fois.
Il avait en fait un léger accent hispanique, comme dirait ma grand-mère. Je n'y prêtais pas attention. Tavares était génial à écouter. Sa voix était bien plus basse que la mienne, avec une note de gaieté.
Il avait probablement quelques années de plus que moi, mais sa stature corpulente le faisait ressembler à un enfant de 12 ans.
En fait, lorsque nous parlions du Mexique et de la vie quotidienne, même de ce qui se passait dans la rue, j'avais l'impression que le temps s'était arrêté. L'odeur des épices mélangée à un soupçon de tabac et la radio en fond sonore me faisaient vraiment perdre la notion du temps.
Je lui apportais souvent un boisson fait par ma mère pour lui prouver que je l'aimais beaucoup. Il devint une sorte de frère pour moi, et ses antécédents me permettaient de l'imaginer comme un grand frère à qui je rendais visite après les cours et à qui je racontais ma vie.
C'est à lui que je dis à quel point j'aimerais apprendre à jouer de la batterie, à propos de mon grand rêve inassouvi. En fait, je jouais avec mes baguettes imaginaires partout : pendant les leçons, en prenant un bain, dans la cuisine en tapant sur le plateau de la table en bois et en donnant le rythme avec mon pied. Ma mère disait que jouer à la maison dérangerait les voisins, et le studio le plus proche était à 50 kilomètres.
De plus, je n'avais pas assez d'argent pour m'acheter une batterie.
Peut-être que j'avais un certain talent, je ne sais pas, mais c'était définitivement le tapotement de mes tambours imaginés qui me détendait.
Mais revenons au sujet, j'en finalement parlai à Tavares.
— Carlito ! cria-t-il, en diminuant mon nom en espagnol.
Il s'avéra que son cousin jouait de la batterie.
Mes yeux bruns gonflèrent et je peux honnêtement dire que j'eus le souffle coupé par l'excitation.
— Il a de vrais tambours ! cette pensée traversa ma tête à toute vitesse.
— Bon, combien coûte une leçon ? dis-je.
Tavares ria et dans les coins de ses yeux apparurent de petites rides.
— Je peux lui demander, si tu veux. Il va te montrer comment faire. Ne t'inquiète pas pour l'argent. Viens chez nous jeudi, on fera un petit concert. Je suis sûr que tu vas aimer.
Et le jeudi arriva. J'étais très excité depuis le matin. À l'école, je n'étais pas trop intéressé par la résolution de problèmes de géométrie, et lorsque l'heure tant attendue de 16 heures arriva, je sortis du bâtiment en courant et je me précipitai vers l'adresse indiquée.
Après une demi-heure de marche, je vis une petite maison bien entretenue, avec un jardin soigné et une porte fraîchement peinte.
Une gentille dame en robe usée m'ouvrit la porte et me montra, en riant, une annexe où les garçons avaient leur royaume.
Juan, le cousin de Tavares, s'avéra être un gars costaud qui était un grand fan de Carlos Santana. Il jouait aussi de la guitare, mais bien sûr, je m'intéressais surtout à son histoire avec la batterie.
Ses débuts n'étaient rien que faciles pour lui. Il acheta ses premiers instruments après avoir travaillé dans un restaurant pendant un certain temps, ce qui finit par porter ses fruits.
— J'y ai rencontré beaucoup de gens qui voulaient me soutenir d'une manière ou d'une autre. Un type a proposé de m'aider et m'a prêté ses instruments. La bonté humaine existe, a-t-il souri.
Je m'assis sur un tabouret avec un revêtement en cuir. Juan me donna ses baguettes à tenir et me montra comment frapper.
Il constata avec satisfaction que j'avais le sens du rythme.
En fait, je ne pourrais comparer ce moment à rien d'autre.
En apprenant à jouer, je sentais une sorte de courant rythmique circuler dans mon corps, quelque chose comme une énergie que je pouvais sentir du bout de mes doigts jusqu'au sommet de ma tête.
En frappant assez maladroitement à mon goût, j'avais quand même l'impression d'être sur scène et de donner le ton à tout le groupe. Cela fut un sentiment incroyable.
Juan était incroyablement patient dans ses explications. On pouvait voir qu'il remplissait son rôle d'enseignant. Il n'avait pas peur que je gâche quelque chose pour lui, il me faisait confiance. J'essaya également d'être très doux et prudent avec tous les détails techniques qu'il avait mentionnés.
Après la séance, nous nous assîmes un moment devant l'annexe pour nous rafraîchir un peu. Tavares nous rejoint avec de la limonade fraîche avec beaucoup de citron.
Après un moment de silence, je leur demandai pourquoi ils voudraient me montrer cela sans rien demander en retour.
« Pourquoi m'ont-ils invité à les rejoindre de manière si naturelle, en me traitant comme un jeune frère, comme un véritable ami ? » pensai-je.
Tavares réfléchit un moment. Puisque nous nous connaissions depuis plus longtemps, il estima qu'il devrait être le premier à répondre à cette question.
— Écoute, je ne sais pas si je peux le décrire d'une bonne façon, mais je vais essayer. Je ne suis pas très bavard, mais je suis honnête. Je crois que le fait d'être bon envers les autres dans la vie génère encore plus de bonté. Tu peux dire que c'est naïf, mais c'est comme ça que j'ai été élevé et c'est ce que je fais.
Le soir tombait, et les étoiles apparurent. Nous les regardions et gardant le plus souvent le silence, parfois l'un d'entre nous raconta une blague ou une histoire drôle et nous éclations de rire tous les trois. C'était bon d'être silencieux ensemble, de profiter du moment et de me remémorer mon premier contact avec de vrais tambours. C'était l'été, donc les cigales ont commencèrent à sortir paresseusement et après un certain temps, nous entendîmes leur gazouillis caractéristique. Je me demandais ce qui se passerait s'ils pouvaient jouer aux tambours.
Une légère brise tamponnait mon visage et mes cheveux.
— Alors, tu viens samedi ? demanda Juan, en se levant lentement.
— Nous pourrions utiliser un autre batteur, tu sais, nous sommes à court d'eux maintenant. Un bon batteur vaut son pesant d'or.
Tavares me fut un clin d'œil.
Je tapai dans mes mains avec un large sourire sincère. Ma reaction était évidente. Je leur dis au revoir et je me levai pour rentrer chez moi.
Je me sentais si léger, comme si je flottais au-dessus de la chaussée. Les étoiles dans le ciel annonçaient une nouvelle journée ensoleillée, et un rythme résonnait dans ma tête, symbolisant la journée qui touchait déjà à sa fin.
J'ai une sensibilité différente de celles des enfants de l'école et j'aime écouter les autres. Je semble remarquer des choses qu'ils ne remarquent pas. Une bénédiction et une malédiction, direz-vous. Personnellement, je pense que c'est une bénédiction et je n'ai pas l'intention de changer moi-même.
C'est bizarre mais j'y suis habituée : je suis probablement un extra terrestre.
J'ai une couleur de peu différente et ma grand-mere fait des remarques à ce propos à chaque fois que je lui rends visite. Nous mangeons habituellement une sorte de gâteau ensuite.
Dans mon milieu, les autres enfants semblent tous être habitants de la même planète, c'est-à-dire la Terre. Ma planète n'a pas encore de nom, mais on y joue du jazz.
Mais un jour je rencontrai Tavares, qui me ressemblait de quelque sort. Ses cheveux longs et épais encadraient son visage et il n'essayait meme pas de les dompter. Il travaillait dans un magasin d'épices en bas de la rue a cote de l'école. Il me dit secrètement qu'il aimerait retourner à l'école mais qu'il devrait soutenir cette entreprise familiale.
C'était le début de l'automne, mais les rues étaient déjà couvertes de feuilles rougeâtres. La lumière entrait dans le magasin avec une lueur particulière.
On parlait à chaque fois que je terminais le cours, cela devint notre habitude. Tavares allait parfois chez ses grands-parents au Mexique où l'herbe était soi-disant jaune, ce qui me surprenait à chaque fois.
Il avait en fait un léger accent hispanique, comme dirait ma grand-mère. Je n'y prêtais pas attention. Tavares était génial à écouter. Sa voix était bien plus basse que la mienne, avec une note de gaieté.
Il avait probablement quelques années de plus que moi, mais sa stature corpulente le faisait ressembler à un enfant de 12 ans.
En fait, lorsque nous parlions du Mexique et de la vie quotidienne, même de ce qui se passait dans la rue, j'avais l'impression que le temps s'était arrêté. L'odeur des épices mélangée à un soupçon de tabac et la radio en fond sonore me faisaient vraiment perdre la notion du temps.
Je lui apportais souvent un boisson fait par ma mère pour lui prouver que je l'aimais beaucoup. Il devint une sorte de frère pour moi, et ses antécédents me permettaient de l'imaginer comme un grand frère à qui je rendais visite après les cours et à qui je racontais ma vie.
C'est à lui que je dis à quel point j'aimerais apprendre à jouer de la batterie, à propos de mon grand rêve inassouvi. En fait, je jouais avec mes baguettes imaginaires partout : pendant les leçons, en prenant un bain, dans la cuisine en tapant sur le plateau de la table en bois et en donnant le rythme avec mon pied. Ma mère disait que jouer à la maison dérangerait les voisins, et le studio le plus proche était à 50 kilomètres.
De plus, je n'avais pas assez d'argent pour m'acheter une batterie.
Peut-être que j'avais un certain talent, je ne sais pas, mais c'était définitivement le tapotement de mes tambours imaginés qui me détendait.
Mais revenons au sujet, j'en finalement parlai à Tavares.
— Carlito ! cria-t-il, en diminuant mon nom en espagnol.
Il s'avéra que son cousin jouait de la batterie.
Mes yeux bruns gonflèrent et je peux honnêtement dire que j'eus le souffle coupé par l'excitation.
— Il a de vrais tambours ! cette pensée traversa ma tête à toute vitesse.
— Bon, combien coûte une leçon ? dis-je.
Tavares ria et dans les coins de ses yeux apparurent de petites rides.
— Je peux lui demander, si tu veux. Il va te montrer comment faire. Ne t'inquiète pas pour l'argent. Viens chez nous jeudi, on fera un petit concert. Je suis sûr que tu vas aimer.
Et le jeudi arriva. J'étais très excité depuis le matin. À l'école, je n'étais pas trop intéressé par la résolution de problèmes de géométrie, et lorsque l'heure tant attendue de 16 heures arriva, je sortis du bâtiment en courant et je me précipitai vers l'adresse indiquée.
Après une demi-heure de marche, je vis une petite maison bien entretenue, avec un jardin soigné et une porte fraîchement peinte.
Une gentille dame en robe usée m'ouvrit la porte et me montra, en riant, une annexe où les garçons avaient leur royaume.
Juan, le cousin de Tavares, s'avéra être un gars costaud qui était un grand fan de Carlos Santana. Il jouait aussi de la guitare, mais bien sûr, je m'intéressais surtout à son histoire avec la batterie.
Ses débuts n'étaient rien que faciles pour lui. Il acheta ses premiers instruments après avoir travaillé dans un restaurant pendant un certain temps, ce qui finit par porter ses fruits.
— J'y ai rencontré beaucoup de gens qui voulaient me soutenir d'une manière ou d'une autre. Un type a proposé de m'aider et m'a prêté ses instruments. La bonté humaine existe, a-t-il souri.
Je m'assis sur un tabouret avec un revêtement en cuir. Juan me donna ses baguettes à tenir et me montra comment frapper.
Il constata avec satisfaction que j'avais le sens du rythme.
En fait, je ne pourrais comparer ce moment à rien d'autre.
En apprenant à jouer, je sentais une sorte de courant rythmique circuler dans mon corps, quelque chose comme une énergie que je pouvais sentir du bout de mes doigts jusqu'au sommet de ma tête.
En frappant assez maladroitement à mon goût, j'avais quand même l'impression d'être sur scène et de donner le ton à tout le groupe. Cela fut un sentiment incroyable.
Juan était incroyablement patient dans ses explications. On pouvait voir qu'il remplissait son rôle d'enseignant. Il n'avait pas peur que je gâche quelque chose pour lui, il me faisait confiance. J'essaya également d'être très doux et prudent avec tous les détails techniques qu'il avait mentionnés.
Après la séance, nous nous assîmes un moment devant l'annexe pour nous rafraîchir un peu. Tavares nous rejoint avec de la limonade fraîche avec beaucoup de citron.
Après un moment de silence, je leur demandai pourquoi ils voudraient me montrer cela sans rien demander en retour.
« Pourquoi m'ont-ils invité à les rejoindre de manière si naturelle, en me traitant comme un jeune frère, comme un véritable ami ? » pensai-je.
Tavares réfléchit un moment. Puisque nous nous connaissions depuis plus longtemps, il estima qu'il devrait être le premier à répondre à cette question.
— Écoute, je ne sais pas si je peux le décrire d'une bonne façon, mais je vais essayer. Je ne suis pas très bavard, mais je suis honnête. Je crois que le fait d'être bon envers les autres dans la vie génère encore plus de bonté. Tu peux dire que c'est naïf, mais c'est comme ça que j'ai été élevé et c'est ce que je fais.
Le soir tombait, et les étoiles apparurent. Nous les regardions et gardant le plus souvent le silence, parfois l'un d'entre nous raconta une blague ou une histoire drôle et nous éclations de rire tous les trois. C'était bon d'être silencieux ensemble, de profiter du moment et de me remémorer mon premier contact avec de vrais tambours. C'était l'été, donc les cigales ont commencèrent à sortir paresseusement et après un certain temps, nous entendîmes leur gazouillis caractéristique. Je me demandais ce qui se passerait s'ils pouvaient jouer aux tambours.
Une légère brise tamponnait mon visage et mes cheveux.
— Alors, tu viens samedi ? demanda Juan, en se levant lentement.
— Nous pourrions utiliser un autre batteur, tu sais, nous sommes à court d'eux maintenant. Un bon batteur vaut son pesant d'or.
Tavares me fut un clin d'œil.
Je tapai dans mes mains avec un large sourire sincère. Ma reaction était évidente. Je leur dis au revoir et je me levai pour rentrer chez moi.
Je me sentais si léger, comme si je flottais au-dessus de la chaussée. Les étoiles dans le ciel annonçaient une nouvelle journée ensoleillée, et un rythme résonnait dans ma tête, symbolisant la journée qui touchait déjà à sa fin.