Venue d'ailleurs

Moi je suis différente, je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais une extra-terrestre.
Je ne me suis jamais senti chez moi en ce monde, je viens surement d'ailleurs. J'ai tendance à être traité de fille solitaire, d'insociable et même par mes géniteurs. La vérité, c'est que je suis une jeune fille isolée et renfermée . Je l'ai toujours été et cela depuis mon enfance. Contrairement à ces jeunes filles victimes d'abus sexuel, qui finissent par se construire une bulle, en se recroquevillant sur elles-même, mes raisons étaient tout autre. La vie que je mène ici ne m'émoustille pas le moins du monde. Ce monde dans lequel je vis ,m'effraie. J'ai toujours eu cette capacité à ressentir la noirceur chez les gens. Malheureusement, ici-bas, grouille de cette qualité d'âme. Pour eux c'est une qualité. MOI je viens d'ailleurs, je l'ai toujours su, j'en mettrai ma main à couper.
La violence ,je ne la connais pas . Ni la méchanceté, ni l'immoralité, ni le meurtre .j'ai bien trop peur de ces mots. Là, d'où je viens, bien que mes souvenirs ne m'aident pas beaucoup, était un monde immaculé. Aucun de ces mots plus haut y existait. Ici, mon âme a constamment peur, donc elle s'isole, elle se renferme, elle est discrète parce qu'elle ressent à chaque contact, à chaque coin de rue, de la mauvaise vibration, de la jalousie, de l'hypocrisie, et tout ce qui est potentiellement condamnable semble être leur source d'inspirations. La goutte d'eau de trop dans toute cette scène d'horreur dans laquelle je suis sans savoir pourquoi, est que mes propres parents ne font pas l'exception. Ils sont plein de préjugés. Je me suis maintes fois interrogée, suis-je la pour une mission particulière ?
Pourquoi suis-je venue dans un monde qui horrifie mon âme ?
J'ai vu des gens méprisés d'autres. J'ai vu l'humain d'ici méprisé le bon sens au profit d'un mode de vie bien particulier défiant tout bon sens. J'ai également vu de la haine dans des regards et dans des gestes. J'ai même vu de la violence inouïe entre humains, disent-ils pour des raisons de différences sociales, de couleurs de peau, de croyances religieuses et j'en passe. J'ai vu le mal triomphé du bien sans la moindre difficulté et cela est applaudi par le monde d'ici.
J'ai quand même vu un peu trop. Un peu trop même.
Tout le monde me trouve bizarre. C'est drôle, moi je les trouve bien plus bizarre. On me trouve différente, mais n'est-ce pas légitime ? Je ne veux pas être changée, mon âme ne veut pas être détournée, donc je m'écarte et bien qu'ils croient tous que cette différence relève du narcissisme, je sais au plus profond de moi que c'est la meilleure des choses à faire pour ne pas être contaminée par ce virus déjà trop répandu.
En revanche, pendant combien de temps je tiendrai ? Je ne sais pas, je veux juste repartir.
Moi je suis différente, je l'ai toujours été, et pour moi c'est comme si je viens effectivement d'une autre planète. A l'école, on me regarde de travers, comme quoi, ce silence et cet écart de la société me créée des ennemis. On ne m'aime pas parce que je suis différente. pour le commun des mortels, la ressemblance est ce qu'il y a de plus précieux, je me dis. J'ai l'impression qu'on m'en veut d'être différente. Pour eux, je me prends pour la sainte vierge. Mais peut-on juger quelqu'un parce que le mal l'horrifie ? je ne sais pas, je ne sais plus. Ils m'amènent à douter. Je pense que je ne suis pas la première qui a l'impression d'appartenir à un autre monde .Mes semblables ont surement fini par se convaincre malgré eux qu'il fallait changer et devenir comme eux. A vrai dire, j'apprends à faire la différence entre les gens bien et méchants depuis l'incident de l'été dernier ou d'hiver.
Un jour d'hiver ou d'été, je ne sais plus, je ne m'en souviens plus, De retour de l'école toute seule et plongée dans ma réflexion quotidienne, à ma grande surprise, je me retrouve encerclée par un groupe d'élèves. Je pouvais ressentir toute la haine qu'ils éprouvaient à mon égard. Ils se mirent à me dire que je me prenais pour qui pour me comporter comme si jetais différente des autres. Mais la vérité était que je me sentais différente, ce que je ne manquais de dire. Tout d'un coup, ils se mirent tous sans exceptions à me rouer de coups. Ils m'insultèrent tout en me frappant. J'ai cru un instant qu'ils me tueraient. Quelques temps plus tard, je me réveillai à l'hôpital et à mon chevet, mes parents. Ils coulèrent des larmes. Maman fini par me dire ceci « « je t'aime comme tu es, tu sais. Malgré ta différence. Nous dans notre monde, on a horreur de voir une âme plus belle que la nôtre » ». Après ces mots de maman, j'ai compris que, je ne devais pas attendre d'eux qu'ils soient parfaits, parce que parmi eux, il y'avait des gens bien.