Une nuit sans fin

Quelques nuages recouvraient le ciel. Le vent me fouettait le visage et ébouriffait mes cheveux. Il ne pleuvait pas. J'étais accoudée au bastingage de mon bateau et j'écoutais le son des vagues qui cognaient contre la coque. La lune éclairait la rive la plus proche. 
C'est la que je la vis ! Une dame, qui se tenait debout, me fixait de son regard glacial. J'eus un frisson. Je ne savais pas si c'était dû à la peur ou si c'était le froid qui me glaçait les os. Je tremblai. Je détournai le regard puis j'aperçus mon reflet dans l'eau. J'étais pâle. Je n'avais pas beaucoup dormi la nuit d'avant. 
En fait, je ne dormais pas beaucoup ces derniers jours. J'avais l'impression que le jour n'existait plus, qu'il n'y avait plus que la nuit. 
 

Soudain, je me souvins qu'une personne me regardait depuis la terre ferme. Je tournai brusquement la tête. Elle n'était plus là ! Je commençais à m'inquiéter. Peut-être était-elle juste partie ? 
Je sentis une présence humaine derrière moi. Je me retournai. Elle était là ! Son sourire diabolique s'étendait jusqu'à ses oreilles, ses longs cheveux bruns tombaient sur ses épaules et ses yeux noirs m'observaient fixement. 
Je poussais un cri ! Elle se rapprocha de moi à une si grande vitesse qu'on avait l'impression qu'elle volait. Mes entrailles se contractèrent. J'étais paralysée ! Elle s'arrêta à quelques centimètres de moi. Je sentais son souffle sur ma gorge. Je fermai les yeux. 
Tout à coup, une énorme douleur traversa mon corps. Je me réveillais en sursaut. J'étais allongée dans mon lit, à l'interieur de mon bateau. 
Je scrutais la pièce, faiblement éclairée par la lueur de la lune, d'un regard effrayé. J'étais seule, ce qui me rassura.
 

Après tout, c'était juste un rêve ! Enfin, un cauchemar... J'essayais de me rendormir. Je posais ma tête sur mon oreiller mais sentis un liquide tiède coulant le long de mon cou. Je la relevais et passais mon doigt sur ma gorge. Par la faible lueur de la cabine, je vis qu'il était rouge. C'était mon sang ! 
Je me regardais dans le miroir, qui se trouvait en face de mon lit, et j'aperçus deux petits trous rouges sur le côté de ma gorge. Une sensation bizarre traversa mon corps. Mes sens à l'affût percevaient l'odeur des passagers du bateau. Une attirance irrémédiable me poussa à me lever et à me diriger vers la portye de ma cabine. 
La nuit sans fin pouvait commencer. 
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