Julie a 11 ans, elle vit aux Gets, un petit village perdu au cœur des Alpes. Depuis quelques jours, elle a remarqué d'étranges bruits venant du sol de son école. Le problème, c'est que son école n'a pas de sous-sol. Alors, elle décide d'en savoir plus. Impossible de le faire de jour : les surveillants pourraient la surprendre. Pas le choix, il faut enquêter de nuit. Un soir, alors que ses parents sont partis au restaurant, Julie décide d'aller découvrir le mystère de son école. Elle se couvre jusqu'à ne laisser aucune partie de son corps visible et elle sort. Depuis la porte d'entrée, elle voit la pleine lune illuminer le jardin. Crotte, zut et bique ! Elle va devoir faire attention. Elle avance jusqu'au portail de l'école et escalade la barrière. Pendant un instant, son poignet droit se découvre et la jeune fille sent des frissons familiers parcourir son corps. Vite, elle rabat sa manche et ses sueurs froides cessent. D'un pas presque militaire, elle marche en direction d'une bouche d'égout, saute à l'intérieur et s'avance jusqu'à une grosse porte blindée. Soudain, un seau d'eau crasseuse se déverse sur sa tête et la sonne ! Quand elle reprend ses esprits, elle pousse la porte mais celle-ci ne bouge pas d'un pouce. La jeune fille s'appuie dessus. Sans succès. Elle jette un regard inquiet en direction d'une petite lucarne d'où filtre un rayon de lumière de lune. Julie se reprend. Elle est bien couverte, il n'y avait aucune raison que ça se passe mal. Elle finit alors par remarquer une drôle de poignée en forme de crâne au bas de la porte. Intriguée, elle la tourne. Crriiiii...La porte s'entrouvre en grinçant. D'un coup, la porte sort de ses gonds et un très vieux monsieur apparait. Il a des cheveux blancs coiffés en piques et une longue robe qui avait dû être blanche mais qui est désormais d'une couleur brunâtre.
-Bon...Bon...Bonjour monsieur, balbutie Julie.
-Entre, résonne la voix du bonhomme. Tu as du courage de t'aventurer par ici... tous ceux qui sont entrés n'en sont jamais ressortis !
Aux murs, des capsules remplies d'un liquide verdâtre abritent des enfants. Dans l'une d'entre elles, elle reconnait son petit frère qui, un jour, n'était pas rentré de l'école. On l'avait cherché partout mais il avait disparu. Et pourtant, Julie n'avait jamais perdu espoir. Elle était sûre qu'il reviendrait un jour.
-Alors ? Tu admires mon œuvre ?
-Que leur avez-vous fait ?
-J'aspire leur vie afin de l'offrir au corps de ma femme, morte il y a 6 mois. Il ne manque plus que la tienne et celle de ton frère et elle reviendra des morts !
-Attendez, le coupa-t-elle. Comment se fait-il que vous sachiez que ce garçon est mon frère ?
-Oh, un petit air de famille, répondit-il, mal à l'aise.
-Non, c'est impossible, souffla Julie en reculant. Robin et moi ne nous ressemblons pas du tout. Seuls les membres de notre famille parviennent à reconnaitre que nous sommes frère et sœur.
Profitant qu'il soit distrait, elle attrape une bassine qui trainait dans un coin et la vide sur le vieil homme. Splash ! Le liquide se déverse sur sa tête et ses cheveux s'aplatissent.
Abasourdie, Julie regarde une tête qu'elle connait très bien émerger du mélange poisseux.
-Papi Samuel ?! Mais... Je croyais que tu étais mort ! Pourquoi... ?
Comme une question silencieuse, elle balaie la salle du regard.
-J'ai fait ça parce que vous êtes des incapables, cria-t-il. Incapables de trouver un moyen de tromper la mort afin de me rendre ma bien-aimée ! Alors je me suis enfui, j'ai cherché et j'ai trouvé !
-Mais au prix de combien de vies ?
-Je m'en fiche ! Je m'en fiche du nombre de gens qui meurent à cause de moi !
-Peut-être, mais c'est mal ! Les loups garous n'agissent pas comme ça !
-Comment sais-tu que je suis un loup garou ? demande-t-il d'un ton soupçonneux.
-Bah, je suis comme toi. Regarde !
Et elle enlève un de ses gants. Un rayon de lune frappe sa peau nue et, brusquement, son corps se met à changer. Il s'allonge et se couvre de poils. Ses iris se rétrécissent et son nez s'allonge. Tétanisé, son papi recule. Julie remet son gant et sa transformation s'arrête.
-Qu'est-ce qu'il y a ? Tu es pareil pourtant. Ça ne devrait pas t'effrayer.
-Non ! Nous ne sommes pas pareils !
-Ça suffit, papi ! Regarde la vérité ! Écoute-moi !
-Non, c'est toi qui vas m'écouter, Julie Sorasi Veronira Silvoska !
Les prénoms des loups garous sont dangereux. Alors, même quand c'est un vieux papi de 70 ans qui l'utilise, le nom complet de Julie fait trembler les murs et tout le monde frissonne.
-Je me suis marié avec une humaine pour que mes enfants et mes petits-enfants puissent vivre sans être incommodés par le fait d'être un loup garou. J'ai renié ma vie de loup garou pour ma famille ! Et toi ? Toi, tu me dis que j'ai fait tout ça pour rien ?
-Mais moi je trouve que c'est un honneur, un don. ! Je suis heureuse ! Je t'en prie, aide-moi à réparer ta bêtise. Aide-moi à sauver ces innocents.
Son grand-père réfléchit longtemps, longtemps.
-D'accord, finit-il par accepter.
Quelques instants plus tard, la petite pièce est pleine à craquer d'enfants surpris de se retrouver là. La jeune fille et son papi effacent ensuite la mémoire des rescapés et les raccompagnèrent chez eux. Bientôt, il ne reste plus que Robin, Julie et Samuel.
-Et si nous rentrions à la maison, propose Julie. Papa et Maman seront très contents de nous retrouver.
-Ça m'va ! lance Robin, enjoué.
Par précaution, ils ont aussi effacé la mémoire du petit frère de Julie.
-Sortons de cet endroit. Transforme-toi, conseille Julie à son petit frère. Nous irons plus vite.
Et, ils se mettent à courir sous le clair de lune.
-Eh, Julie, interpelle son petit frère. Tu crois qu'ils vont préparer une fête ? Avec plein de choses à manger ?
Julie rit devant l'air gourmand du petit loup garou.
-Mais bien sûr ! Et ils vont inviter les ogres, les trolls, les fées, les sorcières...