Un sourire pour le Christ

Moi je suis différente. Je l'ai toujours été. Pour ma mère c'est comme si j'étais une extra-terrestre. J'estime être l'enfant ayant été le plus fessé à la naissance! Contrairement à l'usage, je suis née avec un large sourire béat sur le visage, de quoi amener le médecin à m'administrer la déculottée du siècle pour m'obliger à pleurer. Comment dire? Ma joie est clairement un don de Dieu, mon sourire est quasi permanent. Ma mère n'a jamais vraiment compris pourquoi j'étais née ainsi... mais moi je le sais. Je suis l'incarnation de la joie du Seigneur.

Aujourd'hui, mes 25 ans sonnés, je quitte la maison familiale. Je commence ma nouvelle vie: celle d'un don total au Seigneur. Je choisis aujourd'hui de croire et de poursuivre mes rêves malgré la désapprobation des miens. Je choisis de vivre en harmonie avec la profonde joie que j'ai toujours ressentie.

Je me nomme Smile. Originaire de la région de l'Ouest Cameroun, je suis née et j'ai grandi à Yaoundé, dans une famille de cinq enfants dont je suis la dernière et l'unique fille. Nous formons ensemble une belle et heureuse famille solidaire...à deux ou trois détails près. Ma famille est chrétienne mais pas très engagée dans la foi. Evidemment, c'est à ce niveau que se pose le problème. Quand nous étions plus jeunes, mon père nous interdisait d'aller à l'église, sous prétexte qu'il ne voulait pas que les esprits de ses enfants soient parasités par les "bêtises" qu'on y raconte. Mes parents nous ont transmis les valeurs propres aux Africains : le respect des aînés, la politesse, l'honnêteté, la dignité, l'identité culturelle, etc. Mais en ce qui concerne la religion...sujet tabou. Je me suis toujours pliée à leur vision mais un jour, vint le déclic...

Je me souviens encore de ce soir où, étudiante à l'université, je rentrais extenuée, la tête dans les nuages. Une jeune fille m'interpelle et m'invite à visiter leur établissement qui organisait des journées portes ouvertes. Etrangement, je n'avais jamais remarqué ce bâtiment jaune sur mon chemin. J'accepte tout de même son invitation malgré mes appréhensions. Le détail le plus frappant était la beauté et la féérie de l'endroit. L'ambiance conviviale me séduisit.

Je découvrais ainsi le centre RIGEL de l'OPUS DEI qui n'est autre qu'un centre d'étude consacré au genre féminin dans lequel tout le monde peut venir étudier et approfondir ses connaissances religieuses, s'il le souhaite. Mon principal souci étant d'améliorer ma productivité académique, j'y vis une opportunité à saisir. C'est ainsi que je commençai à fréquenter ce centre. Quelques mois plus tard, une camarade d'étude, Ange, me proposa de participer à une activité caritative nommée "Lait et biscuits" : « On va dans une paroisse ou un orphelinat, on y partage du lait et des biscuits aux enfants, on joue avec eux, on leur donne un peu de catéchèse et beaucoup de joie ».
Un peu réticente au début, je finis par accepter puisque je n'avais rien à perdre. J'en sortis ravie, comblée, impressionnée par l'atmosphère de piété et de gaieté chrétienne qui régnait entre les filles de la communauté de RIGEL. Je décidai alors de me joindre aux autres activités: les cours de doctrine, méditations, visites des malades, excursions, show anniversaires, et bien d'autres. Je découvrais ainsi une nouvelle façon de vivre : une vie proche Dieu et remplie de joie, d'une lumière qui embrase le cœur et d'un feu qui pousserait quiconque à consacrer ses plus nobles énergies au service des autres et du CHRIST. Mon sourire prenait enfin un sens.

L'étape la plus cruciale : en discuter avec mes parents. Comme vous pouvez vous en douter, ils ne partageaient guère mon enthousiasme. Ma mère en fut littéralement scandalisée! Mon père décida de me priver d'argent jusqu'à nouvel ordre et m'interdit de remettre les pieds au centre. Leurs raisons étaient très compréhensibles et même louables : protéger leur jeune fille des "mauvaises" églises et transmettre à leur progéniture les convictions qui sont les leurs et qu'ils trouvent raisonnables, ou du moins assez pour mener une vie pleine et heureuse.

Mais à mon humble avis, ils négligent un détail qui a son importance : NOUS ALLONS TOUS MOURIR! À quoi bon l'ignorer ? Le pari de Blaise Pascal est pourtant clair : UN JOUR JE VAIS MOURIR! Si après il n'y a pas de Dieu, je n'aurai rien perdu. En revanche, s'il y en a bien un, dans ce cas, je gagne tout! J'aime beaucoup mes parents, mais j'aime encore moins l'idée d'aller en enfer juste parce que j'ai voulu leur plaire... surtout qu'en fin de compte, l'un n'empêche pas l'autre. Il me suffirait de la jouer fine, d'être discrète et d'aimer ma famille comme l'enseigne l'Evangile. Mais une chose est sûre : tôt ou tard je vais mourir ; donc si ça ne vous dérange pas, je préfère être sûre d'entrer au Paradis. Puisque la plupart de preuves suggèrent la présence d'un Dieu, de toute évidence, il vaut la peine de s'intéresser de manière sérieuse aux « conditions à remplir » pour avoir part au royaume de Dieu.

Malheureusement la situation avec mes parents ne s'est guère améliorée. Un dimanche matin, ayant terminé mes travaux ménagers, je suis allée à la messe. Mes parents l'ayant appris me sermonnèrent sans ménagement, à tel point que ma maman ne m'adressait plus la parole. Et cela juste parce que j'ai décidé de prendre au sérieux la question du salut de mon âme.

Un soir en rentrant à la maison, je fus accueillie par une réunion de famille inopinée. C'est pour vous dire à quel point la situation était critique comme l'attestent ces déclarations qui me choquèrent littéralement : « elle est devenue sectaire », «la grande dame n'écoute pas ce qu'on lui dit », « désobéissante »... Les tensions s'apaisèrent lorsque je bravai avec brio le concours d'entrée à Polytechnique quelques mois plus tard, grâce à une méthode d'étude, nommée BRAIN FARMING, que m'avait apprise une amie de RIGEL.

Lors d'une visite chez un oncle, il m'expliqua avec beaucoup de convictions qu'il n'est pas bon pour une jeune fille de trop s'impliquer dans « ces choses de l'église ». Il vaut mieux faire comme tout le monde et se contenter d'y aller de temps en temps ; sinon, je me ferai embarquer dans des histoires qui me dépasseraient. Il affirmait par ailleurs que dans le fond, ces églises font des trucs super louches. Pour toute réponse, je me contentai d'acquiescer - par respect et par obéissance. Mais non! Je n'abandonnerai pas le Christ. Pour moi c'est hors de question de troquer le sort de mon âme pour une vie chrétienne facile et médiocre. Je pris ainsi la décision de rechercher activement la SAINTETE avec les moyens à ma disposition et la grâce de DIEU comme on me l'avait appris au centre RIGEL.

C'est ainsi que les quatre années suivantes furent tantôt tendues - comme lorsque maman trouvait mon chapelet sur ma table de chevet - tantôt très douces. J'aime beaucoup mes parents et j'ai fait le choix de toujours prendre soin d'eux mais aussi du Seigneur. Maintenant que j'accède à mon indépendance financière et sociale, je peux faire mes choix sans aucune contrainte et vivre vraiment ma foi et ma vocation chrétienne sans aucune restriction. Je décide donc de poursuivre mes rêves, de vivre une vie axée sur la formation religieuse, la quête des vertus chrétiennes et la proximité avec le seigneur : une vie en harmonie avec le don de joie que j'ai reçu depuis ma naissance. Dès aujourd'hui je suis comme je l'ai toujours été : LE SOURIRE DU CHRIST (: .

NE LAISSEZ PERSONNE VOUS ELOINGNER DU VERITABLE BUT : LE CHRIST.