Moi je suis différent. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais un extra-terrestre.
Il y a cinq années de cela, je réalisais l'un de mes plus grands rêves : vivre et travailler en Europe.
Tout a commencé lorsqu'un couple français a débarqué sur la plage où j'étais le réceptionniste d'un hôtel. Ils y étaient pour profiter de leurs vacances. J'étais chargé d'être à leurs services afin de rendre leur séjour inoubliable. L'allemand pas très correct que je parlais m'avait rapproché de la dame. Elle me confia qu'elle aimait beaucoup son époux mais n'hésiterait pas à coïter avec un Africain ; on lui avait vanté la performance des africains bien bâtis comme moi. C'était-là un fantasme qui lui tenait à cœur. Elle ajouta que ce qui lui était le plus cher, c'étaient ses magnifiques chats, avec qui elle n'avait malheureusement pas pu effectuer le voyage. Elle les avait confiés à sa meilleure amie avant de voyager.
Un soir, prétextant observer les étoiles, elle laissa son époux dans leur suite pour me rejoindre dans l'une des chambres de l'hôtel où je me reposais. Elle voulait que je l'aide à assouvir son fantasme. Après un moment d'hésitation, j'ai succombé à sa séduction et nous l'avons fait. Après l'acte sexuel, elle était heureuse, elle disait n'avoir jamais atteint un tel orgasme. Elle me remercia longuement avant de partir.
Le lendemain, sous ma supervision, le couple Dupont découvrait les monuments et objets qui ornaient notre plage et lors d'une randonnée que monsieur Durant tenait à effectuer, il s'est fait piquer par des moustiques. Il tomba malade. Sa situation s'aggravait de jour en jour. Ils étaient obligés de rentrer. Sophie, Madame Dupont, avant de prendre son vol, disait vouloir me revoir ; Elle me remit une enveloppe contenant de l'argent. Elle voulait que je la rejoigne sur Paris.
– Siaka, dit-elle, tu auras plus d'argent si tu me rejoins en Europe. Je te trouverai un boulot plus décent et tu seras mon amant.
– Je serais ravi d'être votre amant. Cependant j'ai ma mère dont je dois m'occuper. Elle n'a que moi ici, plaçais-je avec hésitation.
– Pour le moment, je ne peux assurer que les frais de ton voyage. Viens d'abord et par la suite on verra comment faire venir ta mère. Ne me laisse pas sur ma faim, dit-elle, puis elle s'en alla.
Plusieurs semaines après leur départ, je discutai avec ma mère de l'opportunité que j'avais eu de travailler en Europe. Elle sauta de joie et m'admonesta de lui en n'avoir pas parlé plus tôt. Selon elle, je devais voyager aussitôt avant que les sorciers ne jettent leur mauvais œil sur moi. Les sorciers, dit-elle, n'aiment pas le bonheur des autres.
Trois jours après je pris mon vol pour Paris.
Les jours qui suivirent, je rencontrai Sophie. Elle était encore plus belle que lorsqu'elle était en Afrique. Elle était à craquer comme le premier jour où je l'apercevais en compagnie de son époux. Lorsque je me suis renseigné sur l'état de santé de ce dernier, elle m'informa qu'il était décédé deux semaines avant mon arrivée. Il lui avait laissée toutes ses entreprises en héritage.
Sophie et moi vivions ensemble depuis trois mois déjà. Nos nuits étaient toujours arrosées parce qu'elle était débordante d'imaginations. Elle avait un petit bloc-notes qu'elle tenait depuis son adolescence où elle notait toutes les cochonneries qu'elle ferait lorsqu'elle serait adulte. Et chaque soir, nous nous devions d'assouvir un de ses fantasmes.
Mes dossiers étaient en train d'être traités par un ancien ami de son époux. Plus que deux semaines et j'étais le sous-directeur de la compagnie hôtelière de son défunt mari.
Pour fêter ma future nomination, nous décidions qu'il était temps que ma mère me rejoigne dans le pays du fromage. Maman, comme toute bonne africaine, vint avec toute une panoplie de plantes dont elle seule maitrisait la posologie. Nous en rigolâmes. Ma mère était vraiment heureuse de ce que son garçon devenait.
Maman, était celle qui cuisinait, et qui restait à la maison avec les chats de Sophie pendant qu'elle et moi sortions de temps en temps afin que je puisse m'habituer à la ville.
La veille du jour de ma nomination au poste de sous-directeur, Sophie et moi sommes rentrés épuisés par notre promenade du jour. Ma mère, comme toujours, avait cuisiné de délicieux mets que Sophie mangea goulument. Pendant que nous étions au lit, elle se souvint qu'elle n'avait pas vu ses chats Titi et Mimi à son arrivée. Elle s'empressa de vérifier le salon et les autres pièces de la maison. On ne les retrouvait guère. Vu son affolement j'étais contraint de réveiller ma mère et lui demander si elle n'avait pas aperçu les chats.
– Maman, excuse-moi de t'importuner à cette heure. J'aimerais savoir si tu n'as pas vu les chats de Sophie.
Se frottant les yeux machinalement, elle s'assit et répondit.
– Ce n'est pas une heure pour plaisanter mon garçon. Je comprends que demain est un grand jour pour toi. Allez, laisse-moi dormir maintenant, dit-elle avant de se recoucher.
– Je dois comprendre que tu ne sais pas où sont Titi et Mimi ?
– Dis donc ! Tu ne sais plus reconnaitre de la viande de chat dans une sauce ? Ah les enfants de maintenant ça change de continent et ça oublie les bonnes choses.
– Quoi ?! Maman, dis-moi que c'est faux.
– Il n'y avait plus de viandes dans le réfrigérateur, alors au lieu de vous enquiquiner pour rien, j'ai fait comme on a l'habitude de faire à la maison.
– Mais maman, ce ne sont pas de simples chats.
– Parce que vous avez donné des noms à de la viande, ce n'est plus de la viande. Ah mon Dieu ! le monde court à sa perte.
– Celui qui court à sa perte, c'est moi. Titi et Mimi sont comme ses enfants pour Sophie.
– Considérer des chats comme ses enfants ? C'est absurde ! Fais-lui de vrais enfants et elle les oubliera aussitôt.
– Sophie ne peut pas faire d'enfants. Ce sont les seuls êtres qu'elle chérissait plus que tout au monde.
– Oh mon fils ! Je suis vraiment navré, je ne le savais pas.
Sophie fut incontrôlable lorsque je lui annonçai que ses chats étaient morts. Son visage avait viré au rouge.
– Non ce n'est pas possible ! dit-elle
– Calme-toi mon amour. On en rachètera d'autres.
– Non ! Tu ne peux pas comprendre qu'ils sont irremplaçables ? grommelait-elle en cassant tout ce qu'elle trouvait sur son chemin.
– Oui je comprends, mais essaie de te calmer.
– Je ne peux me calmer. Et elle sait comment ils sont morts déjà ta mère ?
– Euh...la sauce...le dîner, balbutiais-je
– Quoi ?! J'ai mangé mes enfants ! c'est horrible ! lâcha-t-elle tout en essayant de vomir
– Pardonne-lui mon amour.
– Ne m'appelle plus jamais ainsi ! Tu peux dire au revoir à ton poste de sous-directeur. Je ferai en sorte que vous retourniez dans votre trou à rat et que plus jamais vous ne remettiez les pieds dans ce pays.
Plusieurs mois après, nous n'avions plus de quoi vivre car Sophie nous avait mis à la rue. Mes maigres économies ne suffisaient plus à subsister à nos besoins. J'étais sous la férule de la misère. Nous étions ainsi contraints de retourner dans notre pays non seulement à cause de la galère, mais aussi à cause des avocats que Sophie avait engagés.
C'est ainsi que je suis retourné à la case départ. Mon ancien patron, à qui j'avais remis une petite somme avant de démissionner, n'hésita pas à m'embaucher de nouveau. Ma mère s'en voulait terriblement de ce que son acte avait occasionné. Quand bien je lui fais comprendre, que c'est moi le fautif parce que je ne lui avais pas expliqué la valeur de ces chats aux yeux de Sophie, elle s'en veut toujours. Pour elle, seul un extra-terrestre peut pardonner quelqu'un qui nous a fait rater la chance de notre vie. Et je suis cet extra-terrestre.
Il y a cinq années de cela, je réalisais l'un de mes plus grands rêves : vivre et travailler en Europe.
Tout a commencé lorsqu'un couple français a débarqué sur la plage où j'étais le réceptionniste d'un hôtel. Ils y étaient pour profiter de leurs vacances. J'étais chargé d'être à leurs services afin de rendre leur séjour inoubliable. L'allemand pas très correct que je parlais m'avait rapproché de la dame. Elle me confia qu'elle aimait beaucoup son époux mais n'hésiterait pas à coïter avec un Africain ; on lui avait vanté la performance des africains bien bâtis comme moi. C'était-là un fantasme qui lui tenait à cœur. Elle ajouta que ce qui lui était le plus cher, c'étaient ses magnifiques chats, avec qui elle n'avait malheureusement pas pu effectuer le voyage. Elle les avait confiés à sa meilleure amie avant de voyager.
Un soir, prétextant observer les étoiles, elle laissa son époux dans leur suite pour me rejoindre dans l'une des chambres de l'hôtel où je me reposais. Elle voulait que je l'aide à assouvir son fantasme. Après un moment d'hésitation, j'ai succombé à sa séduction et nous l'avons fait. Après l'acte sexuel, elle était heureuse, elle disait n'avoir jamais atteint un tel orgasme. Elle me remercia longuement avant de partir.
Le lendemain, sous ma supervision, le couple Dupont découvrait les monuments et objets qui ornaient notre plage et lors d'une randonnée que monsieur Durant tenait à effectuer, il s'est fait piquer par des moustiques. Il tomba malade. Sa situation s'aggravait de jour en jour. Ils étaient obligés de rentrer. Sophie, Madame Dupont, avant de prendre son vol, disait vouloir me revoir ; Elle me remit une enveloppe contenant de l'argent. Elle voulait que je la rejoigne sur Paris.
– Siaka, dit-elle, tu auras plus d'argent si tu me rejoins en Europe. Je te trouverai un boulot plus décent et tu seras mon amant.
– Je serais ravi d'être votre amant. Cependant j'ai ma mère dont je dois m'occuper. Elle n'a que moi ici, plaçais-je avec hésitation.
– Pour le moment, je ne peux assurer que les frais de ton voyage. Viens d'abord et par la suite on verra comment faire venir ta mère. Ne me laisse pas sur ma faim, dit-elle, puis elle s'en alla.
Plusieurs semaines après leur départ, je discutai avec ma mère de l'opportunité que j'avais eu de travailler en Europe. Elle sauta de joie et m'admonesta de lui en n'avoir pas parlé plus tôt. Selon elle, je devais voyager aussitôt avant que les sorciers ne jettent leur mauvais œil sur moi. Les sorciers, dit-elle, n'aiment pas le bonheur des autres.
Trois jours après je pris mon vol pour Paris.
Les jours qui suivirent, je rencontrai Sophie. Elle était encore plus belle que lorsqu'elle était en Afrique. Elle était à craquer comme le premier jour où je l'apercevais en compagnie de son époux. Lorsque je me suis renseigné sur l'état de santé de ce dernier, elle m'informa qu'il était décédé deux semaines avant mon arrivée. Il lui avait laissée toutes ses entreprises en héritage.
Sophie et moi vivions ensemble depuis trois mois déjà. Nos nuits étaient toujours arrosées parce qu'elle était débordante d'imaginations. Elle avait un petit bloc-notes qu'elle tenait depuis son adolescence où elle notait toutes les cochonneries qu'elle ferait lorsqu'elle serait adulte. Et chaque soir, nous nous devions d'assouvir un de ses fantasmes.
Mes dossiers étaient en train d'être traités par un ancien ami de son époux. Plus que deux semaines et j'étais le sous-directeur de la compagnie hôtelière de son défunt mari.
Pour fêter ma future nomination, nous décidions qu'il était temps que ma mère me rejoigne dans le pays du fromage. Maman, comme toute bonne africaine, vint avec toute une panoplie de plantes dont elle seule maitrisait la posologie. Nous en rigolâmes. Ma mère était vraiment heureuse de ce que son garçon devenait.
Maman, était celle qui cuisinait, et qui restait à la maison avec les chats de Sophie pendant qu'elle et moi sortions de temps en temps afin que je puisse m'habituer à la ville.
La veille du jour de ma nomination au poste de sous-directeur, Sophie et moi sommes rentrés épuisés par notre promenade du jour. Ma mère, comme toujours, avait cuisiné de délicieux mets que Sophie mangea goulument. Pendant que nous étions au lit, elle se souvint qu'elle n'avait pas vu ses chats Titi et Mimi à son arrivée. Elle s'empressa de vérifier le salon et les autres pièces de la maison. On ne les retrouvait guère. Vu son affolement j'étais contraint de réveiller ma mère et lui demander si elle n'avait pas aperçu les chats.
– Maman, excuse-moi de t'importuner à cette heure. J'aimerais savoir si tu n'as pas vu les chats de Sophie.
Se frottant les yeux machinalement, elle s'assit et répondit.
– Ce n'est pas une heure pour plaisanter mon garçon. Je comprends que demain est un grand jour pour toi. Allez, laisse-moi dormir maintenant, dit-elle avant de se recoucher.
– Je dois comprendre que tu ne sais pas où sont Titi et Mimi ?
– Dis donc ! Tu ne sais plus reconnaitre de la viande de chat dans une sauce ? Ah les enfants de maintenant ça change de continent et ça oublie les bonnes choses.
– Quoi ?! Maman, dis-moi que c'est faux.
– Il n'y avait plus de viandes dans le réfrigérateur, alors au lieu de vous enquiquiner pour rien, j'ai fait comme on a l'habitude de faire à la maison.
– Mais maman, ce ne sont pas de simples chats.
– Parce que vous avez donné des noms à de la viande, ce n'est plus de la viande. Ah mon Dieu ! le monde court à sa perte.
– Celui qui court à sa perte, c'est moi. Titi et Mimi sont comme ses enfants pour Sophie.
– Considérer des chats comme ses enfants ? C'est absurde ! Fais-lui de vrais enfants et elle les oubliera aussitôt.
– Sophie ne peut pas faire d'enfants. Ce sont les seuls êtres qu'elle chérissait plus que tout au monde.
– Oh mon fils ! Je suis vraiment navré, je ne le savais pas.
Sophie fut incontrôlable lorsque je lui annonçai que ses chats étaient morts. Son visage avait viré au rouge.
– Non ce n'est pas possible ! dit-elle
– Calme-toi mon amour. On en rachètera d'autres.
– Non ! Tu ne peux pas comprendre qu'ils sont irremplaçables ? grommelait-elle en cassant tout ce qu'elle trouvait sur son chemin.
– Oui je comprends, mais essaie de te calmer.
– Je ne peux me calmer. Et elle sait comment ils sont morts déjà ta mère ?
– Euh...la sauce...le dîner, balbutiais-je
– Quoi ?! J'ai mangé mes enfants ! c'est horrible ! lâcha-t-elle tout en essayant de vomir
– Pardonne-lui mon amour.
– Ne m'appelle plus jamais ainsi ! Tu peux dire au revoir à ton poste de sous-directeur. Je ferai en sorte que vous retourniez dans votre trou à rat et que plus jamais vous ne remettiez les pieds dans ce pays.
Plusieurs mois après, nous n'avions plus de quoi vivre car Sophie nous avait mis à la rue. Mes maigres économies ne suffisaient plus à subsister à nos besoins. J'étais sous la férule de la misère. Nous étions ainsi contraints de retourner dans notre pays non seulement à cause de la galère, mais aussi à cause des avocats que Sophie avait engagés.
C'est ainsi que je suis retourné à la case départ. Mon ancien patron, à qui j'avais remis une petite somme avant de démissionner, n'hésita pas à m'embaucher de nouveau. Ma mère s'en voulait terriblement de ce que son acte avait occasionné. Quand bien je lui fais comprendre, que c'est moi le fautif parce que je ne lui avais pas expliqué la valeur de ces chats aux yeux de Sophie, elle s'en veut toujours. Pour elle, seul un extra-terrestre peut pardonner quelqu'un qui nous a fait rater la chance de notre vie. Et je suis cet extra-terrestre.