Dimanche 12 octobre, 22h43
Les sirènes des ambulances résonnent dans le silence de la nuit. Éline entend sa sœur sortir de son lit et se diriger vers la fenêtre.
– Que se passe-t-il ? demande-t-elle d'une voix endormie.
– C'est dans l'immeuble d'en face, je crois qu'il y a eu un accident.
Lundi 6 octobre
Alice avait longtemps cherché un appartement convenant à ses petits moyens. Elle avait enfin trouvé un joli studio et y était installée depuis maintenant une semaine. Si l'on excluait le fait que la serrure de la porte d'entrée était cassée (son propriétaire lui avait promis qu'il viendrait la réparer dans la semaine) et que son voisin de palier était un peu étrange, tout était parfait.
Mardi 7 octobre
Alice était allée se coucher tôt car la journée de la veille l'avait épuisée. Son voisin de palier avait déposé une lettre devant sa porte, lui disant de partir au plus vite si elle ne voulait pas avoir de problème. Elle avait appelé son propriétaire qui lui avait dit de ne pas prêter attention à cet homme perturbé. Elle fut réveillée aux alentours de 1h30 par un bruit de chute quelque part autour de son appartement. Elle n'y prêta pas attention et essaya de se rendormir pour être en forme le lendemain. À 2h21, sa sonnette retentit. Elle se leva difficilement et regarda dans le judas. Elle plaqua sa main sur sa bouche pour retenir un cri et se dépêcha de décaler son armoire devant sa porte. Son voisin était là, assis contre le mur d'en face, les yeux levés vers l'œillet, comme s'il savait qu'elle était là.
Mercredi 8 octobre
Alice avait passé une horrible journée. Elle ne pouvait s'empêcher de penser à son voisin. Elle n'avait évidemment pas dormi après l'incident. Quand elle rentra chez elle, elle vit devant sa porte une nouvelle lettre. Il y avait écrit « PARTEZ ! », d'une écriture large et tremblante. Alice décida d'aller voir sa voisine du dessus pour lui demander si elle savait ce que cet homme lui voulait. Elle toqua et une femme d'une quarantaine d'années lui ouvrit.
– C'est pour quoi ? demanda-t-elle d'un ton cassant.
– Bonjour, je viens vous voir pour vous demander ce que vous savez à propos de mon voisin de palier. Est-il dangereux ? Il a déposé plusieurs lettres devant chez moi et il a un comportement étrange.
La voisine jeta un coup d'œil effrayé dans le couloir, prit Alice par le bras et la tira à l'intérieur.
– Je ne veux pas vous faire peur jeune fille, mais vous devriez demander à changer d'appartement.
– Vraiment ? Pourquoi ?
Elle lui servit un thé et la fit asseoir dans un fauteuil.
– Vous savez ce qui est arrivé à la jeune fille qui habitait cet appartement ?
– Non, mais qu'est-ce que cela a à voir avec cet homme ?
– Laissez-moi finir, vous comprendrez. Elle s'appelait Apolline, elle était rayonnante, toujours prête à aider les autres, et votre voisin, Nathaniel, il était si gentil. Il venait souvent m'aider quand j'étais malade. Rapidement, ils sont tombés amoureux. C'était le couple parfait. Mais au bout de quelques mois, Apolline a commencé à devenir étrange. Elle qui rigolait tout le temps, ne souriait presque plus. Puis un jour, on l'a retrouvée morte. Elle s'était jetée par la fenêtre. Nathaniel en a été dévasté, il l'aimait tellement. Depuis, il n'est plus le même. Certains disent que c'est lui qui l'a poussée. Mais je n'y crois pas, il ne ferait pas de mal à une mouche.
– Je comprends, mais quel est le rapport avec moi ?
– Vous lui ressemblez tellement... Le même regard plein de vie et les mêmes cheveux blonds. Le pauvre, ça doit le perturber vous comprenez ?
– Oui bien sûr, je comprends.
Jeudi 9 octobre
Son propriétaire était venu changer la serrure mais Alice avait un sentiment étrange. Pourtant la nuit dernière, elle avait encore entendu d'étranges bruits dans son appartement et le lendemain, son panier de fruits était renversé sur le sol.
Samedi 11 octobre
Alice avait l'impression de devenir folle. Quand elle était rentrée du travail, la veille, les objets dans son salon avaient changé de place. Son maquillage était dans la baignoire et elle se sentait mal à l'aise dans l'appartement. Elle avait l'impression d'être observée.
Dimanche 12 octobre 21h50
En rentrant d'une promenade, elle vit Nathaniel devant sa porte. Elle voulut faire demi-tour mais il lui attrapa le bras et lui chuchota : « Pars vite ! » avant de retourner dans son appartement. Alice rentra chez elle, perturbée. Elle entra dans sa cuisine et vit que les chaises étaient renversées. Elle entendit au même moment le bruit d'un meuble qu'on pousse sur le sol. Elle se précipita vers l'entrée et vit que la porte était bloquée par l'armoire. Elle retint un cri et courut s'enfermer dans la salle de bain. Elle entendit des pas qui se dirigeait vers elle et se rendit compte avec horreur qu'elle n'avait pas son téléphone. Les pas se rapprochèrent de plus en plus et elle se mit à hurler. Les pas s'arrêtèrent alors qu'elle entendait quelqu'un essayer d'enfoncer sa porte d'entrée. Alice cria de plus belle et la personne devant sa salle de bain lui dit d'une voix forte :
– Ferme-la !
Elle se tut et la personne commença à mettre des coup d'épaule dans la porte de la salle de bain. Alice entendit le bruit d'une armoire qui tombe et des bruits de bagarre, puis la personne se remit à taper dans la porte de la salle de bain qui s'ouvrit. L'homme la prit par le bras et elle vit Nathaniel allongé par terre qui lui chuchota :
– Tu aurais dû partir, je t'avais prévenue.
L'homme ouvrit la fenêtre et dit :
– Puisque la mort d'Apolline n'a pas suffi à te faire mettre en prison, je vais en tuer une autre.
Nathaniel regarda Alice, comme paralysé.
– C'est de ma faute. Cet homme a tué Apolline pour me punir. J'ai provoqué l'accident de voiture qui a tué sa sœur et maintenant, il veut me le faire payer...
L'homme frappa Nathaniel et poussa Alice dans le vide. Elle hurla avant de s'évanouir.
22h43
Les sirènes des ambulances résonnèrent dans le silence de la nuit...