Un criminel plongé dans l'ombre

Certains pourraient dire que la nuit est effrayante. Que son obscurité nous donne des frissons, et nous amène à courir, pour vite trouver un abri.
Flynn, lui, n'était pas d'accord. La plupart des gens le trouvaient bizarre, ils disaient que le jeune homme devait profiter du jour, et ne pas attendre qu'il passe.
Évidemment, ils ne connaissaient pas la vérité. Lui, il s'efforçait de leur dire qu'il trouvait la nuit reposante, et que se promener dans les rues pendant celle-ci était source d'inspiration. Mais la réalité c'est qu'il était un monstre. Un criminel. Un tueur. Oui, voilà sa véritable nature. Pour lui la nuit n'était qu'un terrain de jeu où il pouvait s'amuser sans être repéré.
 
Cette nuit-là, Flynn était de bonne humeur. Il marchait dans les rues, les mains dans les poches, un sourire au coin des lèvres. Ses cheveux bruns décoiffés lui tombaient sur le front. Tout le monde aurait pu dire qu'il était quelqu'un de normal, et pourtant un pistolet était glissé à l'arrière de son pantalon. Un couteau reposait à l'intérieur d'une poche de sa veste. Ce n'était que de simples précautions. Rien ne disait que le criminel de l'ombre allait s'en servir, mais il avait décidé de prévoir, au cas où.
Après s'être engagé dans une ruelle sombre, Flynn sentit un faible courant d'air derrière lui, affirmant une présence. Il s'écarta avec agilité vers la droite, en sentant le gravier racler sous ses pieds, réussissant à esquiver un couteau, qui menaçait de se planter dans ses côtes. Il sauta en arrière pour s'éloigner de son attaquant, afin de l'observer.
Celui-ci portait un masque et une casquette, qui ne laissait apparaître que ses yeux. Il était habillé de noir, et avait une carrure d'homme de la quarantaine. Le fait que le jeune homme ne l'avait pas remarqué plus tôt prouvait que ce n'était pas un simple amateur. Il avait sûrement une meilleure expérience. Flynn n'avait que la trentaine mais ses capacité dépassait la norme
« Qui es-tu ? demanda le tueur avec une voix menaçante.
— Peu importe mon nom, je vais t'éliminer, répliqua le gaillard.
— Mais oui... souffla le jeune homme. Vous dites tout le temps ça, et pourtant je suis toujours là.»
Son adversaire ne prit pas le temps de répondre, et fonça vers lui. L'attaquant dirigea son couteau vers la tête du criminel. Celui-ci put l'éviter, ainsi que les trois autres offensives.
Après ça, c'est lui qui passa à l'action. Il fila vers son rival, et tenta de lui donner un coup de poing vers le menton. Il avait bien conscience que cela n'allait pas servir, mais il en profita pour sortir sa propre lame, et le blesser à la jambe. L'homme laissa échapper un cri strident entre ses dents. Flynn enchaîna avec deux plaies aux tibias, pour le déstabiliser. Du sang gicla sur ses vêtements sombres, et l'ennemi recula de quelques pas en titubant.
Malgré ça, le jeune homme courut vers lui sans attendre, et enchaina les coups de couteau, sans lui laisser le temps de faire quoique ce soit. Avant que l'adversaire tombe à terre, Flynn le plaqua contre un mur de pierre, et plaça son pistolet sur sa tempe dégoulinante de sueur.
« On dirait qu'il va falloir revoir tes plans, dit-il, sarcastique.
—Tu ne tireras pas, remarqua l'homme. Tu n'as aucune justification.
— Ne sois pas si sûr de toi. La nuit se fera un plaisir de cacher ton corps... »
L'intéressé serra les dents, et fronça les sourcils. Il avait bien compris que Flynn n'hésiterait pas à tirer.
« Alors ? Pour qui tu bosses ? interrogea celui-ci.
— J'meurs si j'répond pas ?
— Demande le à mon flingue, affirma le jeune homme en appuyant plus fortement sur l'arme.
— Ch'uis embauché par le patron qui a perdu la moitié de ses hommes en une seule nuit. Un air de déjà vu ? »
L'intéressé plissa les yeux. Effectivement cela lui disait bien quelque chose. Il avait une fois passé un contrat avec une organisation criminelle clandestine. Celle-ci lui avait demandé d'aller s'introduire dans la base d'un gang, afin de leur ramener leur chef. Cette mission avait été victorieuse, et l'organisation l'avait intégré dans leur rang. Malgré le fait qu'il avait accepté, il restait tout de même assez solitaire, et réclamait certaines libertés, approuvées par le commandant.
« On dirait bien qu'il veut se venger... A mon avis il ne devrait pas s'énerver... »
Flynn commença à presser la détente, et...
« Non ! l'arrêta une voix familière derrière lui. Ne fais pas ça, ça ne fera que nous attirer des ennuis.
— Ça t'amuse de faire échouer mes plans, Darrel ? grogna le jeune homme en éloignant son arme sans pour autant détourner les yeux de son ennemi.
— Tu devrais être reconnaissant. Je t'évite de faire des erreurs, répliqua un garçon de la vingtaine aux cheveux châtains ébouriffés.
— "Erreurs" ? répéta le criminel avec un rictus. Laisse moi rire. Je fais juste comprendre à des vieux ennemis que revenir pour se venger est loin d'être une bonne solution.
— De qui tu parles ?
— La Mark, ça te parle ? »
Le nouveau venu prit un air sérieux, et dévisagea un long moment l'ennemi. Il soupira, puis se rapprocha de celui-ci.
« Bon écoute, sache qu'en moins d'une minute, je peux avoir tes empreintes, et en cinq minutes nous trouver toutes informations sur toi susceptibles d'être importantes. Tout ça pour dire que tu vas devoir repartir comme un grand garçon, et avouer à ton boss que tu as perdu. »
L'intéressé lâcha un rire, et afficha un rictus moqueur.
« Tu as beau être un pro, sache que j'ai vu mieux.
— Qu'est-ce que tu sous-entends ? » aboya Flynn qui avait un très mauvais pressentiment.
L'homme afficha un sourire mauvais, qui n'échappa pas au jeune homme qui s'empressa de se retourner.
Trop tard...
Un groupe d'une vingtaine d'hommes les encerclait et leur bloquait toute sortie. Ils étaient tous armés, prêt à tirer.
« One... Two... compta l'allié du groupe.
— Bouge ! cria Flynn en entraînant son camarade derrière une poubelle.
— Three ! »
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