Moi je suis différent. Je l'ai toujours été. Pour ma mère c'est comme si j'étais un extraterrestre. Mais pour mon père j'étais un cadeau divin;une possibilité de rédemptions. Une chose que J'allais malheureusement comprendre assez tardivement. Sans quoi bien évidemment,je ne serais pas là, à essayer de résumer une histoire qui au bout du compte devrait être contée au fur et à mesure de son évolution.
Les choix que nous faisons;et vous allez le comprendre au fil de l'histoire,ne nous définissent pas. Ils ne sont que des possibilités de réaffirmation de soi. La raison est que les manifestations de nos émotions,si elles ont un quelconque rapport avec les sentiments qui nous habite, ne nous appartiennent guère . C'est d'ailleurs tout le principe sur lequel se fonde l'envi,le désir,la sensation de se chercher ailleurs,ect.
L'amour,le plaisir,et l'indifférence ne sont que Les Échos d'un vide où le silence charrie l'existence pour ne pas laisser insignifiant les regards que nous échangions. Et cela,voyez-vous ? tient particulièrement au fait que pour ne pas mourir continuellement certains hommes cherchent à se redéfinir à la dimension des autres. L'art - Prisme de l'émotion humaine - est à mon sens l'évidence la plus flagrante.Et cette philosophie,si je peux me permettre de l'appeler ainsi,mon père l'avait toujours bien comprise. Convenons ainsi que pour vivre,il nous est nécessaire d'accomplir l'autre ou du moins l'en dissuader à cette fin. Cela aussi,mon père l'a très bien compris.
Je suis le benjamin d'une famille de quatre enfants.Mon père et ma mère ont eu un mariage arrangé. Ce genre de pratique est encore aujourd'hui très courant dans certains régions du pays. Les parents partent en général du principe qu'ils savent mieux ce qui sera bon pour leurs enfants. Il y a également un intérêt social fort lié à cette pratique. Mon père paraît-il a été marié de force pour éviter à notre famille de connaître la pire humiliation qu'une famille de notre rang puisse connaître.Mon grand-père - ancien militaire de haut rang - était prêt à lui ôter la vie au cas où il refusait ce mariage. En ces temps-là,mes parents vivaient en Puritanie, une petite localité située de l'autre côté de la rive des Naturels.
Vie exemplaire,réunion familiale du dimanche,éclats de rire au beau milieu d'un repas de Noël,séance de prière journalière,furent -ce en autres expressions de bonne famille,celles qui caractérisaient la mienne. Mais à mesure que je grandissais, les choses ont commencé à changer. Et j'ai compris sans trop de difficulté que mon développement dans tous les sens du terme en était la cause. Ma mère a commencé à critiquer mes attitudes,mes fréquentations,ma façon de parler,de me vêtir, qui selon elle se rapprochaient trop des Naturels. Elle n'avait de cesse de demander à mon père de prendre les mesures qui s'imposent pour freiner ma déviance. Et à seulement 14 ans,mon univers allait totalement basculé.
Ma mère a commencé à me traiter avec rigueur. Elle me privait littéralement de sortir. Si je ne peux pas sauver ton âme,me disait -elle, je ferais de mon mieux pour ne pas que tu sois l'occasion de chute de tes frères. Ces derniers ont eux-mêmes commencé à me mépriser et me détester. Que diable peut bien faire un jeune adolescent de seulement quatorze (14) ans pour chavirer à ce point une famille,jadis si bien organisée.
Au début,j'ai commencé à prier car ma mère me disait tout le temps que seul Dieu pouvait racheter mon âme. Elle me força des heures durant à apprendre par cœur des versets bibliques afin d'attirer sur moi la faveur du divin. J'ai tout accepté avec courage car le petit enfant que j'étais au fond n'en pouvait plus de se sentir coupable d'un ensemble de tort dont lui-même ignorait tout. Mais comme Dieu ne répondait pas,les autres continuaient à avoir raison de moi.
Et c'est précisément à ce moment de silence divin que j'ai réalisé que tout ce que j'étais au fond de moi rejettais catégoriquement ce dieu asexué,dépourvu de face et qui connaît si mal la nature humaine. Du reste c'est ce que m'a toujours laissé croire mon père. Ah! Ce militaire aguerri m'a toujours dit que tout ce qui est dieu se rapporte à l'anthropophobie. Aimes la vie,aimes les hommes mon enfant ; et ouvres les yeux sur l'autre rive.Disait-il.
Plus les jours passèrent,plus ma mère me détestait. Je lui ressemblais tellement pourtant. Elle a tout fait envers et contre mon père pour me priver du monde comme si j'étais un monstre à ne pas dévoiler. À maintes reprises mon père,qui était d'ailleurs le seul à m'avoir toujours témoigné son affection - a essayé de recadrer ma mère. Mais cette dernière a toujours jeté sur lui un regard dissuasif comme pour lui dire : ne me force pas à te dévoiler. Et ça a marché à chaque instant...
Je ne peux pas compter le nombre de fois où j'ai été fouetté sauvagement rien pour avoir osé parler,marcher,ou tout simplement agir Naturellement. C'est fou ce que la vie peut vous paraître dénuée de sens lorsque tout ce que vous êtes est rejeté par la société ou pis encore par votre entourage immédiat.
Alors,un soir j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai dit à ma mère que je ne pense pas pouvoir changer.Peut-être, ai-je ajouté, que tôt ou tard je mettrais fin à ma vie. Et bizarrement ce soir-là ma mère m'a serré contre elle avec force. Ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas senti une telle marque d'affection venant d'elle. Puis elle m'a regardé avec une satisfaction anticipée en me disant que le seigneur permet parfois aux petits garçons de se transformer en anges. Il te suffira de croire mon garçon,a-t-elle poursuivi. Elle s'est levée,et a ouvert la fenêtre de ma chambre qui était au troisième étage puis s'en est allée les larmes aux yeux.
J'aurais pu vraiment prendre un aller simple vers le ciel ce soir-là. La lune était à son troisième quartier,les étoiles scintillaient et le vent semblait m'indiquer le chemin. Mais malheureusement les anges et moi n'avions plus grand chose en commun. Alors j'en ai profité pour me retirer définitivement de leur face.
J'ai passé près de sept (7) ans à errer partout. J'ai appris en effet la méchanceté,l'humiliation,le mépris et l'indifférence. Je me suis dit maintes fois que ma mère avait peut-être raison. Je suis maudit.
Mais le hasard a ce pouvoir de fissurer dans l'interstice du temps,nos maux, pour qu'un peu le bonheur aussi s'y installe.
C'est ainsi que j'ai rencontré contre toute attente un Naturel un bon matin. Il m'a emmené de l'autre côté. J'ai rencontré beaucoup de choses là-bas,les unes plus controversées que les autres. Mais le plus fascinant a été leur façon d'aimer... ah ! Cet étrange ce que l'amour peut paraître simple quand notre propre Nature le sublime à sa guise. Oh oui ! Moi aussi,j'ai connu l'amour là-bas.
Ainsi,ayant planifié de me marier,j'ai décidé d'aller revoir mes parents pour le leur annoncer et surtout avoir leur bénédiction. Ma mère qui toute sa vie voulait m'éviter ce chemin est tombée des nues. Elle s'est sentie vaincue. Comme si elle avait perdu son pari contre le diable. Elle a donc catégoriquement décliné...
Mes frères ne m'ont pas approuvé non plus. Selon eux, mon mariage serait un affront à notre confession de foi.Je me suis retourné vers mon père. Mais une fois de plus,il est resté malgré lui,solidaire à ma mère.
Ce jour-là J'ai compris que les dés étaient jetés. Je ne serais jamais aimé ni accepté par mes proches. Ainsi ai-je décidé bredouille de retourner du côté des Naturels. Mais au beau milieu de la route j'ai entendu mon père m'appeler. Il a couru vers moi comme un petit garçon avec les larmes aux yeux. Il m'a serré de toutes ses forces. Puis il m'a regardé droit dans les yeux et il m'a dit merci.
Mon mariage a lieu exactement un mois après.Évidemment,ma mère et mes frères ne sont pas venus. C'est mon père qui,sous le regard ébahi de toute l'assistance,m'a accompagné dans l'allée de l'église. Il portait la même robe que moi.
Les choix que nous faisons;et vous allez le comprendre au fil de l'histoire,ne nous définissent pas. Ils ne sont que des possibilités de réaffirmation de soi. La raison est que les manifestations de nos émotions,si elles ont un quelconque rapport avec les sentiments qui nous habite, ne nous appartiennent guère . C'est d'ailleurs tout le principe sur lequel se fonde l'envi,le désir,la sensation de se chercher ailleurs,ect.
L'amour,le plaisir,et l'indifférence ne sont que Les Échos d'un vide où le silence charrie l'existence pour ne pas laisser insignifiant les regards que nous échangions. Et cela,voyez-vous ? tient particulièrement au fait que pour ne pas mourir continuellement certains hommes cherchent à se redéfinir à la dimension des autres. L'art - Prisme de l'émotion humaine - est à mon sens l'évidence la plus flagrante.Et cette philosophie,si je peux me permettre de l'appeler ainsi,mon père l'avait toujours bien comprise. Convenons ainsi que pour vivre,il nous est nécessaire d'accomplir l'autre ou du moins l'en dissuader à cette fin. Cela aussi,mon père l'a très bien compris.
Je suis le benjamin d'une famille de quatre enfants.Mon père et ma mère ont eu un mariage arrangé. Ce genre de pratique est encore aujourd'hui très courant dans certains régions du pays. Les parents partent en général du principe qu'ils savent mieux ce qui sera bon pour leurs enfants. Il y a également un intérêt social fort lié à cette pratique. Mon père paraît-il a été marié de force pour éviter à notre famille de connaître la pire humiliation qu'une famille de notre rang puisse connaître.Mon grand-père - ancien militaire de haut rang - était prêt à lui ôter la vie au cas où il refusait ce mariage. En ces temps-là,mes parents vivaient en Puritanie, une petite localité située de l'autre côté de la rive des Naturels.
Vie exemplaire,réunion familiale du dimanche,éclats de rire au beau milieu d'un repas de Noël,séance de prière journalière,furent -ce en autres expressions de bonne famille,celles qui caractérisaient la mienne. Mais à mesure que je grandissais, les choses ont commencé à changer. Et j'ai compris sans trop de difficulté que mon développement dans tous les sens du terme en était la cause. Ma mère a commencé à critiquer mes attitudes,mes fréquentations,ma façon de parler,de me vêtir, qui selon elle se rapprochaient trop des Naturels. Elle n'avait de cesse de demander à mon père de prendre les mesures qui s'imposent pour freiner ma déviance. Et à seulement 14 ans,mon univers allait totalement basculé.
Ma mère a commencé à me traiter avec rigueur. Elle me privait littéralement de sortir. Si je ne peux pas sauver ton âme,me disait -elle, je ferais de mon mieux pour ne pas que tu sois l'occasion de chute de tes frères. Ces derniers ont eux-mêmes commencé à me mépriser et me détester. Que diable peut bien faire un jeune adolescent de seulement quatorze (14) ans pour chavirer à ce point une famille,jadis si bien organisée.
Au début,j'ai commencé à prier car ma mère me disait tout le temps que seul Dieu pouvait racheter mon âme. Elle me força des heures durant à apprendre par cœur des versets bibliques afin d'attirer sur moi la faveur du divin. J'ai tout accepté avec courage car le petit enfant que j'étais au fond n'en pouvait plus de se sentir coupable d'un ensemble de tort dont lui-même ignorait tout. Mais comme Dieu ne répondait pas,les autres continuaient à avoir raison de moi.
Et c'est précisément à ce moment de silence divin que j'ai réalisé que tout ce que j'étais au fond de moi rejettais catégoriquement ce dieu asexué,dépourvu de face et qui connaît si mal la nature humaine. Du reste c'est ce que m'a toujours laissé croire mon père. Ah! Ce militaire aguerri m'a toujours dit que tout ce qui est dieu se rapporte à l'anthropophobie. Aimes la vie,aimes les hommes mon enfant ; et ouvres les yeux sur l'autre rive.Disait-il.
Plus les jours passèrent,plus ma mère me détestait. Je lui ressemblais tellement pourtant. Elle a tout fait envers et contre mon père pour me priver du monde comme si j'étais un monstre à ne pas dévoiler. À maintes reprises mon père,qui était d'ailleurs le seul à m'avoir toujours témoigné son affection - a essayé de recadrer ma mère. Mais cette dernière a toujours jeté sur lui un regard dissuasif comme pour lui dire : ne me force pas à te dévoiler. Et ça a marché à chaque instant...
Je ne peux pas compter le nombre de fois où j'ai été fouetté sauvagement rien pour avoir osé parler,marcher,ou tout simplement agir Naturellement. C'est fou ce que la vie peut vous paraître dénuée de sens lorsque tout ce que vous êtes est rejeté par la société ou pis encore par votre entourage immédiat.
Alors,un soir j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai dit à ma mère que je ne pense pas pouvoir changer.Peut-être, ai-je ajouté, que tôt ou tard je mettrais fin à ma vie. Et bizarrement ce soir-là ma mère m'a serré contre elle avec force. Ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas senti une telle marque d'affection venant d'elle. Puis elle m'a regardé avec une satisfaction anticipée en me disant que le seigneur permet parfois aux petits garçons de se transformer en anges. Il te suffira de croire mon garçon,a-t-elle poursuivi. Elle s'est levée,et a ouvert la fenêtre de ma chambre qui était au troisième étage puis s'en est allée les larmes aux yeux.
J'aurais pu vraiment prendre un aller simple vers le ciel ce soir-là. La lune était à son troisième quartier,les étoiles scintillaient et le vent semblait m'indiquer le chemin. Mais malheureusement les anges et moi n'avions plus grand chose en commun. Alors j'en ai profité pour me retirer définitivement de leur face.
J'ai passé près de sept (7) ans à errer partout. J'ai appris en effet la méchanceté,l'humiliation,le mépris et l'indifférence. Je me suis dit maintes fois que ma mère avait peut-être raison. Je suis maudit.
Mais le hasard a ce pouvoir de fissurer dans l'interstice du temps,nos maux, pour qu'un peu le bonheur aussi s'y installe.
C'est ainsi que j'ai rencontré contre toute attente un Naturel un bon matin. Il m'a emmené de l'autre côté. J'ai rencontré beaucoup de choses là-bas,les unes plus controversées que les autres. Mais le plus fascinant a été leur façon d'aimer... ah ! Cet étrange ce que l'amour peut paraître simple quand notre propre Nature le sublime à sa guise. Oh oui ! Moi aussi,j'ai connu l'amour là-bas.
Ainsi,ayant planifié de me marier,j'ai décidé d'aller revoir mes parents pour le leur annoncer et surtout avoir leur bénédiction. Ma mère qui toute sa vie voulait m'éviter ce chemin est tombée des nues. Elle s'est sentie vaincue. Comme si elle avait perdu son pari contre le diable. Elle a donc catégoriquement décliné...
Mes frères ne m'ont pas approuvé non plus. Selon eux, mon mariage serait un affront à notre confession de foi.Je me suis retourné vers mon père. Mais une fois de plus,il est resté malgré lui,solidaire à ma mère.
Ce jour-là J'ai compris que les dés étaient jetés. Je ne serais jamais aimé ni accepté par mes proches. Ainsi ai-je décidé bredouille de retourner du côté des Naturels. Mais au beau milieu de la route j'ai entendu mon père m'appeler. Il a couru vers moi comme un petit garçon avec les larmes aux yeux. Il m'a serré de toutes ses forces. Puis il m'a regardé droit dans les yeux et il m'a dit merci.
Mon mariage a lieu exactement un mois après.Évidemment,ma mère et mes frères ne sont pas venus. C'est mon père qui,sous le regard ébahi de toute l'assistance,m'a accompagné dans l'allée de l'église. Il portait la même robe que moi.