Moi je suis différente. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais une extra-terrestre. J'ai toujours navigué à contre-courant, loin des distractions des jeunes de mon époque. Je n'ai jamais voulu entrer dans une case, au grand détriment de ma mère. Et même lorsque je me résolvais à le faire, ma singularité paraissait bien plus frappante. Lors des réunions de famille j'étais souvent la cible de critiques à cause de mon comportement étrange disait-on. Par chance, mon père et mes frères étaient toujours prompts à prendre ma défense.
Fille différente, famille spéciale. J'avais grandi dans un studio de quatre pièces au quartier Ekounou de la ville de Yaoundé. Nous étions alors quatre à occuper les lieux. Mon père Owona Séverin Charles était officier de police et marié à ma mère Bibone Germaine qui elle était infirmière. Et à cause de cette dernière, je me trimballais le nom de Marimar, héroine de la Telenovelas María del Mar. Je me sentais insultée non seulement par le ridicule du nom en lui-même, mais aussi par le caractère de cruche de la dénommée. Mes frères aussi avaient des prénoms originaires de séries sentimentales Sud-américaines. Ils étaient de deux ans mes aînés, étaient jumeaux et se nommaient Diego et Alejandro.
Fille différente, enfance spéciale. J'avais toujours été plus proche de mon père, homme calme et réfléchi. Je me rappelle même qu'à cinq ans, lorsque j'avais manifesté un désintérêt évident pour ma classe de maternelle et une attirance pour les cours de mes frères, mon père ne m'avait pas jugé. Il m'avait juste appelé un soir alors qu'il aidait mes frères à faire leurs devoirs et me donna les mêmes exercices qu'eux. Exercices que je résolus à chaque fois avec une facilité déconcertante au vu de la surprise dans son regard. Dès le lendemain, je me retrouva avec mon père au bureau du directeur de l'école. Il expliqua au directeur son souhait de me changer de classe. Souhait qui laissa d'abord le directeur perplexe. Mon père présenta alors ses raisons et le directeur me fit passer à son tour un test que je réussis haut la main. C'est ainsi que le Lundi suivant je me retrouva dans la même salle de classe que mes frères. Je m'adapta facilement à la vie scolaire du CE1 et réalisa même les meilleures prestations scolaires. Par contre, je n'avais pas d'amis, les autres me trouvant trop coincée et trop jeune pour passer du temps avec moi. Seuls mes frères me tenaient de temps à autre compagnie. Je me tourna naturellement vers le dessin. J'avais repéré un coin, sous le manguier de l'école, où on avait une vue imparable sur la cour de récréation. Je m'installais là à chaque pause afin de coucher certaines scènes se déroulant devant moi sur papier. Un jour, ma maîtresse me surprit en pleine pratique de mon art et me noya de compliments. J'en fus flâttée bien que je trouvais sa réaction disproportionnée. On exposa mes œuvres à l'école et j'eus même droit à un article au journal national. Je gagna donc en popularité à l'école et la dite revue me proposa de travailler pour elle et de réaliser en exclusivité un dessin par semaine pour le journal. Étant mineure et encore une enfant, elle passa un accord avec mes parents qui avaient accepté sans me consulter. Et durant les trois années de contrat, je ne sus jamais combien cela rapporta.
Fille différente, adolescence spéciale. L'année de mes douze ans, je laissa tomber le dessin pour le malheur de ma mère. Faut dire que je travaillais avec une page Facebook qui me rémunérait en échange de la réalisation des planches pour leur bande-dessinée. Mais j'avais envie de passer à autre chose, le dessin ne me stimulant plus assez. De plus, l'école m'ennuyais de nouveau. Il faut dire qu'avant j'y allais uniquement pour trouver l'inspiration pour mes dessins. Mais là, je n'avais plus aucune motivation. Les leçons n'étaient pas assez captivantes pour moi et mes camarades étaient trop lents à la détente. Ce qui fait qu'on perdait du temps à cause de questions stupides. Parfois je me demandais comment ils avaient fait pour arriver jusqu'en troisième. J'étais la plus jeune de ma classe mais je me démarquais de part ma maturité, si bien que beaucoup commencèrent à me demander conseil. Ce que je fis avec neutralité et objectivité. Cette même année, on nous introduisit à la chimie et à la physique. J'eus un véritable coup de foudre pour ces deux matières si bien qu'en quelques semaines j'acheva le programme de ma classe et me rendis à la bibliothèque pour me pencher sur des notions plus complexes à travers les ouvrages que j'y trouva. Ma chambre se transforma en véritable laboratoire où j'expérimentais les théories à ma portée et essayais des manipulations chimiques avec les moyens de bord. Que j'aimais cela ! Mon professeur dut remarquer ma passion car à chaque fois qu'il travaillait au laboratoire de chimie avec les classes de première il m'invitait à les rejoindre. Si au départ j'avais été accueillie comme une paria par les élèves, mes connaissances et mon habilité suscitèrent très vite le respect. Si bien que certains se rapprochaient de moi pour des explications lorsqu'ils butaient sur certains exercices. C'est sans surprise que j'obtins mon brevet avec brio en fin d'année, mes frères également. Mais contrairement à eux, je fus directement promue en classe de première. J'ignorais même qu'il était possible de sauter la seconde. Mais l'égo de Diego ne le digéra pas et il se mit à me traiter avec le même mépris que ma famille externe et ce malgré mes efforts et ceux d'Alejandro pour arranger les choses. Je m'adapta malgré tout à la vie de première où à ma grande surprise je m'entendais avec tout le monde. Il faut dire que les premières de l'année précédente et Terminales actuelles avaient dissuadé quiconque de me faire du mal. Cela m'avait touché. En mi-Novembre j'intégra le groupe d'élève devant représenter l'école à divers championnats scolaires. Je découvris donc la mouvance des compétitions et j'y pris goût.
Fille différente, fête spéciale. J'obtins mon baccalauréat à l'âge de quatorze ans avec une mention excellente. Malheureusement, seul Alejandro avait été admis en classe de Terminale. Mes relations ne s'étaient toujours pas améliorées avec Diego et son échec n'améliora rien. Contrairement à mes camarades, je voyais les offres de bourse me tomber littéralement dans les mains sans que je n'ai à faire quoi que ce soit. Finalement, après reflexion, j'accepta une bourse entièrement financée par une université Canadienne. La veille de mon départ, ma mère organisa une fête contre l'avis de mon père qui préférait la discrétion. Fête à laquelle furent conviés mes anciens camarades ainsi que des membres de la famille. Certains enseignants étaient aussi de la partie. Alejandro était l'impressario de la soirée et la bonne humeur était au rendez-vous. Je n'aimais pas les fête mais là l'occasion était spéciale. Les témoignages se succédèrent, les montages vidéos et animations également. Le repas fut délicieux. Je passais une excellente soirée. Alors que ma maitresse du primaire prenait la parole, je sentis une douleur fulgurante me brûler le ventre. Je me leva en plein discours pour me glisser aux toilettes. Je ne ressentais pas d'envie d'aller à la selle mais la douleur était toujours là. Je sortis des toilettes en me tenant le ventre et je suais à grosses gouttes. Je tenais à peine debout. Diego apparut comme par miracle et appella à l'aide.
« Je suis désolé Marimar, me dit-il les larmes aux yeux et complètement paniqué. J'ai mis l'anti-souris dans ton repas ce matin. J'étais aveuglée par la jalousie. Je ne te veux aucun mal. Je regrette. Dis-moi comment te soigner. »
Nous fîmes bientôt entourés. Je sentis la panique des gens qui s'activaient autour de moi. On me souleva et Diego continua de me demander avec désespoir comment me soigner. J'avais perdu contrôle sur mon propre corps. Morte à l'aube de ma vie ? Empoisonnée par mon propre frère ? Quelle ironie du sort !
Fille différente, famille spéciale. J'avais grandi dans un studio de quatre pièces au quartier Ekounou de la ville de Yaoundé. Nous étions alors quatre à occuper les lieux. Mon père Owona Séverin Charles était officier de police et marié à ma mère Bibone Germaine qui elle était infirmière. Et à cause de cette dernière, je me trimballais le nom de Marimar, héroine de la Telenovelas María del Mar. Je me sentais insultée non seulement par le ridicule du nom en lui-même, mais aussi par le caractère de cruche de la dénommée. Mes frères aussi avaient des prénoms originaires de séries sentimentales Sud-américaines. Ils étaient de deux ans mes aînés, étaient jumeaux et se nommaient Diego et Alejandro.
Fille différente, enfance spéciale. J'avais toujours été plus proche de mon père, homme calme et réfléchi. Je me rappelle même qu'à cinq ans, lorsque j'avais manifesté un désintérêt évident pour ma classe de maternelle et une attirance pour les cours de mes frères, mon père ne m'avait pas jugé. Il m'avait juste appelé un soir alors qu'il aidait mes frères à faire leurs devoirs et me donna les mêmes exercices qu'eux. Exercices que je résolus à chaque fois avec une facilité déconcertante au vu de la surprise dans son regard. Dès le lendemain, je me retrouva avec mon père au bureau du directeur de l'école. Il expliqua au directeur son souhait de me changer de classe. Souhait qui laissa d'abord le directeur perplexe. Mon père présenta alors ses raisons et le directeur me fit passer à son tour un test que je réussis haut la main. C'est ainsi que le Lundi suivant je me retrouva dans la même salle de classe que mes frères. Je m'adapta facilement à la vie scolaire du CE1 et réalisa même les meilleures prestations scolaires. Par contre, je n'avais pas d'amis, les autres me trouvant trop coincée et trop jeune pour passer du temps avec moi. Seuls mes frères me tenaient de temps à autre compagnie. Je me tourna naturellement vers le dessin. J'avais repéré un coin, sous le manguier de l'école, où on avait une vue imparable sur la cour de récréation. Je m'installais là à chaque pause afin de coucher certaines scènes se déroulant devant moi sur papier. Un jour, ma maîtresse me surprit en pleine pratique de mon art et me noya de compliments. J'en fus flâttée bien que je trouvais sa réaction disproportionnée. On exposa mes œuvres à l'école et j'eus même droit à un article au journal national. Je gagna donc en popularité à l'école et la dite revue me proposa de travailler pour elle et de réaliser en exclusivité un dessin par semaine pour le journal. Étant mineure et encore une enfant, elle passa un accord avec mes parents qui avaient accepté sans me consulter. Et durant les trois années de contrat, je ne sus jamais combien cela rapporta.
Fille différente, adolescence spéciale. L'année de mes douze ans, je laissa tomber le dessin pour le malheur de ma mère. Faut dire que je travaillais avec une page Facebook qui me rémunérait en échange de la réalisation des planches pour leur bande-dessinée. Mais j'avais envie de passer à autre chose, le dessin ne me stimulant plus assez. De plus, l'école m'ennuyais de nouveau. Il faut dire qu'avant j'y allais uniquement pour trouver l'inspiration pour mes dessins. Mais là, je n'avais plus aucune motivation. Les leçons n'étaient pas assez captivantes pour moi et mes camarades étaient trop lents à la détente. Ce qui fait qu'on perdait du temps à cause de questions stupides. Parfois je me demandais comment ils avaient fait pour arriver jusqu'en troisième. J'étais la plus jeune de ma classe mais je me démarquais de part ma maturité, si bien que beaucoup commencèrent à me demander conseil. Ce que je fis avec neutralité et objectivité. Cette même année, on nous introduisit à la chimie et à la physique. J'eus un véritable coup de foudre pour ces deux matières si bien qu'en quelques semaines j'acheva le programme de ma classe et me rendis à la bibliothèque pour me pencher sur des notions plus complexes à travers les ouvrages que j'y trouva. Ma chambre se transforma en véritable laboratoire où j'expérimentais les théories à ma portée et essayais des manipulations chimiques avec les moyens de bord. Que j'aimais cela ! Mon professeur dut remarquer ma passion car à chaque fois qu'il travaillait au laboratoire de chimie avec les classes de première il m'invitait à les rejoindre. Si au départ j'avais été accueillie comme une paria par les élèves, mes connaissances et mon habilité suscitèrent très vite le respect. Si bien que certains se rapprochaient de moi pour des explications lorsqu'ils butaient sur certains exercices. C'est sans surprise que j'obtins mon brevet avec brio en fin d'année, mes frères également. Mais contrairement à eux, je fus directement promue en classe de première. J'ignorais même qu'il était possible de sauter la seconde. Mais l'égo de Diego ne le digéra pas et il se mit à me traiter avec le même mépris que ma famille externe et ce malgré mes efforts et ceux d'Alejandro pour arranger les choses. Je m'adapta malgré tout à la vie de première où à ma grande surprise je m'entendais avec tout le monde. Il faut dire que les premières de l'année précédente et Terminales actuelles avaient dissuadé quiconque de me faire du mal. Cela m'avait touché. En mi-Novembre j'intégra le groupe d'élève devant représenter l'école à divers championnats scolaires. Je découvris donc la mouvance des compétitions et j'y pris goût.
Fille différente, fête spéciale. J'obtins mon baccalauréat à l'âge de quatorze ans avec une mention excellente. Malheureusement, seul Alejandro avait été admis en classe de Terminale. Mes relations ne s'étaient toujours pas améliorées avec Diego et son échec n'améliora rien. Contrairement à mes camarades, je voyais les offres de bourse me tomber littéralement dans les mains sans que je n'ai à faire quoi que ce soit. Finalement, après reflexion, j'accepta une bourse entièrement financée par une université Canadienne. La veille de mon départ, ma mère organisa une fête contre l'avis de mon père qui préférait la discrétion. Fête à laquelle furent conviés mes anciens camarades ainsi que des membres de la famille. Certains enseignants étaient aussi de la partie. Alejandro était l'impressario de la soirée et la bonne humeur était au rendez-vous. Je n'aimais pas les fête mais là l'occasion était spéciale. Les témoignages se succédèrent, les montages vidéos et animations également. Le repas fut délicieux. Je passais une excellente soirée. Alors que ma maitresse du primaire prenait la parole, je sentis une douleur fulgurante me brûler le ventre. Je me leva en plein discours pour me glisser aux toilettes. Je ne ressentais pas d'envie d'aller à la selle mais la douleur était toujours là. Je sortis des toilettes en me tenant le ventre et je suais à grosses gouttes. Je tenais à peine debout. Diego apparut comme par miracle et appella à l'aide.
« Je suis désolé Marimar, me dit-il les larmes aux yeux et complètement paniqué. J'ai mis l'anti-souris dans ton repas ce matin. J'étais aveuglée par la jalousie. Je ne te veux aucun mal. Je regrette. Dis-moi comment te soigner. »
Nous fîmes bientôt entourés. Je sentis la panique des gens qui s'activaient autour de moi. On me souleva et Diego continua de me demander avec désespoir comment me soigner. J'avais perdu contrôle sur mon propre corps. Morte à l'aube de ma vie ? Empoisonnée par mon propre frère ? Quelle ironie du sort !