Sage et Véronique

"Moi je suis différent. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais un extraterrestre." Je le suis comme ces deux enfants près à l'impossible pour arracher leur liberté.

Il y a longtemps, avant même que les hommes sachent compter les jours, quelque part dans un royaume, vivaient trois amis inséparables. Ils faisaient tout ensemble et chacun traitait les autres comme lui-même. C'était un temps de joie comme on ne saurait le dire dans toute la contrée.
Un jour le ciel s'assombrit avec l'arrivée de trois hommes aux pouvoirs démesurés. Il suffisait de les voir pour savoir à quoi ressemble le diable et leurs yeux rougeoyants étaient pareils à l'enfer. On ne dira plus qu'ils étaient méchants et maléfiques car ils incarnaient ces mots. Ces trois vilains avaient pour dessein d'asservir ce petit royaume paisible. Ils se partagèrent les habitants et les trois amis furent séparés, chacun servant désormais chez l'un des trois tyrans. Nous rappelons ici que des trois amis, il y avait deux garçons et une fille qui était la sœur du premier et l'amour du second. On disait parfois que l'amour de ce jeune couple était si puissant qu'il pouvait soumettre la nature elle-même. Sage, se faisait-il nommé n'en pouvait plus de la servitude et plus encore de tenir plus longtemps loin de sa bien-aimée. Nuits et jours il ne cessait de polir d'habiles galanteries pour en découdre avec son maître et la chance s'y mêla assez tôt. Un soir il s'en alla voir la cuisinière de cet horrible homme et lui suggéra de mettre dans son diner une potion capable de faire dormir pendant des jours, un monstre qui fait quatre fois le poids et la taille du kraken. Sans hésiter, la cuisinière accepta car voilà longue date qu'elle voulait se venger de Laos qui a dévoré vivant toute sa famille. Ils le firent enfin. Cette nuit-là, Sage reçut aussi l'aide d'un dieu car seule une arme divine pouvait tuer Laos. Avec la légendaire lance de Krishna, il transperça son cœur et Laos périt en hurlant de douleur. Sage libéra tous les esclaves et partit aussitôt retrouver sa belle Véronique qui, profitant de l'absence de son maître s'était échappée de son manoir. Entre bonheur, joie de se retrouver, ces sentiments qui brulaient leurs cœurs... c'est dans une étreinte qu'ils se le signifiaient. Ils étaient si beaux dans les bras l'un de l'autre qu'autour d'eux renaissait dans les cœurs l'espoir du retour au bonheur perdu. Ils partirent alors tous ensemble au château de Méphistophélès où leur ami et frère Victor était captif. Méphistophélès aussi puissant qu'il était ne put atteindre nos deux amis de ses maléfices car leurs cœurs étaient purs et leurs cause juste. Chacun de ses sorts retournait contre lui et le pouvoir immense de l'amour qui les unissait se déchaina contre lui et il fut emporté dans les abimes du puits profond dans lequel vivait les monstres qu'il élevait en les nourrissant de chair humaine. Ceux-ci ne firent aucune grâce et le dévorèrent à son tour. Ainsi, Sage, Véronique et Victor se retrouvèrent à nouveau, mais plus pour longtemps car le maitre de Véronique était de retour et, pour sauver ses amis, elle dut retourner en servitude.
Elle fit, malgré elle, ses adieux à son amour de tout jour en ces termes : et un jour toi et moi nous nous retrouverons pour enfin vivre notre amour. Il n'y aura plus ni tristesse ni larmes qui mouillent tes si beaux yeux, mais que moi pour semer de la joie dans ton cœur et toi pour faire le havre du mien. Ces vents paisibles et doux comme tes baisers chanteront Dame nature qui nous a fait. Mais avant ce jour, abreuve notre amour d'espoir et de patience... Tenant sa main dans un bain de larmes, elle ajouta d'une voix fine qui invite au sommeil : va nous préparer ce monde de paix. Sage, rendu fou par la douleur, couru aussi vite que ses jambes pouvaient l'emporter. Ses larmes dans le vent qui les emportait ressemblaient à des diamants et tout, bêtes, hommes, rivières et oiseaux interrompaient leurs besognes en signe de compassion à ce si grand chagrin. Les habitants du royaume saluèrent son héroïsme en faisant de lui le nouveau roi. Il gouvernait avec sagesse et bonté et avait tout pour faire son bonheur. Mais si vous le croyez heureux, le vous répondrez que pas même le plus grand trésor ne peut combler le vide de l'amour. Des années passèrent et vinrent des princesses de toutes les beautés imaginées mais nulle ne trouvait grâce aux yeux de Sage.
De son côté, Véronique non plus ne pouvait supporter cette distance mais ne pouvait seule vaincre son maître. Un jour, ce dernier partit en croisade et elle en profita pour aller à la source argentée qui disait-on donnait des pouvoirs surnaturels. Cette idée était un mauvais choix et par chance elle fut interrompue par une vieille femme qui la raisonna :
où vas-tu mon enfant ? lui demanda la vieille.
Je me rends à la source argentée pour en boire et acquérir de grands pouvoirs. Ainsi je viendrai à bout de Gookline.
Ah ! ma pauvre enfant, ne sais-tu donc pas ! la magie c'est bien mais elle a un grand prix ! Gookline en est la preuve par ce pouvoir maléfique qui le possède et ce n'est pas toujours par l'épée qu'on vainc.
De quelle arme magique, potion ou formule parles-tu mère grand ?
Ce démon qui l'anime est familier à toute les souffrances, tortures, cruauté... violence est son quotidien. Seul l'amour, le pardon, l'attention peuvent et désarmer et éveiller l'âme de Sicfried qui sommeille en lui.
Sicfried... ?
Oui, c'est le nom de l'enfant que Gookline a possédé. Le petit jouait avec un grimoire de magie et...
Elle se résolut maintenant à suivre les conseils de la vieille. Le monstre revint de ses croisades mortellement blessé. Elle le prit comme une mère et en prit bien soin. Cette attention était sincère car elle plaignait le pauvre Sicfried et comme disait la vieille, l'âme du petit s'éveilla et le démon, ne pouvant plus lui résister souffrit alors mille tourments. Il voulut entrer en Véronique mais son cœur connaissait l'amour et la tendresse. Il sortit de l'enfant, furieux et détruisant tout à son passage. La vieille dame était une invocatrice et elle scella ce monstre dans une urne sacrée qui jusqu'à ce jour le vide de ses forces.
Véronique pouvait enfin rentrer retrouver son grand amour de tout jour et dans leurs cœurs régnait et pour toujours une joie immense car leur amour avait survécu à tout. Ils se marièrent enfin et eurent des jumeaux : Akama et Luziria. Le couple régnait sur tout le royaume d'Avalon. Il était aimé et respecté de tous ses sujets.