Moi je suis différente. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais une extra-terrestre. Je l'avoue qu'elle n'avait pas tort. Depuis que les médecins m'avaient implanté ce nouveau cœur je me sentais différente. Quelque chose en moi, avait pris possession de mon être. Je suis toujours sa fille chérie mais en une autre version.
Recroquevillée. Ma tête entre mes genoux. Je m'étais tapie dans le noir dans un coin du salon pour diminuer les battements de mon cœur sur sa course, après que je m'étais réveillée de ce cauchemar affreux. Dans le noir, le tic-tac de l'horloge taquinait le silence à chaque pas de l'aiguille. Le vent ondulait le rideau de la petite fenêtre. J'étais perdue dans mes pensées. Pourquoi je fais encore ce même cauchemar? Pourquoi je sens qu'une autre personne vit en moi? me demandai-je.
Ma mère avait vu juste, j'étais un peu chelou depuis ma convalescence. Elle me connait comme le fond de sa poche. Dès ma naissance, elle avait su interpréter tous mes cris et signes pour répondre à mes besoins. Je suis cette fille très chouchoutée. Avec mon insuffisance cardiaque nos liens étaient affermis. Tout allait basculer lorsqu'elle m'avait surpris maintes fois à parler pendant mes sommeils. Elle m'avait emmené voir un psy qui pensait que mon comportement était une réaction post chirurgicale. Il avait suggéré de laisser le temps faire son travail et tout irait mieux dans deux mois. Le psy avait raison. Ma mère avait trouvé sa bonne mine. Moi, avec peine, j'avais appris à être une fille normale. Tout allait bien jusqu'à ce soir.
Je refaisais ce cauchemar dans lequel une pauvre femme noire m'emmenait dans un orphelinat. Elle me serrait dans ses bras. Son sourire rayonnait d'une joie indescriptible malgré que son existence se résumait à une marmite de café et vivait dans un taudis. Je dirais que j'étais sa seule raison de vivre. Le plus curieux, je partageais ce même sentiment avec elle. Une autre séquence de ce cauchemar montrait qu'on m'avait kidnappé et enfermé dans un cachot souterrain. À la fin de ce cauchemar, j'étais dans une salle ressemblant à celle où j'avais subi mon intervention chirurgicale. J'étais allongée et garrotée sur une table. Subrepticement, un vieil homme au visage émacié apparaissait d‘un pas fébrile avec une seringue à la main. Ses yeux globuleux croisèrent les miens de manière insignifiante. J'avais poussé un cri tout en appelant ‘'maman Télana''. Pour m'empêcher de crier, il pressa ma bouche avec sa main ayant l'odeur médicamenteuse et m'injecta une substance qui me rendait somnolente. Avec des instruments appropriés, il arracha mon cœur. Il le déposa soigneusement dans une petite boite réfrigérée. Toujours consciente. Il se pencha vers moi et susurra dans mon oreille:''Ton cœur est déjà vendu ma belle''. Après avoir prononcé ces mots de manière sinistre je m'étais réveillée d'un coup. Tout de go, j'avais pris la direction du salon.
Dans ce coin du salon, je broyais du noir. Mes yeux étaient noyés de larmes. J'étais tachycarde. Je marmonnais sans arrêt ‘'Télana''.
Pourquoi je fais toujours ce cauchemar? Criai-je.
-Télana est le nom de ma mère, répondit froidement une voix à l'intérieur de moi.
-Est-ce que je deviens folle? Me demandai-je tout en tenant ma tête de mes deux mains tremblantes.
-Tu n'es pas folle Cassy, me rassura la voix. J'étais Rose avant de faire partie de ta vie.
-ROSE...FAIRE PARTIE DE MA VIE! martelai-je ces mots d'un air hagard tout en regardant de partout pour voir si personne n'était spectateur.
-Incroyable mais vrai je fais partie de toi, répondit à nouveau la voix qui se nomme Rose.
Après un long silence. Elle expliquait. Après que ce vieillard que tu as vu dans ton rêve t'injectait cette substance pour t'endormir je m'étais réveillée dans ton corps le jour de ta transplantation cardiaque. Tous ces rêves sont les miens. Ils sont réels.
-Je n'arrive pas à comprendre. Comment est-ce possible?
-Moi aussi. Une chose est sûre Cassy, tu portes mon cœur.
D'un éclair, je me souviens que ma mère m'avait dit qu'elle m'avait trouvé étrange le jour où le docteur lui avait autorisé à venir me voir. Elle m'avait dit que je ne reconnaissais personne et je demandais à voir maman Télana.
-Et tu t'étais évanouie, ajouta Rose en me coupant la parole. Mon esprit était réveillé avant toi. Sache que tes parents ne savent rien sur l'origine de ce cœur, me rassura-t-elle.
-Qui es-tu? demandai-je laconiquement.
-Je ne sais pas si tu me comprendras mais avant j'avais une vie. J'étais Rose. Un nom qui m'a été donné pour qualifier ma beauté. J'étais le fruit d'un amour partagé entre ma mère et père. Mon père travaillait comme portefaix au marché de Croix-des-Bossales pour subvenir à nos besoins. Dommage, il a été assassiné. Dès lors le sourire de ma mère a été ombragé par le chagrin. Pour parfaire mon instruction, elle vendait du café pour m'envoyer à l'école. Grâce à sa commère Tina, j'avais trouvé une place dans un orphelinat dirigé par des étrangers. Ce qui avait réjoui le cœur de ma mère. Pour elle, dans cet endroit j'aurai de la nourriture, un bon lit et de l'instruction. Mais on m'a tué.
Deux grosses larmes coulèrent le long de mes joues. Je courais vers mon ordinateur.
-Tu fais quoi? me demanda-t-elle.
-Nous allons-nous informer pour retrouver ta mère tout en tapant son nom Rose sur Google. Elle m'avait dit d'ajouter Rose Mégane.
Après quelques minutes, j'étais sidérée par le titre d'un journal: ROSE MEGANE DISPARUE ET SA MERE TELANA EST AUX ABOIS. Mes mains tremblotaient. J'avais le souffle coupé. Je continuais la lecture patiemment. J'avais noté une info.
-Tu as trouvé quoi Cassy? me questionna-t-elle.
-Un numéro de téléphone pour contacter les autorités haïtiennes.
-Une bonne nouvelle! N'est-ce pas Rose?
-Je ne crois pas, lâcha-t-elle sèchement.
Sans me laisser placer un mot, elle ajouta: La faute incombe à ces autorités qui ne font jamais leur travail. Comment des organes humains peuvent laisser leur pays si elles n'avaient pas donné leur accord? Leurs douanes sont truffées de corrupteurs. Avec quelques pièces, tout sort, tout rentre.
-Je sais! Mais c'est la seule option pour savoir si ta mère est toujours en vie. Tu comprends Rose?
-Je comprends, balbutia-t-elle.
Je composais le numéro. Le téléphone sonna. Personne ne répondait. Subitement.
-Direction Générale de la Police Judiciaire à l'appel. Une voix d'homme autoritaire amplifia ma chambre.
-Puis-je parler à Madame Télana? J'ai des infos sur sa fille.
Un long silence suivi de chuchotements se faisaient entendre.
-Nous vous écoutons madame.
D'un ton sec, je lâchais. Si vous voulez clore cette enquête vous avez intérêt à me faire parler à Madame Télana. Je raccrochais rageusement le téléphone. J'étais décontenancée par l'incompétence de ces autorités.
Après une heure, le téléphone sonna. Rose m'avait demandé de ne pas décrocher.
-Cassy, si c'est ma mère. Tu vas lui dire que je vis dans un autre corps?Personne ne te croira. Elle a trop souffert. Je ne veux pas qu'elle souffre encore plus, m'expliqua-t-elle tristement.
-Fais-moi confiance Rose je sais quoi dire.
Je décrochai le téléphone. Une voix de femme me répondit singulièrement. Rose se mettait à pleurer tout en me disant que c'était sa mère.
Je me lançais avec sang-froid. Madame, votre fille vous aimait beaucoup. Désolée elle n'est plus parmi nous. On l'a assassiné à l'orphelinat. Sans que je puisse terminer, elle éclata en sanglots. Je partageais sa peine tout en la rassurant que tout n'est pas perdu car une partie d'elle vit en moi à savoir son cœur. Je veux que tu viennes vivre avec moi afin que tu sois près de la seule partie qui reste de ta fille et je t'expliquerai tout.
Après six mois, on avait appréhendé les malfrats. Aujourd'hui, Rose et moi dans un seul corps à l'aéroport attendant l'arrivée de Télana sa mère. J'ai appris qu'à travers un don d'organe, un don de sang, l'autre vit à l'intérieur de nous. Je suis et je resterai à jamais Rose-Cassy, un corps et un cœur pour deux.
Recroquevillée. Ma tête entre mes genoux. Je m'étais tapie dans le noir dans un coin du salon pour diminuer les battements de mon cœur sur sa course, après que je m'étais réveillée de ce cauchemar affreux. Dans le noir, le tic-tac de l'horloge taquinait le silence à chaque pas de l'aiguille. Le vent ondulait le rideau de la petite fenêtre. J'étais perdue dans mes pensées. Pourquoi je fais encore ce même cauchemar? Pourquoi je sens qu'une autre personne vit en moi? me demandai-je.
Ma mère avait vu juste, j'étais un peu chelou depuis ma convalescence. Elle me connait comme le fond de sa poche. Dès ma naissance, elle avait su interpréter tous mes cris et signes pour répondre à mes besoins. Je suis cette fille très chouchoutée. Avec mon insuffisance cardiaque nos liens étaient affermis. Tout allait basculer lorsqu'elle m'avait surpris maintes fois à parler pendant mes sommeils. Elle m'avait emmené voir un psy qui pensait que mon comportement était une réaction post chirurgicale. Il avait suggéré de laisser le temps faire son travail et tout irait mieux dans deux mois. Le psy avait raison. Ma mère avait trouvé sa bonne mine. Moi, avec peine, j'avais appris à être une fille normale. Tout allait bien jusqu'à ce soir.
Je refaisais ce cauchemar dans lequel une pauvre femme noire m'emmenait dans un orphelinat. Elle me serrait dans ses bras. Son sourire rayonnait d'une joie indescriptible malgré que son existence se résumait à une marmite de café et vivait dans un taudis. Je dirais que j'étais sa seule raison de vivre. Le plus curieux, je partageais ce même sentiment avec elle. Une autre séquence de ce cauchemar montrait qu'on m'avait kidnappé et enfermé dans un cachot souterrain. À la fin de ce cauchemar, j'étais dans une salle ressemblant à celle où j'avais subi mon intervention chirurgicale. J'étais allongée et garrotée sur une table. Subrepticement, un vieil homme au visage émacié apparaissait d‘un pas fébrile avec une seringue à la main. Ses yeux globuleux croisèrent les miens de manière insignifiante. J'avais poussé un cri tout en appelant ‘'maman Télana''. Pour m'empêcher de crier, il pressa ma bouche avec sa main ayant l'odeur médicamenteuse et m'injecta une substance qui me rendait somnolente. Avec des instruments appropriés, il arracha mon cœur. Il le déposa soigneusement dans une petite boite réfrigérée. Toujours consciente. Il se pencha vers moi et susurra dans mon oreille:''Ton cœur est déjà vendu ma belle''. Après avoir prononcé ces mots de manière sinistre je m'étais réveillée d'un coup. Tout de go, j'avais pris la direction du salon.
Dans ce coin du salon, je broyais du noir. Mes yeux étaient noyés de larmes. J'étais tachycarde. Je marmonnais sans arrêt ‘'Télana''.
Pourquoi je fais toujours ce cauchemar? Criai-je.
-Télana est le nom de ma mère, répondit froidement une voix à l'intérieur de moi.
-Est-ce que je deviens folle? Me demandai-je tout en tenant ma tête de mes deux mains tremblantes.
-Tu n'es pas folle Cassy, me rassura la voix. J'étais Rose avant de faire partie de ta vie.
-ROSE...FAIRE PARTIE DE MA VIE! martelai-je ces mots d'un air hagard tout en regardant de partout pour voir si personne n'était spectateur.
-Incroyable mais vrai je fais partie de toi, répondit à nouveau la voix qui se nomme Rose.
Après un long silence. Elle expliquait. Après que ce vieillard que tu as vu dans ton rêve t'injectait cette substance pour t'endormir je m'étais réveillée dans ton corps le jour de ta transplantation cardiaque. Tous ces rêves sont les miens. Ils sont réels.
-Je n'arrive pas à comprendre. Comment est-ce possible?
-Moi aussi. Une chose est sûre Cassy, tu portes mon cœur.
D'un éclair, je me souviens que ma mère m'avait dit qu'elle m'avait trouvé étrange le jour où le docteur lui avait autorisé à venir me voir. Elle m'avait dit que je ne reconnaissais personne et je demandais à voir maman Télana.
-Et tu t'étais évanouie, ajouta Rose en me coupant la parole. Mon esprit était réveillé avant toi. Sache que tes parents ne savent rien sur l'origine de ce cœur, me rassura-t-elle.
-Qui es-tu? demandai-je laconiquement.
-Je ne sais pas si tu me comprendras mais avant j'avais une vie. J'étais Rose. Un nom qui m'a été donné pour qualifier ma beauté. J'étais le fruit d'un amour partagé entre ma mère et père. Mon père travaillait comme portefaix au marché de Croix-des-Bossales pour subvenir à nos besoins. Dommage, il a été assassiné. Dès lors le sourire de ma mère a été ombragé par le chagrin. Pour parfaire mon instruction, elle vendait du café pour m'envoyer à l'école. Grâce à sa commère Tina, j'avais trouvé une place dans un orphelinat dirigé par des étrangers. Ce qui avait réjoui le cœur de ma mère. Pour elle, dans cet endroit j'aurai de la nourriture, un bon lit et de l'instruction. Mais on m'a tué.
Deux grosses larmes coulèrent le long de mes joues. Je courais vers mon ordinateur.
-Tu fais quoi? me demanda-t-elle.
-Nous allons-nous informer pour retrouver ta mère tout en tapant son nom Rose sur Google. Elle m'avait dit d'ajouter Rose Mégane.
Après quelques minutes, j'étais sidérée par le titre d'un journal: ROSE MEGANE DISPARUE ET SA MERE TELANA EST AUX ABOIS. Mes mains tremblotaient. J'avais le souffle coupé. Je continuais la lecture patiemment. J'avais noté une info.
-Tu as trouvé quoi Cassy? me questionna-t-elle.
-Un numéro de téléphone pour contacter les autorités haïtiennes.
-Une bonne nouvelle! N'est-ce pas Rose?
-Je ne crois pas, lâcha-t-elle sèchement.
Sans me laisser placer un mot, elle ajouta: La faute incombe à ces autorités qui ne font jamais leur travail. Comment des organes humains peuvent laisser leur pays si elles n'avaient pas donné leur accord? Leurs douanes sont truffées de corrupteurs. Avec quelques pièces, tout sort, tout rentre.
-Je sais! Mais c'est la seule option pour savoir si ta mère est toujours en vie. Tu comprends Rose?
-Je comprends, balbutia-t-elle.
Je composais le numéro. Le téléphone sonna. Personne ne répondait. Subitement.
-Direction Générale de la Police Judiciaire à l'appel. Une voix d'homme autoritaire amplifia ma chambre.
-Puis-je parler à Madame Télana? J'ai des infos sur sa fille.
Un long silence suivi de chuchotements se faisaient entendre.
-Nous vous écoutons madame.
D'un ton sec, je lâchais. Si vous voulez clore cette enquête vous avez intérêt à me faire parler à Madame Télana. Je raccrochais rageusement le téléphone. J'étais décontenancée par l'incompétence de ces autorités.
Après une heure, le téléphone sonna. Rose m'avait demandé de ne pas décrocher.
-Cassy, si c'est ma mère. Tu vas lui dire que je vis dans un autre corps?Personne ne te croira. Elle a trop souffert. Je ne veux pas qu'elle souffre encore plus, m'expliqua-t-elle tristement.
-Fais-moi confiance Rose je sais quoi dire.
Je décrochai le téléphone. Une voix de femme me répondit singulièrement. Rose se mettait à pleurer tout en me disant que c'était sa mère.
Je me lançais avec sang-froid. Madame, votre fille vous aimait beaucoup. Désolée elle n'est plus parmi nous. On l'a assassiné à l'orphelinat. Sans que je puisse terminer, elle éclata en sanglots. Je partageais sa peine tout en la rassurant que tout n'est pas perdu car une partie d'elle vit en moi à savoir son cœur. Je veux que tu viennes vivre avec moi afin que tu sois près de la seule partie qui reste de ta fille et je t'expliquerai tout.
Après six mois, on avait appréhendé les malfrats. Aujourd'hui, Rose et moi dans un seul corps à l'aéroport attendant l'arrivée de Télana sa mère. J'ai appris qu'à travers un don d'organe, un don de sang, l'autre vit à l'intérieur de nous. Je suis et je resterai à jamais Rose-Cassy, un corps et un cœur pour deux.