Renaissance

Cette nuit-la, j'étais en train de fixer le plafond, incapable de dormir. Dans le silence de la nuit, je reposais mon esprit agité sur mon oreiller. Les ombres dansantes de la lueur de la lune peignaient des histoires éphémères sur les murs de ma chambre.
Soudain, un bruit étrange se fit entendre dans le calme de la nuit. Un crépitement, à peine perceptible au début, comme si les premières notes d'une mélodie macabre commençait à jouer. J'écoutai avec attention, tentant de discerner l'origine de ce son.
Il devenait de plus en plus net, et quand je me suis penchée à ma fenêtre, la curiosité traversa mes veines, éveillant en moi un désir insatiable de savoir d'où provenait ce bruit. Mes yeux parcoururent rapidement l'extérieur, se figeant sur la forme obscure tapie dans les ombres. Cette silhouette indiscernable au premier coup d'œil était renfermée sur elle-même, une petite lumière ambrée scintillait dans les ténèbres. En plissant les yeux, je me rendis compte que c'était en fait un briquet.
La silhouette tourna sa tête, d'un geste soudain, en ma direction. Un long silence déchirant emplit l'obscurité. Ses yeux reflétaient la lumière étouffante de la flamme, puis lentement, ses lèvres s'étirèrent en un sourire narquois. Puis, me regardant toujours droit dans les yeux, il lâcha le briquet et d'un coup, une traînée de flammes envahit mon champ de vision.
La chaleur était étouffante, oppressante, comme si les flammes elles-mêmes avaient décidé de s'emparer de chaque parcelle d'air. Mes yeux piquaient, et la toux sèche déchirait ma gorge alors que je tentais désespérément de comprendre ce qui se passait.
Les flammes dansaient devant moi, une danse infernale qui dévorait tout sur son passage.
 La chaleur était si intense que je pouvais la sentir à travers la peau de mes bras.
Je me suis précipitée en direction de la sortie, mes pieds nus brûlant sur le sol chauffé à blanc. Paniquée, je me suis accroupie, mes mains tremblantes cherchant le chemin vers la sortie.
Le bruit des crépitements des flammes semblait accompagner le vacarme de ma famille qui luttait pour échapper à ce cauchemar. La fumée s'épaississait à chaque instant, rendant la respiration de plus en plus difficile. J'ai entendu les cris de mes parents, des appels désespérés, mais leur voix paraissait lointaine, comme étouffée par l'urgence de la situation, jusqu'à ce que leurs voix s'éteignirent.
Enfin, j'ai atteint l'escalier, une cascade de flammes en contrebas. Mon cœur battait à tout rompre alors que je me forçais à descendre les marches, mes pieds nus frôlant le bois brûlant. L'air était devenu irrespirable, mais l'instinct de survie m'a propulsée en avant.
En atteignant enfin la porte d'entrée, j'ai été éblouie par l'orange vif des flammes qui dévoraient notre maison. Le froid de la nuit m'a enveloppée alors que je me tenais là, impuissante, regardant l'incendie détruire tout ce que nous avions. La maison qui avait été le théâtre de nos bonheurs et de nos peines n'était plus qu'un brasier féroce, dévorant nos vies passées.
Je me suis éloignée, mes larmes se mêlant à la suie sur mon visage. Notre chez-nous n'était plus, réduit à des ruines calcinées.
Les flammes dansaient encore derrière moi, dévorant tout sur leur passage. Je cherchai frénétiquement du regard ma famille parmi la fumée et les cendres, mais ne trouvai que le sinistre silence. La panique commença à s'emparer de mon esprit, et des larmes incontrôlables roulaient sur mes joues tandis que j'appelais leurs noms. Ignorant les avertissements des sauveteurs, je me précipitai en direction de la maison en ruine, espérant désespérément retrouver mes proches.
Cependant, un pompier vigilant me rattrapa avant que je ne puisse m'aventurer plus loin dans le danger imminent. Mes cris de détresse résonnèrent dans l'air alors que je me débattais, pleurant inconsolablement, l'esprit rempli d'une terreur incommensurable pour l'incertitude qui enveloppait le sort de ma famille.
Les larmes embuèrent ma vision alors que je me rendais compte que ma famille ne survivrait pas à cette nuit infernale.
 Le crépitement des flammes résonnait encore dans mes pensées, une mélodie sinistre qui hantait chaque coin de mon esprit depuis cette nuit fatale. C'était il y a des années, mais le souvenir de l'incendie qui avait dévoré ma maison et emporté toute ma famille persistait comme une ombre sombre, inscrite dans les lignes de mon visage fatigué et les cicatrices invisibles de mon âme.
La vie avait continué, ou du moins, j'avais essayé de laisser l'obscurité derrière moi. J'avais étudié le droit, devenant une avocate accomplie, luttant pour la justice dans un monde souvent indifférent. Chaque succès dans ma carrière était une victoire sur le chaos qui avait détruit mon monde. Mais même au sommet de ma carrière, la douleur persistait.
Un jour, un nouveau client franchit les portes de mon cabinet, portant avec lui une aura de mystère et d'inquiétude. Il était accusé d'une série d'incendies criminels, des actes de pyromanie qui avaient terrorisé la ville.
J'acceptai le dossier, ignorant les frissons qui parcouraient mon échine en écoutant les détails du travail de son client. Les indices, les motifs, tout pointait vers ce criminel sans cœur comme l'incendiaire qui avait détruit ma vie. Il était le pyromane qui avait tué ma famille. Une rage froide s'empara de mon corps, mêlée à la tristesse et à la vengeance refoulée depuis trop longtemps.
La nuit tomba, et je me retrouvais devant la maison dans laquelle habitait Jean. Les ombres de mon passé s'étiraient devant moi, prêtes à être libérées. Les flammes qui avaient détruit ma vie pouvaient aussi purger le monde du monstre qui avait allumé ces feux.
Avec détermination, je franchis la porte, portant un bidon d'essence à la main. Le feu rugit dans l'obscurité, consumant le passé douloureux et me libérant de mes chaînes. Je regardai les flammes danser avec une satisfaction froide, sachant qu'enfin, la justice était servie.
5