Pour que nous faisions un vœu

Moi je suis différent. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais un extra-terrestre. Je deviens trop souvent dépendant à quelque chose, tandis qu'elle ne dépend qu'à moi et à mon bonheur. Elle est une femme forte et moi, un garçon faible. En plus, j'aime un petit peu trop les émotions et m'accroche à tout ce qui m'en donne. J'en connais toutes celles que j'ai ressenties dès le réveil et je les garde comme des beaux ou laids souvenirs. Je suis, peut-être, un gardien d'émotions.
Avec le temps, ces émotions sont devenues deux esprits au-dedans de moi. Je les ai appelés Aries et Falyria. L'un était fort et mature ; l'autre avait un cœur extrêmement sensible et se sentait plus faible que les êtres géants qu'elle regardait en dehors de son foyer, même si elle ne l'était pas vraiment. Leur monde n'était toujours pas en paix, car Aries, malgré sa force et sa magie, dépendait toujours de Falyria, et sans elle, il n'était qu'une compulsion.
Au-dehors, ma curiosité dans un moment d'obscurité m'a amené à travers les ombres, jusqu'à la langue arabe. Le temps s'est encore passé, j'en suis tombé amoureux et plus tard, j'ai connu une fille. Elle s'appelait Umniah, son prénom signifiait « vœu » et son visage voilé devenait plusieurs hommes fous à Baghdâd, mais elle ne devenait jamais folle pour personne. Un jour, après des mois en lui connaissant, et sans même pas savoir comment, elle est devenue mon vœu. J'étais devenu fou et c'était impossible de le cacher, j'en étais tombé amoureux.
Ainsi, je ressentais tout ce que je n'avais pas ressenti depuis longtemps et pour quelqu'un que j'apercevais aussi loin que les étoiles, mais au moins les étoiles n'avaient pas autant de pouvoir pour m'écraser. Seulement rêver d'elle fonçait mon jour et tout ce qui pouvait signifier son abandon m'emmenait à la limite. Elle avait le même pouvoir que Falyria exerçait sur Aries, malgré qu'elle ne le sache pas. Car l'amour, pour moi, ce n'est que de la souffrance jusqu'à ce que chaque histoire se résolve, mais cette fois, sa résolution était si loin que Umniah.
Au-dedans, tandis que le sentiment se dévoilait, Aries reçut un signal lui disant que Falyria était enfermée dans une grotte en enfer. Du coup, Aries y entra ne trouvant que de la peur partout comme chaque fois qu'il y allait. Cet enfer était bien différent de celui qu'on nous raconte au-dehors. Personne ne brûlait en criant car personne n'y habitait, jusqu'à maintenant il n'existait que Falyria, Aries, et les ombres qui chuchotaient dans mon esprit, dans mon enfer.
Elle n'était pas séquestrée, elle était hypnotisée encore une fois par les ombres sans nom. En fait, celle-ci n'avait pas été la première ni serait la dernière fois, car elle, dans sa faiblesse, y tombait constamment, spécialement quand j'étais malade de quelqu'un, quand je tombais amoureux.
Au-dehors, un jour est arrivé où la force de ce sentiment est devenue trop. Du coup, j'ai raconté à Umniah ce que je ressentais, pour lire qu'elle ressentait le même, mais qu'elle n'avait rien dit car la distance entre nous, c'était trop longue:
« J'aurais vraiment voulu être née plus proche de toi, ma vie aurait été si différente... ».
Après, je lui ai dit que je ne souhaitais que l'embrasser et la tenir dans mes bras. C'était triste, mais là, la conversation s'est finie et celle-là est restée la seule fois où on en a parlé.
Et moi, je ne savais quoi en penser.
Au-dedans, Falyria, avec le petit peu d'espoir qu'elle n'espérait pas obtenir, sortit de la grotte sans aide pour se promener avec Aries. Mais seulement quelques heures, car après, l'incertitude l'hypnotisa encore une fois et l'emporta vers l'enfer mais plus profondément.
Au-dehors, une nuit est arrivée où je me suis convaincu qu'elle ne m'aimait pas du tout, même si nos voix restaient les mêmes. Les chants de Marc Anthony, soient-ils heureux ou puissants, m'emmenaient sans pitié vers là où Falyria avait tombé, vers mon dedans, vers mon enfer.
Les couplets d'espoir versaient des larmes car ils me rappelaient tout ce que je souhaitais avec elle, avec ce vœu, ma Umniah qui n'arriverait jamais.
« Tus labios temblorosos se calmaron en mi boca – Tes lèvres tremblantes se sont calmées dans ma bouche »
Et les couplets de désillusion m'emmenaient vers la toujours présente possibilité d'être coupé en deux par elle. À la fin, elle était libre, elle n'était à personne, elle pouvait m'écraser et je n'aurais pu rien dire.
« ¿Y cómo es él ? ¿En qué lugar se enamoró de ti ? – Et lui, comment est-il ? Et où a-t-il tombé amoureux de toi ? »
Je me demandais, comment quelque chose faite pour nous amuser pouvait-elle m'écraser autant ? J'ai pleuré jusqu'à ce que mes joues brûlaient et je suis tombé mort dans mon lit.
Cette nuit, l'eau remplit mon dedans, Falyria s'évanouit en y flottant ; et Aries disparut, car il n'existe pas quand je meurs.
Mais cette mort avait un réveil et j'ai dû trouver la manière de poursuivre, car je n'étais plus un enfant. Et même si j'étais fixé à ma douleur comme un toxicomane, j'avais à travailler comme un adulte. Comme un homme, un homme comme Aries. Comme une femme, une femme comme ma mère.
Au-dedans, l'eau s'évapora, Aries retourna à sa forme et chercha Falyria encore une fois, car il n'était pas fait que pour elle.
Mais un mois s'est déroulé et un jour, Umniah m'a dit qu'elle voulait prendre quelques jours pour se reposer du monde. Alors, une de ces nuits est arrivée, me faisant peur. La nuit qui avait toujours été sans elle, continuait à être sans elle. On ne peut pas l'arrêter, peu importe comment on l'essaye. On doit lui faire face tôt ou tard. Et même si on est accompagné, on y reste seul car cette nuit ne comprend que de la solitude. Je demandais, ou même faillais crier à Dieu, si Umniah était une bénédiction ou une malédiction dans ma vie. Les ombres me chuchotaient que sa fatigue était à moi et qu'elle ne retournerait jamais, que je l'avais tout gâché.
Cette douleur m'a appris la vérité. J'étais devenu complètement dépendant à cette fille et maintenant c'était impossible de ne pas le noter. Même si là-bas elle m'aimait ou pas, ici je subissais avec chaque heure sans lui parler, sans l'écouter, sans la voir ou la lire. Je ne savais pas quoi faire, je ne pouvait pas décider entre y rester et m'en aller. Entre être un lâche en courant et courageux en y restant.
Au-dedans, tout brûlait si fort dans l'enfer qu'au-dehors, mon corps brûlait aussi. Aries criait, mais ne mourait toujours pas. Dans ce moment de désespoir, Aries fit face aux ombres et s'approcha vers Falyria, lui tenant sa main. Et au-dehors, je fis face à mes peurs et racontai Umniah encore un fois ce que je ressentais. Je lui racontai mes peurs, mes vœux, et lui demandai les siens.
« Falyria, je ressens ce que tu ressens »
« Et moi, je ressentirais ce que tu ressens, mais pas maintenant. Mon amour »
« Non »
« Tu es perdu »
« Non. Je t'en prie, arrête-toi et ressens tout ce dont tu es faite. Suis la lumière, suis-moi »
Falyria s'arrêta, entendit et embrassa Aries, mais la lumière s'éteignit. Les ombres arrêtèrent leurs chuchotements et il ne resta rien dans cet enfer.
Au-dehors, un portable vibre en Colombie, mais personne ne le décroche.
« Aries, j'ai besoin de te voir, je ne peux plus. Tu m'as dit que tu voulais m'embrasser et me tenir dans tes bras, et maintenant, je veux que tu m'embrasses et me tiennes dans tes bras. Appelle-moi stp »