Nouvelles
4 min
Université Catholique d'Afrique Centrale, Institut Catholique de Yaoundé
Plus de peur que de mal
Moi je suis différent. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais un extra-terrestre. Pourquoi suis-je comme ça, je ne le sais moi-même mais toujours est-il que c'est comme cela que me percevait maman. Un petit garçon aux allures timorées, extrêmement craintif, qui aimait toujours rester dans son coin et qui évitait au maximum les contacts physiques. Toutefois, elle ignorait que du haut quatorze ans d'âge, son fils pouvait se revêtir du plus féroce des courages pour protéger sa maman chérie. C'était un vendredi soir tout à fait ordinaire pour une situation extraordinaire.
Il devait être environ vingt heures quand mon beau-père est rentré du travail. Après nous avoir salués mes frères et moi, il allât dans la chambre des parents où se trouvait déjà ma mère. Mes frères et moi étions assis comme d'habitude devant le téléviseur à regarder des dessins animés. Au bout d'un moment, les adultes nous ont rejoints. Il régnait alors une ambiance chaleureuse comme on les aime. Surtout qu'il n'y a pas si longtemps de cela, ma petite famille et moi avions traversé une situation très compliquée, pour ne pas dire douloureuse. En effet, cela allait faire presque un an que mon père était décédé. Ma maman, avait une peau aussi claire que la surface de l'eau au bord d'une rivière par un après-midi ensoleillé ; elle avait les yeux bruns, de longs cheveux noirs, brillants et soyeux. Elle sentait aussi bon que la douce rosée du matin qui annonce la saison des pluies. Cependant, elle avait très fort caractère. Il allait bientôt être vingt et une heure lorsque ma mère et son nouvel amour entreprirent d'aller acheter du poisson à la braise chez mama Towa que l'on appelait affectueusement ma'a to'o. Elle faisait le meilleur poisson à la braise de tout le « petit carrefour». Ils s'en allèrent et revinrent au bout d'un moment. Sauf que, à leur retour le ton avait changé. Puis, la porte s'ouvrit et la conversation me parut plus claire. L'objet du dilemme était ma'a to'o et son petit commerce. En effet, mon beau-père soutenait l'argument suivant lequel une femme ne devrait pas toujours tout attendre venant de son mari ; elle devrait apprendre à s'en sortir de son propre chef. Argument que rejetait avec ironie ma mère. Mon beau-père était décidé à ne pas abandonner le sujet. Il devenait de plus en plus sérieux, tandis que ma mère riait de plus belle. Elle me demandât d'aller déposer le sac en plastique qu'elle tenait en main à la cuisine, chose que je fis immédiatement. En revenant de la cuisine, j'entendais de plus en plus le ton de mon beau-père monter et ma mère qui riait davantage. En arrivant au salon, je vis ma mère placée près de la porte centrale. Mon beau-père ne supportant plus de l'entendre se moquer de lui en traitant ses idées de stupides, d'un revers éclaire, il la frappât par surprise de sa puissante main gauche en plein visage, sa tête percutât le mur qui se trouvait derrière elle et maman s'écroulât.
À cet instant, je ne peux décrire les émotions qui ont traversé mon esprit. J'avais du mal à faire comprendre à mon cerveau qu'une telle scène venait de se produire. À en juger par le silence spatial qui régnait dans la pièce, tout le monde était épris des mêmes préoccupations qui me traversaient. Mon beau-père fut le premier à s'affoler. Et moi, j'étais comme pétrifié et muet, mes frères quand à eux, avaient déjà commencé le deuil. Soudain, guidé comme par instinct je réalisais que j'étais déjà dans la cuisine. Quand avais-je traversé le couloir, je n'en avais aucune idée ; toujours est-il que la seule certitude que j'avais à ce moment, c'est d'être venu chercher quelque chose. Il avait touché à ma mère et il fallait qu'il le paye. J'avais cependant connaissance du fait qu'au corps à corps je n'aurais pas pu faire le poids, on aurait dit Goliath contre David. Il me fallait donc procéder autrement. Juste en face de moi, se trouvait le pilon et le mortier de ma mère. Ils étaient rangés comme d'habitude à côté du frigo. Je me suis avancé, puis je me suis emparé du pilon. Je suis sorti et j'ai commencé à longer le couloir. En arrivant je vis mon beau-père qui avait gardé la même position. Il était devenu urgentiste, et essayait de réanimer ma mère. Il était accroupi devant ma mère et ne pouvait s'imaginer un seul instant ce qui se tramait dans son dos. Je me suis avancé d'un pas aussi silencieux que celui d'un félin prêt à passer à attaquer. Je réduisais peu à peu la dizaine de mètres qu'il y avait entre nous, en évitant toutefois d'attirer son attention. Au bout d'un moment qui m'a paru une éternité, je me tenais à quelque pas de lui.
Comme par instinct, j'avais levé le pilon, et j'avais frappé de toutes mes forces, et il s'écroulât. En le voyant lui aussi allongé, j'ai été comme délivré d'un esprit. Sans dire un mot, je me dirigeai à nouveau vers la cuisine où je remis le pilon à sa place. Puis, j'allai aux pas de course vers la porte centrale à la recherche d'aide. Notre voisin le plus proche revenait quelques minutes plus tard avec moi. Il les réanimât à l'aide d'alcool. Ma mère une fois revenu à elle appelât tata Léonie, une de ses amis d'enfance qui vivait non loin de notre quartier. Elle lui expliquât ce qui c'était passé et cette dernière rappliquât quelques minutes plus tard avec un taxi. Ma mère rendit la bague de fiançailles et nous étions partis.
Tonton Patrick assistait impuissant à notre départ. S'il avait pu à cet instant remonter le temps pour que les choses se passent différemment, il l'aurait certainement fait. Il c'était tellement excusé qu'il en perdit le verbe et se contentât de regarder notre taxi disparaitre à l'horizon.
Il devait être environ vingt heures quand mon beau-père est rentré du travail. Après nous avoir salués mes frères et moi, il allât dans la chambre des parents où se trouvait déjà ma mère. Mes frères et moi étions assis comme d'habitude devant le téléviseur à regarder des dessins animés. Au bout d'un moment, les adultes nous ont rejoints. Il régnait alors une ambiance chaleureuse comme on les aime. Surtout qu'il n'y a pas si longtemps de cela, ma petite famille et moi avions traversé une situation très compliquée, pour ne pas dire douloureuse. En effet, cela allait faire presque un an que mon père était décédé. Ma maman, avait une peau aussi claire que la surface de l'eau au bord d'une rivière par un après-midi ensoleillé ; elle avait les yeux bruns, de longs cheveux noirs, brillants et soyeux. Elle sentait aussi bon que la douce rosée du matin qui annonce la saison des pluies. Cependant, elle avait très fort caractère. Il allait bientôt être vingt et une heure lorsque ma mère et son nouvel amour entreprirent d'aller acheter du poisson à la braise chez mama Towa que l'on appelait affectueusement ma'a to'o. Elle faisait le meilleur poisson à la braise de tout le « petit carrefour». Ils s'en allèrent et revinrent au bout d'un moment. Sauf que, à leur retour le ton avait changé. Puis, la porte s'ouvrit et la conversation me parut plus claire. L'objet du dilemme était ma'a to'o et son petit commerce. En effet, mon beau-père soutenait l'argument suivant lequel une femme ne devrait pas toujours tout attendre venant de son mari ; elle devrait apprendre à s'en sortir de son propre chef. Argument que rejetait avec ironie ma mère. Mon beau-père était décidé à ne pas abandonner le sujet. Il devenait de plus en plus sérieux, tandis que ma mère riait de plus belle. Elle me demandât d'aller déposer le sac en plastique qu'elle tenait en main à la cuisine, chose que je fis immédiatement. En revenant de la cuisine, j'entendais de plus en plus le ton de mon beau-père monter et ma mère qui riait davantage. En arrivant au salon, je vis ma mère placée près de la porte centrale. Mon beau-père ne supportant plus de l'entendre se moquer de lui en traitant ses idées de stupides, d'un revers éclaire, il la frappât par surprise de sa puissante main gauche en plein visage, sa tête percutât le mur qui se trouvait derrière elle et maman s'écroulât.
À cet instant, je ne peux décrire les émotions qui ont traversé mon esprit. J'avais du mal à faire comprendre à mon cerveau qu'une telle scène venait de se produire. À en juger par le silence spatial qui régnait dans la pièce, tout le monde était épris des mêmes préoccupations qui me traversaient. Mon beau-père fut le premier à s'affoler. Et moi, j'étais comme pétrifié et muet, mes frères quand à eux, avaient déjà commencé le deuil. Soudain, guidé comme par instinct je réalisais que j'étais déjà dans la cuisine. Quand avais-je traversé le couloir, je n'en avais aucune idée ; toujours est-il que la seule certitude que j'avais à ce moment, c'est d'être venu chercher quelque chose. Il avait touché à ma mère et il fallait qu'il le paye. J'avais cependant connaissance du fait qu'au corps à corps je n'aurais pas pu faire le poids, on aurait dit Goliath contre David. Il me fallait donc procéder autrement. Juste en face de moi, se trouvait le pilon et le mortier de ma mère. Ils étaient rangés comme d'habitude à côté du frigo. Je me suis avancé, puis je me suis emparé du pilon. Je suis sorti et j'ai commencé à longer le couloir. En arrivant je vis mon beau-père qui avait gardé la même position. Il était devenu urgentiste, et essayait de réanimer ma mère. Il était accroupi devant ma mère et ne pouvait s'imaginer un seul instant ce qui se tramait dans son dos. Je me suis avancé d'un pas aussi silencieux que celui d'un félin prêt à passer à attaquer. Je réduisais peu à peu la dizaine de mètres qu'il y avait entre nous, en évitant toutefois d'attirer son attention. Au bout d'un moment qui m'a paru une éternité, je me tenais à quelque pas de lui.
Comme par instinct, j'avais levé le pilon, et j'avais frappé de toutes mes forces, et il s'écroulât. En le voyant lui aussi allongé, j'ai été comme délivré d'un esprit. Sans dire un mot, je me dirigeai à nouveau vers la cuisine où je remis le pilon à sa place. Puis, j'allai aux pas de course vers la porte centrale à la recherche d'aide. Notre voisin le plus proche revenait quelques minutes plus tard avec moi. Il les réanimât à l'aide d'alcool. Ma mère une fois revenu à elle appelât tata Léonie, une de ses amis d'enfance qui vivait non loin de notre quartier. Elle lui expliquât ce qui c'était passé et cette dernière rappliquât quelques minutes plus tard avec un taxi. Ma mère rendit la bague de fiançailles et nous étions partis.
Tonton Patrick assistait impuissant à notre départ. S'il avait pu à cet instant remonter le temps pour que les choses se passent différemment, il l'aurait certainement fait. Il c'était tellement excusé qu'il en perdit le verbe et se contentât de regarder notre taxi disparaitre à l'horizon.