Partout dans les fers

Bonjour. Je suis une âme ouverte de 19 ans débordante d’imagination et assoiffée d’euphorie!

Image de Jeunes Écritures AUF RFI - 2021
Image de Très très court
Moi je suis différente . Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais une extra-terrestre. Cette progéniture qu'elle a mis au monde et qui s'est métamorphosée en aliène totalement indéchiffrable. Pas étonnant venant d'une femme aussi conformiste que ma génitrice. Elle comme tout les autres, elle s'étonne de tout ce qui s'oppose à sa mentalité forcluse. L'humanité lui-même ne peut s'empêcher de s'épouvanter face à l'inconnu. Ceci explique sans-doute pourquoi toute ma vie, j'ai fait l'objet de stupéfaction venant de mon entourage. Il me semble que le fait pour moi d'avoir toujours évoluée à l'écart de la masse les tient tous en horreur. « Qu'est-ce qui cloche chez elle » ? M'interrogent- ils tous de leurs regards curieux et indiscrets , l'expression méprisante pour certains et condescendante pour le reste. « Où est-ce que j'ai fait une erreur » ? Me questionne quant-à eux les yeux interloqués de ma mère.
Je n'ai jamais compris la finalité de toutes ces vertus absurdes en rapport avec la condition humaine. D'ailleurs, je crois bien que les seules choses que je hais autant que ces notions insensés sont les Hommes. Néanmoins , personne n'aurait habilité à me traiter de misanthrope au regard de la tolérance dont j'ai fait preuve tout au long de mon existence, elle-même conditionnée par la société, ses mœurs et ses législations lamentables. C'est sans-doute cela que ma mère n'a pas encore cerné me concernant. Elle préfère me peindre tout en noir la malheureuse! Et si elle me trouve effroyable ou horrible de ne pas toujours faire preuve d'humanité et de compassion, moi à mon tour je la trouves pathétique mais surtout je la méprise d'être cette femme trop traditionnelle et soumise pour oser enfin se résilier face aux maltraitantes de son amant. Il me semble même qu'elle se félicite d'avoir eu la ténacité de supporter l'insupportable au nom de la pérennité de son ménage et de sa descendance. Elle trouve ça noble, moi je trouve cela déplorable. Voilà bien le plus grand contentieux entre mon père et moi. Le fait qu'alors que la galerie ferme les yeux sur ses niaiseries consécutives et son libertinage, moi sa fille unique, je lui donne du fil à retordre. En d'autres termes, mon insubordination semble faire obstruction à son épanouissement . Je me souviens bien de ce jour où il m'avait giflé parce que d'après lui j'avais eu l'affront de lui signifier qu'il n'était qu'un violeur, un pédophile de surcroît. C'est pourtant vrai, lui qui couche de force avec des enfants d'à peine treize ans. Je le sais parce que je l'ai surpris à plusieurs reprises, même si je n' y avais jamais fait aucun commentaire. Néanmoins, je doutes fort que mon père n'ose encore levé la main sur moi depuis cette querelle . Pour cause, après cette chamaillerie au cours de laquelle il m'avait claquer sans vergogne, celui-ci avait été victime le soir même d'un étrange accident domestique qui lui valut la jambe gauche et une cicatrice à vie sur la poitrine. Tout le monde avait cru au départ à un accident. Naïf qu'ils sont tous, ce mobile aberrant avait suffit à les contenter. Jusqu'à ce que la blessure ne cicatrise et que le mot pedophile soit clairement visible sur la poitrine de mon père biensure. Depuis, le doute dans les yeux de mes parents s'est transformé en pur et simple effroi.
Si pour Christophe Colomb avoir découvert l'Amérique constituait un exploit, être depuis toutes ces années la fille de ma mère le constitue pour ma part. Personne à part moi n'aurait pu supporté ma mère, son manque de vision, sa monotonie et ses dépressions répétitives.Et Dieu seul sait combien j'exècre les femmes braillardes et fastidieuses. Et puis, j'ai fait bien plus que ça pour cette femme. J'ai essuyé ses larmes bien qu'étant le moins du monde apitoyée par sa situation. Je recollais les morceaux restant du piteux état dans lequel la laissait son amant et cela sans jamais lui signifier à quel point je la trouvais exaspérante de se laisser aller ainsi pour un homme qui n'en avait absolument rien à faire d'elle.
Ne vous méprenez surtout pas sur le type de femme que je suis. Me trouvez-vous sans-doute très méprisante à l'égard de mes parents ? À l'évidence oui ! Mais je suis encore plus de ces femmes qui ont adopté le célèbre ouvrage : « Comment devenir un fin stratège » de MACHIAVEL comme bible quotidienne. Comme lui, je pense que : «la fin justifie les moyens». C'est d' ailleurs comme cela que j'ai grandi, plaçant mes intérêts au-dessus de toutes vertus stupides ou de tous autres principes inutiles à mon accomplissement personnel. J'ai appris à faire taire mes états d'âme. J'aurai beau essayer de m'émouvoir concernant toutes les trahisons de mon père comme le ferait un enfant normal, je n'y arriverais pas. Le fait est qu'avec le temps , j'ai très vite compris que je n'ai pas ce coeur là ou plus simplement que je n'ai pas de cœur tout court. Je suis cette personne « dépourvue de sentiment  » me diriez-vous, qui a inscrit au moyen d'un couteau de table préalablement limé par mes propres soins , le mot pédophile sur la poitrine de mon père alors qu'il était inconscient . Je m'étais assurée de bien faire pénétrer la lame dans sa chair afin de bien faire ressortir la beauté de la calligraphie. Je n'avais pas eu peur de l'ôter la vie cette nuit là. Le pousser à son insu du haut des escaliers était exactement le but recherché. Mais visiblement les Dieux n'étaient malencontreusement pas du même avis. En amour comme à la guerre tous les coups sont permis! Il est certains que dans le cas de mon père il ne s'est jamais agit d'amour. D'ailleurs je maîtrise très mal la signification de ce mot. Je connais toutes les sombres facettes de mes géniteurs. Mon père est un violeur doublé d'un pédophile. Ma mère elle une suicidaire. C'est eux les plus dérangés de nous trois cependant on dirait bien qu'ils s'évertuent à croire le contraire. Si moi j'arrives à ne pas me stupéfier de toutes leurs difformités , pourquoi voudraient-ils me faire croire que j'ai tord d'être celle que je suis? Ce que j'ai fait à mon père, je le referais sans trembler si l'occasion se représentait à moi. Et à cette allure, j'ai bien peur qu'on en arrive de nouveau ou à pire qu'auparavant , puisque même estropié il ne semble pas avoir appris de sa leçon. Le mystère en moi horrifiera ma mère de plus bel, mais cela ne m'ébranleras toujours pas. D'ailleurs, si elle savait ce qui en est advenu de plusieurs individus avec qui je ne m'entendais pas forcément, elle saisirait enfin l'effectivité du monstre qu'elle a mis au monde. J'admets volontiers que j'aime mieux être extra que vulgaire terrestre de toute façon. Et Excusez -moi de n'avoir pas du tout froid aux yeux « à seulement 18ans » !? Vous étonneriez vous. Je suis capable de tout si ce n'est du pire. Pourtant je continue à penser qu'aucun d'entre vous et même pas mes parents, n'auraient convenance à me juger. Parce qu'au finale s'il fallait m'assimiler à quelque chose de relatif à cette fichue espèce humaine, ce serait bien à la vie. À chacune de vos vies autant abjecte que meurtrière. Celle-là même qui tient sans pitié les Hommes en captivité « partout dans les fers » ! L'homme est né libre et partout il est dans les fers, il est partout dans le vice. Peut-être suis-je encore plus vicieuse que les autres? Dieu lui-même me pardonnera ma différence. Moi je n'ai eu aucun mal à le faire.