La soirée est agréable. Après une journée d'été ensoleillée et chaude, le ciel nous offre une douce fin de journée. Sur mon balcon, je profite des dernières lueurs du jour, et l'orange du ciel me fait penser à un incendie. J'entends les cigales chanter et les pins bruisser dans le léger mistral. Un temps idéal pour une balade. Je rentre à l'intérieur de la maison, et je marche jusqu' à ma chambre pour me changer. J'enfile un t-shirt rouge un peu trop grand, un short épais en jean - le premier que j'ai trouvé - et je troque mes sandales pour des chaussettes grises montantes et épaisses. Je fouine un peu partout dans la maison pour trouver de quoi préparer un sac. Juste le strict nécessaire. Une couverture et de quoi me sustenter. Avant de poursuivre, je déniche un carnet et j'écris une note pour mes amis que je laisse sur la table dans la salle à manger. Je me dirige vers l'entrée, et je décroche de l'étagère murale mon appareil photo. C'est de loin l'objet en ma possession que je préfère. Je jette mon barda sur mon dos, j'enfile mes chaussures de randonnée et je franchis le pas de la porte. Je m'engage alors dans la petite allée de gravier, et l'odeur si singulière de l'été empli mes narines. Je prends une grande bouffée de cette brise estivale, si réconfortante, et je m'aventure sur un petit sentier. Je connais celui-ci comme ma poche, sa trajectoire sinueuse à travers la montagne n'a plus aucun secret pour moi. Je lève les yeux vers le ciel, et déjà la nuit commence à y répandre son obscurité. Je presse le pas afin d'arriver à temps au sommet. Sur ce chemin, il y a en plusieurs endroits des promontoires qui offrent une vue dégagée sur la vallée et les massifs montagneux alentours. Je m'arrête sur plusieurs d'entre eux pour prendre quelques clichés de ces panoramas à couper le souffle, sous le ciel couleur de braise. Une si belle soirée méritait d'être remémorée. Le sentier disparaît peu à peu dans les prairies de la montagne, si bien que je n'entends même plus le bruit de mes propres pas sur la mousse et l'herbe épaisse. Alors que je poursuis ma route vers le sommet de la montagne, la nuit noircit de plus en plus les arbres et mon chemin. La nuit est plutôt fraîche pour cette période de l'année. J'arrive devant la dernière pente, que mes jambes avalent en grandes foulées. Je passe devant un petit chalet, dernière étape avant l'arrivée. La nuit avant maintenant pris possession de la voûte céleste, mais la pleine lune éclairait l'endroit d'une pâle lumière. Je sors mon appareil photo et immortalise la vallée, brillantes des mille couleurs nocturnes de la ville. Je pose mon appareil près de moi et je reste le regard rivé à l'horizon pendant un long moment. La nuit commençait à se refroidir de plus en plus, je sors donc ma couverture et m'en enveloppe. Mon ventre crie famine, mais la fraîcheur de l'air m'empêche d'assouvir mon appétit, étant donné que le repas que j'ai apporté est également froid. Quelques instants plus tard j'aperçois, sur le lacet que j'ai emprunté plus tôt un petit groupe de plusieurs personnes. Je les regarde progresser à flanc de montagne avec leurs lampes qui se balancent au gré de leurs pas. Quand ils arrivent au sommet, proche de l'endroit où je me tiens, je vois qu'ils avaient été plus prévoyants que moi et portaient tous des vêtements couvrants et chauds. Je les vois s'approcher de moi. La fille à la tête du groupe me tends la main, je la saisis et elle me tire vigoureusement debout. Un sourire se dessine sur mon visage quand je reconnais Tess sous le clair de lune. Mon regard se tourne vers mes autres amis, Lisa, Max, Léna et Juliette, qui installent un campement sur le replat. Après les avoir aidés à monter le camp et saluer tout le monde, j'enfile le sur pantalon et le pull épais que Tess m'a apporter. Je la remercie d'un signe de tête Je m'aventure un peu plus loin pour récupérer du combustible pour faire une flambée. Je ramasse les branches les plus sèches. Ma récolte me semble maintenant satisfaisante, je vais donc m'installer dans la ronde qu'ils ont formée. Juliette allume le foyer avec le petit bois. Elle a toujours excellé dans les activités manuelles. Je suis, pour ma part, incapable de faire naître la moindre étincelle à la pierre à feu qu'elle utilise. Quelques instants plus tard, mon corps a fini de se réchauffer devant la flamme tremblotante. Nous restons ainsi, en cercle dans la nuit, en silence. Tess remue doucement un de ses excellents repas dans la casserole, et un doux fumet épicé vient me chatouiller les narines. Pendant que le repas cuit, je montre à Max et Léna les clichés que j'ai pris avant leur arrivée. Lisa et Juliette commencent à faire des blagues à voix basse, si bien que nous sommes maintenant en train de rire tout les six. C'est dans des moments comme celui-ci que je trouve le plus de bonheur. En pleine nature, avec seulement mes amis, la lune et les étoiles pour compagnie. La soirée se poursuit ainsi jusqu'à ce que notre attention soit aimantée par un grand bruit. J'aperçois par-dessus l'épaule de Tess des fusées exploser en myriades de couleurs. Les mélanges de teintes éclatantes se mêlent ensemble pendant un long moment. Je suis subjuguée par la beauté du bouquet final. On dirait qu'il pleut de l'or et de l'argent. Le silence après la célébration pyrotechnique est assourdissant. Il est tard dans la nuit quand nous allons nous coucher après le délicieux dîner, tous côte à côte emmitouflés dans nos couvertures. Mes yeux sont naturellement dirigés vers les cieux. La beauté du ciel nocturne me frappe une fois encore. Je ne sais combien de temps je passe ainsi à admirer le cosmos. De longues heures sûrement. Je ressens de la fatigue, mais je ne m'endors pourtant toujours pas. C'est comme si le sombre univers de la nuit avait décidé de retenir mon âme jusqu'à ce qu'il recouvre son bleu azur. Le jour se lève, Tess se réveille. Je lui dis alors :
« J'ai passé une nuit blanche, toutes les étoiles étaient allumées. »