Non ! Je ne veux pas tous les sacrifier

«Moi je suis différente.Je l'ai toujours été.Pour ma mère,c'est comme si j'étais une extraterrestre».Résolument, je ne pouvais être que ça et rien d'autre.Ce mystère qu'elle ne songeait à me dire, car très réservée, commença quand elle sut qu'elle avait conçu pour une première fois après douze ans de vie commune avec celui qui était jusque-là, venait-elle à me dire, mon père.Dans cette grossesse qu'elle portait avec épreuve, j'y prenais cruellement un repos inégalable.À mes humeurs mauvaises, je la recrutais à toutes les sanctions sévères d'une femme enceinte. Justement, tout cela parce que je voulais véritablement me reposer avant de passer aux mille affaires qui m'attendaient là dehors.Son témoignage, j'étais un loup pour elle, car je ne l'absolvais quand elle morigénait mes activités à ses hôtes.Tout ce que je pouvais faire, personne du monde extérieur, ni même papa ne devait le savoir.C'était ma loi et avait devoir de s'y soumettre tant que je restais dans son magasin. Mes jours alors s'effritaient et je tendais vers une bonne-mauvaise fin,venir à leur monde.

Entre chien et loup, les manifestions utérines devenaient intempestives et Djanabou,ma mère, tournoyait dans sa cuisine presqu'à ciel ouvert.La paillotte qu'on ne remplaçait jamais semblait voyageur au moindre tourbillon.Une pluie diluvienne se déclencha aussitôt.À juste sept mois, j'allais déjà sortir de maman.Papa,qui était, me disait-elle, ce grand braconnier, s'aventurait encore à un tour illicite dans les hautes montagnes de notre petite mais grandebourgade.C'était son gagne-petit.Ce soir malheureusement,elle n'avait autre assistance, quand bien le déluge amenuisait ses geignements. Et moi sans délai, malgré ses douleurs et son infirmité, j'avançais hâtivement mon nez vers l'extérieur pour humer ce parfum aguicheur.C'est alors dans cette cuisine qui souffrait d'écurie,sous les eaux et sous une obscurité à taire le nom que je vis le jour.Je ne faisais cri!De mes 2kg,pour elle,ce serait sans doute une faussecouche.Franchement,j'étais moins grande qu'un rat.Prématurée,rien à la convaincre véritablement que je sois humaine, si ce n'était le petit crâne, les narines à peine orificées et les œillets qui faisaient sur l'étrange souris que je paraissais.Puisque ça provenait de ses entrailles, un réjoui sourire domina alors son visage dégoulinant d'eau.
Comme on a coutume chez nous après la pluie tombée,des gens accouraient aussi à notre gite, pour la raison que maman avait un polichinelle dans le tiroir,aussi du fait de sa jambe claudicante.Stupéfaction! On ne s'attendait à cet épisode mal et bien heureux,ma venue avant terme.En tout cas pour moi,c'était d'abord une joie de changer d'atmosphère.Ma morphologie leur était curieuse et personne n'osait courageusement me prendre des mains.Je n'en voulais non plus.J'étais la toute prématurée à survivre.Et comme ma respiration presqu'anormale, je devais être un mort-vivant dans leur traitre et susurrant silence.Ma mère refusait toutefois de m'emmener au dispensaire depuis ce triste jour où le pigeon voyageur d'infirmière lui avait assuré ignominie, juste parce qu'elle opposait son refus au paiement des 500fCFA qu'elle exigeait sans cause.Le patriarche Baken,s'avançant lui-aussi pour constater,fit d'abord silence. -Ton mari? interrogea-t-il d'un air critique ma mère qui ne fit mot.Les déclarations qu'elle écoutait la contristaient de plus grave.

L'ignorant sage reprit:-«C'est une diablerie, s'adressant sans moindre compassion à ma mère, nous devons la ramener aux esprits le plutôt.C'est une abomination.Faisons-le avant le petit matin.On ne peut plus attendre Maliki Koussel,c'est-à-dire mon père, comme il se faisait appeler.À quand son retour,la tradition le recommande,y trouvait-il refuge».une décision qu'ils prenaient sans même requérir mon consentement encore moins celui de ma mère.Quoique transie,elle restait mordicus sur l'idée de lui emporter sa mystérieuse souris. Moi, je continuais insensiblement ma somnescence dans les bras grelotant de celle qui me plaçait de sitôt devant les coups du destin.-« Sans sa présence,personne ne touche à ma fille, c'est mon sa...»,Leur déclarait-elle fermement à moitié larmoyante.À ce discours élégiaque,ces quelques gardiens de l'irraisonnable tradition s'éclipsèrent dans l'obscurité alors grandissante sans épiloguer.On devait ainsi attendre papa durant des jours.Je passais alors ma première semaine dans ma couveuse où personne n'osait me toucher, ni même maman qui ne pouvait non plus me laver dix mille fois la journée comme tous les autres nourrissons.

Le temps s'écoulait péniblement pour ma mère qui doit entretemps assurer le rôle de papa et à côté,s'occuper de moi.Elle se languissait et maigrissait pitoyablement.Je pense que moi au paradoxe je me développais naturellement bien.Oncle Yaya qui veillait sur nous, toujours en l'absence de mon père,dut me baptiser Batuma, pour qu'on puisse moindrement me considérer.Cet unique baptême en témoignait malheur, la fille de l'homme disparu, et présageait son non-retour.
Quand j'eus 6 ans, de mes 7kg réussie, mon oncle m'inscrivait à l'école où j'allais devenir, dans ses attentes, une grande femme qui apporterait soulagement à ma mère indigène.Là-bas, il faut dire, j'étais moyenne.Pas excellente,non plus médiocre.J'étais fascinée par la langue de Molière que je percevais plus prestigieuse que mon duupà maternel.Mais j'étais rejetée! Cela m'était assurément du fait de ma tumeur et de ma minuscule taille.Je subissais mépris des siens, même ma pitance,En tout cas, j'avançais...Quant à ma mère,on l'accusait d'avoir chez elle un serpent responsable de la disparition des villageois, son mari y compris.

Lorsque je passais pour le collège,oncle Yaya tira sa révérence. Je dus passer une année blanche pour glaner du bois et revendre.L'année suivante,je poursuivais mes études des sous que j'économisais les vacances en faisant des jobs dans les champs et plantations et mon petit commerce.Ma mère qui, s'affaiblissait progressivement, se n'arrêtait de louer le Ciel de me voir me défendre malgré.J'étais son miracle. De ma promotion, je restais la seule qui n'avait encore le malheur d'une maternité précoce.Ma scolarité représentait ce trésor à conserver si je comptais la revigorer.Plus tard, je devenais moi aussi bénéficiaire des services sociaux,vu que j'étais orpheline.Mais après avoir monnayé,car c'était la norme actuelle de cette Afrique en miniature.
Le temps me donnait raison de suspendre mes études pour un gagne-pain et m'occuper de ma mère.Je m'y appliquais profondément.Je présentais,l'année suivant mon bac, deux concours auxquels je n'eus bonne étoile.Elle était toujours aux fils bien-nés de la République. Je ne perdais espoir.Je me présentais cinq fois plus tard sans succès.Maintenant, l'âge avançant, je me refugiais malgré moi à la couture qui me permettait de pourvoir à nos besoins élémentaires.Une fois, je tombais sur femme avec qui pactiser au lesbianisme me garantirait une place dans l'enseignement.Je m'éclipsais, car j'étais contre ces pratiques.C'était alors fini.Ma couture n'était pas sans entrées.On vivotait.Maman ne se lamentait que j'aie ou pas, l'essentiel c'était moi,ai-je fini par apprendre.

Dans mon Boumba natal où je demeurais, j'assurais des cours de répétition qui me rapportaient aussi un peu.J'animais certaines séances de sensibilisation et aidais en temps opportun des travailleurs qui venaient de la ville.Tout ça me permettait d'avoir de bons yeux sur ma mère.C'est la fierté que je gardais jalousement de ma modeste origine,je réalise enfin que la réussite à travers l'école n'était pas nécessairement celle d'avoir un travail décent,mais de pouvoir développer les connaissances acquises à d'autres fins utiles.Alors,je découvre que l'éducation de la jeune fille sur tous les plans reste une meilleure arme du changement social contre leurs tribulations dans nos villages.je parvenais ainsi à redonner le sourire à ma mère pour qui je suis différente malgré tout!