Moi je suis différente. Je l'ai toujours été. Pour ma mère c'est comme si j'étais une extra-terrestre.
Elle me l'a toujours prouvé, que ce soit par son regard, par ses paroles ou encore son comportement, je le sentais partout comme un incube invisible qui m'enveloppait et qui m'empêchait d'exister. Puis je me demandais, pourquoi me détestait-elle déjà ? Oui parce qu'elle ne m'aimait pas...
Et bien parce que je suis noire comme brûlée. Eh oui ! C'est banal mais c'est ça, je suis noire de la tête aux pieds !
Au début je l'ignorais. Je me trouvais normale. Vous voyez le genre d'enfant normal qui ne souhaite que jouer et profiter du présent. J'étais comme ça, jeune et candide. Mais plus pour longtemps.
Car si je me trouvais normale, ce n'était pas l'avis de tout le monde. Tout d'abord ma mère m'en a fait prendre conscience. C'était assez brutale et soudain à la fois. Souvent elle me regardait avec son regard si noir et si profond, plein de haine à mon égard... dans ces moments là je baissais la tête car elle transperçait mon être jusqu'à en faire trembler mon âme. C'était ma mère après tout, elle avait tous les pouvoirs que je lui accordais sur ma personne.
Puis les remarques ont commencé. Elles étaient d'une puissance affligeante, tellement fortes qu'en réalité aucun enfant ne devrait avoir à les entendre et encore moins les subir.
C'est alors que je me rendis compte,
Tu es noire !
Ma mère avait raison ! J'étais noire. Mais cela ne s'arrêtait pas juste à ma peau. Un jour en finissant de manger, je remarquais pour la première fois la couleur de mes mains. Je sursautais et fut prise de panique, j'avais envie de courir pour aller en parler, mais à qui !? Sûrement pas ma mère ! Je remarquais donc avec stupeur que j'avais les paumes brûlées.
Cette histoire que je vous conte, je ne l'avais jamais révélée. Elle vient du plus profond d'une âme brisée, cachée dans les abîmes de ma mémoire. Et c'est plongé dans mon subconscient, qu'aujourd'hui je vais vous la dévoiler.
Laissez vous transporter.
Lorsque j'ai pris conscience de cela, j'étais quotidiennement tourmentée. Mais heureusement pour moi, je n'ai pas vécu avec ma mère. Mais je vivais avec ce poids, et à chaque fois que je sortais, je serrais les poings pour que personne ne les voi, mes paumes brûlées. Je me posais à chaque fois mille questions, sur le regard des autres, leur réaction vis-à-vis de ma couleur. À partir de ce moment je n'étais plus normale, j'étais devenue un esprit errant. Je n'avais plus de but, plus de nom. Ni pour moi même, ni pour les autres qui me voyaient par ma couleur avant de voir ma personne, ni pour ma mère qui ne m'avait jamais vu, car elle ne me voyait qu'à travers ma peau.
Plus les années passaient, plus la peur grandissait et plus je faiblissais.
D'une petite fille réservée j'étais devenue une adolescente renfermée. De renfermée je passais directement à ochlophobe. Dès qu'il y avait plus de cinq entités autour de moi, je baissais la tête pour qu'on ne me remarque pas, j'évitais de croiser leurs grands yeux animés par une flamme virulente qui dévorait mon âme. Dans ces moments là j'aimerais me retrouver loin, seule et en paix. Ça a toujours été mon utopie.
J'étais ce personnage sorti d'un conte que tout le monde dévisageait pour sa différence. Sujette à leurs interrogations et aux miennes, j'étais perdue dans une marée noire de pensées qui me faisaient suffoquer continuellement si bien que chaque jour, je perdais peu à peu mon humanité. Ma couleur était perçue comme une maladie, un virus qui se répand partout sur mon corps comme si ce n'était pas déjà le cas.
Mon existence n'avait pas vraiment de sens pour moi, mais pour ne rien arranger, la scolarité était l'épreuve la plus douloureuse et chargée en expériences que j'ai pu vivre comparé à ma vie sociale inexistante. J'aurais pu en mourir sans que personne ne sache de quoi je souffrais. Mais des forces extérieures font que nous rencontrons des êtres destinés à nous soutenir dans des moments où l'on cède à tout ce qui nous tire vers le bas. Quelque chose me fait penser que mon âme est plus puissante que d'autres pour avoir accepté l'inacceptable. Car je dois l'avouer, je pensais avoir tout vécu, mais les persécutions récurrentes c'était nouveau. Tout cela me donnait l'impression de vivre un film d'horreur lycéen. Que ce soit les salles de permanence hantées par des fantômes jouant aux jeux des lumières où l'un l'éteint en disant "On la voit plus" puis la rallume en disant "On la voit". Ou encore ces chuchotements ou ces railleries dans les couloirs sans éclairage lorsque mon esprit calciné partait en quête de lumière nouvelle. Ou pire, marcher seule dans la grande cour au milieu de tous ces spectres ambulants qui avaient le regard tourné dans ma direction.
Quand je rentrais le soir, je me retournais sur mon lit en faisant des cauchemars, puis me tournais de droite à gauche, de gauche à droite, je roulais encore et encore, torturée par ces journées de supplices que je vivais entre les murs de ce lycée, puis j'avais cette obsession, cette question. Pourquoi, mais pourquoi Seigneur !? Qu'ai-je fais ? C'est une malédiction ! J'avais tellement honte, honte d'être moi, honte d'être née, honte d'exister ! Même en parler était pour moi inimaginable. Je me demandais comment cela avait-il pu arriver ? Je suis tellement noire... je me frottait, je me griffais, j'essayais de l'enlever. Mais elle était si profondément enfouie en moi. Ce mal être mêlé à ma peau, et j'étais obnubilée par cette pensée. Pourquoi m'as tu fais ça mon Dieu ? Qu'ai-je fais de si grave ? Puis tout doucement dans le silence de la nuit, dans le secret d'une chambre, allongée comme endormie, une âme se brise et les sanglots de cet être tourmenté par la vie font échos dans le vide sans oreille pour l'entendre. L'existence qui est pourtant si belle, ce cadeau si précieux, faisait souffrir ce petit être. Elle aurait voulu qu'il n'existe que la paix, mais ce n'était pas possible.
Au final, tout le monde ne m'a pas toujours vue Noire. Certains m'ont vue Fille, d'autres m'ont vue Amie, mais je remercie surtout ceux qui m'ont vue Humaine. Et le plus important c'est qu'au final j'avais compris : je n'avais rien choisi. Et si j'avais eu à le faire, je ne serais tout simplement pas née. Cependant avec toutes ces flammes qui ont consumé mon âme ces années durant, il en reste des cendres, et de ces cendres je décide de renaître. Pour avoir subi cet enfer, mon cœur sait aujourd'hui pardonner, pour avoir été brisée, mon âme sait aimer et écouter, et pour avoir été tourmenté, mon être compatit à l'ignorance et à la douleur de l'humanité.
Elle me l'a toujours prouvé, que ce soit par son regard, par ses paroles ou encore son comportement, je le sentais partout comme un incube invisible qui m'enveloppait et qui m'empêchait d'exister. Puis je me demandais, pourquoi me détestait-elle déjà ? Oui parce qu'elle ne m'aimait pas...
Et bien parce que je suis noire comme brûlée. Eh oui ! C'est banal mais c'est ça, je suis noire de la tête aux pieds !
Au début je l'ignorais. Je me trouvais normale. Vous voyez le genre d'enfant normal qui ne souhaite que jouer et profiter du présent. J'étais comme ça, jeune et candide. Mais plus pour longtemps.
Car si je me trouvais normale, ce n'était pas l'avis de tout le monde. Tout d'abord ma mère m'en a fait prendre conscience. C'était assez brutale et soudain à la fois. Souvent elle me regardait avec son regard si noir et si profond, plein de haine à mon égard... dans ces moments là je baissais la tête car elle transperçait mon être jusqu'à en faire trembler mon âme. C'était ma mère après tout, elle avait tous les pouvoirs que je lui accordais sur ma personne.
Puis les remarques ont commencé. Elles étaient d'une puissance affligeante, tellement fortes qu'en réalité aucun enfant ne devrait avoir à les entendre et encore moins les subir.
C'est alors que je me rendis compte,
Tu es noire !
Ma mère avait raison ! J'étais noire. Mais cela ne s'arrêtait pas juste à ma peau. Un jour en finissant de manger, je remarquais pour la première fois la couleur de mes mains. Je sursautais et fut prise de panique, j'avais envie de courir pour aller en parler, mais à qui !? Sûrement pas ma mère ! Je remarquais donc avec stupeur que j'avais les paumes brûlées.
Cette histoire que je vous conte, je ne l'avais jamais révélée. Elle vient du plus profond d'une âme brisée, cachée dans les abîmes de ma mémoire. Et c'est plongé dans mon subconscient, qu'aujourd'hui je vais vous la dévoiler.
Laissez vous transporter.
Lorsque j'ai pris conscience de cela, j'étais quotidiennement tourmentée. Mais heureusement pour moi, je n'ai pas vécu avec ma mère. Mais je vivais avec ce poids, et à chaque fois que je sortais, je serrais les poings pour que personne ne les voi, mes paumes brûlées. Je me posais à chaque fois mille questions, sur le regard des autres, leur réaction vis-à-vis de ma couleur. À partir de ce moment je n'étais plus normale, j'étais devenue un esprit errant. Je n'avais plus de but, plus de nom. Ni pour moi même, ni pour les autres qui me voyaient par ma couleur avant de voir ma personne, ni pour ma mère qui ne m'avait jamais vu, car elle ne me voyait qu'à travers ma peau.
Plus les années passaient, plus la peur grandissait et plus je faiblissais.
D'une petite fille réservée j'étais devenue une adolescente renfermée. De renfermée je passais directement à ochlophobe. Dès qu'il y avait plus de cinq entités autour de moi, je baissais la tête pour qu'on ne me remarque pas, j'évitais de croiser leurs grands yeux animés par une flamme virulente qui dévorait mon âme. Dans ces moments là j'aimerais me retrouver loin, seule et en paix. Ça a toujours été mon utopie.
J'étais ce personnage sorti d'un conte que tout le monde dévisageait pour sa différence. Sujette à leurs interrogations et aux miennes, j'étais perdue dans une marée noire de pensées qui me faisaient suffoquer continuellement si bien que chaque jour, je perdais peu à peu mon humanité. Ma couleur était perçue comme une maladie, un virus qui se répand partout sur mon corps comme si ce n'était pas déjà le cas.
Mon existence n'avait pas vraiment de sens pour moi, mais pour ne rien arranger, la scolarité était l'épreuve la plus douloureuse et chargée en expériences que j'ai pu vivre comparé à ma vie sociale inexistante. J'aurais pu en mourir sans que personne ne sache de quoi je souffrais. Mais des forces extérieures font que nous rencontrons des êtres destinés à nous soutenir dans des moments où l'on cède à tout ce qui nous tire vers le bas. Quelque chose me fait penser que mon âme est plus puissante que d'autres pour avoir accepté l'inacceptable. Car je dois l'avouer, je pensais avoir tout vécu, mais les persécutions récurrentes c'était nouveau. Tout cela me donnait l'impression de vivre un film d'horreur lycéen. Que ce soit les salles de permanence hantées par des fantômes jouant aux jeux des lumières où l'un l'éteint en disant "On la voit plus" puis la rallume en disant "On la voit". Ou encore ces chuchotements ou ces railleries dans les couloirs sans éclairage lorsque mon esprit calciné partait en quête de lumière nouvelle. Ou pire, marcher seule dans la grande cour au milieu de tous ces spectres ambulants qui avaient le regard tourné dans ma direction.
Quand je rentrais le soir, je me retournais sur mon lit en faisant des cauchemars, puis me tournais de droite à gauche, de gauche à droite, je roulais encore et encore, torturée par ces journées de supplices que je vivais entre les murs de ce lycée, puis j'avais cette obsession, cette question. Pourquoi, mais pourquoi Seigneur !? Qu'ai-je fais ? C'est une malédiction ! J'avais tellement honte, honte d'être moi, honte d'être née, honte d'exister ! Même en parler était pour moi inimaginable. Je me demandais comment cela avait-il pu arriver ? Je suis tellement noire... je me frottait, je me griffais, j'essayais de l'enlever. Mais elle était si profondément enfouie en moi. Ce mal être mêlé à ma peau, et j'étais obnubilée par cette pensée. Pourquoi m'as tu fais ça mon Dieu ? Qu'ai-je fais de si grave ? Puis tout doucement dans le silence de la nuit, dans le secret d'une chambre, allongée comme endormie, une âme se brise et les sanglots de cet être tourmenté par la vie font échos dans le vide sans oreille pour l'entendre. L'existence qui est pourtant si belle, ce cadeau si précieux, faisait souffrir ce petit être. Elle aurait voulu qu'il n'existe que la paix, mais ce n'était pas possible.
Au final, tout le monde ne m'a pas toujours vue Noire. Certains m'ont vue Fille, d'autres m'ont vue Amie, mais je remercie surtout ceux qui m'ont vue Humaine. Et le plus important c'est qu'au final j'avais compris : je n'avais rien choisi. Et si j'avais eu à le faire, je ne serais tout simplement pas née. Cependant avec toutes ces flammes qui ont consumé mon âme ces années durant, il en reste des cendres, et de ces cendres je décide de renaître. Pour avoir subi cet enfer, mon cœur sait aujourd'hui pardonner, pour avoir été brisée, mon âme sait aimer et écouter, et pour avoir été tourmenté, mon être compatit à l'ignorance et à la douleur de l'humanité.