No To Racism

« Moi je suis différent. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais un extra-terrestre »

Habituellement, les bébés naissent après 9 mois de grossesse. Eh bien, moi je suis né 2 semaines plus tôt et je n'étais pas loin de rester plusieurs semaines à l'hôpital car j'étais très maigre. Est-ce un miracle ? Je suis né sur cette Terre et j'avais déjà des problèmes de santé... Je pensais que j'étais généralement né comme tous les bébés, mais non. Je me sens comme un extra-terrestre. Ce n'est pas une honte pour moi d'être né un peu plus tôt mais je ne rentre pas dans la normalité des bébés et je me sens différent comme un étranger ou un extra-terrestre.

Voilà je me présente, mon prénom c'est Esteban. Mon rêve c'est d'être astronaute et je suis différent des autres.

Plusieurs années passent et je pensais que j'allais vivre une vie plutôt normale comme tous les autres enfants. Absolument pas et c'est là que le calvaire commence pour moi. Tout au long de ma scolarité en dehors du lycée et de l'université, j'ai été victime d'harcèlement et de racisme sur mon origine. Pourquoi le racisme existe-t-il ? Pourquoi la vie est-elle aussi injuste ? Ces gens ne sont pas conscients qu'ils détruisent des gens mentalement et brise les liens humains. Je me demande encore comment j'ai pu surmonter toutes ces paroles, beaucoup tombent en dépression ou se suicident... Durant toute mon enfance, j'ai lâché vraiment toutes mes larmes à chaque fois que je subissais du racisme ou d'harcèlement et je n'ai jamais réellement osé en parler à mes parents parce que j'étais conscient qu'ils ne changeraient rien, ils n'ont pas de baguette magique. Maintenant mes larmes sont sèches et je suis devenu insensible comme un tronc d'arbre. Je subissais des clichés comme « les chinois mangent des chiens, les chinois ont un petit p*nis » et des phrases très provocantes comme « chintok, sale chinois, yeux bridés, riz cantonais ». J'aurais pu les frapper tout en les insultant, je ne le faisais pas, grâce à Dieu, il m'aide à me contenir. À force, j'ai commencé à renier mon origine parce que j'avais honte d'être chinois, c'était devenu un traumatisme pour moi. Dès que j'entendais le début d'un mot qui commençait par « chin... » je me retournais ou je tendais mon oreille pour écouter ce que les gens disaient... j'étais vraiment traumatisé et il reste encore des séquelles. Pour être honnête, je hais les racistes, mais Dieu a dit « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». C'est quelque chose que je ne respecterai jamais et je m'excuse profondément envers Dieu. Après l'obtention de mon brevet, j'étais vraiment rassuré d'une part parce que j'ai obtenu mon brevet et de l'autre part parce que j'étais persuadé que je n'allais plus recevoir des insultes racistes. Je vivrais vraiment ma meilleure vie.

Un matin avant de partir à l'IUT, j'écoutais ma petite playlist avec mes écouteurs comme chaque matin dans le bus. J'étais debout juste devant la porte de sortie, mais malheureusement ce jour-là, j'entendais une personne crier et par curiosité, j'ai baissé le volume pour écouter ce qu'il disait. De manière inattendue, il a commencé à faire des propos des très racistes sur les Juifs, les personnes de couleur noires, les Européens ; bref j'avais l'impression d'être le spectateur et j'étais dans l'impossibilité de réagir. Si je dois donner une description de ce raciste, il était très mal vêtu, il sentait un peu l'alcool, il n'avait pas de masque, j'avais même l'impression qu'il était un peu drogué. Puis, à un moment je ne savais pas pourquoi, je sentais le danger arriver et mon premier réflexe était de prier Dieu pour qu'il puisse me protéger et m'épargner de ce raciste. Je priais de tout mon cœur pour que le raciste ne vienne pas me voir et m'insulter du fait de mon origine. Il arriva et il m'a regardé droit dans les yeux, j'avais l'impression qu'on allait se battre. Dans ma tête, je me disais que j'allais subir à nouveau des propos racistes. Voilà, il criait de toutes ses forces en lâchant des propos racistes. J'ai volontairement augmenté le volume parce que j'avais peur d'affronter à nouveau mon traumatisme. Je regardais les gens autour de moi et il me regardait tous... C'était une honte pour moi car il m'insultait directement en face de moi. J'étais vraiment bouillant à l'intérieur de moi, je transpirais, mon cœur battait à la vitesse d'un TGV et j'avais les poings serrés. C'est une réaction totalement normale quand un être humain sent le danger. Je voulais me battre, j'étais prêt à tout pour l'assassiner ou le pousser à la sortie à chaque station, je m'imaginais des scénarios dans ma tête, puis soudain je sentais la présence de Dieu. Il me disait qu'il fallait apprendre à se contrôler, comme il l'a vécu en son temps. J'ai abandonné et j'ai lâché une larme qui coulait jusqu'à mon masque. J'avais l'impression d'être un déchet et je me plaignais parce que personne n'était capable de réagir. En réalité, cette personne était très instable et j'avais peur que cela s'empire si je réagissais. À la descente du bus, j'étais crispé et j'étais paralysé. Ce jour-là, c'est décidé, après tout ce que j'ai entendu, je ne veux plus perdre. Je veux que le racisme disparaisse de ma vue. Je suis prêt à me battre pour toutes les causes.


Je soutiendrais les personnes qui reçoivent des propos racistes.
Je serais le nouveau Martin Luther King qui se bat contre le racisme,
le nouveau Nelson Mandela qui se bat contre le racisme,
mais, à vrai dire, il faut être réaliste.


Le racisme ne disparaîtra jamais. Il a existé depuis le début de l'humanité. Comment cela peut-il encore exister en 2021 ? Même avec l'UEFA qui a mis en place une campagne contre le racisme avec le slogan « No To Racism », les footballeurs de peau noire souffrent toujours de racisme. Rien n'a véritablement changé... mais j'avais de l'espoir envers l'humanité car beaucoup ont soutenu les footballeurs et que finalement c'était qu'une minorité qui les insultait. Je vois aussi de mes propres yeux des propos racistes sur les réseaux sociaux et ça ne me surprend plus parce que je vois ça tous les jours. Ça me dégoute... L'humanité n'a pas réellement évolué sur le plan humain.

Est-ce une perte de temps de lutter à nouveau contre le racisme ? Bien sûr que non... Si seulement plus de monde pouvait se battre, on aurait certainement gagné. Mais bon avec des « si », on refait le monde.

J'espère que le monde changera après ma mort...