Mon enlevement

«Moi je suis différente, je l'ai toujours été .Pour ma mère, c'est comme si j'étais une extraterrestre.»
Zombie, grincheuse, ringarde. Avec ces mots je m'y connais .Ils m'étaient jounalièrement adressés tant par les membres de ma famille que par les voisins qui les répétaient. D'une famille de quatre enfants j'étais la cadette. La peau foncée, j'étais la plus lente mais surtout la plus insociable, me répétait ma mère toutes les deux minutes. Depuis que j'ai atteint la capacité d'analyser les dires des autres, je m'y suis volontairement acceptée. Après tout l'habitude est une seconde nature. J'ai finit par comprendre que ma présence n'était pas trop appréciée. La différence attire mais dans mon cas, elle est monstrueusement repoussante.
Etant la seule disponible de la maison, la tâche d'aller faire les courses au marché m'incombait. Mère ne voulait surtout pas mettre en danger ses autres filles chéries en qui elle a tout investit vue le phénomène de séquestration qui terrorisait tout le monde dans la ville.
À quelques pas de la maison, en revenant du marché, une voiture s'est arrêtée nette devant moi .C'était une grande voiture de couleur blanche dont j'ignorais la marque mais dont j'imaginais l'énorme coût qu'elle pourrait avoir. Soudain un homme ouvrit la portière et me bousculât à l'intérieur.

Je me débattais dans la voiture, criais, hurlais, les hommes eux essayèrent de me maitriser en vue de me bander le visage pendant que le gros qui était à droite du chauffeur me menaçait d'une arme. L'arme était énorme comme celles que je voyais parfois à la télévision car les seules fois où je voyais ces armes c'était dans les films de thriller que je regardais de temps à autre sur la chaîne de la télévision pacific les jeudis en l'absence de ma mère.

Ringarde! Ringarde! Ringarde! Par ces mots familiers, en sursaut je me suis réveillée. Comme je disais avec ces mots je m'y connais. Par contre ce que je trouvais anormal c'étais leurs répétitions réverbératives ce qui n'était pas dutout ordinaire. J'étais dans cette chambre assez éclairée par les trous transperçant les vielles feuilles de tôles complètement abimés qui servaient de toît, les murs étaient tous recouverts de caricatures de toutes sortes (hommes, armes, propos malsains, etc). Soudain j'entendis des voix s'approcher, quelques secondes suivirent et apparurent devant moi deux silhouettes d'hommes.

Je reconnus le premier. C'était celui qui détenait l'arme en main. Oh Seigneur : ce n'étais donc pas un rêve .Que me voulez-vous ? Dis-je d'une voix tremblante

_Calme-toi, tu es ici, pour beaucoup de choses
_Je ne sers à rien, vous perdez votre temps...ma famille ne m'aime pas elle se fiche de moi. Elle ne paiera pas pour ma liberté alors si vous voulez, tuez moi maintenant et sauvez moi de cette vie misérable.
_Comment ça ? Tu nous prends pour la police ou pour des anges ? Nous ne somme pas là pour te sauver au contraire toi tu es là pour nous aider et tu seras d'une grande aide idiote.

Ils me parlèrent avec des airs pervers, me tripotèrent de leurs regards et leurs mains, me crachèrent dessus jusqu'à me déshabiller. Je pleurais hurlais, mais personne ne m'entendait aussi, je m'imaginais ne pas recevoir d'aide par le bruit exagéré de la musique assourdissante dans les parages.
Ils étaient cinq. Cinq hommes repoussants qui me violèrent trois fois par jour, cinq monstres qui me tripotèrent comme un enfant s'amuserait avec de la pâte à modeler. Je suppliais la mort de venir à moi mais elle, elle se refusa d'acquiescer à ma demande. Ils me nourrissaient à peine. J'étais plus q'une ringarde ,plus q'une grincheuse ,j'etais remplie de colère ,meutrie de l'intérieur.

J'étais forcée de boire une potion dont le but était de m'affaiblir. D'un coup je me suis sentie nauséeuse. J'avais pas toute mes connaissances mais je pouvais sentir mes bras et mes jambes s'alourdirent. Malgré le tournis je gardais une conscience aigüe des coups violents répétés subis pendant des heures. En reprenant mes esprits ,mon corps était meurtrit, je n'arrivais pas à me soutenir, griffures, morsures, hématomes, trace de sang, des douleurs partout. J'arrivais à peine à ouvrir les yeux. Leurs odeurs, leurs sueurs, leurs voix le tout persistant dans ma mémoire.Ils hésitèrent à me tuer préférant me jetter dans une benne à ordure, c'étais encore l'aube.
Je sentis une chaleur sur ma joue droite, quelques rayons d'une douce chaleur du soleil venait de me réveiller. Étrange, j'étais installée sur un petit mont d'immondices se trouvant près d'un carrefour. J'étais dans l'une de ces zones renommée pour être la forteresse des bandits, besogneux, affamés et armés de la capitale. Lieu impénétrable même par la police nationale.

Maladroitement habillée, j'essayais dans la mesure de mes capacités de me lever et marcher afin de trouver de l'aide. Ma voix était inaudible, j'avais la gorge sèche, je râlais avec des pas d'escargots. Pip pip ,pippppp résonnait à une petite distance l'avertisseur d'un camion, j'ai levé la main tant bien que mal pour faire signe au chauffard de m'attendre afin d'avoir le temps de traverser quand celui-ci dans l'incapacité de freiner me passa dessus et s'enfuit à toute vitesse. Je reprenais une nouvelle fois contact direct avec le sol. J'étais la couchée au milieu de cette rue, incapable de me relever. Espérant qu'un haïtien plus ou moins humain parmi ces tas d'ignorants aie un peu de pitié pour m'aider à vivre car une fois de plus la mort n'était pas venue à mon secours.

L'air frais de la pièce me calmait, une mélodie relaxante envahissait l'atmosphère, j'ouvris les yeux ce n'était pas une salle. L'espace était d'un blanc éclatant. Sainte grâce! J'étais dans le vide !

-Alors te sens tu prête?
_Qui est là ? Qui êtes vous? Prête pourquoi? Questionnais cette voix...
- Ne t'inquiète pas, ici personne ne te jugeras, tu es ton propre juge...
_Je ne comprend pas... mais qui êtes vous ? Pourquoi vous vous cachez?
_ Non petite je ne me cache pas, ricana la voix d'un rire moqueur, je suis toi.
_Mais vous êtes malade ? Comment pouvez-vous être moi ?
_ Oh non! La malade ici c'est uniquement toi. Alors voudrais-tu te soigner ? Vois-tu ces verres sur la table à ta gauche : le rouge c'est la victoire ; si tu t'aimes et que tu penses que tu es forte, belle et importante attrape le boit le contenu et deviens ce que tu souhaites.
Si tu penses que tu es tout ce que ta famille pense de toi et que tu acceptes d'être une idiote, une grincheuse et une inutile attrape le verre ayant le contenu vert et espère que cette fois la mort viendra à ton secours.

Je me tournai avec précaution j'attrapai ce verre fait d'un cristal fragile et bu le contenu rouge. À peine terminé n'ayant pas eu le temps de déposer le verre à sa place, j'ouvris les yeux et j'étais surprise de ce que je voyais. J'étais dans cette salle avec une tonne de tubes branchés à mon corps. Sur un minuscule lit et la salle remplie des cette odeur inaléchante et stérile. Brusquement une infirmière me dit:

_ Tu es très forte, ça va le pire est passé. Maintenant je vais leur dire d'entrer
_ Dire à qui d'entrer questionnai-je l'infirmière d'une voix affaiblie.
_ Ta famille mademoiselle, ta mère était impatiente que tu te réveille
_ Ma mère! Impatiente! Mais suis- je morte? Me dis-je à moi-même.
C'était la seule vérité pour moi quand une voix m'interrompit et me fit quitter le monde de mes réflexions.
_Oh merci mon Dieu elle est vivante ma petite fille.Je suis désolée,pardonne moi! je t'en prie pardonne moi .Je suis si contente que tu sois vivante.