Cette nuit-là, Tom n'arrivait pas à s'endormir. Il n'avait aucune idée de l'heure qu'il était car son réveil avait atterri au milieu de sa chambre, quand il avait sonné le matin même.
Tom n'avait que 9 ans mais il avait le caractère d'un adolescent de 15 ans. Il ne mangeait rien sauf du chocolat et des steaks, se couchait tard et râlait sur ses parents.
La cloche de l'église retentit soudain. Douze coups, c'était minuit.
Tom s'assit sur le rebord de sa fenêtre. Il contempla longuement la voûte étoilée. C'était la pleine lune. La pleine lune, minuit... Cela le faisait penser à une histoire de loups-garous dévoreurs d'Hommes qu'il avait lu. Ils n'apparaissaient que les soirs de pleine lune à minuit.
Il entendit la porte d'entrée grincer ; il se dit que c'était son père qui rentrait du travail car il finissait très tard et rentrait au milieu de la nuit. Puisqu'il n'arrivait pas à dormir, Tom se dit qu'il allait descendre lui dire bonne nuit. Il ouvrit la porte de sa chambre très doucement pour ne pas réveiller sa mère qui dormait dans la chambre d'à côté et descendit les marches de l'escalier sur la pointe des pieds. La porte d'entrée était située en face de l'escalier et il ne lui restait qu'une volée de marche pour arriver tout en bas. Tom s'attendait à voir le visage de son père avec sa barbe, son bonnet et son écharpe mais ce qu'il vit le pétrifia de terreur.
Une lumière surnaturelle s'échappait par l'entrebâillement de la porte et une main osseuse et squelettique était posée sur la poignée extérieure. Quelqu'un, ou plutôt quelque chose essayait de rentrer. Tom ne pouvait détourner les yeux de cette vision ; pourtant, ses pupilles le brûlaient car après tout, il était minuit et il était très fatigué. En lui, bouillonnait un mélange d'effroi et de fascination, comme le lapin fasciné par le renard. Tom était la proie et la chose le prédateur. Dans la cuisine, les deux aiguilles de l'horloge étaient arrêtées sur le douze. Minuit.
Dans la maison, on aurait dit que le temps était arrêté. Tom aurait voulu crier mais aucun son ne sortait de sa gorge. Il déglutit péniblement. Il n'avait rien fait pour mériter ça ; enfin, si peut-être qu'il avait râlé sur sa mère une ou deux fois et tirer la langue à son père mais c'était tout ! Rien de bien méchant !
Le jeune garçon entendit une sorte de chuchotement. De plus en plus fort. De sa voix gutturale, la chose l'appelait par son prénom :
« Tom, Tom. Viens à moi ! »
Une force invisible l'attirait vers la chose. Machinalement, il s'approchait d'elle. Ses muscles refusant de lui obéir, il avançait pas après pas, centimètre après centimètre. La main osseuse était à présent tendue vers lui. Il n'était plus qu'à quelques pas d'elle. Bientôt, elle pourrait se refermer autour de son cou et l'entraîner avec elle. Plus que 5 centimètres, 4, 3, 2, 1...
Soudain, Tom se réveilla, le front trempé de sueur, les mains moites. Il descendit de son lit en tremblant et regagna en toute hâte la cuisine où se trouvaient déjà ses parents. Sa mère lui demanda :
« - Ça va mon chéri, tu as l'air bien pâle ce matin ?
- Oui oui, ça va maman, ne t'inquiètes pas, je suis juste un peu barbouillé. Je n'ai pas très faim, je remonte dans ma chambre. »
Mais avant même qu'il ait atteint la première marche, sa mère le questionna :
« Tu as entendu les bruits dans l'entrée hier soir ? Je me suis rendu compte ce matin que j'avais oublié de fermer la porte à clé ! J'espère que ce n'était pas un voleur ! »
Un doute germa alors dans l'esprit de Tom : ce qu'il avait vu n'était peut-être pas un cauchemar...