« Moi je suis différent. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais un extra-terrestre. Un alien » disait-elle. Elle me l'a répété, tellement de fois que c'est comme imprimé, gravé dans ma mémoire.
Mais cela, vous vous en foutez n'est-ce pas ? Vous êtes là, à me scruter comme une bête de foire. Si c'était possible de se faire transpercer par des regards, je serais déjà mort une bonne dizaine de fois. Et Voilà l'autre qui se ramène et me demande de me « borner aux faits ». Il n'a que ça à la bouche. Alors moi je vous demande messieurs, « comment peut-on observer une œuvre d'art en quelques instants sans l'insulter ? Comment peut-on extraire la substance, la magnificence d'un être supérieur en quelques secondes ? Donc fermez là et écoutez bien...car je ne prêche qu'une fois. »
Même mes débuts sur cette terre ont été grandioses. Les patients sur les tables d'opérations, ceux en réanimation et tous ceux qui étaient connectés à des machines dont le nom m'est trop compliqué pour m'en souvenir sont venus m'accueillir. Pendant que mon âme passait du néant à la vie, les leurs faisaient le chemin inverse. Leurs corps ayant subi de plein fouet la foudre annonçant ma venue. Selon ma mère, une entité supérieure en apprenant mon arrivée m'a souhaité la bienvenue avec la foudre ; le tonnerre n'était que mon annonciation. Ce postulat j'ai forcément fini par l'accepter. Quand on te répète le même truc, encore, et encore, et encore, et encore... et en encore, cela devient une vérité absolue. Il n'y a pas à dire je suis forcément un être d'ailleurs. Regardez ma grosse caboche, mes yeux globuleux, mon nez aplati sur un corps aussi fin qu'un fil de fer pour accueillir la plus grande intelligence que jamais évaluée ; 242 de Q.I selon des tests. Certains d'entre vous doivent déjà me prendre pour un fou, « un fanatique doublé d'un égocentrique qui frôle la folie des grandeurs ». C'est ce que répétait feu mon psychiatre. Hum !!! Que l'enfer lui soit léger. Ah bah bien sûr qu'il ira en enfer le bougre !! Il a osé insulter l'être suprême que je suis. Grave erreur à l'instar de Maurice. Oui Maurice.
Eh bien, Maurice, avait 30 ans. Il était un mari aimant et père de deux enfants. Mais avec ça je ne vous apprends rien. Maurice avait la fâcheuse tendance à venir sonner à ma porte à tout moment pour venir emprunter tout et n'importe quoi chez moi. Vous l'aurez deviné ; on était voisins. Je dirais même bon voisin. À ceci près que je n'ai jamais mis les pieds chez lui et vice-versa. Hélas un soir, il a fait l'impensable. Après avoir sonné trois fois, il n'a pas jugé bon de m'attendre, le bougre s'est introduit dans mon cocon. Il m'a vu à table dégustant des restes réchauffés de mon repas de la veille. En me tournant vers lui, j'ai pu voir dans ses yeux un étonnement et un soupçon de peur lorsqu'il remarqua la viande de mon plat. En le saluant, il m'a juste répondu d'une voix tremblante qu'il voulait emprunter du gel douche... HUM !!! Qui a déjà eu l'idée saugrenue d'emprunter du gel ? Mais bon. En bon voisin que je montai à l'étage lui chercher ce qu'il voulait. Lorsque je descendis avec la bouteille, Maurice était toujours à la même place. Mais il perlait sur son front un mince filet de sueur. Je pouvais sentir suinter de lui une odeur appétissante que j'aurais reconnue entre mille. Celle de la peur. Un sourire flamboyant aux lèvres, je lui remis le produit tant désiré. Il attrapa la boite fébrile avant de me remercier et de prendre la porte. Durant ce petit échange ses yeux n'avaient eu de cesse d'osciller entre mon repas et moi. Quand il fut enfin hors de chez moi, je ne pus empêcher mon sourire de se transformer en un rictus singulier, prémices pour moi, d'un divertissement futur. M'approchant d'une fenêtre donnant sur sa maison, j'ouvrai discrètement mes volets et je pus l'observer au téléphone. Il avait l'air en panique. J'imaginai de là tout le charabia qu'il tentait de dire aux policiers.
« Comment j'avais su que c'était des policiers ? » Mon petit doigt me l'a dit. Ma prédiction s'était trouvée avérée. Quarante minutes plus tard, j'accueillis deux policiers dans mon cocon naguère immaculé, maintenant dépravé et foulé par des inconnus.
Ils me firent passer un mini interrogatoire, ressemblant plus à un entretien qu'autre chose. La question qui revint le plus était : « Qu'elle viande avez-vous utilisée pour votre ragoût ? » Je m'efforçai de leur expliquer que c'était de la viande de bœuf. Cela ne leur suffit pas, ils prirent ce qu'il restait de ma nourriture pour la tester au labo. Ce ne fut qu'une bonne heure plus tard que le policier qui était resté avec moi, l'autre étant celui parti pour le labo, après avoir reçu un appel me dit que c'était bel et bien de la viande de bœuf. Je lui fis alors un sourire ; il me salua, s'excusa du dérangement et se dirigea vers la sortie.
Après avoir fermé la porte, je n'entendis pas directement le bruit du moteur de la voiture de police. Aussi, je retournais vers ma fenêtre et je vis le policier aller vers la bâtisse de Maurice. Je remarquai ce dernier le saluer sur le pas de sa porte, et entamer une discussion avec lui. L'échange ne dura guère longtemps mais me parut houleux. Il se finit lorsqu'il retourna l'air mécontent dans sa maison.
Toujours accrochés à ma fenêtre avec mon rictus, j'aperçu la femme et les filles de Maurice rentrer. Il sortit leur souhaiter un bon retour et quelques instants plus tard je le vis sortir avec sa voiture pour sa traditionnelle course vers le centre-ville. Objectif ?... Acheter des clopes qu'il « ne trouvait nulle part ailleurs » m'avait-il dit une fois.
J'en profitai pour m'introduire dans sa maison, et endormir le reste de la famille avec un gaz soporifique de mon cru. « Comment j'ai fait pour m'introduire là ? Et comment j'ai fabriqué ce gaz soporifique ? » Chacun a ses petits secrets. Si je vous les dévoile, comment ferais-je pour vous plus tard ?
Grâce à mes talents de cuisinier et de charcutier, et surtout les excellents ingrédients sous ma main, je pus préparer un dîner exceptionnel pour le retour de Maurice. Le connaissant, glouton comme il était, il mangerait sans demander d'après sa femme. Il finira juste par aller s'échouer dans le lit conjugal à côté de son épouse. Le repas préparé je pris soin de disposer des restes tout en n'oubliant pas de laisser un joli petit cadeau à Maurice. Je remarquai à la fin qu'une heure et demie était déjà passée. Il avait l'habitude de rentrer dans ces courants-là. Il ne m'en fallut pas plus pour quitter les lieux.
De retour chez moi derrière la fenêtre, je le vis rentrer. Je ne l'entendis point appeler sa femme. Je supposai donc que le fumet de son repas chaud l'avait déjà séduit. J'attendis une bonne trentaine de minute et je retournai chez lui.
Là je le vis affalé sur la table, un filet de bave aux coins des lèvres, un doigt avec une alliance avec du vomi à côté de sa bouche. Mon rictus devint alors un sourire démoniaque. La réalisation de ce qu'il avait mangé, et surtout le poison avait dû le terrasser. Ni une ni deux je m'approchai couteau à la main disposer de ce gros morceau de viande qui irait garnir dans peu de temps mes vivres.
Chantant une mélodie de mon enfance, je découpai par ci par là. Seul le bruit de la porte s'ouvrant me ramena à la réalité. J'avais oublié de la fermer à clé. Et sur le pas de la porte se trouvait ma mère. Je n'avais jamais imaginé qu'il aurait osé appeler ma mère après les policiers... D'ailleurs, comment avait-il obtenu son numéro ?
Un long frisson me parcourut l'échine. Un seul mot s'échappa de ses lèvres. Il sonna comme un glas pour moi. Une sentence pire que ce que vous vous pourriez imaginer. « Monstre ». L'alien, l'extraterrestre s'était mué en un monstre pour lequel elle avait du dégoût.
Je suis alors resté là, immobile, en attente des policiers qui virent me chercher suite à son coup de fil.
Et nous en sommes là aujourd'hui. Messieurs le juge et les jurés. J'attends votre verdict.
Mais cela, vous vous en foutez n'est-ce pas ? Vous êtes là, à me scruter comme une bête de foire. Si c'était possible de se faire transpercer par des regards, je serais déjà mort une bonne dizaine de fois. Et Voilà l'autre qui se ramène et me demande de me « borner aux faits ». Il n'a que ça à la bouche. Alors moi je vous demande messieurs, « comment peut-on observer une œuvre d'art en quelques instants sans l'insulter ? Comment peut-on extraire la substance, la magnificence d'un être supérieur en quelques secondes ? Donc fermez là et écoutez bien...car je ne prêche qu'une fois. »
Même mes débuts sur cette terre ont été grandioses. Les patients sur les tables d'opérations, ceux en réanimation et tous ceux qui étaient connectés à des machines dont le nom m'est trop compliqué pour m'en souvenir sont venus m'accueillir. Pendant que mon âme passait du néant à la vie, les leurs faisaient le chemin inverse. Leurs corps ayant subi de plein fouet la foudre annonçant ma venue. Selon ma mère, une entité supérieure en apprenant mon arrivée m'a souhaité la bienvenue avec la foudre ; le tonnerre n'était que mon annonciation. Ce postulat j'ai forcément fini par l'accepter. Quand on te répète le même truc, encore, et encore, et encore, et encore... et en encore, cela devient une vérité absolue. Il n'y a pas à dire je suis forcément un être d'ailleurs. Regardez ma grosse caboche, mes yeux globuleux, mon nez aplati sur un corps aussi fin qu'un fil de fer pour accueillir la plus grande intelligence que jamais évaluée ; 242 de Q.I selon des tests. Certains d'entre vous doivent déjà me prendre pour un fou, « un fanatique doublé d'un égocentrique qui frôle la folie des grandeurs ». C'est ce que répétait feu mon psychiatre. Hum !!! Que l'enfer lui soit léger. Ah bah bien sûr qu'il ira en enfer le bougre !! Il a osé insulter l'être suprême que je suis. Grave erreur à l'instar de Maurice. Oui Maurice.
Eh bien, Maurice, avait 30 ans. Il était un mari aimant et père de deux enfants. Mais avec ça je ne vous apprends rien. Maurice avait la fâcheuse tendance à venir sonner à ma porte à tout moment pour venir emprunter tout et n'importe quoi chez moi. Vous l'aurez deviné ; on était voisins. Je dirais même bon voisin. À ceci près que je n'ai jamais mis les pieds chez lui et vice-versa. Hélas un soir, il a fait l'impensable. Après avoir sonné trois fois, il n'a pas jugé bon de m'attendre, le bougre s'est introduit dans mon cocon. Il m'a vu à table dégustant des restes réchauffés de mon repas de la veille. En me tournant vers lui, j'ai pu voir dans ses yeux un étonnement et un soupçon de peur lorsqu'il remarqua la viande de mon plat. En le saluant, il m'a juste répondu d'une voix tremblante qu'il voulait emprunter du gel douche... HUM !!! Qui a déjà eu l'idée saugrenue d'emprunter du gel ? Mais bon. En bon voisin que je montai à l'étage lui chercher ce qu'il voulait. Lorsque je descendis avec la bouteille, Maurice était toujours à la même place. Mais il perlait sur son front un mince filet de sueur. Je pouvais sentir suinter de lui une odeur appétissante que j'aurais reconnue entre mille. Celle de la peur. Un sourire flamboyant aux lèvres, je lui remis le produit tant désiré. Il attrapa la boite fébrile avant de me remercier et de prendre la porte. Durant ce petit échange ses yeux n'avaient eu de cesse d'osciller entre mon repas et moi. Quand il fut enfin hors de chez moi, je ne pus empêcher mon sourire de se transformer en un rictus singulier, prémices pour moi, d'un divertissement futur. M'approchant d'une fenêtre donnant sur sa maison, j'ouvrai discrètement mes volets et je pus l'observer au téléphone. Il avait l'air en panique. J'imaginai de là tout le charabia qu'il tentait de dire aux policiers.
« Comment j'avais su que c'était des policiers ? » Mon petit doigt me l'a dit. Ma prédiction s'était trouvée avérée. Quarante minutes plus tard, j'accueillis deux policiers dans mon cocon naguère immaculé, maintenant dépravé et foulé par des inconnus.
Ils me firent passer un mini interrogatoire, ressemblant plus à un entretien qu'autre chose. La question qui revint le plus était : « Qu'elle viande avez-vous utilisée pour votre ragoût ? » Je m'efforçai de leur expliquer que c'était de la viande de bœuf. Cela ne leur suffit pas, ils prirent ce qu'il restait de ma nourriture pour la tester au labo. Ce ne fut qu'une bonne heure plus tard que le policier qui était resté avec moi, l'autre étant celui parti pour le labo, après avoir reçu un appel me dit que c'était bel et bien de la viande de bœuf. Je lui fis alors un sourire ; il me salua, s'excusa du dérangement et se dirigea vers la sortie.
Après avoir fermé la porte, je n'entendis pas directement le bruit du moteur de la voiture de police. Aussi, je retournais vers ma fenêtre et je vis le policier aller vers la bâtisse de Maurice. Je remarquai ce dernier le saluer sur le pas de sa porte, et entamer une discussion avec lui. L'échange ne dura guère longtemps mais me parut houleux. Il se finit lorsqu'il retourna l'air mécontent dans sa maison.
Toujours accrochés à ma fenêtre avec mon rictus, j'aperçu la femme et les filles de Maurice rentrer. Il sortit leur souhaiter un bon retour et quelques instants plus tard je le vis sortir avec sa voiture pour sa traditionnelle course vers le centre-ville. Objectif ?... Acheter des clopes qu'il « ne trouvait nulle part ailleurs » m'avait-il dit une fois.
J'en profitai pour m'introduire dans sa maison, et endormir le reste de la famille avec un gaz soporifique de mon cru. « Comment j'ai fait pour m'introduire là ? Et comment j'ai fabriqué ce gaz soporifique ? » Chacun a ses petits secrets. Si je vous les dévoile, comment ferais-je pour vous plus tard ?
Grâce à mes talents de cuisinier et de charcutier, et surtout les excellents ingrédients sous ma main, je pus préparer un dîner exceptionnel pour le retour de Maurice. Le connaissant, glouton comme il était, il mangerait sans demander d'après sa femme. Il finira juste par aller s'échouer dans le lit conjugal à côté de son épouse. Le repas préparé je pris soin de disposer des restes tout en n'oubliant pas de laisser un joli petit cadeau à Maurice. Je remarquai à la fin qu'une heure et demie était déjà passée. Il avait l'habitude de rentrer dans ces courants-là. Il ne m'en fallut pas plus pour quitter les lieux.
De retour chez moi derrière la fenêtre, je le vis rentrer. Je ne l'entendis point appeler sa femme. Je supposai donc que le fumet de son repas chaud l'avait déjà séduit. J'attendis une bonne trentaine de minute et je retournai chez lui.
Là je le vis affalé sur la table, un filet de bave aux coins des lèvres, un doigt avec une alliance avec du vomi à côté de sa bouche. Mon rictus devint alors un sourire démoniaque. La réalisation de ce qu'il avait mangé, et surtout le poison avait dû le terrasser. Ni une ni deux je m'approchai couteau à la main disposer de ce gros morceau de viande qui irait garnir dans peu de temps mes vivres.
Chantant une mélodie de mon enfance, je découpai par ci par là. Seul le bruit de la porte s'ouvrant me ramena à la réalité. J'avais oublié de la fermer à clé. Et sur le pas de la porte se trouvait ma mère. Je n'avais jamais imaginé qu'il aurait osé appeler ma mère après les policiers... D'ailleurs, comment avait-il obtenu son numéro ?
Un long frisson me parcourut l'échine. Un seul mot s'échappa de ses lèvres. Il sonna comme un glas pour moi. Une sentence pire que ce que vous vous pourriez imaginer. « Monstre ». L'alien, l'extraterrestre s'était mué en un monstre pour lequel elle avait du dégoût.
Je suis alors resté là, immobile, en attente des policiers qui virent me chercher suite à son coup de fil.
Et nous en sommes là aujourd'hui. Messieurs le juge et les jurés. J'attends votre verdict.