Ma froide nuit

Il était près de 4 heures du matin, il faisait encore noir. J'avais passé toute la soirée chez des amis, on s'était bien amusés mais on avait fini comme on n'aurait pas dû: avec des histoires d'horreurs ,comme des ados.

J'étais épuisé, je voyais à peine la route de campagne sur laquelle je roulais.Tantôt je m'assoupissais au volant, tantôt je me rappelais les épouvantes racontées ce soir et frissonnais.

Au bout d'un moment d'inattention, la voiture glissa sur une plaque de verglas ou quelque chose du même genre. Je tournais le volant d'un coup sec et fonça sur un pré entouré d'une vieille clôture en bois. Le frein ne fonctionnait plus et la barrière éclata sous le choc. Je fus éjecté de la voiture avant qu'elle aussi n'explose et me retrouva allongé sur l'herbe froide et humide.

Quand, au bout de quelques minutes, je décida enfin de me lever,  je me rendis compte à quel point la nuit était froide et noire. Le vent me fouettait le visage, je regrettais de n'être qu'en chemise légère, me frotta les bras pour me réchauffer et avançais plus loin dans le pré. Plus je m'enfonçais dans l'obscurité, plus je me sentais mal à l'aise. J'avais comme l'impression qu'on m'observait ,comme si je n'étais plus seul.

Je me retourna pour vérifier qu'il n'y avait personne et vis les dégâts causés par ma voiture. Il y avait des morceaux de verre et de métal partout. Une épaisse fumée noirâtre s'échappait du moteur en feu non loin des autres débris. Je repris tant bien que mal mon chemin en allant vers le bout du pré dans l'espoir de trouver une route pour faire de l'auto-stop.

Soudain, un éclair, un seul, déchira le ciel et frappa un arbre. Le tronc tomba immédiatement avec un bruit fracassant sur l'herbe, ce qui provoqua une petite secousse autour de moi. Je vis une étrange fumée blanche sortir de la souche et j'eu la mauvaise idée de m'en approcher.

A mon impression d'être observé, s'ajouta une impression d'entendre des petites voix, des chuchotements à peine perceptibles. Je ne me sentais vraiment pas bien et voulu partir mais quelque chose m'en empêchait. Pire, une chose me poussait littéralement vers la souche fumante.

Lentement, j'eus l'impression qu'une forme se dessinait dans la fumée blanche, une forme qui ressemblait de plus en plus à une forme humaine. Les chuchotements s'intensifièrent et une odeur nauséabonde m'entourait. En essayant de reculer je trébucha sur un objet invisible et me retrouva assis devant un corps fait de fumée, un corps fantomatique. Des mains presque transparentes en sortirent, m'attrapèrent par les épaules et me relevèrent. Là où elles avaient posé leurs doigts, j'eus une sensation désagréable de moiteur.

Le fantôme devient de plus en plus net et coloré. En un instant je me retrouvais devant une vieille femme qui me toisait de haut avec de tout petits yeux, noirs comme le ciel. Vêtue d'une robe de mariée de l'époque d'avant guerre, encore blanche comme si elle était neuve et sertie de perles. Tout à coup, la femme baissa ses grandes mains ridées vers mon cou qu'elle serra très fort. Je ne parvenais presque plus à respirer et je senti de nouveau la froideur et la moiteur au contact de sa peau. Pendant un instant je me sentis mourir et d'un coup elle me relâcha en me chuchotant une phrase que je ne pu comprendre, dans une langue que je ne connaissais pas et elle s'évapora.

Je partis en courant vers le fond du pré non sans me retourner. La vieille femme avais disparu et je crus voir l'arbre en un seul morceau. Heureusement, au moment où le soleil se leva, je vis une route et me plaça au bord, levant le pouce dans l'espoir qu'un conducteur bienveillant pourrait me ramener chez moi. Je n'arrivais pas à oublier ce qu'il venait de se passer, mon cœur battait la chamade. Je me rassurais en me disant que j'avais rêvé, que j'étais fatigué et que les histoires racontées durant ma soirée et mon accident m'avaient fait halluciner. Tout simplement ce n'était pas possible.

Après environ un quart d'heure à marcher sur le bord de la route, un grand camion s'arrêta et accepta de me déposer en ville. A peine installé, je m'assoupi le corps endolori, mais le bruit désagréable d'une sonnerie me réveilla. En ouvrant les yeux avec difficulté, j'aperçus avec stupeur que je n'étais plus dans le camion à côté du conducteur, mais encore sur le canapé chez mes amis...
 
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