Moi je suis différente. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais une extraterrestre.
Dernière née et unique fille d'une famille sans père, ma vie n'a jamais été un fleuve tranquil. Je n'avais pas de père et j'étais rongée par les remords car d'après tous, c'était de ma faute : j'etais la source de tout nos malheurs.Ce fut un 03 janvier lors d'une tempête de pluie que je vis le jour à l'hôpital central de Bafoussam, une petite ville de la région de l'ouest-CAMEROUN. Ma venue au monde était un évènement malheureux que joyeux. Je suis sortie des entrailles de ma mère par les pieds ce qui est synonyme d'un grand pouvoir spirituel pour la culture bamiléké qui est la mienne.
La chose étrange qui se produisit est que : je n'avais pas crié comme tous les bébés, malgré les tapettes que me faisaient les médecins. Ma mère qui n'avait encore jamais assistée à une telle scène, effrayée, elle fit un arrêt cardiaque. C'était la panique totale dans la salle d'accouchement, les sages femmes s'affolaient tandis que le docteur essayait de la reanimer, mais ses efforts furent vains. Mon père qui attendait impatiemment dans le hall, appris la nouvelle à propos de ma mère, fit un infarctus et perdit la vie.
Recouvert d'un drap blanc luisant, le corps de ma mère était prêt à être envoyé à la morgue près de celui de son mari mais tout à coup, les doigts de ma mère se mirent à bouger et elle fit un grand soupir. comme si elle venait de faire un horrible cauchemar. Les sages femmes effrayées s'enfuirent de la salle fracassant tout sur leurs passages. Pour elles, c'était une revenante : une personne venue de l'au-delà.La pièce, illuminée de part et d'autre d'une lumière blanchâtre, empêchait ma mère de voir où se trouvait la porte : elle était encore convalescente. Elle se levait brusquement du lit en essayant de trouver la sortie mais sa tunique bleue semblable à celle des malades des hôpitaux occidentaux, la fit trébucher. Malgré la chute, elle gardait sa détermination qui la permettait d'avancer. Elle connaissait cette hôpital comme le fond sa poche, elle avait déjà eu mes trois grands frères en ces lieux. Elle se dirigeait donc à grand pas dans la salle où je me trouvais en criant :«où sont mes bébés?» . Le docteur pris son courage à deux mains et lui répondit :«désolé madame ,on a perdu un bébé, il ne reste plus qu'une jolie petite fille».
Elle ne cessait de pleurer mais était tout de même fière de son bébé. Tout allait tellement vite qu'elle oublia l'absence de mon père. Et ce n'est qu'après quelques heures de repos que le docteur lui fit part de ce qui était arrivé. Une sorte de désespoir s'empara d'elle. Ma mère regrettait déjà de m'avoir mis au monde. Pour elle, j'avais sacrifié mon père et ma soeur. Je devais provoquer des dégâts sur mon passage, j'étais une fille maudite.Des années passèrent et ma mère n'oubliait pas toujours l'incident qu'avait provoqué ma naissance. Je n'avais pas de camarade, personne à qui parler. Mes frères quant à eux me voyaient comme une maudite . J'avais déjà 10 ans et je n'avais pas de nom, ni de prénom :je n'étais personne.
Alors que je me baladais en m'appitoyant sur mon sort dans un endroit sacré non loin de notre maison, je vis accroché à un arbre, un corossol. Je ne pus m'empêcher de le ceuillir et de me régaler, mais alors que je finissais ma dégustation, je vis les gardes du chef m'encercler.
Ils me demandèrent de les suivre ce que je fis.Nous arrivâmes donc à la chefferie où le chef et quelques notables nous attendaient. C'est alors qu'ils me mirent à genoux en discutant sur mon sort.Je ne comprenais pas la langue des ancêtres.Alors qu'ils se discutaient tous, le chef généralement appelé: «fô» venait de lancer le verdict et il le fit à haute et intelligible voix : «Vu que notre fille accompli la prophétie en mangeant le fruit interdit qui était destiné à nuire le village, elle doit être enterrée vivante car elle porte le mal en elle. Elle sera à jamais dans nos cœurs comme étant la valeureuse guerrière qui donna sa vie pour sauver le village».J'étais stupéfaite ,«serait-il entrain de parler de moi?» ,Je n'eus pas le temps de réfléchir car je voyais ma mère accourir vers le chef pour plaider en ma faveur.La majorité des villageois se trouvaient déjà sur la place du village à m'observer.je ne comprenais rien , j'étais perdue,je ne savais pas si je devais faire comme ma mère, pleurer et demander pardon. Mais où sont mes frères ? Je ne les voyais pas. Ils avaient sans doute honte de moi.
C'est alors que les gardes royals m'escortèrent jusqu'à la place où je devais être enterrée. Quant à mère elle ne cessait de crier, de pleurer,d'invoquer les dieux, de trouver une solution: Il n'y en avait aucune. C'etait sous un soleil ardent, dans un petit coin prêt de l'arbre sacré qu'ils décidèrent de m'enterrer.Alors que le trou fut creusé, un évènement étrange arriva ,des coups de tonnerre de part et d'autre, le ciel qui se remplissait de nuages et une voix portante qui venait de nulle part qui retentit :«je suis le dieu de vos terres, de vos vies et je vous ordonne de laisser mon enfant».C'était tellement effrayant que tous les villageois prirent fuite sauf quelque gardes entêtés qui voulaient respecter les consignes du chef .Ma mère m'avait prise dans ses bras et ne cessait de chanter. Mais ces gardes nous séparèrent brusquement pour accomplir leur tâche.
C'est alors qu'un esprit de grande taille ,jeune et beau apparut avec une chicote pour leur donner une bonne leçon: c'était mon père.Je n'en doutais pas je l'avais longtemps vu sur les photos, il n'avait pas changé. Ma mère arrêta de pleurer.Il sourit et dit :« prends soin de notre perle, elle s'appelle Blessing».
Je compris à compter de ce jour que personne ne pouvait échapper à sa destinée et que l'amour d'une mère était le seul au monde qui puisse encore être vrai. Donc si vous avez une mère encore vivante, offrez lui des louanges car elle le mérite.
Dernière née et unique fille d'une famille sans père, ma vie n'a jamais été un fleuve tranquil. Je n'avais pas de père et j'étais rongée par les remords car d'après tous, c'était de ma faute : j'etais la source de tout nos malheurs.Ce fut un 03 janvier lors d'une tempête de pluie que je vis le jour à l'hôpital central de Bafoussam, une petite ville de la région de l'ouest-CAMEROUN. Ma venue au monde était un évènement malheureux que joyeux. Je suis sortie des entrailles de ma mère par les pieds ce qui est synonyme d'un grand pouvoir spirituel pour la culture bamiléké qui est la mienne.
La chose étrange qui se produisit est que : je n'avais pas crié comme tous les bébés, malgré les tapettes que me faisaient les médecins. Ma mère qui n'avait encore jamais assistée à une telle scène, effrayée, elle fit un arrêt cardiaque. C'était la panique totale dans la salle d'accouchement, les sages femmes s'affolaient tandis que le docteur essayait de la reanimer, mais ses efforts furent vains. Mon père qui attendait impatiemment dans le hall, appris la nouvelle à propos de ma mère, fit un infarctus et perdit la vie.
Recouvert d'un drap blanc luisant, le corps de ma mère était prêt à être envoyé à la morgue près de celui de son mari mais tout à coup, les doigts de ma mère se mirent à bouger et elle fit un grand soupir. comme si elle venait de faire un horrible cauchemar. Les sages femmes effrayées s'enfuirent de la salle fracassant tout sur leurs passages. Pour elles, c'était une revenante : une personne venue de l'au-delà.La pièce, illuminée de part et d'autre d'une lumière blanchâtre, empêchait ma mère de voir où se trouvait la porte : elle était encore convalescente. Elle se levait brusquement du lit en essayant de trouver la sortie mais sa tunique bleue semblable à celle des malades des hôpitaux occidentaux, la fit trébucher. Malgré la chute, elle gardait sa détermination qui la permettait d'avancer. Elle connaissait cette hôpital comme le fond sa poche, elle avait déjà eu mes trois grands frères en ces lieux. Elle se dirigeait donc à grand pas dans la salle où je me trouvais en criant :«où sont mes bébés?» . Le docteur pris son courage à deux mains et lui répondit :«désolé madame ,on a perdu un bébé, il ne reste plus qu'une jolie petite fille».
Elle ne cessait de pleurer mais était tout de même fière de son bébé. Tout allait tellement vite qu'elle oublia l'absence de mon père. Et ce n'est qu'après quelques heures de repos que le docteur lui fit part de ce qui était arrivé. Une sorte de désespoir s'empara d'elle. Ma mère regrettait déjà de m'avoir mis au monde. Pour elle, j'avais sacrifié mon père et ma soeur. Je devais provoquer des dégâts sur mon passage, j'étais une fille maudite.Des années passèrent et ma mère n'oubliait pas toujours l'incident qu'avait provoqué ma naissance. Je n'avais pas de camarade, personne à qui parler. Mes frères quant à eux me voyaient comme une maudite . J'avais déjà 10 ans et je n'avais pas de nom, ni de prénom :je n'étais personne.
Alors que je me baladais en m'appitoyant sur mon sort dans un endroit sacré non loin de notre maison, je vis accroché à un arbre, un corossol. Je ne pus m'empêcher de le ceuillir et de me régaler, mais alors que je finissais ma dégustation, je vis les gardes du chef m'encercler.
Ils me demandèrent de les suivre ce que je fis.Nous arrivâmes donc à la chefferie où le chef et quelques notables nous attendaient. C'est alors qu'ils me mirent à genoux en discutant sur mon sort.Je ne comprenais pas la langue des ancêtres.Alors qu'ils se discutaient tous, le chef généralement appelé: «fô» venait de lancer le verdict et il le fit à haute et intelligible voix : «Vu que notre fille accompli la prophétie en mangeant le fruit interdit qui était destiné à nuire le village, elle doit être enterrée vivante car elle porte le mal en elle. Elle sera à jamais dans nos cœurs comme étant la valeureuse guerrière qui donna sa vie pour sauver le village».J'étais stupéfaite ,«serait-il entrain de parler de moi?» ,Je n'eus pas le temps de réfléchir car je voyais ma mère accourir vers le chef pour plaider en ma faveur.La majorité des villageois se trouvaient déjà sur la place du village à m'observer.je ne comprenais rien , j'étais perdue,je ne savais pas si je devais faire comme ma mère, pleurer et demander pardon. Mais où sont mes frères ? Je ne les voyais pas. Ils avaient sans doute honte de moi.
C'est alors que les gardes royals m'escortèrent jusqu'à la place où je devais être enterrée. Quant à mère elle ne cessait de crier, de pleurer,d'invoquer les dieux, de trouver une solution: Il n'y en avait aucune. C'etait sous un soleil ardent, dans un petit coin prêt de l'arbre sacré qu'ils décidèrent de m'enterrer.Alors que le trou fut creusé, un évènement étrange arriva ,des coups de tonnerre de part et d'autre, le ciel qui se remplissait de nuages et une voix portante qui venait de nulle part qui retentit :«je suis le dieu de vos terres, de vos vies et je vous ordonne de laisser mon enfant».C'était tellement effrayant que tous les villageois prirent fuite sauf quelque gardes entêtés qui voulaient respecter les consignes du chef .Ma mère m'avait prise dans ses bras et ne cessait de chanter. Mais ces gardes nous séparèrent brusquement pour accomplir leur tâche.
C'est alors qu'un esprit de grande taille ,jeune et beau apparut avec une chicote pour leur donner une bonne leçon: c'était mon père.Je n'en doutais pas je l'avais longtemps vu sur les photos, il n'avait pas changé. Ma mère arrêta de pleurer.Il sourit et dit :« prends soin de notre perle, elle s'appelle Blessing».
Je compris à compter de ce jour que personne ne pouvait échapper à sa destinée et que l'amour d'une mère était le seul au monde qui puisse encore être vrai. Donc si vous avez une mère encore vivante, offrez lui des louanges car elle le mérite.