Lettre étoilée

 
  Dans l'obscurité qui enveloppait la ville, chaque étoile semblait être le témoin silencieux d'un secret nocturne. Stella, une jeune fille âgée de quatorze ans, dont la créativité dépasse les frontières de la réalité, parcoure les ruelles sombres de la métropole. Chaque nuit, une source d'inspiration l'aide à songer afin d'échapper à la vérité, sur le monde qui l'entoure. Ce soir là, comme tout autre soir, elle se baladait, seule. Elle arriva au parc de la ville, et marcha jusqu'à un étang. Elle admirait le reflet des étoiles resplendissantes et de la lune étincelante sur les houles du lac qui murmurait une mélodie nocturne, dansant en harmonie avec le souffle léger du vent, créant une toile ondulante de mystère sous le ciel étoilé. Elle aperçut un livre quelque peu décrépit déposé sur un banc inoccupé, intrigué elle s'approcha, et essaya d'éclaircir se qu'il dissimuler. Elle l'ouvrit et tomba sur une lettre, elle regarda autour d'elle, personne. Alors Stella décida de l'ouvrir.
Elle la lut "Ma chère, depuis que mon regard a croisé le votre, je ne peux me passer de vous. J'ai comme besoin de vous, de votre présence à mes côtés, de votre odeur si douce, et de votre sourire qui me fait tout oublier. J'ai besoin d'entendre votre voix si captivante, qui sait si bien me rassurer. J'ai besoin de vos bras, ceux dans lesquels je me sens toujours en sécurité. J'ai besoin de me sentir aimer, par ma personne favorite. Je crois être tombé sous votre charme. Lorsque je suis à vos côtés, je voyage dans un monde sans filtres, un monde où je me découvre moi même, où je suis moi même, moi qui est l'habitude de me cacher derrière toutes apparences dont aucune n'est la mienne, tels n'est point le cas avec vous, car avec vous je suis ailleurs, en un lieu étranger, étranger a moi même. Depuis que votre maladie persiste, vous ne dormez plus, et moi de même, je vous regarde, vous qui vous tenez à la fenêtre, à admirer le ciel étoilé, vous avez l'air si pensive que je n'ose vous interrompre, peut être que vous perdre dans vos pensées vous aide finalement à mieux vous retrouvez... Vous vous battez n'est ce pas ? Vous vous battez contre votre maladie, celle-ci qui vous maintient éveillé jusqu'à l'aube, mais qui ne vous épargne pas la fatigue. Je souhaiterais vous aider, or, face à cette situation je me sens comme un enfant, je sais tout ce qui vous arrive, mais je préfère fermer les yeux à ce sujet et n'ose pas en prononcer un mot, car je ne souhaite que l'on m'annonce la réalité, sur le fait que bientôt, vous n'allez plus être à mes côtés, peut être ai-je peur de cette réalité. Je vous vois dans cette position qui me rend moi-même malade. Or, voyons le verre d'eau a moitié plein, plutôt qu'à moitié vide, cette situation m'a montré que vous êtes une battante, vous vous battez tous les jours contre cette maladie sans jamais abandonner, et vous avez toujours fait de votre mieux pour cacher vos faiblesses, sachez que contrairement à ce que vous pourriez penser je ne vois pas ces « faiblesses » comme telles, mais comme un exemple, mon exemple, et je n'ose m'imaginer sans votre présence. Signé : votre homme"
Stella fut touchée par se qu'elle avait lu, elle feuilleta le livre, et remarqua un tampon qui signifiait que celui-ci avait été emprunté, à la bibliothèque qui se situait à quelques pâtés de maisons du parc. Motivée par cette belle lettre, elle alla à la médiathèque, en espérant retrouver l'auteur de ce message. Quelques instants plus tard, elle arriva, et dit: 
« bonjour madame, je voudrais savoir qui a emprunté ce livre ? 
-Charles Cohen, il habite en face.
- D'accord, merci, bonne soirée.
- Au revoir, bonne soirée »
Stella sortit de la bibliothèque déterminée à rencontrer ce bon monsieur. Elle lut sur la boîte aux lettres «Charles Cohen » Elle sonna, personne ne répondait. Elle s'apprêtait à faire demi tour quand elle entendit le bruit de la porte grincer: « bonsoir » dit un vieil homme souriant, qui se tenait debout, sa canne à la main, au seuil de sa porte. Après quelques instants Stella répondit :
« Bonsoir, je cherche Charles Cohen
- Oui, c'est moi !
J'ai trouvé une lettre dans un livre que vous aviez emprunté » À t-elle en lui tendant la lettre, Charles la reconnut sur le coup: Il sourit légèrement en fixant la lettre 
« vous l'avez écrite n'est pas?
oui c'était une lettre adressée à ma femme, entre il fais froid dehors »dit le vieil homme. Stella le suivis et ils s'installèrent dans un grand salon, ou la lumière de la lune éclairait la pièce grâce à ses grandes baies vitrées. Monsieur Cohen s'installe dans son canapé et dit la lettre à la main
«  la tu lu ?
- oui monsieur, je m'excuse.
- Non tu ne devrais pas, j'ai écrit cette lettre il y a une vingtaine d'années, je sais pas ce qu'elle faisait là... Je me suis retrouvé seul, assis dans ce fauteuil usé, scrutant le ciel étoilé comme si j'espérais y trouver une réponse à ma solitude. Elle était comme la lune, lumineuse, douce, et toujours présente même cachée dans l'ombre de la nuit. Ses yeux reflétaient la clarté des étoiles, et sa voix était douce comme le murmure du vent dans les arbres. Mais maintenant, elle n'est plus là, laissant derrière elle un si grand vide dans mon cœur. Je me sens tel un voyageur perdu dans l'immensité de l'océan, cherchant en vain un phare pour me guider à travers les ténèbres de ma peine. Pourtant, même dans sa disparition, elle continue à briller dans mes souvenirs, comme la lune qui persiste à illuminer la nuit même lorsqu'elle est cachée derrière un voile de nuage. comme j'aimerais pouvoir la rejoindre là-haut, peut-être alors pourrions-nous nous retrouver, elle et moi". Ils continuèrent à discuter un bon moment. Les années passèrent, et la jeune fille allait visiter le bon monsieur chaque semaine, et celui-ci lui racontait ses histoires de jeunesse avec son épouse, et la jeune fille lui lisait des livres qui les faisait tous deux songer.
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